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2.2 Dimension normative

2.2.3 Définir un cadre commun

Les interactions entre humains et logiciels, dans le contexte de la production d’informa-tions, peut être à la fois comprise comme étant centrée sur des humains issus de mondes sociaux aux pratiques et normes spécifiques, comme un moyen technologique de soutenir le journalisme, comme une technologie "infusée" de principes et pratiques journalistiques, et comme une technologie orientée vers le journalisme (Lewis & Westlund 2016). Cela implique de nouvelles formes de travail et de collaborations devant être considérées sous l’angle de la finalité d’une information : celle d’être destinée à des audiences envers lesquelles un média est engagé socialement. L’examen de la manière dont la responsabilité sociale et son corollaire, l’éthique professionnelle, sont envisagés dans le monde social du journalisme et dans celui de la technique témoigne de préoccupations partagées, mais aussi de points de divergence qu’il s’agirait de négocier dans le contexte de la production automatisée d’informations.

Journalisme et technologies peuvent tous deux être envisagés comme un bien public au ser-vice de la société. Cette réciprocité, à la fois matérielle et discursive, suscite des inquiétudes quant à la forme de l’autorité journalistique et aux attentes du public à l’égard de l’information (Carlson 2019). Par conséquent, les mondes du journalisme et de la technique engagent tous deux la responsabilité des agents sociaux qui y sont activement impliqués. Bien que cette res-ponsabilité soit envisagée de manière différente, selon qu’ils relèvent d’un monde social ou de l’autre, il ne s’agit pas d’opérer une distinction aussi nette, dès que lors que l’acte de produire une information résulte d’une activité collective. L’ensemble des agents sociaux participant à ces processus va mettre en jeu des intérêts, parfois contradictoires. Ceci illustre le fait que le journalisme ne peut être considéré comme la seule "affaire" des journalistes (Pereira et al. 2018), d’autant qu’il est impossible d’opposer une rationalité de la technologie qui serait pure-ment mécanique à une objectivité journalistique qui apparaît comme illusoire. L’un et l’autre n’agissent pas comme des pôles contraires, mais ces promesses constituent les fondements de leur légitimité.

Dans le monde du journalisme, le principe de responsabilité sociale repose sur la conscience que les professionnels doivent avoir quant à la puissance de la caisse de résonance médiatique. Cela implique un contrat moral guidé par les principes d’objectivité et de respect de la vérité. Si ce premier principe consiste en un idéal professionnel, il participe également à forger une identité professionnelle. Mais il est placé sous tension : d’une part, en raison d’une objecti-vité qui sera toujours le résultat d’un construit socioprofessionnel ; d’autre part, en raison de la double nature d’une entreprise de presse, dont le caractère commercial va contribuer à

pi-loter la ligne éditoriale d’un média d’information. Dans le cadre d’une approche par données dans le journalisme, il est admis que des règles de bonnes pratiques spécifiques devraient être considérées, en raison des manipulations de données que cela implique. Sur le terrain de la production automatisée de contenus journalistiques, s’ajoute une exigence de transparence envers les audiences : ces dernières devraient être informées, dans tous les cas, du caractère non-humain de l’auteur. Cette variable échappe toutefois aux journalistes, dans la mesure où la décision de la divulgation de l’auteur (ou de sa nature) relève de stratégies managériales.

Dans le monde de la technique, la responsabilité sociale est aussi envisagée en fonction de l’impact potentiel des technologies sur les individus et leur environnement. Si des questions éthiques se sont posées aux prémices du développement de technologies informatisées, elles se sont exacerbées, au cours de cette dernière décennie, avec le développement de technologies relevant du domaine de l’intelligence artificielle et de technologies autonomes. La doctrine du double-effet, conceptualisée en 1967 par la philosophe anglo-américaine Philippa Foot (1920-2010), est revenue à l’avant plan. Celle-ci se rapporte aux effets attendus d’une action et aux effets prévus mais non souhaités de celle-ci. Foot citait l’exemple d’un conducteur de tram fon-çant à toute allure qui, arrivé à un embranchement, aurait le choix entre poursuivre sa route d’un côté et tuer cinq travailleurs à l’œuvre sur des rails, ou emprunter l’autre branche et tuer un travailleur isolé. Admettons que le tram ne soit pas piloté par un être humain mais par un système informatique – ce qui est devenu un cas d’école –, la dimension éthique prend alors tout son sens.

