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Détermination des pratiques-clés et des profils de préférences : utilisation

Dans le document Évaluation des processus d'innovation (Page 111-114)

5. Chapitre 5 – Contribution théorique et méthodologique

5.2. Collecte des données : définition des critères à évaluer

5.3.2. Principes de notre méthodologie

5.3.2.3. Détermination des pratiques-clés et des profils de préférences : utilisation

concept statistique de la valeur-test

Nous proposons de définir les pratiques-clé des classes d’entreprises en nous aidant du

concept statistique de la « valeur-test ». La valeur-test participe à l’approche exploratoire et

descriptive des grands tableaux numériques (Morineau, 1984). Elle permet de définir les

variables qui caractérisent au mieux un groupe d’individus, en donnant l’ordre d’importance

de toutes les variables. Une variable est considérée sans intérêt pour un groupe si elle semble

avoir des valeurs prises au hasard parmi celles de tous les individus. Le calcul de la

probabilité d’occurrence de cette hypothèse statistique permet de dégager la liste des variables

caractéristiques. La valeur-test permet d’apprécier si un écart à la moyenne générale est petit

(donc attribuable au hasard) ou grand (et attribuable au facteur). La loi de probabilité de cette

hypothèse correspond à la variable aléatoire suivante :

Pour une classe k, avec [4]

Dans lequel :

( )

k

t X : valeur-test de la variable X dans le groupe k,

k

X : moyenne de la variable X dans la groupe k,

X : moyenne générale de la variable X,

: variance de la variable X dans le groupe k,

: variance générale de la variable X,

n : nombre total d’individus,

n

k

: nombre d’individus dans le groupe k.

)

(

)

(

X

s

X

X

X

t

k k k

= ( ) ( )

2 2 k k k

s X

n n

s X

n 1 n

=

)

(X

s

)

(X

s

k

Il s’agit de comparer la moyenne X

k

de la pratique X dans la classe k par rapport à la

moyenne générale X , en tenant aussi compte de la variance totale

2

( )

k

s X dans la classe. Si la

valeur-test est positive (respectivement négative), le groupe est caractérisé par des valeurs

fortes (respectivement faibles) de la variable. Pour une classe k, une variable X est considérée

significative si |t X

k

( )| > 2, ce qui correspond à la probabilité de 0.05.

A partir des résultats du calcul des valeurs-tests de l’ensemble des pratiques pour une classe

d’entreprises donnée, nous déduisons les pratiques les plus utilisées, c’est-à-dire celles qui ont

une importance significative et celles qui sont moins développées voire négligées. Les

pratiques X significatives pour un groupe k sont celles qui satisfassent à la condition

suivante t X

k

( )> 2. Par opposition, les pratiques négligées obéissent à la condition t X

k

( )< -2.

Ces pratiques-clés serviront de repère aux entreprises de chaque classe pour identifier leurs

points forts et points faibles et les pratiques à améliorer (pratiques pour lesquelles l’entreprise

n’est pas assez bonne ou celles qui l’handicapent sérieusement). Une variable est d’autant

plus importante (respectivement moins significative) pour une classe que sa valeur-test est

très élevée (respectivement très faible). En d’autres termes, la valeur-test d’une variable

représente son importance dans la classe.

Nous proposons de définir les poids des pratiques de chaque classe proportionnellement aux

valeurs-tests des pratiques, tout en admettant que leur somme doit être égale à 100. Une

transformation préalable sera faite pour les classes dans lesquelles il existe des valeurs-tests

négatives. Dans ces cas de configuration, nous nous ramenons à des valeurs positives en

ajoutant à toutes les valeurs-tests, la valeur absolue de la plus petite valeur-test. La pratique la

plus négligée d’une classe d’entreprises aura donc dans ce cas un poids de zéro. Ce qui n’est

pas trop gênant puisque la contribution d’une pratique beaucoup négligée à l’accroissement

des performances en innovation des entreprises d’une classe sera très faible.

La définition des poids des pratiques d’une classe d’entreprises respecte l’importance qui est

accordée à chaque pratique par l’ensemble des entreprises de la classe. Ainsi la pratique la

plus importante de la classe aura le poids le plus fort, de même la pratique la moins

développée par les entreprises aura le poids le plus faible. Nous obtenons ainsi une hiérarchie

des pratiques. C’est aussi l’ordre des pratiques (non strict) à améliorer qui sera proposé aux

entreprises lors d’un audit sur leur performance en termes de capacité à innover.

Il peut arriver que la classification initiale comporte une ou plusieurs classes d’entreprises ne

contenant aucune entreprise. Il est donc impossible de calculer les valeurs-tests des pratiques

de l’innovation. En effet, ce calcul nécessite au moins un individu dans une classe. Dans ce

cas, le profil de préférences « identité » (poids identiques pour toutes les pratiques) sera utilisé

pour le calcul des IIP à l’étape (ou aux étapes) du process de constitution des classes

concernée(s). De plus, à chaque itération du process de constitution des classes, si la

classification précédente comporte des classes d’entreprises vides, alors le profil de

préférences « identité » sera utilisé pour le calcul des IIP aux étapes du process de constitution

des classes correspondantes. Cette éventualité peut se produire à des itérations k>1 si le

nombre n d’entreprises total à traiter est très bas (n<5). Lorsque le nombre d’entreprises

devient assez grand, le problème ne se pose plus. Seule la première itération peut encore être

concernée par des classes vides dans la classification initiale.

