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DATE THEME DOCUMENT 2.7.1590 Amendes prévues contre la coupe d'arbres dans les environs de la ville BA.ex.I.1

LES ENJEUX TERRITORIAUX DE DEUX SIÈCLES DE RECITS DE CRISE SUR LE MONTE URUGUAYEN.

DATE THEME DOCUMENT 2.7.1590 Amendes prévues contre la coupe d'arbres dans les environs de la ville BA.ex.I.1

5.3.1607 Interdiction de coupe de bois dans les environs de la ville (Río

Bermejo). BA.ex.I.1.368

14.4.1608 Mention de "destruction" des forêts par les navires entrant au port. BA.ex.I.2.40

28.4.1608

Interdiction faite aux charretiers de Córdoba de couper du bois à moins de 6 lieues au nord et de 4 lieues au sud de la ville.

Mention de manque de bois du fait "du peu de montes qu'elle possède en ses alentours".

BA.ex.I.2.46

29.11.1610 Interdiction de couper les jeunes saules poussant sur la côte du Río de la

Plata. BA.ex.I.2.312

20.5.1613 Nécessité de faire respecter par les "étrangers" et les navires de passage

l'interdiction de coupe". BA.ex.I.2.461

17.6.1619

Obligation faite aux estancieros de planter des arbres (pêchers) pour pallier le manque de bois de feu. Interdiction de couper les arbres qui rejettent de souche sans autorisation.

BA.ex.I.4.235

19.7.1622 Mention de hausse des prix du bois liée à la disparition des forêts

proches de la ville. BA.ex.I.5.229

1.7.1707 Mention du manque "notoire" de bois et de charbon dans la ville. BA.ex. II.1.649 2.12.1755 Nomination de juges comisionados pour éviter les "excès commis dans

l'exploitation des forêts". BA.ex.III.1.579

28.6.1791 Mention de l'absence de forêts assez importantes pour faire du charbon

sur la rive sud du Río de la Plata. BA.ex.III.10.89 27.5.1803 Sur le manque de charbon et les moyens pour y remédier. BA.ex.IV.1.246 23.1.1804 Sur le manque de charbon et les moyens pour y remédier. BA.ex.IV.1.370 26.1.1804 Sur le manque de charbon et les moyens pour y remédier. BA.ex.IV.1.373 8.2.1809 Sur le manque de charbon et les moyens pour y remédier. BA.ex.IV.3.441 10.2.1809 Sur le manque de charbon et les moyens pour y remédier. BA.ex.IV.3.446 19.11.1810 Nécessité de favoriser les plantations d'arbres (texte de la Junta

Gubernativa). BA.ex.IV.4.284

Tableau I.4 - Actes du Cabildo de Buenos-Aires évoquant une disparition, une coupe excessive ou un manque de bois et charbon entre 1590 et 1810.

A ces documents émanant avant tout des autorités, s'ajoutent des récits portés par des individus dans le cadre de litiges. Ces documents ont été obtenus pour l'essentiel pour la région de Montevideo (figure I.4) ; leur concentration entre 1798 et 1811 suggère un lien direct entre raréfaction de la ressource suite au développement démographique de la région au cours des années 1730-1790, et conflictualité. Cela confirmerait l'impression donnée par les documents antérieurs, celle d'un manque chronique de bois. Nous allons présenter dans les lignes suivantes sept litiges particulièrement importants, du fait de l'information qu'ils procurent. Ils ont pour point commun d'être formulés par des vecinos qui vraisemblablement possèdent une terre, ou du moins possèdent quelques biens (animaux et/ou cultures). Tous désignent comme responsables de la disparition des forêts les travailleurs du bois : les bois disparaissent parce qu'on les coupe… un récit trop évident pour être totalement congruent ?

