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Des formations au service de l’efficacité thérapeutique

REFLEXIONS ET PROPOSITIONS

3. ENCOURAGER LES ACTIONS ALTERNATIVES ET COMPLEMENTAIRES

3.4. Des formations au service de l’efficacité thérapeutique

Eu égard aux difficultés actuelles de prise en charge des personnes très âgées et qui s’amplifieront du fait de la transition démographique, il est nécessaire de poursuivre la médicalisation engagée et de développer la formation en gérontologie à tous les niveaux et valoriser le personnel des EHPAD.

Pour chaque professionnel intervenant auprès des personnes âgées en EHPAD, une formation adaptée ne peut qu’optimiser les objectifs thérapeutiques, la traçabilité et la sécurité du circuit du médicament.

Une formation tant gériatrique que gérontologique est à concevoir et à promouvoir.

Aujourd’hui, travailler auprès des personnes âgées n’est plus une décision par défaut. Cependant, la charge de travail quotidienne des personnels est très lourde et peut entrainer un épuisement et une démotivation. Les personnels soignants sont encore peu nombreux en EHPAD, malgré le processus de rattrapage en cours qui a été engagé au travers de la mise en œuvre de crédits de médicalisation.

Il s’agit parfois d’un personnel peu formé ou dont les formations initiales n’incluent pas toujours un volet gériatrique et gérontologique suffisant (IDE, AS,…).

71 Pr. Jean-Luc NOVELLA, Comité scientifique des référentiels AGGIR et PATHOS Ŕ Rapport du 2 août 2012, 57 pages

72 CHU UNIVERSITE NICE Ŕ FFAMCO, Plaquette : Traitement non pharmacologique de la maladie d’Alzheimer et des pathologies apparentées : Savoir-être et savoir-faire pour limiter les troubles du comportement dans les moments forts de la journée, août 2012

Pour ce qui concerne le médicament, il faut enseigner aux équipes, notamment aux soignants souvent déclencheurs de demande d’examens complémentaires (ex : prélèvements cutanés, ECBU) ou de prescriptions inappropriées, (antibiotiques, neuroleptiques), qu’il n’est qu’un des éléments du projet de soins.

Il peut prendre ainsi place à côté des interventions spécifiques de certains professionnels en EHPAD, dont le rôle est essentiel pour soulager la douleur, maintenir le capital fonctionnel, contribuer à la qualité de vie et accessoirement réduire la consommation de médicaments et donc le risque iatrogène.

Parmi ces interventions déterminantes, il faut citer celles :

- du kinésithérapeute qui, par diverses thérapeutiques non médicamenteuses, physiothérapie, mais aussi massages et rééducation, concourt à la prise en charge de la douleur et à sa prévention, à la rééducation de la mobilité et à l’entretien du potentiel restreint. Son action permet d’aider à prévenir la dépression, contribue au maintien de l’autonomie et entre dans le cadre de la prévention et du traitement de la dénutrition,

- de l’éducateur sportif dont le travail complémentaire du kinésithérapeute est indispensable à la prise en charge globale de l’autonomie des résidents,

- du psychologue, par la psychothérapie et le soutien psychologique et le dépistage des pathologies, qui permet de contribuer au traitement de la dépression, à sa prévention ; il connaît aussi les approches non médicamenteuses des troubles du comportement dans la maladie d’Alzheimer et peut soutenir tant les familles que les soignants,

- du psychomotricien(ne) qui aide à la lutte contre la douleur, connaît les techniques de réhabilitation à la vie quotidienne dans la maladie d’Alzheimer,

- de l’ergothérapeute qui étudie le positionnement à table par exemple et met en place les aides techniques, forme les soignants aux techniques de mobilisation, de déplacements, etc.,

- de l’orthophoniste qui peut aussi aider au diagnostic de troubles de la déglutition, très utile dans la dénutrition,

- du chirurgien dentiste, dont les soins sont indispensables en EHPAD, qui préserve le capital masticatoire et contribue ainsi à la prévention de la dénutrition ; il contribue aussi à la lutte contre la douleur, et la dépression en restaurant l’image et l’estime de soi du résident,

- du diététicien qui non seulement participe à l’élaboration des menus, à l’adéquation des textures mais également lutte contre la dénutrition et la déshydratation. Il peut également mettre en place des ateliers de culinothérapie,

- de l’animateur dont le rôle est incontournable dans la démarche « animation Ŕ soins » qui entre dans le cadre des thérapeutiques médicamenteuses.

Outre leur action technique, ces professionnels participent avec tous les autres personnels de l’EHPAD à l’écoute des résidents et à la qualité de la vie relationnelle sans laquelle il n’y a pas de bonne santé.

La formation continue est un outil d’amélioration important de la prise en charge. Il faut veiller à ce que les EHPAD bénéficient d’un plan de formation prenant en compte les besoins des professionnels.

Les formateurs doivent bénéficier d’une réelle expérience de terrain et d’un cursus gériatrique et gérontologique conséquent.

Pour exemple, la formation « classique » sur la démence consacre les 2/3 de son programme à l’historique et à la clinique des pathologies démentielles au détriment des réflexions pratiques sur la communication avec le dément et la prise en charge des troubles du comportement.

PROPOSITIONS

Proposition n°17

Considérant le vieillissement de la population et son impact sur les secteurs sanitaire et médico-social,

Considérant la part minime de la gérontologie et de la gériatrie dans les programmes de formation des professionnels de santé,

Considérant que la qualité de la prise en charge des personnes âgées dépend d’une culture commune et partagée entre les professionnels tout au long du parcours de la personne âgée,

Introduire un module de gérontologie dans la formation initiale de tous les professionnels de santé.

Proposition n°18

Considérant l’importance d’associer tous les professionnels de santé de l’EHPAD potentiellement déclencheurs de demandes de prescriptions inappropriées au bon usage du médicament,

Considérant que l’optimisation des prescriptions médicamenteuses nécessite l’implication dans la démarche de tous les soignants connaissant le résident,

Mettre en place un module interprofessionnel de formation au bon usage du médicament dans le cadre du DPC.

Proposition n°19

Considérant que les alternatives au traitement médicamenteux des troubles neuropsychiatriques de la maladie d’Alzheimer ou maladies apparentées ont une action quasiment équivalente aux psychotropes sur les symptômes sans en avoir les inconvénients,

Considérant la nécessité d’avoir des procédures précises sur ces thérapies non médicamenteuses, Mettre en place une recherche - action associant notamment gériatres, psychiatres et psychologues au niveau d’EHPAD volontaires, avec pour objectif à terme, de protocoliser l’emploi de ces traitements non médicamenteux.

Proposition n°20

Considérant les outils et techniques disponibles pour limiter les troubles du comportement des personnes atteintes de démence, notamment :

- Les recommandations HAS de mai 2009 sur « maladie d’Alzheimer et maladies apparentées : prise en charge des troubles du comportement perturbateurs »,

- Les techniques de prévention et prise en charge des troubles du comportement du sujet atteint de la maladie d’Alzheimer (les plaquettes : « que dire, que ne pas dire », « que faire, que ne pas faire » face à un résident Alzheimer (travail du CM2R de Nice et de la FFAMCO),

- Le programme d’amélioration des pratiques professionnelles Mobiqual sur la « maladie d’Alzheimer » (avril 2012),

Considérant que la mise en œuvre de bonnes pratiques professionnelles participe à l’amélioration très nette des symptômes chez le résident,

Former les personnels des EHPAD aux bonnes pratiques professionnelles de prise en charge des résidents présentant des troubles du comportement.