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2. Mémoire autobiographique et maladie d’Alzheimer

2.2. De la sémantique dans les souvenirs autobiographiques

intéressée à l’effet des émotions au cours d’un évènement réel, le tremblement de Kobe, chez des patients vivant en institution (Ikeda et al., 1998). Les auteurs ont montré que cet évènement émotionnellement intense avait été mieux retenu par des patients que des évènements neutres survenus à la même période, confirmant l’effet d’exacerbation par les émotions en mémoire antérograde. Finalement aucune étude ne s’est intéressée spécifiquement à l’influence des émotions en mémoire rétrograde chez ces patients. Une difficulté méthodologique tient du fait qu’on ne peut maîtriser les facteurs du contexte d’encodage, ni distinguer les effets des émotions sur les différentes phases des processus mnésiques, i.e. encodage, consolidation et récupération. Certaines études ont cependant pris en compte l’effet des émotions sans en montrer d’effet spécifique (Addis et al., 2009 ; Irish, Lawlor, et al., 2011). Certains auteurs ont étudié les souvenirs autobiographiques émotionnels chez des patients épileptiques opérés par lobectomie et ont montré que ceux dont la lésion était à droite et concernait l’amygdale rappelaient moins de souvenirs négatifs (Buchanan et al., 2005, 2006). Sachant que les lésions atteignent précocement les amygdales dans la MA (Braak & Braak, 1991 ; Hooper & Vogel, 1976), on peut supposer qu’il existe spécifiquement un défaut de Mab émotionnelle chez ces patients. A cet égard, on peut s’interroger s’il s’agirait alors d’un déficit épisodique en général, d’un déficit du traitement des émotions en général ou un déficit spécifique de la mémoire émotionnelle. Dans leur revue, Holland et Kensinger (2010) mettent en avant l’indépendance du contenu émotionnel par rapport aux détails épisodiques, sans quoi les émotions seraient le propre des souvenirs épisodiques alors qu’elles imprègnent également la composante sémantique de la Mab, par sa nature plus résistante au passage du temps.

2.2. De la sémantique dans les souvenirs autobiographiques

Sous l’influence du modèle de Tulving, la composante épisodique est considérée comme la forme plus aboutie de Mab, les chercheurs se sont longtemps attachés à isoler les formes spécifiques des souvenirs, et la composante sémantique a été reléguée au second plan. Ce n’est que récemment qu’il existe un regain d’intérêt pour la composante sémantique de la Mab, sous l’influence du modèle de Conway où cette composante prend une place centrale (Conway, 2005, 2009 ; Conway & Pleydell-Pearce, 2000). La terminologie désignant la composante sémantique de la Mab est mal codifiée et varie en fonction des auteurs. Nous utiliserons le terme « sémantique personnelle » pour désigner les faits autobiographiques et connaissances générales d’un individu ayant une implication personnelle, et la Mab « sémantisée » ou « généralisée » pour les résumés d’évènements personnels décontextualisés (ou « générique »). Nous verrons que la composante sémantique de la Mab infiltre véritablement les souvenirs épisodiques, en présentant tout d’abord le modèle de mémoire du Self de Conway, puis en s’intéressant à la sémantique personnelle et aux périodes de vie, et en abordant finalement les souvenirs sémantisés, plus récemment décrits.

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2.2.1. Le modèle de Conway : place à la composante sémantique

La Mab est imprégnée de mémoire sémantique même dans sa composante épisodique (Barsalou, 1988 ; Conway & Pleydell-Pearce, 2000). En effet, les souvenirs spécifiques contiennent des représentations sémantiques personnelles associées à l’évènement remémoré (e.g. nom d’ami, adresse, périodes de vie…), ainsi que des représentations sémantiques générales (e.g. évènements historiques tels qu’une guerre…). La composante sémantique a été intégrée par Conway et Pleydell-Pearce (2000) comme un élément central de la Mab sous la forme de schémas de vie, de périodes de vie et de thèmes qui offrent un mode d’entrée et une structure sur laquelle les souvenirs d’évènements spécifiques sont reconstruits. Dans le modèle constructiviste du « Self-Memory-System » ou « système de mémoire du Self » (Figure 11) de Conway (Conway, 2009 ; Conway & Pleydell-Pearce, 2000), les souvenirs autobiographiques sont des constructions mentales transitoires générées à partir d’informations stockées dans

