• Aucun résultat trouvé

Les crimes sexuels : entre contextes culturels et tabous universels

A. Des influences législatives et sociales diverses

Le droit romain se retrouve dans la société du Moyen-Âge, c’est une des influences à prendre en compte pour connaître l’histoire des violences sexuelles. Pour cela, les mœurs

romaines, les conditions de vie générales des femmes – même si des évolutions existent à certaines périodes – et la place des femmes dans la morale judéo-chrétienne seront examinées.

1/ Rome et son Empire : de la violence au respect ?

L’histoire de Rome, des débuts de la royauté en l'an 753 av. J.-C. à son effondrement en 476 de notre ère, se confond entre histoire et mythes. Ainsi, une fois la ville construite par les premiers Romains, les hommes ont besoin de femmes. Ils organisent alors des jeux auxquels ils invitent les Sabines afin de les enlever au cours du spectacle. Le mythe de l’enlèvement des Sabines veut que les filles ne s'échappent pas : « Même si les filles enlevées et violées résistent au début, ensuite elles s’en trouvent bien : en accédant à l’état d’épouses et de mères, elles échappent à leur nature sauvage pour entrer dans le monde de la culture »95. L’histoire de la cité commence par des violences à la fois physiques et sexuelles. Pourtant, les Romains seront un peuple « civilisé » avec une grande organisation de la société, comme le prouvent à la fois les éléments connus relatifs à la vie sexuelle et à l’éducation des enfants. Précisons que la société romaine s’organise autour de la famille, et plus particulièrement de la figure du chef de famille ou

paterfamilias, qui décide de la vie quotidienne ainsi que des relations des enfants. Si pour Ulpien, les femmes sont l’« imbecillitas sexus », Pline le Jeune relève que sous l’empereur Trajan96 les femmes possédaient une pleine capacité. Il semble que pratique et droit soient disjoints.

a. La vie sexuelle à Rome ou la recherche d une organisation de la famille légitime

La vie sexuelle à Rome est encadrée par les règles matrimoniales. Le chef de famille, ou paterfamilias a droit de vie ou de mort sur les membres de sa famille. À la fin de la République, la décadence des mœurs serait liée au déclin des valeurs familiales. Les offenses principales à ces règles sont l'adultère de la femme, l'inceste et le viol. L'obligation de fidélité ne pèse que sur la femme mariée. Si elle commet l'adultère, elle se condamne au déshonneur. Il y a atteinte à l'honneur du mari seulement quand la femme commet l'adultère avec un homme de classe inférieure. L'homme est relativement libre sur ce point, à condition de ne pas avoir une position passive. Seul le mariage avec une prostituée ou avec une actrice est déconseillé.

La répression de l'inceste varie en fonction des époques. Ainsi, le mariage entre cousins germains a été autorisé à la fin de la République avant d'être de nouveau interdit au IVème siècle. Le mariage avec la fille du frère, qui a pu exister sous l'influence des pratiques athéniennes, a

95 Yvonne Knibiehler, Op. Cit., 2002, p. 180.

principalement concerné les classes les plus hautes de la société pendant le Haut-Empire. Cette pratique a été interdite par Constance II97. L'inceste se définit d'une part comme la relation sexuelle ou le mariage entre proches parents, et d'autre part, le non-respect de l'obligation de chasteté pour la prêtresse de Vesta. Il est considéré comme « une faute à l'ordre du monde garanti par les dieux »98. Dans la première acception, c'est un manquement à la règle de répartition, de circulation et d'échanges de femmes et d'alliances matrimoniales. Parmi les quatre actes qui ont entraîné la décadence de Rome à la fin de la République, Catulle99 cite deux incestes. La désapprobation du peuple envers l'inceste est marquée aux époques où les empereurs et les sénateurs ne sont pas exemplaires.

