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1.5 D´eformation du b´eton `a haute temp´erature

1.5.1 D´eformation thermique libre du b´eton `a hautes temp´eratures

temp´eratures

Le b´eton subit une d´eformation thermique, lorsqu’il est soumis `a un changement

de temp´erature. Cependant, les gradients thermiques se d´eveloppant durant les phases

transitoires de propagation de la chaleur engendrent une d´eformation thermique non

uniforme au sein du mat´eriau. Cette non-uniformit´e induite des contraintes internes

qui peuvent elles-mˆemes provoquer un endommagement du mat´eriau. En outre, la

d´eformation thermique du b´eton est la superposition des d´eformations de la matrice

cimentaire et des granulats au cours de l’´echauffement. L’incompatibilit´e entre ces

d´eformations thermiques affecte d’une fa¸con significative les propri´et´es m´ecaniques du

b´eton `a hautes temp´eratures.

1.5.1.1 D´eformation thermique libre de la pˆate de ciment

Quand la pˆate de ciment est soumise `a de hautes temp´eratures, elle subit en premi`ere

phase une dilatation. Cette premi`ere phase de dilatation correspond `a une gamme de

temp´erature allant jusqu’`a 150C [68]. Ensuite, la pˆate de ciment subit une deuxi`eme

phase de contraction due au retrait de dessiccation [44]. N´eanmoins, la temp´erature

de changement de comportement (dilatation / contraction) d´epend de la vitesse de

chauffage : plus cette vitesse est importante plus la temp´erature est grande. En effet, sur

la figure 1.21, on repr´esente les d´eformations thermiques d’une pˆate de ciment chauff´ee

40 1.5. D´eformation du b´eton `a haute temp´erature

`a deux vitesses 0.5C/min et 1C/min dont la composition est celle correspondant

`a un b´eton M100C [44]. A partir de cette figure, la pˆate de ciment se dilate jusqu’`a

une temp´erature o`u la d´eformation atteint 2.2mm/m. Cette temp´erature d´epend de la

vitesse de chauffage. Pour les vitesses de 0.5 et 1C/min, ces temp´eratures se situent

respectivement aux alentours de 125Cet 180C. Ce r´esultat semble montrer l’influence

de la cin´etique de d´epart de l’eau du mat´eriau sur sa dilatation thermique. Cette

derni`ere ne doit donc pas ˆetre vue comme une propri´et´e physique intrins`eque.

La phase de dilatation est g´en´eralement attribu´ee `a la mise en mouvement et `a la

dilatation volumique des mol´ecules d’eau (sous toutes ses formes) ainsi qu’`a la r´eduction

des forces capillaires de l’eau sur le solide du fait de l’augmentation de la temp´erature

[9]. La phase de contraction est attribu´ee au d´epart de l’eau (´evaporable puis non

´evaporable) du mat´eriau qui provoque un retrait important de la pcd. Par ailleurs, le

m´ecanisme de retrait de la pˆate de ciment sous haute temp´erature diff`ere de celui `a

temp´erature ambiante. La figure 1.21 montre que le retrait intervient essentiellement

lorsque le processus de d´eshydratation est amorc´e. Ainsi, le retrait semble ne plus ˆetre

contrˆol´e par les effets capillaires mais rel`eve plutˆot d’un bilan volumique li´e au d´epart

de l’eau constitutive du gel de C-S-H.

Figure 25 : dilatation

thermique d'une pâte de

ciment durcie haute

performance entre 20 et

300 °C en fonction de la

vitesse de chauffage

selon (Hager 2004).

Figure 1.21 —Dilatation thermique d’une pˆate de ciment durcie haute performance

entre 20 et 300

Cen fonction de la vitesse de chauffage selon [44].

1.5.1.2 D´eformation thermique libre des granulats

Les granulats occupent une part importante du volume total du b´eton (de 50 `a

80%). Leur dilatation thermique influence donc fortement la dilatation thermique du

b´eton. G´en´eralement, les granulats utilis´es pour la confection des b´etons pr´esentent

une expansion thermique sur la gamme de temp´erature atteinte lors d’un incendie.

Il est admis que l’expansion thermique des granulats d´epend principalement de leur

teneur en silice. Les roches `a haute teneur en silice comme les gr`es ou les quartzites ont

une forte expansion thermique (de plus, la transformation du quartzαen quartzβ `a

573Cs’accompagne d’un gonflement du granulat). Les roches ne contenant pas ou peu

de silice, telles les roches calcaires, ont des expansions thermiques moins importantes

[9].

Sur la figure 1.22 on repr´esente l’´evolution de la d´eformation thermique de la roche

calcaire en comparaison avec la d´eformation thermique d’un b´eton M100C r´ealis´e avec

des granulats ayant la mˆeme nature calcaire que la roche. La figure 1.22 r´ev`ele, pour une

temp´erature allant de 20C `a environ 520C, une diff´erence relativement faible entre

la dilation thermique du granulat et celle du b´eton M100C. Ceci conduit `a penser, du

moins dans ce cas, que la d´eformation thermique libre du b´eton est essentiellement

contrˆol´ee par celle des granulats. En d’autres termes la d´eformation due au retrait de

dessiccation qui a pour origine la pˆate de ciment reste n´egligeable devant la dilatation

thermique des granulats.