une « base de connaissance autobiographique ». Ce modèle, qui s’est enrichi au fil des années (Conway, 2005, 2009 ; Conway & Pleydell-Pearce, 2000), propose que la reconstruction du souvenir autobiographique implique trois niveaux hiérarchiques : (i) un niveau de mémoire épisodique composé de souvenirs d’évènements « proches de l’expérience » incluant des détails spécifiques à un évènement (« event specific knowledge » renommé plus récemment « episodic element ») tels que les détails perceptifs, contexte spatio-temporel, émotions… ; (ii) une composante sémantique de connaissances autobiographiques incluant des évènements généraux et les périodes de vie, auxquelles ces évènements sont rattachés, et qui forment le contexte des souvenirs épisodiques ; (iii) une composante associant une fonction exécutive (« working Self » ou « Self de travail » ou « administrateur central », renommé « goal system » ou « système d’objectifs ») et la représentation du « Self à long terme » (« Self conceptuel »), qui assure la cohérence et l’intégrité pour le sujet avec ses motivations individuelles, croyances personnelles, valeurs, attitudes… . Le Self conceptuel quant à lui constitue le contexte conceptuel des connaissances autobiographiques. Il existe donc une organisation hiérarchique du système de mémoire du Self. A la base se situent les évènements épisodiques « proches de l’expérience », qui s’intègrent dans un contexte plus large d’évènements

Figure 11 : Modèle de mémoire du Self (Conway, 2009)

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génériques et de connaissances autobiographiques, s’intégrant eux-mêmes dans des schémas de vie, qui s’intègrent finalement au Self-conceptuel. A l’exception de « moments proustiens » déclenchés par des indices perceptifs, le mode d’entrée dans les souvenirs se ferait préférentiellement par le biais de la trame sémantique formée par les connaissances autobiographiques. La récupération des souvenirs est une reconstruction qui dépend de la cohérence entre Self actuel et passé et qui donne lieu à un remaniement des souvenirs. Un remaniement des souvenirs a également lieu avec la répétition des souvenirs lié à un phénomène d’abstraction ou de « sémantisation », une perte des détails épisodiques futiles amenant à une transition vers la composante sémantique (Linton, 1986). Nous nous intéresserons tout d’abord à la composante sémantique des souvenirs sous la forme de sémantique personnelle puis aux souvenirs « sémantisés » ou « généralisés ».

2.2.2. Sémantique personnelle et périodes de vie

2.2.2.1. Définition et méthodes d’évaluation

Plusieurs types de mémoires personnelles appartiennent à la composante sémantique de la Mab : les souvenirs « sémantisés » ou « généralisés », les périodes de vie, les faits et connaissances personnelles. Contrairement à ce que proposent certains auteurs (Grilli & Verfaellie, 2014 ; Martinelli, Sperduti, & Piolino, 2013 ; Renoult et al., 2012), dans le présent travail, nous ne considèrerons sous le terme « sémantique personnelle » que les faits et connaissances personnelles. Nous avons préféré traiter les souvenirs sémantisés séparément (cf. § 2.2.3.), de même que les possessions et personnes proches au moment présent, les traits de personnalité, les croyances, … plutôt associés au Self-conceptuel, que nous traiterons avec le Self dans la troisième partie de l’introduction. Nous désignerons par sémantique personnelle (Kopelman, 1989), la mémoire qui permet de stocker les connaissances générales d’un individu ayant une implication personnelle (adresse, nom de camarade de classe ou d‘un collègue, diplômes obtenus, date de mariage…) ou les faits autobiographiques (e.g. « J’ai eu mon BAC au lycée Fustel de Coulanges », « J’ai commencé mon internat en Dermatologie au CHM en 2005 », « ma première voiture était une 106 Eden Park bleu métallisé avec des appui-têtes en forme de ballon de rugby »). Tout comme la Mab dans sa composante épisodique, il s’agit d’une mémoire hautement reliée au Self, mais contrairement aux souvenirs épisodiques, les faits sémantiques sont détachés de leur contexte d’acquisition (Renoult et al., 2012), associés à une conscience « noétique » de familiarité (« know » ou savoir) (Tulving, 1985). Cette composante a été largement moins étudiée que la Mab épisodique mais commence à gagner l’intérêt des chercheurs (Greenberg & Verfaellie, 2010 ; Grilli & Verfaellie, 2014, 2016 ; Haslam et al., 2011 ; Martinelli, Sperduti, & Piolino, 2013 ; Prebble et al., 2013 ; Renoult et al., 2012). Le seul outil standardisé permettant d’évaluer la sémantique personnelle est l’AMI (Kopelman et al., 1989). Encore moins étudiées que la sémantique personnelle, les périodes de vie pourraient pourtant constituer une source importante de

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mémoire pour le Self (Prebble et al., 2013). Elles constituent en effet le niveau d’abstraction le plus important de la Mab, permettant de synthétiser une quantité d’informations importante et constituant une source intéressante pour résumer l’histoire d’une vie entière et créer une continuité narrative (McAdams, 2001 ; Pasupathi et al., 2007 ; Prebble et al., 2013 ; Singer & Bluck, 2001 ; Thomsen, 2009). Les périodes de vie pourraient, par leur nature sémantique, être longtemps résistantes aux effets des maladies de la mémoire telles que la MA, et constituer un support pour l’identité personnelle.