Cette histoire du viol est marquée par le mythe du viol de Lucrèce en 509 av. J.-C100. Lucrèce violée choisit le suicide, car elle ne peut porter le poids de la honte sur elle-même (et sa famille). Elle devient le symbole de la femme vertueuse qui agit dans l’intérêt de la famille. La répression du viol existe en droit romain, mais elle ne concerne que les femmes libres. La femme ou jeune fille vierge peut choisir soit la mort du violeur, soit l'épouser sans dot. Ovide101

justifie l'inaction de la victime par sa peur. La valeur matrimoniale d'une femme est alors liée à sa pureté sexuelle. La femme mariée était condamnée à mort. Le viol « mettait en danger la pureté de la gens »102. Les règles de la morale sexuelle définies par la Rome antique seront adoptées par l'Église catholique. Certaines de ces normes se retrouvent donc à d'autres époques où l'Église a pu influencer les mœurs ou imposer sa vision, puisque les conduites et plus particulièrement les conduites sexuelles sont liées à l’âme et au devenir de celle-ci après la mort.

b. Le statut des femmes : fille de, femme de, mère de…

Il faut distinguer les femmes romaines des femmes esclaves. Les secondes sont considérées juridiquement comme des objets et tributaires de bon vouloir de leur maître. Concernant les premières, le droit romain leur confère le même statut que celui des enfants. Elles sont soumises au chef de famille et à leur mari. Elles sont les gardiennes du foyer et de la pratique des rites religieuxdomestiques. Elles sont reconnues comme mères à partir du moment

97 Empereur romain de 337 à 361.

98 Géraldine Puccini-Delbey, La vie sexuelle à Rome, Paris, Tallandier, 2007, p. 168.

99 Poète latin (87 – 54 av. J.-C.).

100 Joël Schmidt, « Lucrèce, viol de (-509) », Encyclopædia Universalis, URL :

http://www.universalis.fr/encyclopedie/viol-de-lucrece/, consulté le 18/02/2013.

101 Poète latin (43 av. J.-C. - 17 apr. J.-C.).

102 Luc Brisson, « L’Antiquité n’a pas une culture du péché, mais de la Honte », Sexe et religions les textes fondamentaux, Paris, Le Point, Coll. « Le Point Références », n° 4, novembre-décembre 2010, p. 13.

où elles donnent naissance à un enfant dans le cadre du mariage. Plutarque consacre un essai aux Vertus des femmes dans lequel il leur dénie « tout droit à la particularité »103. Le seul privilège des femmes semble être leur droit à tester et à conserver leur dot, bien inaliénable, après la dissolution du mariage.

c. Les enfants à Rome : les futurs citoyens et les enfants esclaves

Quant à l’enfant, il peut au moment de la naissance être rejeté par le père. Il est alors exposé sur la place publique aux fins d’adoption. Si l’enfant est accepté par le mari de la mère (présomption de paternité), celui-ci doit pourvoir à son éducation. Des rites religieux encadrent le passage d’un âge à un autre et des divinités protègent les enfants. Ainsi, « Rumina protège l’allaitement, Cunina veille sur son berceau »104, etc. Dans les premiers siècles de Rome, l’enfant est éduqué au sein de la famille. Toutefois, les philosophes dénoncent la pratique de la mise en nourrice. À partir du IVème siècle av. J.-C. sont créées les premières écoles qui deviennent le seul lieu d’instruction de l’enfant. Un esclave, souvent nommé « pédagogue », est chargé de l’accompagner à l’école, de l’aider à faire ses devoirs, mais aussi de le protéger. L’école est financée par les familles. Filles et garçons y apprennent à lire à écrire et à compter dès l’âge de sept ans. Par ailleurs, selon Quintilien105, l’enfant est l’objet d’une grande affection de la part de ses parents. Il existe des manifestations de douleur lors de la mort d’un enfant sous l’Empire. Il déplore néanmoins « le recours aux châtiments corporels »106notamment à l’école. Le 17 mars, tous les garçons âgés de 16 ans se regroupaient pour une cérémonie religieuse les Liberalia. Les jeunes gens revêtus d’une toge pourpre revêtaient une toge blanche. Ce rite symbolise le passage de l’enfance à la puberté. Les garçons, devenant des hommes libres, pouvaient exercer des fonctions politiques ou militaires. Les filles restent sous une tutelle masculine, du père puis du mari. L’âge de la nubilité est fixé à 12 ans. « Il était cependant fréquent que le mariage fût célébré, et parfois consommé avant cet âge »107. À la maison, les filles apprenaient aussi à réaliser les tâches domestiques. La veille du mariage, une cérémonie était organisée qui avait pour objectif de consacrer la mariée comme mère potentielle et maîtresse de maison. Il semble que l’enfant soit respecté.

