Le pleurodèle présente un déterminisme génétique du sexe de type ZZ/ZW; où les femelles sont hétérogamétiques ZW. Dans les conditions d’élevage normales (20°C), le phénotype sexuel est conforme au sexe génétique et conduit à une sex-ratio de 1:1. Ce type de déterminisme a été affirmé par les analyses des descendances issues de croisements entre individus normaux et individus dont le sexe avait été inversé après un traitement par des hormones sexuelles ou sous l’effet de la température (Gallien, 1955). Ainsi, l’homogamétie mâle ZZ a été démontrée à partir des expériences d’inversion sexuelle obtenue sous l’effet des œstrogènes (Gallien, 1950, 1951, 1954). En effet, après l’application de l’œstradiol (E2) sur une ponte standard, les larves génétiquement mâles se développent en Figure 9 : Résumé des démarches expérimentales suivies pour la démonstration génétique de l’inversion fonctionnelle du phénotype sexuel femelle ou mâle sous l’influence de la température ou des stéroïdes sexuels (E2) chez le pleurodèle. Les pourcentages indiqués sont les pourcentages théoriques attendus dans les divers croisements (d’après Dournon et al., 1984b; Dumond et al., 2008a). 50% ZW ♀ 50% WW ♀ Larves ZW Température d’élevage 20±2°C 32°C ZZ ♂X ZW ♀ ZW néo ♂X ZW ♀ Descendance élevée à 20±2°C 50% ZW ♀ 50% ZZ ♂ 25% ZZ ♂ 25% WW ♀ 50% ZW ♀ ZZ ♂X WW ♀ 100% ZW ♀ ZZ ♂X ZW ♀ 50% ZZ ♂ 50% ZW♀ ZW néo ♂X WW ♀ + E2 ZZ ♂X 50% ZW ♀ 50% ZZ néo ♀X ZZ ♂ 100% ZZ ♂ 50% ZZ ♂ 50% ZW ♀ A B C D1 D2 C2’ C1’ E B’ femelles phénotypiques (néo-femelle ZZE2). Le croisement de ces néo-femelles ZZE2 avec des mâles standards ZZ produit une descendance unisexuée mâle ZZ (Gallien, 1951). D’autre part, l’hétérogamétie femelle (ZW) a été confirmée après l’obtention d’une femelle à descendance unisexuée femelle, par la méthode des greffes de gonades embryonnaires prélevées au stade 24 (Collenot, 1973). En effet, une gonade primordiale de femelle ZW greffée chez un individu mâle ZZ se développe en un testicule fonctionnel. Ainsi, l’animal receveur du greffon contient une gonade mâle (néo-mâle ZW) et son croisement avec une femelle standard ZW présente, parmi leurs descendants, des femelles WW dites thélygènes. Ces dernières croisées avec des mâles standards ZZ donnent une descendance unisexuée femelle ZW (Collenot, 1973). De plus, des néo-mâles ZW ont pu être obtenus par un traitement hyperthermique (30-32°C) appliqué aux larves génétiquement femelles (Dournon & Houillon, 1985). Le croisement de ces derniers avec des femelles standard ZW donne des descendances dont la sex-ratio est conforme aux prévisions théoriques: 25% de mâles (ZZ) et 75% de femelles. Parmi les femelles issues de ces croisements, deux tiers sont des femelles standard (ZW) et un tiers sont des femelles thélygènes WW (Dournon & Houillon, 1985; Dournon et al., 1990a). Un résumé de toutes les possibilités de croisement est montré dans la figure 9. Différentes méthodes ont été utilisées afin de montrer l’hétérogamétie au niveau chromosomique. L’analyse du caryotype mitotique, réalisé sur des larves de pleurodèle à partir de chromosomes en pro-métaphase a révélé 12 paires de chromosomes (Gallien et al., 1965). Cependant, les chromosomes sexuels mitotiques ne présentent pas d’hétéromorphisme (Gallien et al., 1966). Des analyses ont aussi été faites sur les chromosomes méiotiques d’ovocytes I. Ces chromosomes sont dits en écouvillon de par la présence d’expansions latérales ou puffs qui sont des zones où a lieu la transcription (Lacroix, 1968). Des boucles hétéromorphiques ont été observées sur le bivalent IV qui est la paire d’hétérochromosomes Z et W. Ces boucles sont révélées par immuno-détection avec un anticorps monoclonal qui marque les chromosomes en écouvillon (Lacroix et al., 1985), ou par hybridation in situ (HIS) avec des sondes d’acide ribonucléique (ARN) qui semblent se fixer sur des protéines spécifiques du chromosome W (Penrad-Mobayed et al., 1998). Les analyses de descendance tétraploïde issue du croisement entre mâle diploïde ZZ et femelle triploïde ZZW fertiles ont démontré que le chromosome sexuel W joue un rôle dominant dans la détermination sexuelle (Lacroix et al., 1990). Cependant, l’obtention de néo-femelles ZZ et de néo-mâles ZW fertiles suggère que les facteurs contrôlant la Figure 10 : Profil électrophorétique sur gel d’amidon de l'enzyme peptidase-1 liée au sexe. La présence de dimères AA est caractéristique d’un génotype mâle ZAZA (piste1). La présence de dimères AA, AB et BB est typique d’un génotype femelle ZAWB (piste 2). L’enzyme est également un excellent marqueur du génotype sexuel pour les animaux inversés sexuellement. Ainsi, piste 3, on peut observer un néo-mâle (ZW32) obtenu par augmentation de la température d’élevage. La piste 4 correspond à une néo-femelle (ZZE2) obtenue après un traitement à l’E2. Enfin, la piste 5 correspond à une femelle thélygène WBWB obtenue par croisement entre une femelle standard ZW et un néo-mâle ZW. AA AB BB spermatogenèse et l’ovogenèse sont autosomaux et ne sont pas localisés sur la région déterminante du chromosome W. Depuis quelques années, le génotype sexuel chez le pleurodèle est déterminé par l’analyse du profil électrophorétique de la peptidase-1. Il s’agit d’une enzyme dimérique codée par deux gènes codominants liés aux chromosomes sexuels. Le gène codant la sous-unité peptidase A est lié au chromosome Z et le gène codant la sous-unité peptidase B ou β est lié au chromosome W (Ferrier et al., 1983). Chez les individus ZZ, seules des sous-unités A sont synthétisées et seuls des homodimères AA vont se former. Chez les individus ZW, les sous-unités A et B sont produites dans la même cellule et elles s’associeront soit en homo-dimères AA et BB soit en hétéro-dimères AB. La peptidase 1 s’exprime dans tous les tissus et le sexage des larves peut être réalisé facilement par électrophorèse non dénaturante à partir d’une biopsie caudale. Ce marqueur des chromosomes sexuels peut aussi permettre d’identifier les individus WW chez lesquels ne se forment que des homodimères BB (Figure 10). Dans le document Étude de marqueurs de différenciation testiculaire Sox9 et Amh lors d'un développement normal, d'une inversion sexuelle et d'un développement en absence de cellules germinales chez l'amphibien urodèle Pleurodeles waltl. Intérêt pour la physiologie comparé (Page 51-55)