2.2.2.2. Sémantique personnelle dans les populations cliniques

Dans les études cliniques (revue dans Renoult et al., 2012), on observe que la mémoire sémantique personnelle est relativement préservée conjointement à la mémoire sémantique générale dans les cas d’amnésies épisodiques (e.g. Cermak & O'Connor, 1983 ; B. Levine et al., 1998 ; Oxbury et al., 1997 ; Tulving, 1993 ; Viskontas et al., 2000 ; Warrington & McCarthy, 1988) ou encore que les faits personnels et généraux sont altérés conjointement dans certains cas où il n’y a pas d’atteinte épisodique (De Renzi et al., 1987 ; Eslinger, 1998 ; Hodges et al., 1992). Ces observations suggèrent une nature sémantique commune aux faits généraux et autobiographiques et que cette mémoire est plus stable que la composante épisodique. Cependant, certains mettent en avant que les faits autobiographiques sont altérés conjointement aux évènements autobiographiques (Grilli & Verfaelli, 2014), les rapprochant cette fois-ci plutôt de la mémoire épisodique. Dans la MA, les quelques études qui se sont intéressées à la sémantique personnelle ont montré qu’elle était relativement mieux préservée que les évènements autobiographiques, le plus souvent associée à un gradient temporel épargnant les souvenirs anciens (Addis & Tippett, 2004 ; Gilboa et al., 2005 ; Graham & Hodges, 1997 ; Ivanoiu et al., 2004 ; Kopelman et al., 1989 ; Leyhe et al., 2009 ; Nestor et al., 2002 ; Piolino et al., 2003). Kazui et collaborateurs (Kazui, Hashimoto, et al., 2003) ont montré qu’il existait une corrélation entre les scores de sémantique personnelle, d’une part, et de mémoire antérograde et de sémantique générale, d’autre part, suggérant que la mémoire sémantique personnelle se situe sur un continuum entre mémoire épisodique et sémantique. Dans la démence sémantique, contrairement à la MA, les patients atteints ont un déficit marqué des faits autobiographiques (Graham & Hodges, 1997 ; Hou et al., 2005), plus marqué que pour les évènements autobiographiques (Ivanoiu et al., 2004 ; Maguire et al., 2010), selon un gradient temporel inversé (Nestor et al., 2002 ; Piolino et al., 2003). Il existe cependant une relative préservation des connaissances qui sont associées à une signification personnelle par rapport aux connaissances générales (Westmacott et al., 2004 ; Westmacott & Moscovitch, 2003). La démence sémantique constitue d’ailleurs un modèle d’étude privilégié pour illustrer l’interdépendance entre mémoire épisodique et sémantique (Greenberg & Verfaellie, 2010 ; Irish & Piguet, 2013). En résumé, les études cliniques suggèrent que la mémoire sémantique personnelle devient indépendante des

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régions temporales internes (Greenberg & Verfaellie, 2010), mais pourrait dépendre des régions néocorticales, comme c’est le cas de la mémoire sémantique générale.

2.2.3. Souvenirs sémantisés

2.2.3.1. Définition et méthodes d’évaluation

Conway et collaborateurs (Conway & Pleydell-Pearce, 2000) évoquent l’existence d’un troisième type de souvenirs autobiographiques, les souvenirs « sémantisés » ou « généralisés », correspondant à des résumés d’évènements répétés ou étendus dans le temps. Il s’agit par exemple du souvenir imprécis d’évènements répétés passés dans un même lieu et étendu sur plusieurs semaines, voire qui se répètent au fil des années durant une période de vie (e.g. « Mes gardes d’internes au CHM ont été parmi les plus difficiles. Tout d’abord parce que c’était mes premières gardes. Mais aussi parce qu’on était seul interne pour couvrir la moitié des services de l’hôpital en plus de la gériatrie, des SSR et de la maison de retraite qui étaient géographiquement séparés. Il arrivait régulièrement qu’il faille prioriser entre plusieurs appels celui qui semblait le plus urgent. Il n’y avait pas officiellement de sénior d’astreinte à contacter en cas de problème pour les différents services, mais heureusement, en cas de relative urgence, on pouvait généralement se tourner vers les réanimateurs pour avoir des conseils de prise en charge… »). Comme les souvenirs spécifiques, ces souvenirs contiennent des informations contextuelles sans pour autant être resitués dans un contexte spatio-temporel précis et unique (Conway & Pleydell-Pearce, 2000), ils contiennent des détails visuels mais en moins grand nombre (Rubin et al., 2003), et sont fréquemment perçus d’un point de vue d’acteur (J. A. Robinson & Swanson, 1993). Par rapport aux souvenirs spécifiques, ces souvenirs sont plus conceptuels et se caractérisent par un moindre sentiment de reviviscence, par un moindre vécu émotionnel et par une moindre importance personnelle (Addis, McIntosh, et al., 2004 ; Holland et al., 2011 ; B. Levine et al., 2004). Il s’agit d’une forme abstraite des souvenirs, placée à un niveau intermédiaire entre les connaissances personnelles et les souvenirs autobiographiques dans le modèle de mémoire du Self de Conway (2009). Dans ce modèle, ces souvenirs seraient plus facilement accessibles et constitueraient le mode d’accès privilégié aux souvenirs épisodiques. Les souvenirs sémantisés existent chez des sujets sains jeunes (Rubin et al., 2003) et augmentent au cours du vieillissement normal (B. Levine et al., 2002 ; Piolino et al., 2002 ; St Jacques & Levine, 2007) par un phénomène de « sémantisation », lié notamment à la répétition des souvenirs (Cermak, 1984 ; Linton, 1986). Ils n’ont pas encore une place bien définie dans la dichotomie sémantique/épisodique (Renoult et al., 2012). Certains auteurs les assimilent à de la sémantique personnelle (Martinelli, Sperduti, Devauchelle, et al., 2013 ; Martinelli, Sperduti, & Piolino, 2013) alors que d’autres les différencient clairement de telles connaissances décontextualisées (Holland et al., 2011), allant parfois jusqu’à les analyser en utilisant la même approche que les souvenirs autobiographiques spécifiques (St-Laurent et al., 2009). Plutôt que de les inscrire dans la