103 Georges Duby & Perrot Michelle (dirs.), Histoire des femmes en occident, Tome 1 « l’Antiquité », Paris, Plon, 1991, p. 22.

104 Egle Becchi & Dominique Julia (dirs.), Histoire de l’enfance en occident, Tome 1, Paris, Le Seuil, 1996, p.52.

105 Institution Oratoire, VI, préambule, cité par Becchi & Julia (dir.), Histoire de l’enfance en occident, Tome 1, Paris, Le Seuil, 1996, p. 53 et 54.

106 Ibidem, p. 55.

La vie des enfants esclaves était un peu différente. Il semble que ces enfants reçoivent la même éducation et la même instruction que les enfants du paterfamilias. Cependant, « leur pureté n’intéressait ni la famille ni la cité et n’avait pas à être signalée ni protégée »108. Aussi, « ces pueri de condition servile pouvaient attirer les désirs sexuels de leur maître à qui ils appartenaient totalement […] et avec qui leur relation n’était entravée par aucune contrainte »109. Deux statuts, deux pratiques : le sort d’un enfant dépend de la condition de ses parents.

Les règles civiles de la Rome antique sont proches de celles que l’on peut retrouver au Moyen-Âge, notamment concernant l’organisation de la famille. Pourtant, le contexte religieux au médiéval est différent. L’acception de la sexualité et de l’éducation des enfants à travers les textes bibliques et la morale judéo-chrétienne doit être éclaircie.

2/ La Bible et la morale judéo-chrétienne : la sexualité empêchée ?

La religion chrétienne et le droit canonique, qui naissent sous l’Empire romain, continuent de jouer un rôle très important auprès des familles et dans la société française jusqu'à la Révolution française. Sa représentation de la femme, de la sexualité et de l’éducation des enfants a une incidence importante sur les mœurs de la société civile. Ce qui implique, à son tour, un impact prépondérant sur les législations civiles et pénales.

a. Le discours sur la sexualité

Le Cantique des cantiques est un poème qui aborde la sexualité et le plaisir entre homme et femme sans référence à Dieu. La Bible encourage la relation sexuelle à travers l’injonction « croissez et multipliez ». Le Livre d’Ézéchiel contient des passages qui peuvent être considérés

comme pornographiques. Pour autant, la sexualité est réglementée par le mariage. En effet, « la jeune fille doit, jusqu’au mariage, garder sa virginité. C’est une véritable obsession qui va conduire au meurtre [commis par]deux des fils de Jacob, Siméon et Lévi, à la suite du viol de leur sœur Dina (Gn 34, 1s). Leur père désapprouvera une violence aussi disproportionnée qu’inutile, mais dont il n’a pu empêcher l’accomplissement. On pourrait rapprocher de cela l’épisode de Tamar, violée par son demi-frère Amnon et vengée par son demi-frère Absalom (2S 13) »110.

108 Egle Becchi & Dominique Julia (dirs.), Op. Cit., 1996, p. 83.

109 Ibidem, p. 83.

110 Jean-Jacques Daban, « Femmes et filles dans la Bible », La lettre de l'enfance et de l'adolescence, n° 51, 2003, p. 19. URL : www.cairn.info/revue-lettre-de-l-enfance-et-de-l-adolescence-2003-1-page-15.htm, vérifié le 09/01/2018.

