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CHAPITRE 4 - ERRANCE ET RÉCIT

4.1. Déplacements et reconfiguration

4.1. Déplacements et reconfiguration

L’Histoire de Bucquoy, insérée dans Les Illuminés, fait partie initialement des Faux

Saulniers. Histoire de l’abbé de Bucquoy. Elle a paru dans le feuilleton du National de 1850.

De ce récit, l’auteur va redistribuer des fragments pour composer « Angélique » des Filles du

Feu, Les Illuminés et La Bohême galante. C’est grâce aux éditeurs de la deuxième édition de

la Pléiade que ce « récit excentrique », analysé par Daniel Sangsue, connaît une variante intégrale correcte434. Le propos principal dans ce chapitre est de montrer que l’ex-centricité,

au sens propre qu’au sens symbolique, est constitutive du texte sur l’abbé de Bucquoy. Nous avons déjà abordé la question du changement de portée de ce texte une fois déplacé- avec des modifications minimes- d’une matrice (con)textuelle à l’autre, déplacement qui confère une nouvelle configuration au texte. Il nous semble fondamental de souligner que toute « transplantation » des signes d’une unité textuelle et discursive, dans un autre espace

(con)textuel, sous un autre titre, amène un changement d’intention et de signification. C’est pourquoi nous considérons qu’il n’est pas pertinent d’analyser Les Faux Saulniers ou Angélique, lorsqu’il s’agit de traiter l’Histoire de Bucquoy des Illuminés. La plupart des exégètes nervaliens analyse cette partie des Faux Saulniers et non des Illuminés, sans tenir

compte du choix de l’auteur et des implications du découpage de ce texte et de son insertion dans un autre ouvrage. Rappelons que les éditeurs de la première édition avaient considéré

comme redondant de reprendre les textes ou les passages qui se répètent dans les œuvres de Gérard de Nerval. Erreur majeure, signalée d’ailleurs par les éditeurs de la deuxième édition,

compte tenu que la plupart des œuvres de cet auteur se recomposent à partir des mêmes fragments. C’est justement ici, dans cette reprise des fragments, que réside toute la particularité de l’écriture nervalienne et de sa poétique. Il ne s’agit pas, bien entendu, de

434

Michel Brix, « Nerval et la réflexion politique. Une lecture des Faux Saulniers », Sborník Prací Filozofické

Fakulty Brněnské Univerzity, L 21, 2000, p. 23 : « Les Faux Saulniers, qui portent comme sous-titre Histoire de

l’abbé de Bucquoy, ont paru dans le feuilleton du National, entre le 24 octobre et le 22 décembre 1850. Nerval

n’a jamais repris tel quel ce récit dans l’un de ses volumes postérieurs et Les Faux Saulniers sont restés

longtemps mal connus: reproduits avec des erreurs nombreuses au tome IV (1868) des Œuvres complètes de

Gérard de Nerval procurées par Michel Lévy, le texte dut attendre l’année 1984 pour faire l’objet d’une

publication correcte, dans la nouvelle édition des Œuvres complètes de la « Bibliothèque de la Pléiade ». Les précédents éditeurs ne jugeaient pas nécessaire de reprendre un texte dont Gérard avait distribué des fragments dans quelques-uns de ses ouvrages majeurs, Lorely, La Bohême galante, Les Illuminés et la nouvelle Angélique des Filles du Feu ».

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négliger le texte source de l’Histoire de l’abbé de Bucquoy, mais de se focaliser beaucoup

plus sur la singularité de cette unité textuelle et sur sa portée nouvelle, une fois donc intégrée dans Les Illuminés. C’est pourquoi ce récit sur l’abbé sera, plus exactement, analysé plutôt dans sa nouvelle matrice (con)textuelle que dans les matrices qu’il a quittées. Bref, notre

intention est de privilégier une approche herméneutique fortement ancrée dans le texte à analyser, relevant à la fois la place que celui-ci occupe, d’une part, parmi les autres textes qui

composent Les Illuminés, d’autre part, dans l’ensemble de l’œuvre. C’est donc dans ce choix qu’une lecture fidèle au texte, pris dans sa singularité et dans l’ensemble, sera à notre avis possible. Certes, ce texte arraché de son objet initial n’a pas le même centre de gravité, ni la