Valeur-test En % Poids Valeur-test Valeur-test ajustée En % Poids 1 1,2 3,6% 3,6 0,8 2,9 10,6% 10,6 2 2,8 8,4% 8,4 -1,5 0,5 1,9% 1,9 3 2,8 8,3% 8,3 -1,7 0,3 1,2% 1,2 4 2,1 6,3% 6,3 0,2 2,3 8,3% 8,3 5 1,9 5,7% 5,7 0,4 2,5 9,2% 9,2 6 3,5 10,5% 10,5 0,0 2,1 7,6% 7,6 7 2,7 7,9% 7,9 -1,2 0,9 3,2% 3,2 8 2,5 7,4% 7,4 -1,1 1,0 3,6% 3,6 9 1,8 5,3% 5,3 -0,3 1,8 6,5% 6,5 10 1,5 4,3% 4,3 -0,1 2,0 7,1% 7,1 11 1,4 4,1% 4,1 2,3 4,4 15,8% 15,8 12 3,0 8,9% 8,9 -2,1 0,0 0,0% 0,0 13 2,4 7,2% 7,2 0,2 2,3 8,3% 8,3 14 1,6 4,9% 4,9 0,8 2,9 10,4% 10,4 15 2,4 7,3% 7,3 -0,4 1,7 6,2% 6,2 Pratiques de l'innovation

CLASSE 2

CLASSE 1

Conception interne

Amélioration continue du processus d'innovation

Apprentissage collectif

Production des idées et concepts Gestion de projets

Stratégie intégrée favorisant l'innovation Gestion du portefeuille de projets

Organisation des tâches liées à l'innovation

Activités de R&D

Allocation des compétences Encouragements à l'innovation Mémorisation des savoir-faire Intelligence économique Fonctionnement en réseaux

Gestion de la relation client

Nous résumons nos propos à l’aide de l’exemple ci-dessous (Figure A). Dans cet exemple,

nous avons le calcul des valeurs-tests et les poids correspondants pour 2 classes d’entreprises

Classe 1 et Classe 2. Ce sont les deux cas de figure qu’on peut rencontrer lors de la

détermination des profils de préférences des classes : (1) toutes les valeurs-tests sont

positives, (2) une ou plusieurs valeurs-tests sont négatives.

• Classe 1 : dans cette classe, les valeurs-tests de toutes les pratiques d’innovation sont

supérieures à 0. Les pratiques P2, P3, P4, P6, P7, P8, P12, P13 et P14 représentent les

pratiques les plus utilisées et caractéristiques de la classe. Leurs valeur-tests sont

supérieures à 2. Ensuite la part représentée par la valeur-test de chaque pratique par

rapport à la somme des valeurs-tests de toutes les pratiques est déterminée (en

pourcentage). Finalement ces parts est converties en valeurs réelles représentant le

poids de chaque pratique.

• Classe 2 : dans cette classe en revanche, certaines valeurs-tests de pratiques sont

négatives. Les pratiques caractéristiques de cette classe sont d’un côté la pratique P11

fortement développée (avec une valeur-test de 2.3) et de l’autre la pratique P12

beaucoup négligée (avec une valeur-test de -2.1). Comme la classe possède des

valeurs-test négatives, une transformation préalable est réalisée pour obtenir des

valeurs-tests positives pour toutes les pratiques. Cette transformation consiste à

ajouter à toutes les valeurs-tests de la classe, la valeur absolue de la plus petite

valeur-test. Pour la classe, ce sera la valeur 2.1. Les nouvelles valeurs obtenues sont inscrites

dans la colonne « Valeur-test ajustée ». Ensuite, les contributions puis les poids de

chaque pratique seront déterminés comme précédemment.

Tableau 5 : Exemple de détermination des pratiques-clés et des poids des pratiques (profil de

préférences) de deux classes, source : notre recherche

Ajoutons aussi que notre méthode d’évaluation qui utilise les valeurs-tests pour la

détermination des pondérations des pratiques d’innovation, favorise la prise en compte de

nouvelles pratiques émergentes dans le domaine du pilotage de l’innovation ou plutôt

l’exclusion de pratiques devenues obsolètes. En effet, tout ajout ou toute exclusion de

pratiques d’innovation dans la base de connaissances entraînera juste un réajustement des

poids des pratiques sachant que la somme des poids doit être égale à 100. L’importance des

Classe A Classe B Classe C

95% 80%

Classe A Classe B Classe C

95% 80%

pratiques sera toujours donnée par leurs valeurs-tests et leurs poids seront également calculés

en fonction de leur contribution à la somme totale des valeurs-tests. L’évolution du nombre de

phénomènes observables d’une pratique n’aura pas non plus d’incidence sur le calcul du degré

de développement de la pratique puisqu’il s’agit de calculer une moyenne arithmétique.

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