Chapitre 4. Ajout d'aluminium dans une grille TiN PMOS
4. Optimisation du procédé de fabrication de l’empilement TiN/Al/TiN pour réaliser
4.1. Caractérisation des liaisons chimiques formées par l’aluminium
La mesure ToF-SIMS nous a permis de constater que la diffusion de l’aluminium est
limitée dans le high-κ. Cependant le profil obtenu aussi bien que les doses d’aluminium
que nous avons utilisées (de l’ordre de 10
15at/cm²) sont proches de ce qui a été observé
par ailleurs
64. Nous allons approfondir ici les analyses physico-chimiques en utilisant la
technique de la sonde atomique tomographique
4.1.1. Répartition tridimensionnelle de l’aluminium dans la grille
Des mesures complémentaires par sonde atomique tomographique ont été réalisées sur
des empilements de HfSiON 20Å avec 4 ou 8Å d’aluminium
75. Les échantillons sont
usinés au FIB sous la forme d’une pointe de quelques dizaines de nanomètres de
diamètre. Les atomes sont évaporés sous vide par effet de champ et détectés en fonction
de leur masse et position. Un algorithme de reconstruction permet d’obtenir une
structure tridimensionnelle des atomes et leur nature chimique. Cette technique très
lourde à mettre en œuvre permet d’obtenir une résolution spatiale inférieure à un
nanomètre ainsi qu’une quantification chimique absolue des éléments sondés. Ces
avantages en font la technique la plus appropriée pour sonder les empilements de grille
des transistors avancés. Nous avons reporté dans la figure 4-18 les cartographies
atomiques de l’aluminium, en vue de coupe selon la longueur du transistor et en vue de
dessus. Sa position verticale dans l’empilement est repérée grâce aux éléments La et Hf,
encadrant l’aluminium dans l’empilement PMOS.
(a) Aluminium 4Å
Al, vue de dessus
Vue en coupe Coupe Al, vue de dessus
(b) Aluminium 8Å (a) Aluminium 4Å
Al, vue de dessus
Vue en coupe Coupe Al, vue de dessus
(b) Aluminium 8Å
Figure 4-18 : Mesure de l’empilement TiN/La/TiN/Al/TiN/HfSiON/SiON par sonde atomique
tomographique pour (a) 4Å et (b) 8Å d’aluminium introduit
75.
Pour le dépôt d’Al 4Å, à gauche, la répartition des atomes dans une pointe de 30nm de
diamètre est uniforme. En vue de coupe nous pouvons remarquer que l’aluminium se
trouve à l’interface TiN/Hf mais aussi au niveau de l’oxyde de lanthane. Nous
étudierons l’influence de l’oxyde de lanthane dans l’empilement PMOS dans la dernière
partie 4.3.
Dans le cas d’un dépôt de 8Å nous voyons apparaître des amas d’aluminium d’un
diamètre de 10nm et d’épaisseur 1nm qui réside dans le TiN de grille. La composition
est déterminée directement en dénombrant les atomes. Ainsi ces amas contiennent 40%
d’aluminium, 35% d’azote et 25% de titane. Les grilles avec 8Å d’aluminium ne sont
pas homogènes en concentration, ce qui nuit au contrôle du travail de sortie des
transistors 28nm et leur variabilité. Les proportions trouvées indiquent que l’aluminium
s’agglomère en proportion quasi égale avec l’azote. Nous allons déterminer les liaisons
chimiques formées de façon statistique en utilisant les techniques conventionnelles.
4.1.2. Analyse des liaisons physico-chimiques
i. Méthode d’analyse des liaisons chimique en profondeur
L’analyse des liaisons chimiques de l’aluminium peut être faite en XPS, en sondant le
pic Al 1s. Or dans un empilement de grille PMOS après recuit, la couche d’aluminium
est enfouie dans la grille TiN. Nous avons donc préféré utiliser le ToF-SIMS pour
établir un profil des éléments en épaisseur. L’analyse est conduite avec un faisceau
(Bi5)
+qui favorise l’éjection de clusters d’atomes de l’échantillon par rapport à un
faisceau monoatomique. Ce mode est surtout utilisé en analyse de surface, sans procéder
à la gravure de l’échantillon, pour détecter les fragments organiques. Dans notre cas
nous utilisons un faisceau Cs à 500eV pour graver l’échantillon et établir un profil
chimique en profondeur. Dans certains cas, la présence d’une phase particulière peut
être identifiée lorsque des fragments de celle-ci parviennent au détecteur. La probabilité
de former de tels fragments diminue fortement avec leur masse. De plus ils peuvent être
dissociés dans une moindre mesure par les espèces réactives pulvérisées (O, N).
ii. Détection de phases Al-O et Al-N
L’analyse au faisceau Cs détecte donc des clusters Al, Al
2et Al
3, ainsi que des
composés AlO ou Al
xN
yen quantité décroissante avec leur masse. Dans le cas où la
couche d’aluminium serait pure et uniforme après recuit, il serait possible de trouver des
composés AlO ou Al
xN
yde façon minoritaire. En effet les clusters Al
xpeuvent réagir
avec l’azote ou l’oxygène pulvérisé lors de l’analyse. Au contraire si la couche
d’aluminium est entièrement nitrurée ou oxydée après recuit, la quantité de clusters Al
xest minoritaire. Pour nous rendre compte de la composition des couches Al 4 et 8Å
recuite dans leur environnement, nous avons tracé dans la figure 4-19 les rapports entre
les fragments Al
xN
yet Al
x.
1.E+0 1.E+1 1.E+2
AlO/Al AlN/Al Al2N/Al2 Al3N2/Al3
In te n s it é ( u .a .) Al 4Å Al 8Å