même intentionnalité une fois collé à un autre objet. Nous n’oublions pas, bien entendu, les recherches continues du livre sur l’histoire de ce personnage, les esquives du narrateur face à

la censure répressive et à la réalité historique, l’anticonformisme et le caractère excentrique du récit source, la mise en abîme des errances de l’abbé dans Angélique435 ou la ressemblance entre la liberté que s’arroge Angélique face à l’autorité de son père et la liberté de Bucquoy de lutter contre l’autorité monarchique. L’écriture excentrique déroutante des Faux Saulniers est,

semble-t-il, la meilleure solution ou stratégie de Gérard de Nerval pour échapper aux lois de la censure, exercer une résistance contre un modèle hiérarchique qui traduit,

épistémologiquement, une structure sociale oppressive, et pour écrire un livre qui s’annonçait,

dès le début, infaisable. Dans Les Illuminés, à la différence d’Angélique, où l’on cherchait encore le livre introuvable, l’auteur arrête sa recherche obstinée ayant déjà en possession l’histoire de l’abbé de Bucquoy. Cette possession doit être comprise, avant tout, au sens

propre du mot, compte tenu qu’il exploite le texte de Mme de Noyer. En clair, le texte nervalien portant sur l’abbé est en fait une réécriture de l’œuvre de cette auteure, y compris le pur plagiat. C’est la raison pour laquelle lorsque nous évoquons cette « transplantation » des

signes d’un contexte ou d’une matrice à l’autre nous songeons aussi à ce texte source que l’auteur des Illuminés exploite massivement. Quoi qu’il en soit, comme nous avons tâché de

le montrer dans le deuxième chapitre, la réécriture- sous toutes ses formes- tient intimement à la poétique personnelle de Gérard de Nerval.

Ce qui nous importe dans le cas de ce texte c’est de montrer, entre autres, qu’entre l’errance du personnage, la mobilité interne du récit et les mutations externes préalables des signes il y un tout un déterminisme. Par rapport au texte source de Mme de Noyer, où

435

Voir Marina Muresanu Ionescu, « Mise en abyme et niveaux narratifs dans “Angélique” de Gérard de

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l’errance du personnage n’est pas, nous semble-t-il, nécessairement mise en évidence, dans le texte nervalien les épisodes à caractère narratif (les évasions et les incarcérations) sont

beaucoup plus dynamisés et condensés. D’ailleurs, si Mme de Noyer insiste plutôt sur les excentricités spirituelles de l’abbé436

, Nerval se montre plus captivé par les évasions du personnage, qualifiant celui-ci d’excentrique, de fugitif et d’anticonformiste437

. Ensuite, il nous paraît également important à souligner que Gérard de Nerval exploite et emprunte non seulement le texte de cette auteure, mais aussi la technique de celle-ci de la réécriture et du réemploi438. Plus exactement, le texte de Mme de Noyer sur l’histoire de l’abbé de Bucquoy

connaît trois publications, à savoir dans le bihebdomadaire intitulé Quintessence des nouvelles (1689-1730), dans Les lettres historiques et galantes et dans L’Événement des plus rares439

.

Comme on le sait Nerval réemploie son texte sur l’abbé trois fois: dans le National, dans Les Faux Saulniers et dans Les Illuminés. Il y aurait encore plusieurs points communs à signaler

entre ces deux auteurs, notamment en ce qui concerne le traitement ambigu des notions de l’histoire et de la fiction, mais nous nous focalisons pour le moment sur le texte à analyser.

Ce que nous proposons de faire, c’est de nous engager dans une analyse

microtextuelle de l’Histoire de l’abbé de Bucquoy, afin de montrer, d’une manière plus

concrète, comment ce récit se noue, se renoue et avance une fois avec les déplacements physiques et mentaux du personnage errant. Aux évasions de l’abbé de Bucquoy

436 Comte tenu de cette remarque, c’est peut-être ainsi que l’on pourrait mieux justifier l’intégration du texte réécrit par Nerval sous l’égide du titre Les Illuminés.

437

HB, NPl, II, p. 945 : Cet écrivain nous a paru remarquable, tant par ses évasions que par le mérite relatif de

ses écrits.

