• Aucun résultat trouvé

Chapitre 3. Le TiN comme matériau de grille métallique CMOS .105

3. Réalisation de transistors CMOS en modulant la grille TiN

3.1. Description de la fabrication de grilles CMOS

Dans l’architecture CMOS 28nm que nous utilisons, le couple grille

métallique/diélectrique high-κ TiN/HfSiON est introduit entre le polysilicium/SiON

utilisé dans les technologies précédentes. La tension de seuil est ajustée par des additifs

lanthane et aluminium, introduits dans le TiN des grilles N et PMOS pour obtenir des

Vt faibles (voir figure 3-6). Le recuit d’activation des dopants (1050°C, 1s) est prévu

pour les faire diffuser dans l’oxyde de grille. Le dépôt du diélectrique est donc unique

sur N et PMOS (HfSiON/SiON), contrairement à la grille métallique qui est duale (TiN

et additifs Al, La). Sur le PMOS un canal épitaxié en SiGe est utilisé pour accroître la

mobilité et obtenir un gain supplémentaire sur la tension de seuil

51,52

.

•SiON

•HfSiON

•Dépôt TiN

•Dépôt Al

•Dépôt TiN

•Retrait sélectif sur NMOS

•Dépôt La

•Dépôt TiN

•Silicium amorphe

•Gravure grille N et PMOS

i. Dépôts des grilles métalliques sur N et PMOS

Après avoir fait croître l’oxyde de grille HfSiON/SiON (cf chapitre 2, 4.1.3.i), nous

effectuons le dépôt de l’empilement de grille PMOS. L’aluminium est déposé entre

deux films minces de TiN. La sous-couche de TiN 10Å aide au retrait sélectif de

l’aluminium sur les zones NMOS. Le retrait sélectif est réalisé par voie humide après

une étape de photolithographie, sans laisser de résidus ni endommager le HfSiON

34

.

Enfin le métal des NMOS est déposé sur les grilles N et PMOS, constitué d’une couche

de 4Å d’oxyde de lanthane recouvert de TiN. L’épaisseur totale du TiN côté PMOS est

égale à la somme de la grille du NMOS (65Å) et du premier dépôt sur les zones PMOS

(35Å).

ii. Gravure simultanée des grilles N et PMOS

Le défi de cette intégration tient dans la gravure de profils de grille simultanément sur

les N et PMOS. La gravure est mise en œuvre par voie sèche et elle doit tenir compte

des épaisseurs et de la nature des couches en présence. La surépaisseur de 35Å des

PMOS peut conduire à graver les zones source/drain des NMOS avant d’avoir terminé

la gravure des grilles PMOS. Les additifs aluminium et lanthane peuvent également

faire obstacle à la gravure des grilles si les chimies de gravure ne sont pas adaptées

30

.

Le profil de gravure obtenu doit être in fine droit sur les deux types de transistors pour

garantir les performances des transistors 28nm. Cette exigence doit être validée en TEM

lorsqu’une nouvelle variante de procédé de grille est introduite. Il est trop long et trop

coûteux de réaliser cette optimisation pour tous les empilements étudiés dans cette

thèse. Nous étudions donc uniquement les dispositifs à canaux longs avec l’architecture

complète, où les variations des dimensions latérales de quelques nanomètres sont

négligeables.

3.1.2. Variantes de TiN étudiées

Les études présentées en introduction donnent des éléments importants sur le

comportement des grilles TiN selon le procédé de dépôt employé et leur épaisseur. Le

bâti à notre disposition a été présenté au chapitre 1, paragraphe 2.1.1. La particularité est

l’emploi d’un mode RF PVD, optimisé pour des épaisseurs inférieures à 20nm. Le dépôt

par pulvérisation réactive du film de titane donne la possibilité de contrôler la

composition du film TiN par les flux d’azote et d’argon. Nous avons évalué dans cette

partie 3 différents types de dépôts TiN. Chaque procédé est utilisé pour former de façon

identique les 3 couches de TiN constitutif des grilles N et PMOS. Seule l’épaisseur de la

dernière couche de 65Å, présente sur les N et PMOS, a été modifiée pour changer

l’épaisseur totale de la grille. Nous sommes limités dans l’évaluation de différents

métaux de grille par la gravure de ces matériaux. Ainsi la gravure des TiN riches en

titane n’a pas pu être optimisée finement, laissant une quantité de résidus Ti trop

importante pour poursuivre le procédé de fabrication sans contaminer les équipements

de production. Les différents types de TiN sont résumés ci-dessous :

Type Mode de dépôt Ratio Ti/N (XRF) sur 100Å déposés

Stœchiométrique Composé 1,01

Gradient Métallique à composé 0,96

Poison Composé 0,96

Full-N2 Composé, sans argon 0,86

Tableau 4 : Types de TiN évalués dans ce chapitre, déposés par pulvérisation réactive RF.

