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2.2 Dimension normative

2.2.1 Dans le monde du journalisme

"Le droit à l’information, à la libre expression et à la critique est une des libertés

fondamen-tales de tout être humain. (...) La responsabilité des journalistes vis-à-vis du public prime toute autre responsabilité, en particulier à l’égard de leurs employeurs et des pouvoirs publics",

peut-on lire dans le préambule de la Charte de Munich, adoptée le 24 et 25 novembre 1971 par les re-présentants de syndicats des journalistes de six pays membres de la Communauté Européenne, puis par la Fédération Internationale des Journalistes (FIJ) au Congrès d’Istanbul en 1972. Ce principe de responsabilité sociale des journalistes sera réaffirmé quarante-sept ans plus tard dans la "Charte éthique mondiale des journalistes" adoptée par la Fédération internationale des journalistes33. Elle souligne notamment le respect et la fiabilité des faits, la distinction entre le commentaire et la critique, le libre accès aux sources d’information, la primauté de la vérification des faits sur l’urgence du traitement médiatique, et le respect de la vie privée et du secret des sources. La plupart des organisations professionnelles mettent ces principes

32 Communication personnelle, recueillie par e-mail, le 11/08/2014.

33 Source :

https ://www.ifj.org/fileadmin/user_upload/CHARTE_D_ETHIQUE_MONDIALE_DES_JOURNALISTES_-_FR.pdf

en exergue dans leurs chartes et codes, explique Ricardo Gutiérrez34, secrétaire général de la Fédération européenne des journalistes (FEJ), une organisation qui représente plus de 320.000 journalistes de 61 syndicats et associations dans 40 pays35.

Si tous les médias n’ont pas pour vocation de concentrer leur ligne éditoriale sur les seules vertus démocratiques de l’information, ils ont en commun de s’adresser à des audiences sur lesquelles ils exercent potentiellement une influence en raison de leur rôle de caisse de ré-sonance. C’est là un autre versant de leur responsabilité sociale. Selon Bardoel et d’Haenens (2004), il n’existe pas de théorie cohérente à propos de la responsabilité sociale des médias : ce concept est indistinctement employé pour désigner les contenus diffusés dans la presse, la fonction de la presse dans la société, la responsabilité du média envers la société, et la manière dont le média écoute et prend en considération le public. Les chercheurs indiquent également que la responsabilité des médias envers leurs publics n’est pas la seule variable à prendre en considération : par extension, ce principe s’applique à la responsabilité professionnelle via le respect de standards éthiques, à la responsabilité des médias envers le marché, et à la responsa-bilité des médias vis-à-vis des pouvoirs publics qui les contraignent à respecter les règles de la loi. McQuail (cité par Bardoel & d’Haenens 2004) propose une définition pratique du concept de responsabilité sociale des médias : celle-ci consiste dans leurs obligations à répondre aux attentes de la société. Il identifie quatre types de responsabilité : assignée (obligations établies par la loi), contractée (accord d’autorégulation avec la société et les politiques), assignée par soi-même (engagements professionnels volontaires pour le maintien de standards éthiques et d’objectifs publics), déniée (qui réfute les accusations d’irresponsabilité). Une autre définition proposée par McQuail (cité par Lauk & Kus 2012) désigne les "processus volontaires ou

involon-taires par lesquels les médias répondent directement ou indirectement à la société pour la qualité et/ou les conséquences d’une publication".

Un rapport réalisé dans le cadre du projet MediaAcT (Media accountablity and transparency

in Europe - Responsabilité des médias et transparence en Europe, 2012) relève que la

responsa-bilité sociale des médias est avant tout une affaire de pratiques, lesquelles vont différer d’une culture médiatique à l’autre. Toutefois, il existe un consensus autour des concepts de "vérité", "exactitude" et "objectivité" (Hafez 2002). Dans le cadre de leurs pratiques professionnelles, affirme Ricardo Gutiérrez36, les journalistes n’ont pas toujours conscience de cette dimen-sion sociale ancrée dans leurs productions. "L’expérience du Conseil de déontologie belge prouve