Cas A : García de Zúñiga contre des intrus (1798 à 1802)

En 1798, Juan Francisco García de Zúñiga, Commandant des milices d'infanterie de la ville de Montevideo, qui a racheté à la Junte des Temporalités des Jésuites84

une terre située au nord de la ville, dans la fourche que forment les ríos Santa Lucía Grande et Chico, se plaint d'intrus venus s'installer sur ses terres. S'y trouvent en effet "plusieurs individus qui, foulant aux pieds mes droits, rasent mes montes, créent des passages pour mon bétail et me causent d'autres

84

Cette Junte avait pour mission la vente des biens confisqués aux Jésuites après leur expulsion de l'Amérique Espagnole en 1767.

préjudices encore"85. Sa plainte a peu d'effet, bien que le Gouverneur ait consenti à faire déloger les personnes en question, puisqu'en 1802, ce ne sont plus 6, mais 20 personnes qui auraient indûment bâti des chaumières sur ses terres.

Cas B : Les vecinos du Solís Grande contre les hacendados Tordillo et Martirena (1802 à 1806) : "C'est pour ces raisons évidentes que sont aujourd'hui rasées les forêts autrefois connues pour être touffues et abondantes".

En 1802, dans le partido de Solís Grande, un fleuve côtier de l'est de la juridiction de Montevideo, un conflit a opposé un groupe de vecinos à deux autres personnes accusées de louer les forêts aux fabricants de chaux de la zone -nous reviendrons sur cette location86. Le long litige qui en découle (4 ans, 200 folios) est l'occasion, pour ces vecinos accusateurs, de dénoncer ces fabricants comme étant la cause première de la disparition forestière : dans une lettre au juge local, ils les signalent comme "les uniques personnes ayant détruit les montes et les îles, privant les vecinos du recours au bois nécessaire à l'alimentation de leurs familles […]. Chaque fournée de chaux consume environ cent-cinquante charretées de bois […]. Dans la juridiction de Minas, on compte de douze à quatorze fours, et on se figurera en conséquence l'état dans lequel ils vont laisser ces montes si on ne met pas au plus tôt un frein à ce désordre". Consulté sur la question, le Síndico Procurador General87 du Cabildo de Montevideo entame un long plaidoyer contre ces désordres et la crise dont ils sont responsables ; son exposition conforte également l'idée que la rétraction des surfaces forestières va de pair avec le développement démographique et l'extension territoriale :

"Durant la première époque de fondation [de ces provinces], on n'a guère entendu les altérations qui sont aujourd'hui si fréquentes sur cette matière, sûrement parce que l'abondance de ces terres, et leur grande fertilité, ont comblé tout le monde, et que la surabondance a été le lot de tous ; mais les destructions qu'on réalise depuis dans leurs montes, cet entrain avec lequel chacun a abattu les arbres à sa guise, les a coupé à la racine, sont la cause de ce que les villes [poblaciones] les plus grandes ne trouvent pas le bois nécessaire à leurs besoins et usages. Si l'on rétablissait l'observance des Lois si sagement édictées [...], ces campagnes redeviendraient alors florissantes. Nombreux ont été les désordres observés dans la coupe des arbres, tranchés à mi-tronc, et qui meurent par la suite. Dans ces Provinces, on doit ordonner l'observance de l'instruction de Torivio Perez Bustamante pour qu'on use de bonne police en cette matière, et qu'on ne rase pas les montes, ni qu'on maltraite ni étête les arbres, mais que ceux-ci soient travaillés et élagués dans leurs parties hautes, sans toucher le tronc..."

Le Síndico Procurador General termine son exposition en soulignant les dramatiques conséquences pour Montevideo de la pénurie de bois et charbon qui, si ce type de traitement continue, va aller en augmentant. Il indique malicieusement le tort que pourrait porter au renom du Gouverneur la nouvelle que la Province a perdu ses richesses en bois, et avance quelques propositions pour contrôler le "désordre". Cette notion est centrale dans ce récit de crise ; on voit ici comment un groupe de vecinos, appuyés par le Cabildo, opposent un usage patrimonial de la 85 AGN.C49.11. 86 AGN.C51.32. 87 Voir note N°70.

ressource forestière, face à la coupe massive des fabricants de chaux. Pour les premiers, on pense en termes d'arbre plutôt que de forêts, chaque pied nécessitant un soin particulier. Le problème essentiel n'est pas la coupe en soi, mais la façon dont elle est menée : il s'agit de procéder à des prélèvement ponctuels de feu de bois ou de petit bois d'œuvre, mais sans tuer l'arbre, qui doit pouvoir produire en continu. Les seconds, agissant sur une vaste zone, s'occupent peu du maintien dans le temps de la productivité ligneuse : ils pensent en termes de forêts plutôt que d'arbres, en termes de volumes plutôt que de gestion pied par pied, ce qui explique que leurs coupes ne soient pas soigneuses du rejet des souches et de la préservation des jeunes plantes88.