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classique dichotomie sémantique/épisodique (Tulving, 1972, 1985), certains auteurs proposent de considérer que les souvenirs sémantisés s’inscrivent dans un continuum contextuel entre souvenirs spécifiques et connaissances décontextualisées (Greenberg & Verfaellie, 2010 ; Irish & Piguet, 2013 ; Renoult et al., 2012). Un tel point de vue rend compte de la véritable interdépendance qui a d’ailleurs été décrite entre l’une et l’autre composante : d’une part, les souvenirs généraux constituent la base sur laquelle se construisent les souvenirs spécifiques détaillés (Conway, 2009), d’autre part, les souvenirs spécifiques influencent le rappel de connaissances sémantiques personnelles (Westmacott et al., 2004). Aucun outil d’évaluation spécifique n’a été construit pour l’évaluation des souvenirs sémantisés, qui sont le plus souvent considérés comme une tentative échouée de produire une version spécifique d’un souvenir. Dans quelques études, les participants ont eu l’instruction de trouver des souvenirs répétés ou étendus dans le temps sur la base d’une méthode classique d’évaluation de la mémoire épisodique (Martinelli, Sperduti, Devauchelle, et al., 2013 ; St-Laurent et al., 2009).

2.2.3.2. Souvenirs sémantisés dans les populations cliniques

Si les souvenirs sémantisés ont une place à part entière dans le fonctionnement normal du système de mémoire du Self, ils peuvent également être considérés comme une forme dégradée à partir des souvenirs épisodiques dans la pathologie. En effet, les souvenirs sémantisés sont plus fréquents au cours d’un vieillissement pathologique tel que la MA (Addis et al., 2009 ; Piolino et al., 2003), ou de désordres psychiatriques tels que la dépression et le syndrome de stress post-traumatique (Williams et al., 2007). Dans ces populations, les souvenirs qui étaient initialement spécifiques ont tendance à perdre leurs détails contextuels et à devenir « sémantisés » ou « génériques » en raison de l’amnésie épisodique. Les pathologies impliquant les régions temporales internes associées à une atteinte de la mémoire épisodique constituent des modèles privilégiés pour répondre à la question de la nature épisodique ou sémantique des souvenirs sémantisés. Dans de telles études de cas, les souvenirs sémantisés apparaissent altérés comme les souvenirs spécifiques (Grilli & Verfaellie, 2016 ; St-Laurent et al., 2009). En utilisant un outil de mesure précis comme l’AI, St-Laurent et al. (2009) ont montré que les détails ‘internes’ étaient affectés dans les deux types de souvenirs de façon similaire alors que la structure et le résumé des souvenirs étaient préservés. Dans les maladies neurodégénératives telles que la MA, les études sont restées centrées sur le déficit de la composante spécifique liée à l’atteinte temporale interne, si bien que les souvenirs sémantisés n’ont pas encore été étudiés à part entière, alors qu’ils pourraient constituer avec la sémantique personnelle les derniers bastions soutenant l’identité personnelle (Addis & Tippett, 2004 ; Prebble et al., 2013) aux stades débutants de la maladie, quand le néocortex est relativement préservé. Pour aborder cette problématique, les substrats anatomiques de la Mab vont être analysés dans ces différentes composantes, avec un intérêt particulier pour les régions temporales internes et néocortex temporal.

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