que beaucoup de journalistes dérapent, à un moment ou un autre, par manque de temps — ils doivent travailler dans l’urgence et, de plus en plus, pour une variété de supports — ou parce qu’ils ont tendance à respecter de manière un peu trop aveugle les diktats des autorités. Les prin-cipes de la responsabilité sociale des journalistes sont influencés par l’exercice concret de leur tra-vail". Dans une situation de stress, regrette-t-il, les principes moraux et parfois légaux peuvent

se perdre. Pour faire sens, l’exercice de la responsabilité sociale journalistique devrait

impli-34 Communication personnelle, Bruxelles, le 11/01/2016.

35 Site : www.europeanjournalist.org

quer un exercice critique systématique constant. Cela suppose d’admettre que les journalistes peuvent commettre des erreurs et que celles-ci doivent être corrigées (Lauk & Kus 2012). Plai-sance (2000) indique que la responsabilité sociale des médias devrait être plus largement com-prise comme "une dynamique d’interactions entre un milieu donné et la valeur des ensembles

d’individus ou de groupes recevant des messages des médias", dès lors que la responsabilité des

médias est fonction de leur influence. De plus, le succès d’une communication dépend de sa crédibilité, laquelle serait définie tant par le contenu du message que par la nature de la trans-mission : à qui les médias doivent-ils rendre des comptes en ce qui concerne un public dont les membres peuvent avoir des interprétations différentes ? Dans une approche libertaire de la presse, l’exigence de l’autonomie personnelle du journaliste, suggérant un concept de respon-sabilité limitée sera mis en avant ; tandis qu’une approche communautaire élargira ce concept aux conséquences sociales et culturelles de l’exercice de l’idéal journalistique (Plaisance 2000).

La recherche s’est souvent accordée sur l’idée que, malgré un "déluge" de nouveaux fournis-seurs d’informations et des contextes de production différents, il existe des dénominateurs communs caractérisant les pratiques et valeurs des journalistes (Chung & Seungahn 2014). Il s’agit de l’une des manières d’aborder la culture journalistique qui, ici, transcende les fron-tières culturelles nationales et organisationnelles (Hanitzsch 2006). La littérature scientifique esquisse l’idéologie journalistique en cinq traits distincts (Linden 2017) : les journalistes four-nissent un service public et se considèrent comme des chiens de garde (de la démocratie) au nom d’un public ; ils sont impartiaux, neutres, objectifs et équitables ; ils doivent être auto-nomes et libres de tout lien de subordination ; ils ont un sentiment d’immédiateté, d’actualité et de rapidité ; et ils disposent d’une solide base morale et éthique qui leur donne une raison lé-gitime et valable d’agir au nom du public. Ce concept de "bien public", qui sous-tend la respon-sabilité sociale des médias, trouve un point d’équilibre entre les droits individuels et collectifs, et le droit de la presse à la liberté d’expression (White 2008). L’idéal du service au public peut également être considéré comme un élément puissant de l’idéologie du journalisme (Deuze 2005). Toutefois, une définition du journalisme en tant que culture et idéologie, se fondant sur un système de croyances et un ensemble de pratiques professionnelles, couvre seulement une partie de ce qu’est le journalisme (Kammer 2013).

L’idéal journalistique, affirme Bernier (2006), repose "sur bon nombre de prescriptions, dont

cer-taines concernent directement la substance des messages qui seront diffusés tandis que d’autres portent sur les relations des journalistes avec les autres acteurs sociaux". Neveu (2010) souligne

qu’il s’agit "d’une vision enchantée du journalisme, de ses fonctions démocratiques, de ses

pou-voirs (...) nombre de journalistes vivent leur métier comme une mission au service du public, à qui ils apportent des informations utiles". Mais si le journalisme est un bien public, analyse

McChesney (2012), il s’agit de "quelque chose que la société requiert mais que le marché ne peut

produire en qualité ou quantité suffisante (...) pour fournir les ressources à un journalisme dé-mocratique".

