²+t,p = ²+t,p+1+kp+1²−(t−1)−p,p
²−t−(p+1),p+1 = ²−(t−1)−p,p−kp+1²+t,p qui donne le sch´ema de filtrage de la figure 4.2.
x(t)
z−1 z−1 z−1
(t,p) ε+
(t,p) ε−
−kp
kp
−k1
k1
Fig. 4.2 – Filtre de synth`ese en treillis. Ce filtre permet de reconstruire le processus `a partir de la suite des erreurs de pr´ediction directe et de la donn´ee des coefficients de corr´elation partielle.
4.6 D´ ecomposition de Wold
Un des r´esultats fondamentaux de la th´eorie des processus stationnaires au second-ordre est la d´ecomposition de Wold. Cette d´ecomposition permet de d´ecomposer n’importe quel processus sta-tionnaire au second-ordre comme la somme de la sortie d’un filtre lin´eaire invariant dans le temps excit´e par un bruit blanc et d’un processus d´eterministe (d´efinition 4.11). La preuve de ce r´esultat est de nature g´eom´etrique. L’id´ee de base est la suivante. SoitHXt = span{Xs, s≤t}. HXt est appel´e le pass´e lin´eaire du processus `a la date t. Par construction, HtX ⊂ HXt+1, et nous disposons ainsi d’une famille de sous-espace emboˆıt´es deHX∞=∪t∈ZHXt .HX∞est l’enveloppe lin´eaire du processus. L’espace T
t∈ZHXt , appel´e le pass´e infini du processus (X) jouera aussi un rˆole particulier. Par d´efinition Xt appartient `a HXt , mais il n’appartient g´en´eralement pas `a HXt−1. Le th´eor`eme de projection dit qu’il existe un unique ´el´ement not´e (Xt|HXt−1) et appartenant `aHXt−1 tel que :
²t=Xt−(Xt|HXt−1)⊥ HXt−1
Dans ce contexte ²t s’appelle l’innovation (lin´eaire) du processus. Il d´ecoule de cette construction g´eom´etrique que le processus d’innovation est unprocessus orthogonal dans le sens o`u :
∀s6=t, ²s ⊥²t (4.32)
En effet, pour s < t, nous pouvons ´ecrire²s∈ HXs ⊂ HXt−1 et²t⊥ HXt−1. Et donc²s⊥²t.
La proposition qui suit montre que le processus d’innovation est la limite des processus d’innovations partielles `a l’ordrep.
Proposition 4.5. Pour tout Y ∈L2(Ω,F,P) et toutt∈Z nous avons :
p→∞lim(Y|HXt,p) = (Y|HXt ) o`u HXt,p= span{Xt, Xt−1,· · · , Xt−p+1}.
Exemple 4.12 : Bruit blanc
Supposons que {Xt} soit un bruit blanc. Nous avons (Xt|Ht−1,pX ) = 0 pour tout p et donc (Xt|HXt−1) = 0.
Nous avons donc ²t =Xt−(Xt|HXt−1) = Xt : le processus Xt co¨ıncide avec son innovation. Ceci signifie qu’un bruit blanc ne peut ˆetre pr´edit de fa¸con lin´eaire `a partir de son pass´e.
Exemple 4.13 : Pr´ediction d’un processus AR(p) causal
On consid`ere le processus AR(p) causal d´efini par l’´equation r´ecurrenteXt=φ1Xt−1+· · ·+φpXt−p+Zto`u Zt∼BB(0, σ2). Nous avons vu queHXt =HtZ et que, pour toutk≥1, on avaitE[Xt−kZt](conf`ere ´equation (??)). Par cons´equentZt⊥ HXt−1 etHtX=Ht−1X ⊕span{Zt}. On en d´eduit que :
(Xt|HXt−1) = Xp
k=1
φk(Xt−k|HXt−1) + (Zt|HXt−1) = Xp
k=1
φkXt−k
et donc Xt−(Xt|HXt−1) =Xt−Pp
k=1φkXt−k =Zt. Par cons´equent le bruit blanc Zt, qui intervient dans l’´equation r´ecurrente d’un AR causal, est pr´ecis´ement l’innovation du processus AR. Ce r´esultat montre que Pp
k=1φkXt−k est la projection deX(t)sur tout le pass´eHt−1et qu´elle co¨ıncide avec la projection orthogonale sur le pass´eHt−1,p de dur´eep. Par cons´equent, pour tout m≥p, la suite des coefficients de pr´ediction est {φ1, . . . , φp,0, . . . ,0
| {z }
m−p
}. Ce r´esultat est faux pour un AR non causal.