Cas C : Le Juge du Partido du Soldado et de Casupá contre le fabricant de chaux Josef Abadía (1804) : une "coupe déréglée" au détriment du "bénéfice du commun".

Le 22 août 1804, le Commandant de la ville de Minas reçoit une plainte d'un fabricant de chaux, Josef Abadía, dont la troupe de coupeurs de bois s'est vue interdire d'activité dans la galerie forestière de la rivière Casupá, par le Juge du partido éponyme89. Il revient cher de maintenir inactive une troupe formée de charrettes et de péons, signe de son importance numérique. Sommé de s'expliquer, le Juge explique les raisons pour lesquelles il a procédé à cette interdiction. Abadia, qui possède le droit exclusif d'approvisionner en chaux la place-forte de Montevideo, avait certes obtenu le droit (licencia) de venir couper annuellement du bois pour les besoins de ses fours. Il avait cependant commencé à en "abuser", et à venir "clandestinement" bûcheronner. Le juge évoque une lettre ancienne d'un an (5 août 1803), dans laquelle un vecino, accompagné de son contremaître, avait fait part au Gouverneur des "dévastations considérables opérées par les fabricants de chaux [caleros] José Abadia et Fermín Ybargoyen dans des petits montes qui se trouvent près des maisons". Encore une fois, ce cas présente l'opposition entre un "voisinage" (vecindario) paysan qui s'oppose à une extraction massive réalisée par des entrepreneurs étrangers au partido. Les raisons pour lesquelles le juge a interdit "la coupe déréglée" sont longuement exposées :

"Déterminer pour la coupe l'arroyo Milán90, entouré de vecinos, ne me paraît guère être une bonne décision […] car elle ne contemple que le bien particulier des fabricants de chaux, ou du seul fabricant [Abadia], et oublie le bénéfice commun de tout le voisinage, d'ici à Minas, des laboureurs du Solís, Santa Lucía, car tous nous venons ici nous fournir, et nous nous retrouverons privés d'un bénéfice si général pour nos élevages et nos emblavures. Certains montes existent, plus éloignés, auxquels les fabricants pourraient avoir recours, mais je crois que lorsqu'ils demandent qu'on leur désigne un lieu de coupe, ils ne cherchent qu'à proximité".

88

Le Síndico Procurador General affirme qu'il "est de notoriété publique que les mois les plus propres, selon le climat, pour la coupe et le bûcheronnage sont ceux de mai, juin, juillet, et une grande partie d'août, et qu'en laissant la fourche et les branches principales, l'arbre est élagué, et garde toute sa force et sa vigueur pour rejeter à nouveau, et redevient utile au bout de peu d'années ; [il rappelle que ceux qui contreviennent à ces lois occasionnent un "préjudice général", car ils ne servent que leur "intérêt particulier"] [...] D'autres font leurs coupes à l'intérieur et en divers parages de la forêt, puis, formant de grands faisceaux de bois, ils les traînent au-dehors sans chercher de sentier, bousculant et arrachant à la racine tout arbre tendre, d'une façon telle qu'ils les détruisent tous, brisant là l'augmentation des forêts. Du fait de ces principes évidents de désordre, des forêts qu'on a connu touffues et abondantes se trouvent aujourd'hui rasées".

89

AGN.C70.94 (1804).

90

Rivière relevant du partido de Casupá et Soldado. Désigner la rivière suffisait à déterminer la forêt à couper, puisque seules les vallées contenaient du bois dans cette partie du territoire.

