• Aucun résultat trouvé

5 Synthèse des résultats et discussion

5.2 Développement des résultats en lien avec question PICOT

La synthèse des résultats a été orientée selon notre question PICOT (Melnyk & Fineout-Overholt, 2013) : « Quel est l’apport de l’éducation thérapeutique du patient pour l’autogestion des symptômes d’une personne atteinte d’insuffisance cardiaque chronique âgée de 60 à 80 ans » ?

Ces études ont évalué par le biais de diverses échelles et questionnaires les effets de divers programmes d’éducation thérapeutique sur plusieurs domaines de la vie quotidienne du patient atteint d’ICC. Ceux-ci visent en général l’amélioration des comportements d’autosoins, d’observance, de connaissances de la pathologie, de l’état de santé du patient et la qualité de vie liée à santé. De plus, ils visent la diminution de la survenue d’exacerbation de l’ICC influençant le taux d’hospitalisations et d’admissions aux urgences.

Plusieurs études ont démontré une amélioration des comportements d’autosoins par le biais de programmes éducatifs diversifiés et spécifiques à la situation d’ICC (Dickson et al., 2014 ; Jurgens et al., 2013 ; Esther Smeulders et al., 2010 ; Q. Wang et al., 2017). Certains auteurs spécifient que l’effet significatif n’a pas tendance à se prolonger, d’où l’importance d’ajouter un suivi individuel à long terme dans les interventions infirmières standards (Esther Smeulders et al., 2010).

Les patients qui ont une expérience plus longue en matière d’entretien et de gestion des autosoins étaient plus susceptibles de surveiller leurs

symptômes, d’avoir des comportements qui les aident à maintenir leur stabilité physiologique et de prendre des décisions appropriées (Cameron et al., 2010).

Une autre étude a démontré qu’il est nécessaire d’adapter les stratégies éducatives aux besoins individuels selon leurs niveaux de compétences en autosoins, plutôt que d'adopter une approche globale pour tous les patients (Cameron et al., 2010).

Certaines études ont permis de démontrer, par le biais de programmes d’éducation, une amélioration à court terme de la gestion des symptômes cognitifs (Esther Smeulders et al., 2010).

L’autosurveillance qui correspond à un comportement d’autosoins a été mesurée dans une étude, celle-ci a fait ressortir que le programme d’autogestion à améliorer l’autosurveillance et l’acquisition des connaissances. Cependant, ce programme n’a pas révélé d’effet sur la maîtrise des symptômes (Meng et al., 2016). Néanmoins, les auteurs stipulent qu’un programme d’autogestion centré sur le patient apporte plus de bénéfices qu’un enseignement thérapeutique habituel (Meng et al., 2016).

Des connaissances insuffisantes des signes et des symptômes de l’ICC peuvent conduire à une perception erronée de la situation et donc conduire à une mauvaise gestion de ceux-ci ainsi qu’à l’apparition de complications (K. S. Lee et al., 2018).

Certaines études ont analysé l’autogestion des symptômes, celles-ci portaient notamment sur la surveillance du poids et de divers symptômes telles la fatigue et l’amélioration de l’état fonctionnel. Plusieurs études ont cherché un lien entre la surveillance du poids et les hospitalisations de personnes atteintes d’ICC. Celles-ci ont démontré qu’un carnet de suivi est un outil intéressant autant pour les patients vis-à-vis de leurs implications dans leur prise en charge de la santé, que pour les professionnels, vis-à-vis des informations récoltées (Lohrmann et al., 2015 ; X. Wang et al., 2014 ; White et al., 2010).

De plus, la reconnaissance précoce des changements des symptômes et la réponse appropriée à ceux-ci ainsi qu’une intervention d’éducation thérapeutique axée sur les compétences liées à la prise de poids se sont révélées efficaces en ce qui concerne l’état fonctionnel du patient en lien avec la classification New York Heart Association (NYHA) (Cameron et al., 2010 ; X. Wang et al., 2014).

Une étude a constaté qu’après un programme éducatif infirmier, la sensation de fatigue des patients atteints d’ICC a diminué de façon significative (T. C. Wang et al., 2015).

Un questionnaire nommé « European Heart Failure Self-care Behavior Scale » a été utilisé pour évaluer certains comportements d’autosoins, notamment dans la surveillance de certains symptômes et la réponse à ces derniers. Par exemple, les actions mises en place par les patients lors d’essoufflement, d’œdème, de prise de poids et de fatigue. Dans l’étude

correspondante, les comportements évalués dans ce questionnaire se retrouvent dans le programme d’éducation et celui-ci a démontré une amélioration significative de ces derniers (Q. Wang et al., 2017).