L’observation des pratiques journalistiques, donne lieu à "deux versions opposées qui alternent

dans le discours traditionnel" : d’une part, un courant "à forte teneur subjectiviste", qui "exalte la responsabilité et l’indépendance des journalistes, quitte à stigmatiser les ’dérapages’ et les ’dé-rives’ de quelques ’brebis galeuses’ ; d’autre part, un courant "à forte coloration objectiviste, (qui) met l’accent (...) sur l’emprise croissante de la logique commerciale dans les entreprises de presse, celles-ci étant devenues pour la plupart la propriété de grands groupes industriels et financiers plus soucieux de ’parts de marché’ que de la qualité de l’information ou des programmes"

(Gre-visse 1998). Un courant critique, qui met en doute l’existence d’un lien entre médias et dé-mocratie, s’appuie sur ce dernier argument "dans un contexte capitaliste où la mission

éco-nomique des entreprises de presse a pris une importance déterminante" (Bernier 2006). Aussi,

l’idéal démocratique de la fonction d’un média d’information doit-il être pondéré par l’inter-dépendance des médias envers les pouvoirs politiques et économiques, étant entendu qu’un média est aussi une entreprise commerciale ayant pour vocation de se développer au sein d’un marché de consommateurs pour y assurer sa pérennité (McQuail 2003, Gingras 2009).

Le développement des pratiques journalistiques s’appuyant sur la collecte et le traitement de données a suscité une réflexion relative aux bonnes pratiques qu’il conviendrait d’adopter, tout en considérant que les principes éthiques qui le sous-tendent restent les mêmes que dans toutes les autres pratiques journalistiques. Une approche par données dans le journalisme ac-centue les questions relatives à la fiabilité des sources, à l’exactitude des données, au droit à col-lecter des données via des processus automatiques d’extraction, et à l’équilibre à trouver entre le droit du public à être informé et au respect de la vie privée. Il pose aussi celles de l’interpré-tation des données, dans le respect du principe fondamental du respect de la vérité. À partir d’une étude de cas portant sur une cartographie des permis de port d’armes aux États-Unis, Craig et al. (2017) proposent, pour baliser une approche par données dans le journalisme, une grille d’évaluation s’appuyant sur les principes fondamentaux de la déontologie journalistique. Leur proposition s’appuie sur les problématiques liées aux pratiques du datajournalisme : (1) la liberté d’informer versus la responsabilité et l’objectif journalistiques, (2) la confidentialité et la vérification des données, (3) les conséquences de la publication de données à caractère privé. Les chercheurs envisagent des alternatives, comme ne pas publier les noms et adresses de per-sonnes identifiées dans des jeux de données, utiliser les données pour montrer des tendances générales plutôt que particulières, ou croiser des jeux de données sensibles avec d’autres jeux de données "pour servir un objectif journalistique plus large". Pour Loosen (2018), un journa-lisme de données responsable doit également être conscient du fait qu’il interpelle et ques-tionne une société mise en données, tout comme il devrait réfléchir à sa dépendance vis-à-vis des données.

Aux États-Unis, l’Online News Association (ONA) a engagé une réflexion sur des recomman-dations spécifiques dans le contexte de l’automatisation de la production d’informations37. Actif au sein de cette organisation, Tom Kent, éditeur à l’agence de presse américaine Associa-ted Press (AP) qui utilise, depuis 2014, des technologies de génération automatique de textes,

a établi une check-list éthique dans laquelle il propose notamment de s’interroger sur le degré de précision des données, la manière dont l’automatisation organise les données, le contrôle du système d’information ainsi que sa maintenance38. À l’AP, des garde-fous ont été établis dans le cadre d’une collaboration avec Automated Insights39 pour l’automatisation de don-nées boursières et sportives. "Les questions éthiques fondamentales dans le journalisme robotisé

consistent à s’assurer que les données (...) sont correctes et que vous avez le droit de les utiliser ; que vous divulguez que vous utilisez des processus automatisés ; et que vous comprenez suffi-samment l’automatisation pour pouvoir défendre la façon dont une histoire a été écrite. Certains systèmes automatisés créent des affichages vidéo ou photo pour accompagner les textes. Si c’est le cas, vous devez vous assurer que le système n’accède qu’aux images que vous avez légalement le droit d’utiliser, et qu’elles ne contiennent rien de satirique, haineux ou contraire à vos standards".