Cas D : Le Cabildo de San José contre les fabricants de charbon (1803-1805)

Aux plaintes des habitants des campagnes, relayées soit par le Cabildo de Montevideo (cas B), ou par le juge du partido (cas C)91, s'ajoutent également des plaintes issues des cabildos des petites villes de l'intérieur de la juridiction montévidéenne. Durant deux ans, le Cabildo de San José, noyau de peuplement situé au nord-ouest de la capitale, s'oppose aux "préjudices irréparables" causés à la ville par les "fabricants de charbon des montes les plus proches", qui "détruisent sans mesure tous types d'arbres"92. Par décret du 4 juillet 1803, le Gouverneur intime l'ordre aux charbonniers de s'établir au-delà d'un certain périmètre, "laissant à la Ville le maigre secours des bois nécessaires pour la réparation de leurs maisons, clôtures, et autres nécessités…".

Cas E : Les vecinos du Santa Lucía contre le fabricant de chaux Fermín Ibargoyen (1808)

En 1808, un conflit opposant 14 vecinos du fleuve Santa Lucía suggère encore une fois qu'une certaine solidarité entre paysans s'instaure contre les fabricants de chaux93. L'accusé a déjà été cité dans un cas antérieur (cas C), mais pour une zone plus au nord. L'un des signataires de la pétition, Nicolás Gadea, avait pris parole en tant que juge du partido du Soldado et de Casupá en 1804, mais il n'apparaît dans celui-ci que comme simple vecino. Le représentant de ce groupe, Nicolás Ximeno, brosse un tableau historique des raisons pour lesquelles ils se plaignent, désignant d'emblée les agriculteurs94 comme des défenseurs vigilants des forêts : ils ont "de tout temps développé les montes qui couvrent les deux rives du Santa Lucía, soit en les défendant de l'entrée fréquente du bétail qui paît sur leurs bords soit en veillant à leur coupe et à leur élagage annuel, ou encore en maintenant des querelles contre les ennemis de leur existence, charbonniers, bûcherons et fabricants de chaux..". Reprenant le mode rhétorique du cas B, le récit procède par allers et venues entre l'évocation du cas particulier qui justifie la plainte, et des considérations générales sur l'état des forêts dans les campagnes : la crise exposée relève donc autant d'un événement brutal (une coupe de grande ampleur à un moment précis) que de la répétition de ce type d'événement depuis trop longtemps au yeux des plaignants.

L'événement brutal est récent, et il est le fait de "l'empressement" avec lequel la troupe nombreuse du fabricant Don Fermín Ibargoyen a "détruit" les forêts du Santa Lucía, puis emmené le produit de son méfait : "On peine à trouver des termes assez expressifs pour expliquer de façon adéquate l'atrocité d'un tel évènement, tellement inédit que d'un seul coup il a brisé les multiples actes de bon gouvernement qui interdisent sous aucun prétexte de raser les montes. Il a ôté à quinze familles un moyen de subsistance, un recours dont ne peut se passer le laboureur dans une campagne ouverte de toutes parts, et de tous côtés exposée aux dommages du bétail. Il a conspiré

91

Le "jueces comisionados" étaient nommés parmi les habitants des lieux. Dans le cas C, le juge s'excuse à un moment de la lenteur de sa réponse au Gouverneur par les travaux agricoles qu'il a dû réaliser. Il n'est donc pas surprenant que ces juges prennent souvent parti pour les vecinos -qui sont leurs égaux en terme de statut- dans les conflits qui les opposent aux coupeurs de bois.

92

AGN.C78.66. Lettre envoyée au gouverneur Joaquín del Pino en 1803.

93

AGN.C88.21. Voir en annexe I.1 (document 1) des extraits développés du texte original.

94

Il semble dans ce cas que l'on ait affaire à des personnes exerçant essentiellement l'agriculture, bien que le texte soit équivoque (vecinos acendados, y de Exercicio Labradores) : s'agit-il d'éleveurs et d'agriculteurs protestant ensemble, ou bien de propriétaires de terres (sens donné ici à hacendado), ayant pour "exercice " l'agriculture ? La deuxième hypothèse est ici retenue.

contre une branche de l'industrie, la plus privilégiée95 peut-être". Mais les racines de la crise sont anciennes, mesurée à l'aune de la durée depuis laquelle les plaignants se sont installés dans la région, et au progrès continu de la disparition forestière :

"Le propriétaire ancien […] est le témoin permanent de la haine positive avec laquelle on considère les montes de cette Campagne […]. Il étend son regard sur les rivières opulentes qui fertilisent notre grande terre, et il ne découvre guère autre chose que les traces d'une main destructrice qui fait tout ployer sous l'impulsion de sa vengeance ou de sa bêtise. C'est ainsi que progressivement disparaissent les immenses étendues boisées que la nature et le soin de nos aïeux nous avaient léguées […]. Il est ainsi probable que vienne le temps où nous ne pourront même plus trouver trace d'une richesse qui, par caprice ou négligence, est déjà presque épuisée".

