Partie 2 : METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
II. COMPOSITION DU CORPUS ET LES ENTRETIENS
A. Choix du corpus
Les personnes interrogées ont été choisies en fonction de leur rapport à l’objet de recherche.
Cela signifie que les personnes interrogées devaient avoir connaissance de cette
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communication gestuelle avec les enfants, en avoir entendu parler au moins et pourquoi pas
l’avoir mise en place. L’étude étant qualitative, sur un domaine très peu exploré, nous n’avons
pu construire un échantillon de personnes en tenant compte des variables macro-sociales
habituelles. Je souhaitais un certain nombre de témoignages, afin de présenter l’utilisation des
signes avec les enfants au travers différents regards et approches. Il m'a paru intéressant de
connaître les raisons qui ont poussé ces personnes à choisir ce mode de communication
gestuelle, le mettre en place ou non. D’autre part le nombre de personnes en France
connaissant cette communication gestuelle est assez faible, il ne fallait donc pas que je réduise
mon champ de recherche.
Pour recueillir des témoignages il fallait donc que je trouve des personnes qui veuillent bien
témoigner et qui correspondent aux critères que je m’étais fixé. Pour cela j’ai donc contacté
les deux associations françaises qui défendent cette communication gestuelle, afin de pouvoir
avoir la possibilité d’être mise en relation avec des personnes connaissant cette modalité de
communication. L’association Signe avec moi a été très réceptive à mon projet et m’a
redirigée vers une animatrice Signe Avec Moi, qui organise des ateliers de découverte des
signes avec les bébés sur Grenoble. J’ai donc pris contact avec Mme Lachenal afin de lui
présenter mon projet. Mme Lachenal est animatrice Signe avec Moi et formatrice du
programme Makaton. L’idée lui a plu, elle recherchait d’ailleurs des étudiants désireux de
faire connaître ce moyen de communication et voulant faire des recherches sur ce thème.
Nous avons discuté de la direction que je voulais faire prendre à ce travail et Mme Lachenal
m’a proposé de m’aider dans mes recherches et de me mettre en contact avec des personnes
connaissant cette pratique des signes avec les bébés. Mme Lachenal a fait parvenir un mail à
toutes les personnes avec qui elle était en contact, grâce à son rôle d’animatrice, (parents,
professionnels, animatrices, rédactrice magazine…) et qui correspondaient au profil défini.
Grâce à ses contacts et à son implication dans mon travail j’ai vite reçu plusieurs réponses de
personnes intéressées pour témoigner. Il est évident que sans l’aide et les connaissances de
Mme Lachenal je n’aurai pu rentrer en contact avec ces personnes.
Suite à cela j’ai donc commencé à constituer mon échantillon de personnes. Il paraissait donc
évident que le premier groupe de personnes à interroger allait se constituer de parents. Afin
d’obtenir des réponses variées j’ai essayé de rencontrer des parents aux profils différents.
C'est-à-dire que certains parents de mon corpus ont mis en place cette communication
gestuelle, pour des raisons diverses, et l’ont investie pleinement, d’autres au contraire ont eu
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des difficultés à la mettre en place et enfin certains ont fait le choix de n’utiliser que quelques
signes, généralement un ou deux. Je souhaitais que les situations soient différentes. J’aurais
souhaité recueillir le témoignage de parents qui connaissent les signes avec les bébés et qui
ont choisi de ne pas les mettre en place mais je n’ai pu avoir de témoignages relevant de cette
situation théorique.
Le second groupe de personnes que je souhaitais rencontrer était des professionnels. Plus
précisément des personnes d’une part faisant entrer la communication gestuelle dans le cadre
de leur travail comme projet pédagogique, d’autre part des personnes qui défendent ce projet
en le diffusant comme le magazine Grandir Autrement ou encore en proposant des ateliers
permettant de découvrir les signes avec les enfants comme les animatrices. J'ai donc recueilli
les témoignages des personnes travaillant en crèche et qui ont mis en place les signes comme
projet pédagogique, mais aussi celui de la rédactrice en chef du journal Grandir Autrement
puisque un dossier sur « signer avec les enfants » est paru dans un des numéros. J’ai pu
recueillir aussi le témoignage d’une animatrice d’atelier Signe avec moi sur Grenoble.
B. Présentation du corpus
1. Les parents
Pour mon premier groupe d’entretiens regroupant les parents, mon corpus comprend 9
entretiens. Il faut préciser que les personnes interrogées se trouvent être toutes les mamans des
enfants. Cela ne faisait pas partie de mon intention de départ mais il s’est révélé que les papas
étaient le plus souvent sur leur lieu de travail lorsque je venais pour l’entretien. De plus les
mamans étaient pour certaines en congé maternité, ce qui facilitait la rencontre, et en général
elles étaient plus réceptives et avaient envie de partager leur expérience pour ma recherche. Il
m’est arrivé de croiser deux pères, revenant du travail, mais ceux-ci ne souhaitaient pas
participer à l’entretien. Les raisons évoquées étaient que leur avis était identique à celui de
leur femme et qu’ils n’avaient rien à ajouter. Nous avons donc échangé sur quelques points et
j’ai pris en note leur réponse. A ces 9 entretiens il faut ajouter un entretien téléphonique avec
le beau-père d’une des Mamans, Isabelle 1 maman de Tom, Yves qui après l’entretien que j’ai
eu avec sa belle-fille souhaitait participer à ma recherche. Nous avons donc discuté par
téléphone et j’ai pris en note ses réponses. Ainsi qu’un rendez-vous téléphonique avec une
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maman Aurélie. Son emploi du temps étant assez chargé nous avons convenu qu’un échange
par téléphone serait plus facile.