Cependant, la d´eformation de retrait de la pˆate de ciment du mˆeme b´eton M100C,

donn´ee par la figure 1.21, montre des valeurs qui ne sont pas n´egligeables par rapport

`a celle de la d´eformation thermique libre des granulats. En effet, les proportions de

granulats et de pˆate sont, respectivement, ´egales `a 70% et 30%. Entre 300C et 400C,

une loi de m´elange donne une contribution de la pˆate `a la d´eformation du b´eton

d’envi-ron 25% de la contribution de la dilatation des granulats. Ceci semble en contradiction

avec les r´esultats de la figure 1.22 car on ne constate quasiment aucun ´ecart entre la

d´eformation du b´eton et de celle du granulat dans cet intervalle de temp´eratures.

Mˆeme si une simple loi de m´elange n’est pas valable dans ce cas, l’utilisation d’une

approche plus pr´ecise tel qu’un sch´ema d’homog´en´eisation ne devrait pas changer de

fa¸con sensible ce r´esultat.

Figure I-18. Evolution d

de la roche calcaire en

déformation thermique

avec la même nature de

(Hager, 2004)

Figure 26 : dilatation thermique d

andKaplan 1996) à gauche et

(Khoury 1992) à droite. Légende

grès, b et f – calcaire, c – granite

– anorthosite, e – basalte et h – p

droite : limestone= calcaire, grav

= gravier de Tamise (crackrepré

granulat) et basalt= basalte.

Figure 1.22 —Evolution de la d´eformation thermique de la roche calcaire en

compa-raison avec la d´eformation thermique d’un b´eton M100C r´ealis´e avec la mˆeme nature

42 1.5. D´eformation du b´eton `a haute temp´erature

1.5.1.3 D´eformation thermique libre du b´eton

Plusieurs recherches ont ´et´e r´ealis´ees dans le but de mesurer la d´eformation

ther-mique d’un b´eton soumis `a de hautes temp´eratures. La synth`ese des r´esultats donn´ee

par Schneider [121] montre que :

– la d´eformation thermique d’un b´eton ´evolue de fa¸con non lin´eaire avec

l’augmen-tation de la temp´erature.

– le facteur le plus important affectant cette d´eformation est la nature du granulat.

– pour des temp´eratures dans l’intervalle [600C,800C], la plupart des b´etons

montrent une r´eduction ou l’arrˆet de la dilatation thermique.

Ces observations ont ´et´e confirm´ees avec les r´esultats de d´eformation thermique

obtenus par Hager [44] sur les b´etons consid´er´es dans le cadre de cette ´etude. Sur la

figure 1.23, on repr´esente les r´esultats de la dilatation thermique d´etermin´ee sur les

b´etons M75C et M75SC. Chacun des deux b´etons a ´et´e chauff´e avec deux vitesses de

mont´ee en temp´erature : 0.5C/min et 1C/min. A partir de cette figure, on peut noter

que la d´eformation thermique du b´eton silico-calcaire est plus importante que celle du

b´eton calcaire avec un comportement non-lin´eaire en fonction de la temp´erature. En

outre, nous pouvons observer que la vitesse de mont´ee en temp´erature a une faible

influence sur le r´esultat. Les deux courbes sont quasiment identiques pour le b´eton

M75C. N´eanmoins, il est `a signaler que cette observation peut ˆetre due au fait que les

vitesses de mont´ee en temp´erature soient tr`es proches. Ce comportement ne devrait

plus ˆetre valable pour des vitesses plus importantes du fait de l’apparition dans ce

cas de forts gradients thermiques. Au-del`a de 500C, la d´eformation du b´eton M75SC

pour une vitesse de chauffage ´egale `a 0.5C/min est plus grande. Ceci peut s’expliquer

par une dur´ee plus longue de l’essai `a 0.5C/min et donc par une d´eshydratation plus

importante et une fissuration plus significative du mat´eriau.

Figure 29 : dilatation th

bétons selon (Hager 20

M100C sont confection

calcaires. M75SC est co

granulats silico-calcaire

Figure I-19. Influence

montée en températu

déformations

thermiques (DT) (Hag

Figure 1.23 —Influence de la vitesse de mont´ee en temp´erature sur les d´eformations

thermiques du b´eton [44].

Sur la figure 1.24, on repr´esente la d´eformation thermique libre en fonction de la

temp´erature pour les cinq b´etons dans les travaux de Mindeguia [96] avec deux b´etons

B40 et le B40SC ayant un cycle de chauffage-refroidissement. La vitesse de chauffage est

´egale `a 1C/min avec un palier maintenu `a 600C pendant une heure. A partir de cette

figure, on peut voir que la dilatation du b´eton B40SC est plus importante que les quatre

autres b´etons qui pr´esentent des valeurs comparables. Ceci est bien ´evidemment dˆu `a la

nature des granulats silico-calcaires qui ont un coefficient de dilatation plus important

que les granulats calcaires. En outre, `a partir de la figure 1.24, on peut affirmer que,

la d´eformation thermique est irr´eversible avec des valeurs r´esiduelles positives.

libre dans la direction

longitudinale des béton

de l'étude. La phase de

refroidissement a été

enregistrée pour le B40

et le B40SC.

Figure 1.24 — D´eformation thermique libre des b´etons de l’´etude de Mindeguia

[96]. La phase de refroidissement a ´et´e enregistr´ee pour le B40 et le B40SC.