Afin d’établir un lien avec le cadre conceptuel étudié dans ce travail, un certain nombre d’études s’appuient sur l’échelle « Self-Care Heart Failure Index » (SCHFI) élaborée par les auteurs Riegel and al. de « the Situation Specific Theory of Heart Failure Self-Care ». Cette échelle mesure par ses trois sous-échelles, les comportements d’entretien et de gestion des autosoins ainsi que la confiance en soi (Cameron et al., 2010 ; Dickson et al., 2014 ; Jurgens et al., 2013 ; Shively et al., 2013).

De plus, les recherches analysées ont illustré d’autres phénomènes recherchés par les programmes d’éducation thérapeutique. En ce qui concerne notre question de recherche, les articles analysés ont permis d’approfondir notre réflexion. En effet, cela a permis d’élargir notre compréhension globale du sujet ainsi que de préciser les divers effets escomptés de l’éducation thérapeutique. Certaines études affirment que de nombreuses hospitalisations sont potentiellement évitables si les signes précurseurs de décompensations sont reconnus et traités en amont. Cependant, la surveillance du poids ne suffit pas à elle seule à prévenir l’hospitalisation, cela suggère donc qu’il est nécessaire d’intégrer d’autres connaissances et compétences spécifiques à l’autosoin (X. Wang et al., 2014).

Cependant, une autre étude a mis en évidence qu’il y a eu un taux de survenue d’évènements de complications plus élevé dans le groupe qui a reçu le programme d’éducation thérapeutique. Selon les chercheurs, ce résultat serait attribuable à une sensibilisation accrue aux symptômes (Jurgens et al., 2013).

Plusieurs études ont étudié l’effet d’un programme éducatif sur la qualité de vie des patients liée à leur santé. Il a été démontré qu’il y a eu une amélioration de celle-ci dans plusieurs articles (Meng et al., 2016 ; Esther Smeulders et al., 2010 ; T. C. Wang et al., 2015). Une étude suggère qu’un programme d’éducation est une méthode utile pour améliorer les comportements d’autosoins, l’état dépressif et la qualité de vie des patients atteints d’ICC (Q. Wang et al., 2017). Cependant, dans un autre article, il n’y a pas d’amélioration de la qualité de vie liée à la santé. Les auteurs supposent qu’il faut une intervention à plus long terme pour capturer des effets véritables (Dickson et al., 2014).

La dépression entraîne un manque de motivation et compromet l’adhésion aux comportements d’autosoins. Ainsi, des comportements inadéquats en matière d’autosoins sont des prédicteurs d’un taux plus élevé de réadmissions à l’hôpital et de mortalité ainsi que d’une mauvaise qualité de vie (Q. Wang et al., 2017). D’autres facteurs tels que la gravité de la maladie, des comorbidités, l’isolement, les vacances, la carence de connaissances liées à la pathologie avec une incompréhension incomplète des liens entre les mécanismes et les

conséquences ainsi qu’un suivi à court terme prédisent une gestion inefficace des autosoins (Jurgens et al., 2013 ; K. S. Lee et al., 2018 ; Lohrmann et al., 2015 ; Q. Wang et al., 2017 ; White et al., 2010 ; Zakrisson et al., 2019).

A contrario, plusieurs éléments favorisent la mise en pratique des autosoins. Respectivement, un soutien et une gestion des sphères émotionnelles, psychologiques et sociales, une planification des autosoins avec des objectifs personnalisés et adaptés aux besoins et un suivi sur plusieurs séances optimisent une gestion des autosoins (Lohrmann et al., 2015 ; E. Smeulders et al., 2009 ; Q. Wang et al., 2017).

En conclusion, cette revue de littérature ne permet pas de répondre précisément à notre question de recherche. Selon nos recherches, la littérature scientifique en général ne porte pas spécifiquement sur le concept d’autogestion des symptômes. Les études composant cette revue sont axées sur l’effet de l’ETP sur les comportements et le concept de l’autosoin. Néanmoins, ce concept a été précédemment défini et représente le résultat de notre cadre conceptuel. L’autogestion des symptômes étant un concept plus précis que l’autosoin, c’est pourquoi il est compréhensible de retrouver une faible recension des écrits à ce sujet. Selon notre analyse des articles scientifiques, une intervention en éducation thérapeutique engendre dans tous les cas une plus-value à la prise en charge de l’ICC malgré certains résultats faiblement significatifs. Cela a permis de mettre en lumière le fait qu’une éducation thérapeutique du patient (ETP) a un effet sur l’autogestion des

symptômes malgré la diversité des méthodologies et des interventions données. L’effet de l’éducation thérapeutique chez la personne atteinte d’ICC engendre l’amélioration des résultats de santé par la transmission de connaissances et de compétences, l’application de comportement d’autosoins en général, le renforcement de confiance en soi et la valorisation de la place du patient comme acteur de sa propre santé. De plus, il définirait donc l’autogestion des symptômes comme faisant partie intégrante de cet effet.