L’exercice de la responsabilité sociale dans le monde de la technique implique un engagement individuel, sur le plan de la morale, et un engagement collectif, sur celui de normes profession-nelles dont il est considéré qu’elles doivent être soumises à l’épreuve de la pratique. Mais la responsabilité de l’ingénieur est limitée, et cela d’autant plus qu’il est considéré qu’il ne peut être tenu responsable de "mauvaises utilisations" de la technologie. De plus, les conditions de la production d’artefacts technologiques ne permettent pas un engagement incondition-nel : cela implique souvent un travail d’équipe, et des procédures peuvent différer alors qu’elles aboutissent à un même résultat. Un ingénieur, qui ne dispose d’aucun pouvoir décisionnel au sein d’une organisation, est d’abord redevable envers son commanditaire et cela le place sous tension, compte tenu de la responsabilité qu’il exerce envers la société. Dans un projet d’au-tomatisation de la production d’informations, les agents sociaux du monde de la technique ne travailleront pas nécessairement en collaboration avec des journalistes, ce qui implique que ce sera à eux de définir les processus éditoriaux qui piloteront les processus techniques. Par ailleurs, certains choix pourraient être susceptibles d’être conditionnés par des contraintes économiques. Par exemple, la personnalisation d’informations, l’une des possibilités des sys-tèmes d’automatisation de la production d’informations, pourra être envisagée dans la pers-pective de vendre un service sans pour autant s’interroger sur les implications que celui-ci pourrait avoir sur les audiences. En second lieu, le concept d’objectivité apparaît comme un idéal journalistique, tandis qu’il sert d’argument technologique. Mais qu’il s’agisse de journa-lisme ou de technologies d’automatisation, cette objectivité apparaît comme impossible, dès

lors qu’elle implique des choix humains. Journalisme et technologies ont aussi ceci de commun qu’ils sont d’abord sociaux. Ils peuvent également être abordés par le biais de la "boîte noire", en vertu duquel ils sont le résultat de processus cachés. Ceux-ci sont caractérisés par une suc-cession de choix impliquant des savoirs et savoir-faire relevant du domaine humain. Par consé-quent, ils ne peuvent être considérés comme "neutres" ou "objectifs". Et ils impliquent une ré-flexion sur la manière dont des valeurs humaines sont implémentées dans la conception et les usages de ces technologies (Diakopoulos 2019 :3).

Dans la plupart des cas, il ne sera pas demandé aux journalistes de faire preuve de transpa-rence quant aux raisons motivant les choix qu’ils posent. Cela étant, le développement de pra-tiques s’appuyant sur la collecte et le traitement de données ont poussé les professionnels à faire preuve de davantage de transparence, notamment en ce qui concerne les sources des don-nées. Pour Ricardo Gutiérrez55, les démarches journalistiques pourraient très bien faire l’objet de making off, de manière à dévoiler les coulisses d’une enquête, "mais la transparence

jour-nalistique a des limites, à commencer par celle du secret des sources des journalistes. Et tous les journalistes ne souhaitent pas livrer les secrets de leur recette de fabrication". Pour Paul

Brad-shaw, "les évolutions technologiques attirent davantage d’attention sur le plan de la déontologie

journalistique, en raison des conflits entre les différentes exigences éthique (...) Le journalisme a toujours fonctionné avec des algorithmes. Mais il est bon de se rendre compte qu’à certains égards, nous sommes contraints de réfléchir davantage sur ces processus lorsqu’ils deviennent encodés dans le cadre d’une programmation"56.