438

Voir Marion Brétéché, « Faire profession de témoignage : les pratiques d’écriture d’Anne-Marguerite Dunoyer (1707-1719) », consulté en ligne le 6 mars, 2013, http://revue.etudes-episteme.org/?faire-profession-de-temoignage-les: « Ces différents procédés mis en œuvre par Dunoyer apparaissent de façon très nette dans le

fonctionnement en miroir de la Quintessence du 20 avril 1711 et de la lettre 74. Le récit de l’arrestation et de l’emprisonnement à la Bastille d’un prétendu alchimiste, au début de la livraison du périodique, est ainsi repris par la Parisienne dans les Lettres : si dans cette seconde version, l’anecdote est un peu plus détaillée, on retrouve néanmoins la même structure, la même conclusion sous forme de morale et souvent des expressions similaires. La mise en perspective du fait divers est également semblable puisque, dans les deux passages, la comparaison

avec le cas de l’abbé Bucquoy, embastillé célèbre, est mobilisée […] Mettre en évidence cette écriture de la réécriture permet de comprendre comment Dunoyer a pu vivre de sa plume, c’est-à-dire subvenir à ses besoins grâce à ses publications sans bénéficier de charge ou de pension. En multipliant les réécritures, et ainsi les

manuscrits rétribués, elle est parvenue à accroître ses sources de revenu. C’est sans doute cette dimension

alimentaire de son écriture qui explique ses réutilisations en chaîne des mêmes écrits. Alors que le journalisme

était la seule pratique de librairie assurant des revenus réguliers, Dunoyer a appliqué à d’autres objets éditoriaux les procédés d’écriture liés à la périodicité. Néanmoins, cette pratique de la réécriture n’allait pas de soi : encore

fallait-il exercer sa plume dans un domaine et selon des configurations énonciatives qui la rendait possible. C’est finalement sa spécialisation dans l’actualité, doublée d’une diversification des supports mobilisés et soutenue par

une figure de témoin, qui lui a permis de développer cette écriture de la réécriture et par là-même, de vivre de sa plume. »

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correspondent, sans doute, les esquives de l’auteur face aux contraintes imposées par la loi de la censure et du réalisme ou son évasion hors des préceptes du roman-feuilleton. Les déplacements, de quelque nature qu’ils soient nature, ne déterminent pas seulement les digressions ou les progressions du récit, mais ils constituent symboliquement l’attitude de fronde de l’auteur face aux lois rigides et univoques de l’amendement Riancey, ainsi que la critique subtile d’un régime autoritaire.

Une poétique du centre et de la sortie du centre (sortie synonyme d’opposition face à une idéologie répressive), du déplacement, d’errance, d’entrées, de montées, de traversées et

de descentes, en un mot, d’ex(-)centricité est à formuler440. La métaphore de la limite dans

l’espace carcéral, entre dedans et dehors, entraîne la prolifération des lieux clos (cachots, chambres, tours, cellules441) et nourrit un imaginaire protecteur, matrice des projets et des gestes futurs. En jouant un peu les mots, ce sera plutôt une po(ï)étique de

l’excentricitérologie442, renvoyant à l’exil, aux voyages excentriques et à tous les formes de déplacement, physiques ou symboliques, à formuler et à développer à travers notre analyse du récit de Gérard de Nerval. La carte magique443 de l’espace carcéral, à multiples entrées et

sorties, manque de centre stabile. Cet espace concentré de la prison, à plateaux intérieurs multiples, qui correspond au plateau parcellé de la structure du récit nervalien, y compris la

forme et le contenu est, en fin de compte, l’espace de l’expérience de l’écriture de Gérard de Nerval. C’est pourquoi notre intention est de suivre de près, d’un côté, comment s’inscrit l’auteur dans les paroles de l’autre (de Mme de Noyer) et comment l’écriture de l’histoire lui

sert à nourrir son imaginaire subversif.