Le TiN gradient est déposé à partir d’une cible de titane pur qui est nitruré

progressivement avec un fort débit d’azote (voir chapitre 1, 4.1.2.i). Nous nous

attendons à obtenir une couche riche en titane à l’interface avec le substrat. Le XRF

sonde la quantité d’azote dans plusieurs microns de profondeur et donne une valeur

moyenne. Cette technique ne distingue donc pas le TiN gradient d’un TiN poison qui

possèdent une quantité moyenne d’azote identique, mais un profil de concentration

différent que nous allons caractériser.

i. Analyse SIMS du TiN dans son environnement chimique

Nous utilisons le SIMS (Secondary Ion Mass Spectrometry) pour établir le profil

physico-chimique des empilements de grille. Le principe est de pulvériser la surface à

analyser et de mesurer les ions secondaires émis dans un spectromètre de masse. Il

s’agit de la technique la plus sensible à notre disposition, capable de sonder le profil

chimique de la grille dans son environnement après recuit. Nous utilisons le césium

métalliques M

+

formés à partir d’une autre source argon ou oxygène. En présence de

TiN nous analysons les masses CsTi

+

et CsN

+

formées. Le rapport entre ces deux

masses est corrélé linéairement à la composition Ti/N. Le coefficient de corrélation

SIMS a été établi sur du TiN stœchiométrique, mesuré par RBS. Nous assumons qu’il

ne varie pas selon la composition du TiN comme c’est le cas sur d’autres composés

binaires NiSi ou SiGe. Sur des composés ternaires ou plus complexes ce rapport change

selon les éléments en présence, un calibrage est alors nécessaire. Les concentrations

relatives de titane [Ti] ou d’azote [N] sont données par la suite en supposant que ce sont

les deux seuls éléments en présence [Ti]+[N]=100%.

ii. Profil SIMS du TiN après dépôt

Dans le tableau 4 nous avons caractérisé la composition moyenne des différents

procédés de dépôts de TiN par XRF. Le profil de concentration de ces échantillons de

65Å a également été mesuré en SIMS. Ils ont été recouverts de 25Å d’aluminium pour

éviter leur oxydation et stabiliser le faisceau d’ions émis lors de l’analyse. Les interfaces

du TiN avec l’encapsulation d’aluminium et le substrat silicium ont été positionnées

respectivement là où le signal CsAl

+

et CsSi

+

deviennent plus importants que CsTi

+

.

Seule la concentration d’azote dans le TiN et le profil d’oxygène dans l’échantillon ont

été représentés dans la figure 3-7 ci-dessous.

0 500 1000 1500 2000 2500 3000 40 45 50 55 60 65 70 0 250 500 750 1000 1250 1500 O x y ne C s O +(u. a .) C o nc e nt ra ti on N ( a t% ) Temps d'abrasion (s) Full N2 Poison Stoechio Gradient Al TiN Si [N] CsO+

Figure 3-7 : Profil SIMS de TiN 65Å de différente composition sur substrat Si, recouvert

d’aluminium 25Å. Faisceau d’analyse Cs à 550eV.

Le profil d’oxygène CsO

+

est identique pour tous les types de TiN, seul celui du TiN

gradient est tracé. L’encapsulation d’aluminium est donc oxydée, contrairement au TiN

qui ne contient de l’oxygène que dans sa moitié supérieure. Dans cette première moitié,

la concentration en azote du TiN n’est pas uniforme. De plus on note que les

éléments Ti, N et O sont présents en quantités comparables. L’hypothèse

[Ti]+[N]=100% n’est plus valable, ce qui nous empêche d’établir la concentration du

TiN à partir des masses CsTi

+

et CsN

+

et du calibrage RBS. Dans la moitié inférieure du

TiN, l’oxygène n’est plus présent, le SIMS est en mesure de distinguer les différences

de compositions liées au procédé de dépôt. Nous observons que la concentration relative

en azote augmente avec le flux d’azote utilisé lors du dépôt. Les différences sont faibles

étant donné que ces couches ont été obtenues dans le même mode de pulvérisation de

composés.

Le TiN gradient présente à l’interface TiN/Si une concentration en azote plus faible que

le TiN stœchiométrique. Cette différence est due à la dénitruration de la cible avant le

dépôt du TiN gradient. La concentration en azote du TiN gradient est à peu près égale à

celle du TiN poison dans la moitié supérieure, les dépôts étant faits dans les mêmes

conditions. Le SIMS apporte donc une information cruciale sur la composition du TiN à

l’interface avec le substrat, qui n’est pas identifiable en XRF.

3.2. Influence du procédé de dépôt du TiN sur les paramètres