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Partie 2 : METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE

I. DEFINITION DES NOTIONS

Avant de poursuivre sur l’analyse des entretiens, il fallait avant tout définir des notions qui

ont été nécessaires à la réalisation des entretiens et l’analyse de ceux-ci.

A. Représentations sociales et récits de vie

Durant les entretiens il est apparu que mes questions donnaient lieu à deux types de réponses.

En effet, les données recueillies se divisaient pour une part en récit de vie : le second thème de

mon guide (Annexe V) étant axé sur l’expérience professionnelle ou personnelle avec les

signes, les personnes interrogées étaient donc amenées à me confier leur vie, leur expérience

en rapport avec l’objet d’étude. Par ailleurs, j’ai pu noter que mon premier thème ainsi que

mon troisième thème donnaient lieu à des discours sur les représentations sociales des signes.

Les représentations sociales apparaissant dans le discours il semblait évident, vu l’objet

d’étude, que les entretiens allait révéler des représentations sociales sur la surdité mais

principalement sur la communication gestuelle.

Il fallait donc traiter d’une part ce qui relevait du vécu, de l’expérience et ce qui relevait

d’autre part de l’expression d’un discours orienté sur l’objet de la représentation.

1. Définition : les représentations sociales

Afin de pouvoir étudier les représentations sociales présentes dans les entretiens, il faut avant

tout définir cette notion importante. Cependant il n’existe pas une définition, chaque auteur

donne sa définition. En effet, devant la diversité du sens du mot représentation, il semble

difficile de s’accorder sur une définition. Cependant ce qui est commun est que le langage

permet de mettre au jour les représentations sociales car celles-ci naissent et « circulent dans

les discours et sont portées par les mots »

101

. Denise Jodelet définit les représentations

sociales « en tant que système d’interprétation […] [qui] régissent notre relation au monde et

aux autres orientent et organisent les conduites et les communications sociales »

102

. Ainsi les

représentations sociales sont le moyen de comprendre et d’interpréter le monde qui nous

entoure. Les discours que nous faisons sur un objet sont conditionnés par les représentations

101

Jodelet Denise , Les représentations sociales, 1993, p.32.

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sociales. Elles influent sur nos comportements et génèrent des attitudes en fonction de l’idée

que l’on se fait de l’objet de la représentation. Pour Gustave-Nicolas Fischer « La

représentation sociale est un processus, un statut cognitif, permettant d'appréhender les

aspects de la vie ordinaire par un recadrage de nos propres conduites à l'intérieur des

interactions sociales »

103

. Chaque individu en tant que sujet social construira sa représentation

sociale de l’objet. Cependant les représentations sociales ne sont pas un objet figé mais au

contraire, elles évoluent en fonction du réel.

2. Représentations sociales sur la surdité et la Langue des Signes

Les signes utilisés dans la communication avec les enfants sont des signes empruntés à la

Langue des Signes Française (LSF). Pour cela il m’a paru important de demander aux

personnes que j’allais rencontrer si cela leur importait. Cette question amenait ceux-ci à

donner leur avis sur la communication gestuelle en générale mais aussi sur la LSF et parfois

même sur la surdité. Les réponses à cette question sont assez variées en fonction des

situations de chaque personne mais aussi de leur connaissance dans ce domaine. La

méconnaissance de la langue et de la surdité conduisent les personnes interrogées à se forger

une opinion en fonction de leur expérience avec les signes et ce qu’elles ont entendu sur ce

sujet. Malgré la reconnaissance de la LSF en 2005, les stéréotypes sont encore nombreux.

L’une des idées qui revient le plus souvent est la sensation que la LSF appartient aux Sourds.

La complexité de la langue est aussi évoquée dans la difficulté à réaliser certains signes. Le

critère esthétique, la fascination pour cette langue est aussi présente. Certaines personnes se

sont aussi demandé si elle était une langue, si elle permettait de communiquer. Une autre

question dans les guides d’entretien donnait aussi lieu à des représentations sociales. Il s’agit

de la question sur le fait que les signes puissent être un frein au langage oral. En effet, il s’agit

d’une idée assez répandu dans le monde des professionnels de la surdité. Cette idée est très

présente dans l’entourage des personnes interrogées qui ont choisi la communication gestuelle

mais peu chez les interviewés. Pour les représentations sur la surdité, l’idée qui persiste est

que la surdité serait liée à la mutité, le terme sourd-muet apparaît dans certains discours, plus

par habitude de l’utilisation de ces deux mots liés plutôt que par méconnaissance.

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B. L’entretien semi-directif

1. Définition

L’entretien semi-directif, aussi appelé entretien compréhensif, est le moyen de recueillir des

dires, des opinions, des représentations sociales et des pratiques. Ce type d’entretien « est tout

indiqué pour qui veut explorer les motivations profondes des individus et découvrir à travers

la singularité de chaque rencontre, des causes communes aux comportements des gens »

104

.

Au moyen d’une phase introductive générale et non directive, la personne interrogée est

amenée à parler et à s’exprimer librement. Au préalable, l’enquêteur doit avoir établi une série

de thèmes et de sous-thèmes à aborder lors de l’entretien, qu’il doit de plus connaître

parfaitement. Le but de ce type d’entretiens étant d’obtenir des réponses longues et nuancées,

l’enquêteur ne se manifeste qu’au travers de relances et d’annonce de thèmes non abordés afin

de connaître l’avis de l’enquêté. Le recueil de données s’opère alors grâce au dialogue entre

l’enquêté et l’enquêteur. L’établissement d’un guide d’entretien, la maîtrise de celui-ci ainsi

que la conduite de l’entretien sont les garants de la qualité langagière des données recueillies.

2. Le choix de l’entretien semi-directif

Pour la méthode d’enquête, j’ai donc choisi de recueillir les témoignages des personnes grâce

à l’entretien semi-directif. Ce choix m’a semblé le plus évident car il permet de laisser à la

personne interrogée une certaine liberté dans ses réponses, les questions n’étant pas fermées,

l’interlocuteur est libre pour exposer son témoignage. De plus mon travail de recherche repose

sur une recherche de type qualitatif, ce type d’entretien apparaît alors comme le plus adapté

puisqu’il permet de faire le compte-rendu de tendances, de vécus et d’explications d’un

phénomène sous la forme d’une conversation. Ce travail de recherche touche l’affect et

l’entretien semi-directif permet aux interviewés d’exposer leur ressenti.

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