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Analyse de la durée, de la fréquence fondamentale et de l’intensité

5.3 Aspects prosodiques

5.3.4 Description du corpus CTS

De la même manière que pour le corpus PFC, avant de nous intéresser à des patrons parti-culiers, nous allons étudier la répartition des deltas sur toutes les syllabes consécutives pour l’ensemble du corpus CTS. Nous n’observerons ici cette répartition que pour les∆dur´ee, le seul paramètre présenté par la suite étant∆dur´ee en initiale. En effet, un certain nombre de paramètres que nous avions présentés pour le corpus PFC n’ont pas révélé de différences marquées entre les variétés de français standard, du Sud et d’Alsace une fois appliqués au corpus CTS. Cette absence de différence n’est pas surprenante puisque ces calculs, appli-qués sur le corpus PFC, avaient plutôt mis en évidence des différences pour la Belgique et la Suisse, qui ne sont pas représentées dans le corpus CTS (limité aux frontières de la France). C’est pourquoi nous ne présenterons dans cette section ni les ∆F0, ni les ∆intensit´e, ni l’allongement de l’attaque pour l’accentuation initiale. Nous avions remarqué une légère augmentation de l’intensité sur la syllabe initiale en Alsace qui n’a pas été retrouvée ici. Nous avons de plus rencontré lors du traitement des syllabes précédant une pause des dif-ficultés en partie dues à un effet du tour de parole lié à l’interaction téléphonique (limitée uniquement à la voix). Les résultats obtenus n’ont pas non plus fait apparaître de diffé-rence entre les variétés étudiées et par conséquent nous ne les avons pas présenté ici. Du reste, comme ces paramètres, de la même manière que les précédents, caractérisent plutôt les Belges et les Suisses, l’absence de différence n’est pas surprenante.

La distribution des∆dur´ee = dur´eei+1− dur´eeiest donnée par la figure 5.8 pour les trois variétés de français du corpus CTS : standard, Sud et Alsace. Comme pour le corpus PFC, nous n’observons pas de décalage entre les courbes présentées pour les différentes variétés. Le pic se trouve à droite du 0 et signifie que les petits ralentissements sont plus fréquents que les petites accélérations. Le fait que la profil de cette courbe soit très proche de celui que nous avions observé pour le corpus PFC (figure 5.2, page 92) confirme l’hypothèse selon laquelle les caractéristiques de cette distribution sont indépendantes de la variété de français concernée.

Rappelons que les durées moyennes des phonèmes sont données dans le tableau 2.5, p. 34, et celles des voyelles dans le tableau 5.3, p. 89.

5.3.5 Accentuation initiale dans le corpus CTS

Pour les raisons données dans la description du corpus, nous nous cantonnerons à présenter ici les∆dur´ee = dur´eenon−clitique− dur´eeclitiquecalculés entre voyelles (pour une illustra-tion du calcul, voir la figure 5.3, p. 93). Rappelons que les∆dur´ee positifs correspondent à des ralentissements, la voyelle noyau du non-clitique étant allongée par rapport à celle du clitique.

Le nombre de∆dur´ee supérieurs à des seuils donnés est présenté dans le tableau 5.10, pour les polysyllabes et les mots d’au moins trois syllabes. Les Alsaciens montrent le plus fort pourcentage de∆dur´ee supérieurs à chacun des deux seuils proposés. Dans le corpus PFC, la tendance était plus marquée sur les mots d’au moins trois syllabes (voir tableau 5.6) : c’est le cas également ici, quoique plus légèrement. La tendance des Alsaciens à allonger la voyelle de la syllabe initiale est illustrée par la figure 5.9 pour les mots d’au moins trois

0 5 10 15 20 25 30 -0.12 -0.09 -0.06 -0.03 0 0.03 0.06 0.09 0.12 pourcentage Delta duree Standard Sud Alsace

FIGURE5.8. Répartition des∆dur´ee (en s) pour le corpus CTS.