L’objectivité algorithmique se reflète dans l’idéal de l’objectivité journalistique : dans les deux cas, elle s’appuie sur des pratiques et décisions cachées, encadrées par des normes et des pra-tiques tant individuelles qu’institutionnelles, qui donnent une légitimité à la production de connaissances (Anderson & Kreiss 2013, Geiger 2014). En ce sens, les promesses de l’objecti-vité algorithmiques sont illusoires car les programmes informatiques ne sont pas développés en dehors de tout contexte social et culturel (Gillespie 2014). C’est pourquoi un processus al-gorithmique peut être mis en parallèle avec un processus éditorial. Cependant, les choix jour-nalistiques vont davantage relever "d’une expertise rigoureuse et d’un engagement intense,

phi-losophique et professionnel, à mettre de côté préjugés et convictions politiques" (Gillespie 2014).

Abordés sous l’angle de l’idéologie professionnelle – laquelle peut être comprise comme une vision partagée de la manière dont le journalisme et les médias devraient fonctionner dans la société (Cohen 1963, cité par Mellado 2015) –, les algorithmes de production automatisée d’in-formations peuvent être considérés comme l’expression d’une idéologie du journalisme, dans la mesure où un processus d’automatisation va participer à la construction du sens journalis-tique. Tout comme le journalisme peut échouer à remplir ses missions, la technologie peut également échouer à remplir les siennes, n’étant pas à l’abri d’erreurs (erreurs de logiciels, bugs, virus, ...). C’est en cela que la technologie – ou plutôt le code qu’elle renferme – est

fra-55 Ricardo Gutiérrez, communication personnelle, ibidem.

gile (McCosker & Milne 2014). De plus, les développements technologiques actuels renferment une part d’incertitude liée à une nature complexe et imprévisibles quant aux manières dont les technologies seront utilisées et aux conséquences de leurs usages. Cela témoigne d’une logique technologique qui, en raison de sa malléabilité, devrait pouvoir être expliquée. Toute procédure devrait également être fondée sur des principes éthiques (Sollie 2007).

Dans le monde de la technique, les processus à l’œuvre dans un système de production auto-matisée de contenus seront rarement dévoilés. Mais il ne s’agit pas tant d’une question d’opa-cité que de la volonté de protéger un code source qui donne de la valeur à ces technologies. Pour autant, cette exigence de transparence se justifie par l’intérêt public d’une information. Cela ne concerne pas seulement la nature de l’auteur, mais aussi la source des données et la méthodologie utilisée (Montal & Reich 2017). Hansen et al. (2017) abondent dans ce sens, sou-lignant qu’il faudrait promouvoir tant les bonnes pratiques que la transparence de divulgation. Dans le même temps, ils soulignent que transparence ne signifie pas explicabilité, et que les journalistes devraient d’abord acquérir une expertise en interne, tout en s’appuyant sur des experts du domaine, pour comprendre la manière dont fonctionnent les systèmes d’automa-tisation ou pour être associés à leur conception : des algorithmes renfermant des décisions éditoriales devraient pouvoir être également compris par un humain. Cela pose la question de la formation des journalistes en matière d’innovations technologiques. Mais si les journalistes font des pas vers le monde de la technique, ceux-ci devraient également être effectués en sens inverse. Lorsqu’ils participent à la chaîne de production de l’information, les agents sociaux du monde de la technique doivent admettre qu’ils font acte de journalisme et qu’ils contribuent à la mise en sens du monde. L’exercice de leur responsabilité devrait, dès lors, se traduire dans le partage des mêmes droits et devoirs que ceux qui prévalent dans le monde journalistique. En outre, s’il n’est pas éthiquement admis que les journalistes puissent travailler à des fins com-merciales ou de communication, les technologies développées par les nouveaux acteurs du monde de l’information sont rarement dédiées au seul secteur des médias. Elles peuvent éga-lement être utilisées pour décrire des destinations de voyage ou tout autre type de produits ou services destinés à être vendus. Lorsqu’il est recommandé de séparer clairement la communi-cation du journalisme, cela entre donc en contradiction avec les bonnes pratiques en matière de journalisme. Cela pose donc une exigence de transparence quant à la manière dont ces pro-cessus opèrent dans un contexte journalistique.

