Introduction
Dans le cadre des efforts fournis pour lutter contre le changement climatique, les EnR
deviennent une source d'énergie de plus en plus importante dans la mesure où les coûts
économiques et sociaux causés par les sources d'énergie traditionnelles ont conduit à
s'interroger sur la durabilité de ces ressources. Toutefois, la majeure partie de la demande
d'énergie est généralement satisfaite par l'importation de combustibles fossiles, soit près de
85,2%de la consommation mondiale d’énergie primaire en 2017. Néanmoins, cette demande
pose plusieurs problèmes, notamment, i) l'augmentation des coûts de l'énergie ; ii) la
croissance démographique ; iii) une augmentation de la consommation énergétique par
personne ; iv) les problèmes environnementaux. Par conséquent, il apparait important de
limiter l’utilisation des énergies fossiles et d’offrir une opportunité pour l'expansion du
secteur des EnR (Zawaydeh, 2015 ; Sadorsky, 2009).
Selon le rapport mondial 2017 sur les énergies renouvelables (REN21, 2017), la capacité
renouvelable installée dans le monde en 2016 a dépassé les nouvelles installations
conventionnelles (fossiles et nucléaires), pour la première fois dans l’ère industrielle. Par
exemple, en Chine, la production d'énergie éolienne augmente plus que la production à partir
du charbon et dépasse la production d'énergie nucléaire (REN21, 2013). L'énergie
renouvelable consolide rapidement le rôle qu'elle joue dans l'approvisionnement énergétique
dans le monde, c’est dans les pays émergeants que l’AIE prévoit que la croissance de ces
énergies, sera la plus forte. Ainsi, à elle seule, la Chine devrait installer près de 1 300 GW
d'EnR d'ici à 2025, soit 33 % des nouvelles capacités mondiales. Enfin, l'investissement dans
la technologie renouvelable devrait presque doubler en 2030 (de 270 milliards de dollars en
2014 à 400 milliards de dollars en 2030), ces investissements mondiaux dans les énergies
renouvelables s’élevaient à 39 milliards de dollars en 2004 (AIE, 2015).
Au niveau européen, les EnR offrent aux États la possibilité de développer un secteur
énergétique compétitif, fiable et durable, de contribuer à résoudre les problèmes énergétiques
les plus urgents et les défis auxquels la communauté est confrontée, en particulier, la
réduction de la dépendance énergétique des pays à l'égard des importations de combustibles
fossiles tels que le pétrole, le charbon et le gaz naturel (Andoura et Vinois, 2015). Par ailleurs,
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l'Union Européenne s’est assignée un objectif très ambitieux en matière de réduction des
émissions de gaz à effet de serre. D'ici 2030, elle vise à les réduire de 40 % par rapport au
niveau Enregistré en 1990. Pour y parvenir, elle s’est fixée en octobre 2014, des objectifs clés
pour ce plan ambitieux. D'ici 2030, plus de 27% de sa production d'électricité devra provenir
de sources d'EnR, alors que les EnR ne représentaient environ que10 % de la production
d’électricité de l’Union européenne en 2015.
Au niveau national, les EnR sont la quatrième source d’énergie en France après le nucléaire,
les produits pétroliers et le gaz, le pays a pour objectif d’atteindre 32 % d’EnR dans sa
consommation brute d’ici 2030. Pour remplir cet objectif ambitieux et diversifier le mix
énergétique du pays, le gouvernement français a fixé différents objectifs à atteindre pour
chaque région, notamment dans le cadre des Schémas régionaux climat air énergie (SRCAE).
Les investissements dans les EnR s'accélèrent dans de nombreuses économies, notamment,
développées. Le potentiel énergétique important les disponibilités élevées aux niveaux
national et local convertissent l'énergie renouvelable en une option importante qui présente de
nombreux avantages pour les États et les régions (Iancu et al., 2013). Toutefois, de nombreux
facteurs influent sur l'utilisation de ces nouvelles sources d'énergie. Au niveau national, les
principaux déterminants sont : les prix de l'énergie, la production d'énergie, la dépendance
énergétique, la croissance économique, l'ouverture commerciale et le volume des émissions
de gaz à effet de serre. En outre, les niveaux de développement des pays ont une influence
significative sur le degré d'interaction entre ces facteurs (Lévy et al.,2014).
A l’échelle régionale, l’étude des déterminants de cette consommation est un champ de
recherche récent. Les EnR sont réparties sur toute la France, mais, comme nous l’avons
constaté dans les chapitres précédents, les différentes régions ne sont pas à égalité dans la
course au développement des EnR. En effet, suite aux différences en termes de potentiel,
certaines régions ont été précurseurs et se positionnent en leader du développement des EnR.
Se limiter à la comparaison des consommations ou des productions d’énergie entre les régions
n’est pas pertinent pour évaluer leurs performances respectives. En effet, les disparités
observées traduisent des spécificités structurelles du tissu économique, des ressources
naturelles, des spécificités des structures productives, ou encore des différences de climat
(Buchner et Galeotti, 2003). Ainsi, la compréhension des déterminants des différences de
consommation ou de production, est un facteur clé pour réussir l’activation des leviers de la
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Les différences de population et de densité contribuent également à expliquer les disparités
de consommation des EnR d’une région à l’autre (Zeng et al., 1998, Birdsall et al., 2001,
O’Neill et Chen., 2002). De même, la disponibilité des ressources fossiles ou naturelles et le
potentiel productif énergétique ont une incidence sur le niveau de production. Il est donc
intéressant d’analyser ces indicateurs et d’en comprendre les déterminants pour définir dans
quelle mesure chaque région peut contribuer à l’atteinte des objectifs environnementaux.
Il apparaît alors essentiel de prêter davantage attention aux dynamiques territoriales pour
mieux appréhender les éléments favorisant cette consommation. En effet, au-delà des
aménités géographiques et climatiques, certaines variables économiques, environnementales,
démographiques ou politiques peuvent expliquer le développement des EnR sur un territoire
donné.
Dans le cadre de l’étude des déterminants de la consommation des EnR à l’échelle
régionale, ce chapitre ambitionne de contribuer à la littérature sur les déterminants de la
consommation des EnR (Sadorsky (2009), Tiwari (2011), BenJebli et Ben Youssef
(2013),…). Nous construisons un modèle économétrique explicatif de l’évolution de la part
des EnR dans la consommation finale d’énergie au niveau régional sur la période 1990-2015.
Notre échantillon est constitué des 22 régions métropolitaines et des DOM. Notre analyse
tient compte de l’hétérogénéité des régions en effectuant des tests de causalité de Granger du
modèle vectoriel à correction d'erreur (VECM) et des tests de causalité en panel (Dumitrescu
et Hurlin (2012)). Nous proposons également une analyse d’intégration-cointégration sur
panel, en utilisant les méthodes des moindres carrés complètement modifiés (FMOLS) et des
moindres carrés dynamiques (DOLS) pour estimer les effets de long terme.
Ce chapitre se décline en trois parties. Nous commencerons dans une première section par
une revue de la littérature. Une deuxième section sera consacrée à la présentation des données
et de la méthodologie. La dernière section sera réservée à la présentation du modèle retenu, à
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Dans le document
La territorialisation des énergies renouvelables en France
(Page 106-109)