L’errance doit être comprise, avant tout, comme une forme de résistance aux lois

oppressives d’où naît toute l’esthétique nervalienne de la lisière et de la cynégétique :

On peut admettre que, de tout temps, Nerval fut hanté par l’idée d’une mouvance infixable,

protéiforme, de la personne, mais qu’il parvint mal à s’en rendre compte à l’intérieur des formes fixes proposées par l’usage littéraire de son époque; et qu’en conséquence il passa d’abord par des représentations figurées de cette plasticité444

.

440

Voir Jacques Bony, « Frontières, limites, seuils… », in Pierre-Albert Jourdin, Europe revue mensuelle Gérard

de Nerval, Aïgui, 2007; l’exégète fait une analyse statistique des mots comme passer, traverser, limite, lisière,

rive, rivage, frange, récurrents dans l’œuvre de Gérard de Nerval.

441

Victor. H. Brombert, La prison romantique: essai sur l'imaginaire, José Corti, 1975.

442Nous forgeons ce mot tout en employant le mot d’itérologie, inventé par Michel Butor ; Voir Michel Butor, Répertoire IV, Paris, Minuit, 1972, chapitre « Le Voyage et l’écriture », p. 9-29.

443

Voir Jean Pierre-Richard, Poésie et profondeur, ch. « Géographie magique de Nerval », Seuil, 1955.

444

Malandain, Gabrielle, Nerval et l’incendie du théâtre. Identité et littérature dans l'œuvre en prose de Gérard

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La fixité et la mobilité ne s’opposent pas, au contraire elles entrent dans un jeu

dialectique permanent, à notre avis, très intéressant. Il nous est difficile de croire que la fixité peut échapper à la mobilité et vice-versa, c’est pourquoi les errances du narrateur censées l’aider à trouver le livre apparemment introuvable sur l’abbé de Bucquoy et à fixer ou maîtriser ainsi le sujet historique et, implicitement, l’identité du protagoniste, ne sont qu’un

désir qui lui permet ensuite de multiplier les divagations, les digressions, les ex(-)centricités et les fuites face à la réalité historique et aux autres contraintes du réalisme ou de la censure.

Aux évasions physiques du personnage suivent toujours les détentions, c’est pourquoi entre

poussées centrifuges et stagnations il y a toujours un déterminisme : aux limitations et aux privations de la mobilité du corps (« on lui mit fort civilement les fers aux mains et aux pieds, puis on le fourra dans une chaise, escortée d’une douzaine d’archers […] On le mit au lit, en l’enchaînant par un pied à l’une des colonnes […] On le lia plus étroitement445

») l’abbé riposte avec d’autres évasions et agitations, mais ce sont justement ces agitations mêmes qui

déterminent le personnage à arrêter ses écarts. Rappelons dans ce contexte l’épisode dans

lequel l’abbé veut délibérément retourner à la prison446

. Nous pourrions, dès lors, dire que

l’ex(-)centricité même, en tant qu’écart ou mobilité physique ou narrative, peut ordonner un

comportement exalté, mais l’ordre ne tient pas le personnage trop de temps en place. Gérard de Nerval a besoin de fixer son personnage, mais il sait en même temps que la fixité peut agiter sa pensée et saper en même temps l’avancée du récit, c’est pourquoi il fait appel, de

temps en temps, à la stratégie de mettre son personnage « en route », de divaguer ou « d’interrompre le récit principal». Nous pouvons nous rendre compte que l’auteur saisit certainement la force créatrice de la fixité des actes, des images et des idées, parce qu’au bout de compte c’est la fixité qui lui permet vraiment de s’arrêter sur ses idées, d’écrire et de

multiplier ensuite les écarts et les ex- centricités, afin d’augmenter son récit. Mais, il saisit à la fois la force nocive de la fixité de ses idées, c’est pourquoi il nous présente un personnage

hanté par des pulsions centrifuges, évasionnistes et oppositionnelles. En résumé, le repos ou la

fixité sont à la fois créateurs d’un espace qui laisse la place à l’écriture et nuisibles à

l’imagination et à la progression du récit. On peut mettre en discussion la logique et le même mécanisme de fonctionnement dans le cas de la mobilité comprise en tant que figure

d’écriture: la multiplication des écarts et des mouvements n’est pas possible à l’infini, c’est

445

HB, NPl, II, p. 909.