Mais la Bible contient aussi de nombreuses références aux violences envers les femmes et à l’inceste. Par exemple, une des histoires d’inceste les plus connues dans la Bible est probablement celle de Loth et de ses filles111. Loth est le neveu d’Abraham. Il réside à Sodome. À la veille de la destruction de la ville par des anges, il est averti par ceux-ci de l’imminence du danger après qu'il les a protégés des habitants de Sodome. Il propose ses deux filles en échange pour calmer la populace : « Voici, j’ai deux filles qui n’ont point connu d'homme ; je vous les amènerai dehors, et vous leur ferez ce qu'il vous plaira. Seulement, ne faites rien à ces hommes puisqu'ils sont venus à l'ombre de mon toit »112

.

Loth décide de fuir la ville avec sa femme et ses deux filles. En chemin, sa femme se retourne et est changée en statue de sel. Il trouve refuge avec ses filles dans une caverne d’une montagne. Les filles décident alors d’enivrer leur père afin d’avoir des relations sexuelles avec lui, car il n’y avait plus d’homme dans la contrée. L’objectif des filles est d’apporter une descendance à leur père. Chacune d’elle donne naissance à un fils. L’acte semble ici impuni, puisque chacun des fils aura une descendance. Cependant, leurs tribus seront vaincues par David.

La définition de l’inceste et sa portée sont différentes de la conception que nous en avons aujourd’hui. Ainsi Sarah, la femme d’Abraham, n’est autre que sa demi-sœur113. Cela ne semble pas poser de problème, car ils ont une mère différente : « il est vrai qu'elle est ma sœur, fille de mon père ; seulement, elle n'est pas fille de ma mère ; et elle est devenue ma femme »114

.

L’inceste ou l’interdit au mariage viendrait du matrilignage. Dans le Livre de Samuel, Tamar épouse légalement son demi-frère Ammon115. Dans les deux cas, les mères sont différentes, mais les deux ont le même père. É. Durkheim émet l’hypothèse que « l’inceste ne dépendait pas de consanguinité »116. Si l’on revient à la théorie de F. Héritier, il est possible que ce soit le lait bu dans l’enfance qui importe pour définir les caractéristiques de l’inceste. Il n’y aurait pas « identité de substance »117pour reprendre l’expression de F. Héritier.

« Pierre Abélard, dans son Éthique insiste sur l’intention qui produit l’acte, il oblige chacun à s’interroger sur ces motivations, à chercher en soi les causes de son comportement. Le pénitent

111 Genèse, XIX.

112 Genèse, XIX, 8.

113 Genèse, XX, 12.

114 Genèse, XX, 12.

115 Samuel, II, XIII, 13.

116 Émile Durkheim, La prohibition de l’inceste et ses origines, Paris, Payot & Rivages, Coll. « Petite bibliothèque Payot », 2008, p. 80.

se révèle moins coupable que souffrant »118. L’Église milite pour « la maîtrise de soi et le mépris de la concupiscence »119. L’Église plaide pour que les jeunes choisissent d’épouser le Seigneur et ainsi resister aux plaisirs de la chair. Ainsi, « dès qu’une femme ne peut plus féconder un interdit pèse sur son sexe »120.

Pour la doctrine, hommes et femmes sont égaux devant Dieu. Le mariage est vu « comme un engagement libre des deux époux : aucun ne doit être contraint »121. Nonobstant, dans la réalité, les pères décident du choix du futur époux de leur fille, notamment chez les nobles et bourgeois. Il semble que les femmes romaines adhèrent à ce discours, « éprouvées par des grossesses prématurées, difficiles, souvent mortelles »122. Ce qui peut expliquer l’adoption de la religion chrétienne par celles-ci, puis peu à peu par toute la société.

b. Les femmes : pécheresses ou saintes

Dans la Bible, la première des femmes, Ève, est celle qui a convaincu Adam de manger la pomme, fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Tous deux furent chassés du Jardin d’Éden pour avoir désobéi à Dieu. Aussi, le péché est, chez les chrétiens, le fruit de la femme, tentatrice de l’homme. La femme est l’objet du désir des hommes. Elle doit donc être cachée (se vêtir). Elle est si bien cachée que le texte biblique n’aborde pas la question de son éducation. Les femmes mariées doivent à leur époux des fils. Les femmes sont donc des épouses et des mères. « La Loi, particulièrement dans le livre du Deutéronome, va prévoir des dispositions sévères pour garantir la virginité des jeunes filles (Dn 22, 28- 29). Elle garantira également la fidélité des femmes (Dn 22, 22). Le divorce n’existe qu’à l’initiative du mari. C’est en fait une répudiation. La femme est alors libre de se remarier, mais son premier mari perd alors le droit de la reprendre (Dn 22, 28-29) »123.

