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2. L’IDENTIFIANT SOUS TOUTES LES COUTURES

2.3. Les systèmes de gestion d’identifiants

2.3.1. Des identifiants pour gérer des identifiants

Né en 2003, le concept INFO est issu de la problématique du http Range 14 qui a pour but d’identifier les entités physiques et les concepts immatériels via des URL. Il est lié au besoin toujours d’actualité de créer des URI sur le web intégrant les systèmes d’identification déjà existants tels que Dewey, LCCN (Library of

Congress Control Numbers), Bibcode (Système de données de la NASA), PMID

(Identifiants de la bibliothèque de Médecine PubMed)… 251 Actuellement, il y a 29

systèmes d’identification enregistrés dans le registre INFO, parmi ceux-ci des identifiants à vocation globale: ARK, DOI, HDL, mais également des identifiants locaux : BNF, ArXiv, DLF, LC, NLA, FEDORA, etc.252

Basés sur l’IETF RFC 4452, les identifiants INFO sont maintenu par NISO. L’enregistrement d’une URI INFO est payante, et peut être faite par n’importe quelle organisation qui maintient des espaces de noms, (et pas seulement par l’autorité de maintenance). Les enregistrements sont régulés par un mécanisme de registre. L’idée est de faciliter le référencement des groupes d’information qui ont déjà des identifiants dans les espaces de nom publics via des URI : identifier les identifiants et surtout intégrer ceux qui ne rentreraient pas dans la syntaxe URI habituellement. L’URI INFO ne propose pas de méthode de résolution globale, c’est à l’organisation attributaire de prendre ses propres dispositions.253

La syntaxe est simple, il suffit d’ajouter « info : » devant l’identifiant, par exemple info:isbn:979… Ainsi, elle peut être intégrée directement dans une URI et utilisée dans les systèmes de résolution propres à chaque organisation.

URN

Uniform Resource Name est un type d’identifiant qui est souvent confondu

avec les URL et les URI, comme nous l’avons vu dans la première partie de ce mémoire. Ce concept a été développé dans l’optique de ne conserver dans

251 Info-uri.info. Notice. 2010. [en ligne] Disponible sur http://info-uri.info/ [consulté le 06/06/2017]

252 Info-uri.info. « info » URI Scheme. [en ligne] http://info-

uri.info/registry/OAIHandler?verb=ListRecords&metadataPrefix=oai_dc [consulté le 06/06/2017]

253 Ietf.org. The « info » URI Scheme. [en ligne] Disponible sur http://www.ietf.org/rfc/rfc4452.txt [consulté le 06/06/2017]

l’identifiant que le « nom » de la ressource, en séparant distinctement sa localisation. Cet espace de nom peut tout à fait se combiner avec des identifiants existants, à la manière d’INFO URI. Cela permet notamment de faire des citations pérennes dans le corps d’un texte sans se baser sur des URL instables. 254 Les types d’espaces de

nom liés à l’URN réfèrent à des ressources pérennes qui contiennent parfois leurs propres résolveurs.

La syntaxe est la suivante255 :

 Le préfixe « urn : »,

Identifiant de l’espace de nom (NID : Namespace Identifier) suivi de « : »,

Chaine spécifique de l’espace de nom (NSS : Namespace Specific String). Exemple : urn :isbn :978…..

Les espaces de noms qui peuvent être utilisés par l’URN sont disponibles sur le site de l’IANA qui en gère « l’attribution »256. Parmi ceux-ci nous retrouvons

EBU, EIDR, IETF, MPEG, ISO, ISBN, ISSN, UUID, OAI…

XRI

eXtensible Resource Identifier correspond à un identifiant surnuméraire qui se

construit à partir d’URI et d’IRI : en effet, il ajoute des éléments de contexte pour les identifiants abstraits257. Il ne définit donc pas de périmètre d’action, il vise à englober un maximum de cas d’identification (personnes, organisation, document, concepts, objets, etc.). Ce type d’identifiant est développé par Oasis de manière

Open Source, même si cela reste controversé vis-à-vis de problématiques de

droits258. L’objectif premier est de proposer un format universel pour homogénéiser les identifiants abstraits locaux, globaux, actuels et futurs et avoir une interopérabilité au niveau international. Il propose en outre de concaténer plusieurs identifiants et ainsi créer de nouvelles possibilité d’identification grâce à la précision du référent (co-référencement ou cross-reference). L’émergence d’XRI correspond au besoin d’obtenir une identification qui remplit toutes les conditions pour gérer tous ces critères en même temps.

L’idée est d’appliquer un niveau d’englobement qui peut être stratifié : un XRI peut en englober un autre, qui englobe lui-même un IRI ou un URI, etc. Ceci inclut des éléments de contexte « réassignables » par des Global Context Symbol (abréviés GCS, par exemple le signe égal, le point d’exclamation…), des métadonnées évolutives sont donc ainsi intégrées à même l’identifiant (@ indique que ce qui va suivre est une organisation, = indique que ce qui va suivre est une personne, + un concept, $ les organismes de standard, etc.) Le principe correspond un peu à une

254 Des exemples d’usage d’URN sont décortiqués de façon simple et ludique dans un arti cle du site Ben Meadow Croft.com. URNs and bibliographic citations in web authoring . [en ligne] Disponible sur

http://www.benmeadowcroft.com/webdev/articles/urns-and-citations/

255 Ietf.org. URN Syntax. 1997. [en ligne] Disponible sur http://www.ietf.org/rfc/rfc2141.txt [consulté le 07/06/2017] Pour faire cette référence j’aurais d’ailleurs pu utiliser l’URN suivante : « urn :ietf :rfc :2141 » car ietf fait partie des espaces de nom d’urn