Cas F : Les vecinos du Partido de Chamizo contre les fabricants de charbon et les coupeurs de bois (1809-1811) : quand la disparition des forêts entraîne une mutation territoriale des activités rurales.

C'est à la veille de la révolution de 1810 qu'apparaît un document présentant une longue plaidoirie de la part de vecinos, à l'encontre des coupeurs de bois de tous types, qui marque une césure avec les documents antérieurs96. Initiée par des laboureurs97, elle dessine clairement une double opposition sur le thème de la destruction forestière. D'une part, on signale expressément et avec force détail les responsables, charbonniers et bûcherons. D'autre part, on montre que l'activité agricole et l'activité pastorale ne sont pas égales devant le manque : c'est la première, essentiellement, qui pâtit de l'absence de bois, car elle ne peut plus réaliser de clôtures pour protéger ses emblavures. Sous l'effet de la raréfaction forestière, elle serait en train de disparaître des zones sud de la juridiction de Montevideo. Ce document suggère donc, pour la première fois, qu'une véritable mutation des activités rurales de la région est à l'œuvre dans les années 1800- 1810 : l'ampleur de la crise dépasse donc, dans ce récit, les mentions ponctuelles pour en faire une question propre à toute la juridiction. Quel crédit peut-on lui prêter ? Douze vecinos seulement signent la plainte, mais, fait marquant, celle-ci est longuement reprise par le défenseur du Cabildo, le Síndico Procurador General, qui à trois reprises (22 et 28.03.1809 et 31.12.1811) appuie la position des laboureurs.

Selon les plaignants, cela fait douze ans que des charbonniers se sont introduits dans les forêts des rivières de San José et de Chamizo, qui bordent leurs estancias. Ces "ennemis les plus cruels" de leurs "véritables intérêts" ont "entièrement ruiné ces montes", allant jusqu'à déraciner les souches pour faire leur charbon. Il ne reste guère plus qu'une demi-lieue de galerie forestière intacte sur la rivière Chamizo. Ailleurs, les forêts ne donnent plus aucun de ces "bois commodes", c'est à dire de pièces utiles aux travaux ruraux, afin de former des chaumières, des corrals, et des clôtures pour les emblavures, et "on ne trouve aujourd'hui plus un seul bout de bois régulier pour réparer des choses si nécessaires". Cet état de carence chronique est confirmé indirectement par la

95

Au sens d'importante.

96

AGN.C91.29. Voir en annexe I.1 (document 2) des extraits développés du texte original.

97

Ils ne se présentent pas comme tels, mais simplement comme vecinos. Cependant, ils sont désignés comme laboureurs par leurs interlocuteurs, à l'instar du Gouverneur (réponse de G.Vigodet du 10 déc 1809). Possesseurs d'estancias, ils sont probablement également propriétaires d'un peu de bétail, mais cette activité semble être secondaire pour eux.

Figure I.5 - Recompositions spatiales des activités liées au manque de bois dans la région de Montevideo : interprétation graphique d'un document de 1809

note d'un charbonnier datant du 5 mars 1811, insérée dans la liasse du litige, où il demande le droit de déplacer son ouvrage dans des galeries situées plus à l'ouest (rivières Luis Pereira et Pavón), les forêts de la rivière San José ayant peu de bois.

C'est cependant l'intervention du Cabildo en faveur des laboureurs qui imprime au document un ton original. On commence par évoquer selon des termes convenus le dérèglement des coupes menées par les charbonniers, à l'origine des "innombrables préjudices" que subissent les habitants de la juridiction. Il y a encore "peu de temps", la situation permettait à tous d'obtenir