Les deux témoins sollicités dans le volet de cette thèse estiment que le développement de systèmes d’automatisation de contenus journalistiques doit impérativement être abordé sous l’angle de la déontologie professionnelle. Pour Ricardo Gutiérrez, cette évolution fait peur. "Quand je vois les discussions que l’on peut avoir au Conseil de déontologie journalistique pour

établir si ce qu’un journaliste a fait est respectueux ou pas de la déontologie – ce qui est très lié à la manière dont le journaliste a travaillé et au contexte de son travail –, je pense qu’il est quasi impossible de transposer cette réflexion à un logiciel. Mais dans l’absolu, les recommandations destinées aux humains devraient également valoir pour les machines. Vu la puissance de ces lo-giciels, le risque est d’en privatiser l’usage. Un autre enjeu consiste donc à mettre ces outils au

service de la collectivité et non au service d’intérêts privés, de manière à ne pas créer un monde à deux vitesses où il y aurait des gens bien informés et des gens mal informés"57.

Gabrielle Lefèvre, journaliste et membre du Conseil de déontologie journalistique, souligne que les principes déontologiques de base doivent prévaloir. Elle reconnaît, cependant, que "on

va peut-être devoir avancer dans cette réflexion qui implique la responsabilité humaine des édi-teurs qui, elle, ne va pas changer : c’est une question de confiance de l’opinion publique. Il faut que le politique soit averti de l’arrivée de ces systèmes, et qu’ils incluent dans les missions de ser-vice public le fait que l’information soit bien produite en fonction des principes de la déontologie journalistique. Les services publics de l’information, dans des pays comme les nôtres, ont une tâche essentielle pour préserver la qualité de l’information"58. Elle fait également part de ses craintes quant aux dérives que pourrait entraîner, à long terme, une généralisation de l’auto-matisation de la production de contenus journalistiques. D’une part, cela concerne le risque d’ubérisation du journalisme, dans le sens où la transmission de l’information ne serait plus le fait des journalistes. "C’est un peu comme pour le taximan. Il n’est pas intéressant parce qu’il est

un meilleur conducteur qu’un conducteur Uber. C’est parce qu’il est lié par un contrat à une série de codes de conduite et d’éthique professionnelle. Toute une série de luttes syndicales a permis qu’il soit payé correctement et dignement. Si on fait la même chose dans les professions intel-lectuelles, y aura-t-il des tentatives pour annihiler la réflexion et la mise à distance critique ? Y aura-t-il une uniformisation de la pensée, dont la perspective est excessivement dangereuse ? Qui formatera cette information ? Le risque est de ne plus avoir de traçabilité. Qui sera responsable d’une fausse information ? Celui qui la diffuse ou celui qui la produit ? C’est extrêmement dan-gereux. Les outils sont des outils. Un mauvais ouvrier, quelle que soit la qualité de l’outil, fera du mauvais travail. Si l’outil est utilisé pour appuyer les pratiques professionnelles, celles-ci seront meilleures. Des journalistes professionnels doivent donc en garder la maîtrise. Si des linguistes ou des programmeurs veulent faire du journalisme, ils doivent être journalistes. Toutes les amé-liorations techniques dans les rédactions sont encadrées par le rédacteur en chef. On a donné le statut de journaliste professionnel à des gens qui font de la mise en page car ils interviennent dans les contenus. Ils sont donc aussi responsables. S’il y a une erreur, ils sont autant respon-sables que le journaliste dont le titre de l’article a été modifié. Il n’y aurait pas nécessairement un élargissement de la notion de journaliste mais l’obligation d’appliquer les techniques du jour-nalisme professionnel ainsi que ses bonnes pratiques et usages". Elle dit également s’inquiéter

d’une autre dérive possible : celle d’une information consumériste, induite par une production à grande échelle, qui ne participerait plus à l’idéal journalistique de bien public.