256 Iana.org. Uniform Resource Names (URN) Namespaces . 2017. [en ligne] Disponible sur

https://www.iana.org/assignments/urn-namespaces/urn-namespaces.xhtml [consulté le 07/06/2017]

257 Oasis. XRI 2.0 FAQ. 2005. [en ligne] Disponible sur https://www.oasis-

open.org/committees/download.php/15695/xri-2%200-faq-2005-12-01.pdf [consulté le 22/05/2017]

258 Voir l’archive Wikipédia sur le sujet:

« carte joker » pouvant évoluer avec les besoins.259 Le mélange de segments

pérennes et de segments réassignables rend la structure de l’XRI particulièrement souple.

Par exemple, cela permet d’identifier un ouvrage particulier dans une bibliothèque particulière, en employant au sein de l’XRI correspondant une identification de la structure possédant l’ouvrage, concaténée avec son identifiant ISBN (chose impossible à faire avec un simple URI). De même, une personne pourrait être identifiée avec un XRI qui intègrerait sa page d’accueil de site, son adresse email, son identifiant de messagerie instantanée et ce de manière centralisée ou décentralisée en pouvant tout à fait suivre l’évolution de ces paramètres.

La syntaxe se compose de 5 éléments :

 Le préfixe xri:// (qui n’est pas tout le temps obligatoire par ailleurs),

 L’autorité (par exemple, le nom de domaine),

 Le chemin (exprimé avec des slashs comme séparateurs),

 La requête (commence par un ?),

 Le fragment (commence par un #).

En outre, les caractères * et ! servent à indiquer la réassignation possible de certains éléments (*= réassignation possible, !=pérennité). Ainsi, un XRI qui commence par xri:// !! indique que la suite correspond à un identifiant pérenne non amené à évoluer. Pour la résolution, XRI se base sur le protocole http et des fichiers XML simples. Les XRI sont attribuées par programmation.

WebID

Basé sur une initiative du W3C, le WebID a pour objectif d’identifier toute personne physique ou morale sur le Web afin de développer le Web Social. Cela s’inscrit totalement dans la démarche du web de données, dont l’objectif est de permettre à n’importe qui de dire tout sur tous les sujets260. Il s’agit de répondre

principalement au besoin de regrouper de manière cohérente les informations partagées relatives à chacun selon son activité en ligne : publications personnelles et professionnelles, CV, post de réseaux sociaux, projets, intérêts, lien avec les autres personnes, etc.

Le système WebID permet entre autres de faire des liens entre les différents identifiants locaux assignés par les réseaux sociaux afin de pouvoir établir des ponts entre les données publiées dans les « silos » de type Facebook, Linkedin, Twitter… Les entreprises de ce type elles-mêmes sont fortement invitées à procurer à leurs utilisateurs des WebID qu’ils pourront éventuellement réutiliser dans leurs autres comptes. 261 Tout cela est géré avec le vocabulaire FOAF, spécialisé dans la description de personnes.

L’objectif est également à terme de pouvoir authentifier ainsi des personnes. Plusieurs projets corrélés se greffent à ce concept : l’authentification au moyen de clés publiques/clés privées mimant les systèmes de signature électronique, ou encore

259 AYERS, Danny, VÖLKEL, Max. Op. Cit.

260 Comme nous l’avons vu précédemment, le principe AAA : Anyone can say Anything about Anything est un principe fondateur du web sémantique imaginé par Tim Berners -Lee. Le Web social et le Web de données sont donc complémentaires vis-à-vis de cet objectif.

le fonctionnement comme un « méta-log-in » (identifiant unique racine pour tous les comptes) pour l’ensemble des activités effectuées sur le web, sécurisé par certificat. Les WebID sont cependant à l’heure actuelle encore très peu utilisés.

OpenID

Toujours dans l’identification des personnes, une autre initiative a vu le jour initiée par la fondation OpenID, organisation à but non lucratif comprenant de grands acteurs du web tels que Yahoo, Google, Myspace.... L’identifiant OpenID est utilisé également par Facebook. Il s’agit ici de développer un identifiant unique gratuit permettant l’authentification (connexion, log-in) à un ensemble de sites sociaux, comme WebID.262 L’idée est que le compte créé est authentifié une seule fois : le fournisseur de l’identifiant va s’assurer de la connexion et transmettre le message aux sites que la personne est bien ce qu’elle prétend être tout au long de sa navigation.

Le format de cet identifiant OpenID dépend fortement du fournisseur, parce qu’ils sont plusieurs à en délivrer. Ainsi, un OpenID attribué par Google sera dans un format différent de celui attribué par Wordpress : Google proposera invariablement un OpenID constitué de l’adresse email Gmail tandis que Wordpress favorisera un nom de domaine lié au site de la personne. De même, certains fournisseurs seront plus intéressants que d’autres et proposeront des services plus diversifiés. C’est notamment le cas de Yahoo ! qui propose des mesures anti-

phishing mais qui n’accepte pas les profils multiples. A l’inverse, Vidoop propose

lui de mémoriser certaines informations et d’autoriser les profils multiples mais n’est pas protégé par un mot de passe.263