Le texte précise encore qu’un système automatisé doit faire l’objet de vérifications humaines en amont. Toutefois, dans la plupart des cas, la vérification des processus, en raison des com-pétences techniques qu’elle requiert, ne pourra pas être effectuée par un journaliste.

Dans un rapport publié par le Tow Center for Digital Journalism, Hansen et al. 2017 posent des exigences de transparence : que ce soit des technologues envers les journalistes ou des médias envers les audiences. Leurs recommandations préconisent notamment que les journa-listes soient formés à l’utilisation des technologies, que ce soit sur le plan éthique ou sur celui des pratiques ; qu’un cadre soit partagé par les agents du monde de la technique et ceux du monde du journalisme pour une utilisation éthique des données ; et que des valeurs éditoriales soient intégrées lors de la conception d’artefacts d’automatisation. Elles soulignent également la nécessité d’informer les audiences sur les processus à l’œuvre. Pour être comprise, cette des-cription devrait être traduite en termes non techniques, dans le souci d’informer sur la manière dont la technologie a été utilisée et comment les choix ont été opérés.

Montal et Reich (2017) se sont intéressés à la manière dont est attribuée la paternité d’un texte généré de manière automatique, en procédant à sept entretiens de "figures-clés" d’entreprises de presse pionnières, aux États-Unis, en matière de journalisme automatisé. Tous les répon-dants reconnaissent au logiciel un caractère humain lié au domaine de l’informatique ou du journalisme. S’ils soulignaient l’importance de la transparence envers le lecteur, une majorité ne se positionnait pas en faveur d’une divulgation complète de la nature logicielle de l’auteur. Pour les chercheurs, la divulgation – machine ou homme-machine – doit pourtant être effective pour atténuer l’apparence "biaisée" ou "non biaisée" d’une production journalistique générée de manière automatique. Cette exigence de transparence se justifie par le caractère d’intérêt public d’une information journalistique. Et, indiquent-ils, celle-ci ne concerne pas seulement l’auteur algorithmique mais aussi la mention de la source des données et de la méthodologie utilisée pour traiter ces données.

38 "An ethical checklist for robot journalism", Tom Kent, Medium, 24/02/2015, consulté le 19/03/2017, URL : https://medium.com/@tjrkent/an-ethical-checklist-for-robot-journalism-1f41dcbd7be2/

39 "Ethics of robot journalism : How Automated Insights poses issues for data collection and writing", Megan Doll, University of Wisconsin, Center for Journalism Ethics, 20/10/2015, consulté le 10/01/2016, URL : https://ethics.journalism.wisc.edu/2015/10/20/ethics-of-robot-journalism-how-automatedinsights-poses-issues-for-data-collection-and-writing/

Sur le plan opérationnel, la transparence n’est pas toujours réalisée. Si l’on prend l’exemple des sociétés spécialisées dans la génération automatique de textes, il est difficile d’établir clai-rement lesquelles, parmi elles, ont pour clients des médias d’information : certains contrats comportent, en effet, de strictes clauses de confidentialité. La confirmation de Frank Feulner,

Chief business development officer au sein de la société allemande AEXEA, est sans équivoque :

"des accords de confidentialité nous interdisent de nommer nos clients"40. Cela signifie que les articles générés de manière automatique ne sont pas toujours présentés comme tels aux lec-teurs, mais aussi que cette non-divulgation relève de la seule responsabilité du management du média. Serait-ce parce que le média ne considère pas ses audiences prêtes à accepter le fait que des récits journalistiques puissent être générés de manière automatique, ou parce qu’il consi-dère que cela pourrait engendrer une forme d’anxiété dans ses équipes rédactionnelles ? Cela étant, une attribution claire de la nature non-humaine de l’auteur d’un récit journalistique ne va pas nécessairement supposer que le lecteur lui accordera davantage de crédibilité. Waddell (2018) a mis en exergue l’anthropomorphisme d’un lecteur qui aurait tendance à démontrer davantage d’affinités avec des auteurs humains et à se montrer sceptique sur les productions réalisées par des logiciels.