0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 -0.12 -0.06 0 0.06 0.12 pourcentage Delta duree Standard Sud Alsace

FIGURE 5.9. Distribution des ∆dur´ee (en s) clitique non-clitique au

syllabes. La courbe de distribution des∆dur´ee est effectivement décalée vers la droite pour ces locuteurs, de manière très similaire à ce que nous avons pu observer sur le corpus PFC (figure 5.6, page 97). polysyllabes % trisyllabes + #occ %∆ %∆ #occ %∆ %∆ >0 ms >20 ms >0 ms >20 ms Standard 19 755 58 27 3 566 57 17 Sud 12 792 58 28 2 528 56 18 Alsace 2 726 63 38 516 63 31

TABLEAU 5.10. Nombre d’occurrences et pourcentage de∆dur´ee

cli-tique non-clicli-tique (polysyllabique et au moins trisyllabique) supérieur à un seuil donné.

5.4 Conclusion

Nous avons dans ce chapitre étudié les paramètres de durée, deF0et d’intensité, d’une part pour certaines consonnes, telles que les plosives, les fricatives et le/K/ et d’autre part pour certains patrons prosodiques.

Au niveau des consonnes, nous n’avons pas trouvé de variation de durée liée à l’origine géo-graphique des locuteurs. En ce qui concerne les taux de voisement, les résultats sont mitigés. Les variétés d’Alsace, de Belgique et de Suisse se démarquent du français standard par un voisement moindre, tandis que les locuteurs du Sud ont un comportement très similaire à celui du français standard. Les Alsaciens présentent les taux de voisement de consonnes les plus bas : ce comportement semble concorder avec les descriptions de l’accent alsacien dans la littérature. Les Belges présentent, au moins en parole spontanée, des/K/ moins voi-sés que ceux des autres variétés étudiées. Toutefois, des variations apparaissent également pour les voyelles, qui présentent des taux de voisement plus ou moins proche de 100 % qui peuvent être interprétées comme un indice de disparités dues aux conditions d’enregistre-ment dans la détection deF0. Nous n’avons pu ni confirmer ni infirmer nos résultats sur le corpus CTS, pour lequel d’évidents problèmes de détection deF0 se sont posés du fait du type de parole (conversations téléphoniques).

Dans le chapitre suivant, nous utiliserons une autre méthode pour analyser le comporte-ment des consonnes et des voyelles. Nous pourrons essayer de faire la part des choses entre différences régionales et problèmes techniques et voir si les résultats vont dans le même sens.

L’extraction de la fréquence fondamentale et de l’intensité ont permis, sinon de révéler, du moins de quantifier des différences prosodiques entre variétés de français. La Suisse romande se caractérise par une tendance à l’accentuation initiale (montée de la mélodie, lé-gère augmentation de l’intensité et allongement de l’attaque). En Alsace, l’allongement de la voyelle initiale — trait présent dans nos deux corpus — peut s’interpréter comme une ac-centuation initiale sous l’influence du contact des langues. Nous avons également observé

une légère augmentation de l’intensité pour les locuteurs alsaciens, mais uniquement sur le corpus PFC. L’allongement de la voyelle pénultième précédant une pause semble plutôt typique de la Belgique, tandis que les Suisses ont plutôt tendance à allonger les deux der-nières syllabes avant la pause. Tous ces corrélats acoustiques apparaissent soit robustes au style (lecture ou parole spontanée), soit plus marqués sur la parole spontanée, ce qui peut s’expliquer par le fait que la parole lue est plus normée.

Les mesures que nous avons faites pour mettre en évidence des différences prosodiques sont fondées sur des patrons relativement généraux. L’examen de cas plus particuliers pourrait faire apparaître d’autres indices.

Enfin, nous aimerions utiliser les caractéristiques trouvées afin de classifier automatique-ment nos variétés de français. Les indices prosodiques sont plutôt fins : trouveront-ils leur utilité dans une tâche de classification ? Le système automatique préfèrera peut-être des in-dices pour lesquels la différence est plus marquée. Nous étudierons cette question dans le chapitre 7.

Une approche à base de variantes de

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