446

Ibid., p. 916 : « - Monsieur le sergent, dit l’abbé de Bucquoy, des gens que je ne connais pas et dont je ne puis comprendre les intentions m’ont, par un accord secret, fait échapper de la prison de Soissons. Je me suis aperçu

que ces gens étaient des malfaiteurs, et, étant moi-même un honnête homme, je ne puis consentir à me faire leur

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pourquoi le narrateur ramène le personnage à la prison concentrationniste. En clair, dans cette dialectique permanente entre fixité et mobilité réside, nous semble-t-il, tout le mécanisme de

fonctionnement de l’ex(-)centricité dans l’écriture nervalienne, particulièrement dans ce récit sur l’abbé.

Les digressions, l’hypertrophie du discours narratif, l’antiromanesque, le mélange des éléments hétéroclites (au niveau des genres, des instances narratives, de l’espace et du temps), les déjouements permanents des notions de vérité, d’histoire, de fiction, de faux et de réel font des Faux Saulniers un récit excentrique inclassable qui remonte aux récits excentriques et anti- romanesques de Laurence Sterne, de Denis Diderot et de Charles Nodier. Daniel Sangsue nous offre une analyse ample et savoureuse du récit excentrique, y compris

Les Faux Saulniers de Gérard de Nerval. C’est donc dans ce récit excentrique que l’ « Histoire

de l’abbé » trouve son origine initiale. Et c’est justement ce caractère digressif du récit qui a permit à l’auteur d’en découper une partie sans dommage pour les sens.

Les pulsions centrifuges du personnage, ses errances d’un lieu à l’autre, la dynamique des entrées et des sorties, l’artifice des intertitres447

sont à leur tour quelques

éléments qui traduisent le caractère excentrique de l’écriture et de la composition du récit sur

l’abbé.

4.2. Autorité, résistance et liberté

La figure de l’excentrique, désignant l’abbé de Bucquoy, ne prend sens que dans une réalité historique, idéologique, religieuse et sociale de la France du XVIIIe siècle. C’est

pourquoi il convient de jeter les passerelles entre ces contextes, afin de nous situer mieux par rapport au texte à analyser. Ainsi menée, l’analyse du récit sur Bucquoy nous autorisera de

formuler ensuite un point de vue beaucoup plus complexe par rapport à notre sujet de thèse, particulièrement à notre objet d’étude- l’ex(-)centricité-, y compris ses figures métaphoriques comme la prison, le déguisement, le centre, la marginalité et le langage codifié.

Les exégètes nervaliens se sont demandés maintes fois pourquoi Nerval a choisi

d’écrire sur un embastillé fugitif- peu connu- qui se situe en marge de l’histoire et de la

447

« Autres évasions », « Autres projets », « Dernières tentatives », « Conclusions » ; Le titre de l’« Histoire de l’abbé de Bucquoy » connaît plusieurs variantes au long du récit, à savoir Abbé de Bucquoy (NPl, II, p. 5; p.

114) ; Vie de l’abbé de Bucquoy (Ibid., p. 33) ; Histoire des évasions de l’abbé de Bucquoy (Ibid., p. 49) ;

Aventures de l’abbé de Bucquoy (Ibid., p. 90) ; Histoire de l’abbé de Bucquoy (Ibid., p. 114 ; p. 169) ; Histoire

du sieur abbé comte de Bucquoy (Ibid., p. 120) ; Étroitement lié de ces observations, nous rappelons que le nom

de l’abbé de Bucquoy est, lui-même, instable et changeant, fait qui relève l’identité difficile à fixer, ainsi que la relativité des notions de réel, de vérité, d’histoire, sous la plume de Gérard de Nerval.

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littérature. Assurément, l’auteur des Illuminés a trouvé entre lui et Bucquoy des affinités et

des préoccupations communes, à savoir l’anticonformisme, l’intérêt pour les relations entre la politique et la religion, la résistance face aux règles et au pouvoir despotique et la critique

subtile des actes punitifs arbitraires. C’est l’auteur, lui-même, qui témoigne d’ailleurs que le nom de l’abbé de Bucquoy a toujours résonné dans son esprit comme un souvenir

d’enfance448. Dans ce contexte, il faut dire que l’origine valoisienne de Bucquoy est, bien