Ne pas divulguer la nature exacte de l’auteur d’un contenu journalistique ne participe pas à une démarche de transparence et d’explicabilité qui favorisent la confiance (Linden et al. 2019). Cette transparence devrait être réalisée à plusieurs niveaux : dans l’attribution de la source des données, dans des explications relatives à la manière dont les données ont été collectées, dans des prises de décision éditoriales qui reviennent aux journalistes et pas à des techniciens qui n’ont pas été formés au journalisme, dans l’autorégulation en respectant des règles relevant de l’éthique journalistique, et dans la prise en compte de la responsabilité sociale qu’exerce un média d’information, qui implique la correction de toute information erronée. Cette trans-parence devrait également être réalisée lorsque l’information qui apparaît au lecteur procède d’une logique de personnalisation (Linden et al. 2019 :41-43).

Le développement de stratégies d’automatisation de la personnalisation de l’information, dont l’objet est de fournir des contenus sur mesure aux audiences en fonction de leurs choix ou de leurs préférences, fait craindre une remise en question du droit du public à être informé de ma-nière complète et pluraliste, ce qui constitue l’un des fondements de la responsabilité sociale des médias d’information. Le principal danger de ce phénomène est celui d’un enfermement culturel des audiences, par la création de "bulles de filtres" ("filter bubbles"), décrites par Pari-ser (2011) comme l’état dans lequel se trouve un internaute lorsque les informations affichées sur une page web ou une application mobile résultent d’une personnalisation basée sur la col-lecte de ses données personnelles41. En cloisonnant l’utilisateur dans ses propres univers et

40 Communication personnelle, Stuttgart, le 12/03/2016.

41 La recherche récente s’est essentiellement concentrée sur ce phénomène dans le contexte des réseaux sociaux, sans pour autant s’accorder dans leurs conclusions en ce qui concerne le degré ou le danger d’enfermement induit par les algorithmes à l’œuvre (Seargeant & Tagg 2019, Sphor 2017, 2uiderveen et al. 2016, Nikolov 2015 et al.).

référents socioculturels, elles peuvent ainsi participer à la création de monocultures (Bozdag 2013). "Le souci est que la personnalisation amène les individus à consommer de plus en plus la

même information. Par conséquent, il est peu probable que les gens consomment des informa-tions qui défient leurs opinions ou contredisent leurs intérêts, ce qui peut comporter des risques pour la formation de l’opinion publique dans une société démocratique" (Graefe et al. 2015).

"Une histoire a -t-elle été choisie pour sa prééminence statistique ou parce qu’un algorithme de

personnalisation l’a choisi pour nous ? Si la sélection était basée sur des statistiques, alors les-quelles – le nombre de mentions de l’histoire, l’autorité des médias qui le promeuvent, ou quelque chose d’autre ?", demande Pasquale (2015).

Les journalistes ne sont pas nécessairement associés à la conception de ces systèmes per-sonnalisés qui consistent "en une forme d’individualisation technique qui permet d’interroger

des données et de les réassembler comme un ensemble aux caractéristiques différentes" (Fuller

& Goffey 2013). Mais en opérant une segmentation du public, la personnalisation d’informa-tions offre aux éditeurs un moyen d’offrir un service à valeur ajoutée pouvant potentiellement être monétisé (Lavie et al. 2010). Sa promesse est de réaliser de nouvelles expériences plus agréables, mais elle soulève des inquiétudes relatives à la perte de connaissances partagées (Lewis & Westlund 2015). Surtout, il s’agit d’une stratégie de captation des audiences : fournir un flux personnalisé d’informations est un moyen de réduire la dépendance des utilisateurs envers d’autres fournisseurs d’informations (Thurman & Schifferes 2012). "La personnalisation

devrait être un moyen d’améliorer les décisions prises par les rédacteurs humains, les profession-nels engagés dans un journalisme de qualité en tant qu’élément essentiel d’une société ouverte",