Exemple 4.14 : Processus harmonique
Soit le processus harmonique Xt = Acos(λ0t+ Φ) o`u A est une variable al´eatoire, centr´ee, de variance σA2 et Φ une variable al´eatoire, ind´ependante de A et distribu´ee suivant une loi uniforme sur [−π, π]. Le processus Xt est stationnaire au second-ordre, centr´e, de fonction d’autocovariance γ(τ) = (σ2A/2) cos(λ0τ).
Les coefficients du pr´edicteur lin´eaire optimal `a l’ordre2 sont donn´es par :
·φ1,2
φ2,2
¸
=
· 1 cos(λ0) cos(λ0) 1
¸−1·
cos(λ0) cos(2λ0)
¸
=
·cos(λ0)
−1
¸
On v´erifie facilement queσ22=kXt−(Xt|HXt−1,2)k2= 0. Par cons´equent, on a : Xt= (Xt|HXt−1,2) = 2 cos(λ0)Xt−1−Xt−2∈ HXt−1
et donc la projection(Xt|HXt−1) =Xt, ce qui implique que²t= 0. A l’inverse du bruit blanc, le processus est enti`erement pr´edictible `a partir de son pass´e.
En appliquant la proposition 4.5 `a Xt, nous pouvons ´ecrire :
p→∞lim(Xt|HXt−1,p) = (Xt|HXt−1) et lim
p→∞²+t,p=²t (4.33)
Le processus d’innovation ²t est donc la limite en moyenne quadratique de la suite des innovations partielles ²+t,p =Xt−(Xt|HXt−1,p). Une cons´equence imm´ediate est que le processus d’innovation est un processus stationnaire au second ordre. En utilisant, en effet, la continuit´e du produit scalaire et la stationnarit´e au second ordre de l’innovation partielle d’ordrep, on peut ´ecrire :
(²t+τ, ²t) = lim
p→∞(²+t+τ,p, ²+t,p) = lim
p→∞(²+τ,p, ²+0,p) (4.34) qui ne d´epend que deτ. En particulier nous avons :
σ2 =k²tk2= lim
p→∞kXt−(Xt|HXt,p)k2 = lim
p→∞σp2 Dans le cas du bruit blanc on obtient σ2 = E£
Xt2¤
6= 0 et donc, d’apr`es la d´efinition 4.11, le bruit blanc est un processus r´egulier. D’un autre cˆot´e, le processus harmonique, pour lequel σ2 = 0, est d´eterministe. Nous remarquons aussi que la somme d’un bruit blanc et d’un processus harmonique est un processus r´egulier.
La structure g´eom´etrique emboˆıt´ee des espaces {HXt } et l’orthogonalit´e des innovations fournissent, pour touts < t, la formule suivante de d´ecomposition en somme directe :
HXt =HXs ⊕span{²s+1,· · · , ²t} (4.35) Notons, tout d’abord, que ²t=Xt−(Xt|HXt−1)∈ HXt et que ²t⊥ HXt−1, ce qui implique que Ht−1X ⊕ span{²t} ⊆ HXt . D’un autre cˆot´e, puisque Xt =²t+ (Xt|HXt−1), HXt = span{²t+ (Xt|HXt−1),{Xs, s≤ t−1}} = span{²t,{Xs, s ≤ t−1}}, ce qui entraˆıne que HXt ⊆ HXt−1 ⊕span{²t}. En conclusion HXt = Ht−1X ⊕span{Zt}. En r´eit´erant ce raisonnement, on en d´eduit la d´ecomposition (4.35). Cette d´ecomposition orthogonale de l’espaceHXt n´est pas sans rappeler la d´ecomposition de Gram-Schmidt.
Notons qu’`a l’inverse de la d´ecomposition de Gram-Schmidt classique, nous proc´edons ici dans le sens r´etrograde. D´efinissons pour touts≥0 :
ψs= (Xt, ²t−s)
σ2 (4.36)
Remarquons que ψs ne d´epend pas de t. En effet, la continuit´e du produit scalaire et la stationnarit´e conjointe du processusXtet de l’innovation partielle impliquent que :
(Xt, ²t−s) = lim
p→∞(Xt, ²+t−s,p) = lim
p→∞(X0, ²+−s,p) Lemme 4.1. La suite {ψs} est de carr´e sommable et ψ0 = 1.