Mais la vision de la femme est beaucoup plus complexe que ce schéma. Dans la mythologie chrétienne, une femme est venue racheter la faute d’Ève. Marie, la mère de Jésus, en acceptant d’être la mère du fils de Dieu est censée racheter la faute, le péché pesant sur les femmes. La femme a le droit d’être satisfaite. Par ailleurs, les femmes peuvent être des prophétesses, au même titre que les hommes ou des héroïnes. Pourtant dans ces cas peu d’éléments sur leur vie nous sont rapportés.

118 Yvonne Knibiehler, Op. Cit., 2002, p. 23.

119 Ibidem, p. 23.

120 Ibid., p. 183.

121 Ibid., p. 181.

Chez les juifs, le mythe de Lilith octroie un caractère autonome à la femme. Fabriquée comme Adam avec de la poussière, elle demande l’égalité en matière de position sexuelle. Adam s’y oppose. Lilith est chassée. Adam demande alors à Dieu de lui concevoir une femme qui lui sera soumise.

À ces textes et mythes, il faut ajouter la pratique du droit canon. Le mariage est un des sept sacrements, il ne peut donc être rompu. L’objet de la vie sur terre est d’atteindre la sainteté pour entrer au paradis. Dans ce contexte, c’est l’image de la femme pécheresse qui domine. Ce qui peut expliquer le statut de subalterne de la femme dans le droit canon. L’absence d’éléments sur la naissance et l’éducation des filles peut expliquer que les clercs du Moyen-Âge se demandent si la femme a une âme.

c. Les enfants : un discours ambigu

L’enfant est représenté avant tout par la figure de l’Enfant Jésus, un enfant extraordinaire qui peut converser avec les docteurs du Temple. Sa naissance et son enfance sont relatées. Jésus n’est pas le seul enfant qui apparaît dans la Bible. Le cortège qui le suit est en partie composé d’enfants, dans chaque ville où il se rend, des enfants jouent dans les rues.

Pourtant, l’Église et ses théologiens n’ont pas une vision angélique de l’enfance. « Si l’enfant est faible, il n’est pas innocent, il a des défauts qui posent des questions morales […] : il est avide de nourriture, jaloux, indocile envers ses parents et ses maîtres, négligent dans son travail scolaire, trop prompt à chercher la distraction du moindre spectacle, voleur et menteur »124. Cette dualité ange/démon, qui constitue une caricature, va se retrouver au Moyen-Âge et perdurer au-delà. Nonobstant, l’existence d’une forme de protection de l’enfance se met en place peu à peu.

B. Le Moyen-Âge : protéger l’enfant des violences sexuelles

La société médiévale s’intéresse à la sexualité et à l’individu pour tenter de mieux le maîtriser, le contrôler. L’enfant y est vu comme un être à protéger, mais aussi un être à surveiller. Dans ce contexte, les procès qui peuvent avoir lieu s’intéressent à la moralité des victimes de violences sexuelles.

1/ L’individu et la sexualité au Moyen-Âge

Dans la société du Moyen-Âge, la sécurité des personnes ne peut être garantie. La sécurité des biens et leur transmission sont essentielles à cette époque. L’individu dans cette

société est un maillon de la lignée familiale, ce qui importe est « que la succession des générations soit assurée »125. Le vol d’un bien est, après le crime de lèse-majesté, le crime le plus grave. À cette époque, la mortalité reste importante, en particulier la mortalité infantile. L’espérance de vie est faible. L’attention apportée à l’individu et aux violences interpersonnelles le sont également. Au XVIIème siècle, le personnage de Sganarelle dans Le

Médecin malgré lui, peut battre sa femme, Martine, qui lui fait des reproches, sans choquer le