Les mamans interrogées sont des femmes actives, elles ont repris le travail pour la plupart, ou
bien certaines sont en congé maternité et d’autres sont en reconversion professionnelle. Ces
femmes ont entre 29 et 37 ans et sont en couple (mariée, pacsée, concubinage…). Il faut aussi
préciser que ces mamans ont toute assisté à au moins un Atelier de Mme Lachenal. Comme
nous le verrons dans la partie analyse, grâce à l’entretien avec Sandra-Laure animatrice SAM,
chaque animatrice d’atelier à sa démarche et aborde l’utilisation des signes avec les enfants
selon son regard. Ainsi la démarche de Sandra-Laure diffère de celle de Mme Lachenal. Selon
l’emploi du temps des familles (les ateliers de Mme Lachenal se déroulent le weekend et ceux
de Sandra-Laure en semaine) et la démarche des animatrices le public de ces ateliers sera
différent.
Ainsi mon corpus se compose d’une part de parents qui ont choisi de mettre en place cette
communication gestuelle, après l’avoir découverte, et l’ont investie pleinement, c'est-à-dire
qu’ils ont mis en place un certain nombre de signes pour des raisons variées comme nous le
verrons plus tard mais aussi, d’autre part, de parents qui ont choisi de n’utiliser seulement
qu’un ou deux signes. Il faut également préciser que pour la plupart des entretiens les parents
revenaient sur une expérience passée, c'est-à-dire que les enfants n’utilisaient plus les signes
ou très peu à la date des entretiens. Seul Isabelle 1, maman de Tom, utilisait encore les signes
avec son fils pour des raisons qui seront expliquées par la suite. Ainsi mon corpus se repartit
de la façon suivante :
Les parents qui ont investi pleinement cette communication gestuelle :
Pour ce groupe de parents mon corpus se compose de 7 entretiens. Il s’est avéré que la
majorité des parents interrogés ont investi cette communication gestuelle avec leur(s)
enfant(s).
- Anne-Fleur, 30 ans, responsable ressources humaines, maman de Satine, 2 ans.
- Isabelle 1, 36 ans, analyste programmeur en congé parental, maman de Tom, 21 mois
et de deux autres enfants de 9 ans et 7 ans.
- Ludivine, 29 ans, assistante maternelle, maman de Ronan, 2 ans et demi et d’une fille
de 4 ans et demie.
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- Muriel 2, 33 ans, pharmacienne, maman de Lynn, 3 ans et d’un garçon de 6 ans et
demi.
- Séverine, 34 ans, assistante commerciale, maman de Elior, 22 mois.
- Isabelle 2, 32 ans, ingénieur, maman de Celia, 4 ans et d’un garçon de 1 an et demi.
Les parents qui n’ont mis en place que quelques de signes :
Pour ce groupe de parents mon corpus se compose de 2 entretiens. Les raisons de ces deux
mamans pour avoir peu investi la communication gestuelle sont différentes, leurs situations
aussi. En effet, Muriel 1 connaissait la Langue des Signes française avant de connaître les
signes avec les bébés. Elle l’avait apprise dans le cadre de son métier, enseignante. Elle a de
plus été en contact avec des enfants malentendants.
- Colombe, 37 ans, en reconversion professionnelle, maman d’Arthus, 21 mois.
- Muriel 1, 35 ans, secrétaire, maman de Noémie, 2 ans et d’un bébé de 5 semaines,
Titouan.
Des fiches de présentation se trouvent dans le volume 2 consacrés aux entretiens avant chaque
entretien afin de présenter la personne interrogée et les enfants : quand les signes ont été mis
en place, quand l’enfant a produit ses premiers signes.
2. Les professionnels
Pour le second groupe de personnes interrogées que j’ai regroupé sous le nom de
« professionnels », le corpus se compose de 4 entretiens. Pour ce travail j’ai donc rencontré 2
crèches qui ont choisi de mettre en place les signes comme projet pédagogique. Il me semblait
intéressant de connaître leur point de vue sur les signes avec les enfants et la façon dont ils les
avaient mis en place et les raisons qui avaient présidé à ce choix. J’ai contacté d’autres
crèches cependant à la date de mes appels ces crèches n’utilisaient plus les signes elles n’ont
donc pas souhaité témoigner.
L’entretien suivant est consacré à la rédactrice en chef du journal Grandir Autrement. J’ai
pensé qu’il pouvait être intéressant d’échanger avec elle sur le dossier qui avait été consacré
aux signes avec les bébés dans le numéro 18 du magazine
105.
105
Boudaille-Lorin, S., Nelson, S., Dumontel-Kremer, C. & Phung, Dossier : Signer avec les enfants. C. 2009. D’autres magazines pour parents ont aussi fait cette démarche de diffusion des signes avec les enfants, comme le magazine L’enfant et la vie.