D´emonstration. Remarquons, tout d’abord, que la relation ((Xt|HXt−1), ²t) = 0 entraˆıne que : ψ0 = (Xt, ²t)
σ2 = (Xt−(Xt|HXt−1), ²t)
σ2 = 1
D’autre part, pour tout s≥0, la projection orthogonale de Xt sur H²t,s = span{²t, ²t−1,· · ·, ²t−s+1} s’´ecrit, du fait de l’orthogonalit´e du processus d’innovation, (Xt|H²t,s) =Ps−1
k=0ψk²t−k. On en d´eduit quek(Xt|H²t,s)k2 =σ2Ps−1
k=0ψ2k. On a alors d’apr`es l’´egalit´e de Pythagore (proposition 4.3) : k(Xt|H²t,s)k2 =σ2
Xs−1
k=0
ψk2=kXtk2− kXt−(Xt|H²t,s)k2≤ kXtk2
ce qui conclut la preuve. ¥
La suite (ψs)s≥0 ´etant de carr´e sommable, la suites →Xt,s = Ps
et qui est un processus stationnaire au second-ordre. On a, en effet : E[Ut] = (Ut,1) = lim
qui est ind´ependant det.
Le th´eor`eme suivant, connu sous le nom ded´ecomposition de Wold, est vraisemblablement le r´esultat le plus important de la th´eorie des processus stationnaires au second-ordre.
Th´eor`eme 4.5 (D´ecomposition de Wold). Soit Xt un processus stationnaire au second ordre et ²t son processus d’innovation. On suppose que Xt est un processus r´egulier (σ2 = k²tk2 6= 0). On note Ut=P∞
D´emonstration. Elle est donn´ee en fin de chapitre. ¥
Un processus {Xt} tel que HX−∞={0} est ditpurement non d´eterministe. Pour un tel processus la partie d´eterministe de la d´ecomposition de Wold est identiquement nulle. Par exemple, le processus r´egulier Ut de la d´ecomposition de Wold est purement non d´eterministe. En effet, en appliquant la d´ecomposition de Wold au processus Ut on a, pour tout t, Ut = Ut+Vt avec Vt = 0 et donc, d’apr`es le point (iv), HU−∞ ={0}. Le th´eor`eme de Wold permet donc de d´ecomposer tout processus stationnaire au second-ordre sous la forme d’une somme de deux processus orthogonaux, le premier
´etantpurement non d´eterministeet le second ´etantd´eterministe. La partie purement non-d´eterministe s’exprime comme le filtrage d’un bruit blanc par un filtre lin´eaire invariant dans le temps de r´eponse impulsionnelle{ψk}causale(ψk= 0 pourk <0) et de carr´e sommable (pas n´ecessairement de module sommable).
Exemple 4.15 : Processus MA(1)
Soit{Zt}un bruit blanc et soit le processusXt=Zt+θ1Zt−1. Remarquons que, par construction,HXt ⊆ HZt mais que l’inclusion r´eciproque n´est pas n´ecessairement v´erifi´ee. Montrons par contre que, pour|θ1|<1, nous avons effectivementHtX=HZt. En effet, en r´eit´erant pfois l’´equationXt=Zt+θ1Zt−1 et en r´esolvant par rapport `aZt, nous obtenons :
Zt=Xt−θ1Xt−1+θ21Xt−2+· · ·+ (−1)pθp1Xt−p−(−1)pθp+11 Zt−p
En prenant la limite enp, nous en d´eduisons que, si|θ1|<1, alors :
Zt= X∞
k=0
(−θ1)kXt−k
ce qui montre queHZt ⊂ HXt et donc queHXt =HZt. Dans ce cas, nous pouvons ´ecrire : (Xt|HXt−1) = (Zt|HXt−1) +θ1(Zt−1|HXt−1) = (Zt|Ht−1Z ) +θ1(Zt−1|HZt−1) = 0 +θ1Zt−1
en remarquant que(Zt|HZt−1) = 0carZtest un bruit blanc. On en d´eduit queXt−(Xt|HXt−1) =Xt−θ1Zt−1= Zt. Par cons´equent, lorsque |θ1| < 1, le processus Zt est l’innovation du processus Xt. Notons que Xt est purement non d´eterministe et que les coefficients de la d´ecomposition de Wold sont simplement donn´es par ψ0= 1,ψ1=θ, etψk = 0pourk >1.