Pour Monti (2019), la surveillance d’un processus d’automatisation de la production d’infor-mations doit devenir une obligation éthique, arguant qu’une absence de suivi ou d’évaluation peut être considérée comme l’un des aspects les plus dangereux du phénomène. Dans le même ordre d’idées, le choix d’un jeu de données qui fera l’objet d’une automatisation doit être guidé par "le principe éthique d’exactitude, pour choisir une source fiable, en particulier si elle

pré-57 Ricardo Gutiérrez, communication personnelle, op.cit.

sente une orientation politique" (Monti 2019). Là aussi, il appartient au programmeur, à

l’édi-teur ou au journaliste de vérifier l’exactitude et la fiabilité des données. Cela implique que les programmeurs s’engagent dans le respect de règles éthiques qui s’intègrent dans "le nouveau monde technologique du journalisme". Et elles devraient également être appliquées à toutes les formes de journalisme algorithmique. "Compte tenu du rôle de plus en plus important des

ingénieurs dans le domaine de la presse, il est (aussi) nécessaire de réfléchir aux formes de res-ponsabilité éthique et à la resres-ponsabilité juridique des programmeurs" (Monti 2019). Établir un

cadre commun suppose aussi de voir en quoi les mondes du journalisme et de la technique convergent, et en quoi ils diffèrent (Figure 2.11).

FIGURE2.11 – Points de convergence et points à négocier entre les mondes de la technique et du journalisme (schéma de l’auteure)

En raison de la responsabilité sociale engageant un média d’information et de toutes les im-plications qui en découlent, c’est aux agents sociaux du monde de la technique à amener cette réflexion. Cela implique, de leur part, un changement de paradigme : avant d’être techniques, les activités liées à la production automatisée d’informations doivent être d’abord considérées comme journalistiques. Dans la perspective de collaborations fructueuses, chacun devrait éga-lement comprendre le métier de l’autre, sa logique, ses contraintes. Cette croisée des chemins entre technologie et journalisme implique donc que les points de divergence observés puissent être négociés, que ce soit sur le plan de la responsabilisation sur les usages finaux de l’informa-tion ou sur celui de la responsabilité individuelle, laquelle induit un engagement moral dans l’idéal journalistique, mais aussi sur celui d’une loyauté professionnelle devant nécessairement tenir compte du public auquel s’adresse l’information.

Dans les conclusions du mémoire consacré aux possibilités et limites de la génération auto-matique de textes (Doerickx 2015), figuraient dix recommandations pour encadrer de manière responsable le phénomène de la production automatisée d’informations. À l’examen de cette première partie de thèse, où sont étudiés tant les enjeux du phénomène que les dimensions de la culture du journalisme, ces recommandations sont ici reprécisées et étoffées. Elles sont à en-visager de manière inclusive, dès lors qu’elles impliquent des journalistes, le management des entreprises de presse et des agents sociaux du monde de la technique. Elles peuvent permettre

de régler les points de divergence entre des mondes sociaux dont les vues peuvent être diffé-rentes quant à la manière dont leurs agents exercent leur responsabilité, et elles sont guidées par un souci de transparence (qui est aussi une question de confiance).

1. Les systèmes de génération automatique de contenus journalistiques devraient être en-visagés, dans tous les cas, comme un appui au journalisme. Les éditeurs qui font appel à ces systèmes ne devraient pas les entendre dans une logique de réduction des coûts