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Qui sont les étudiants Erasmus ?

% /ensemble des

2.1.4 Démocratisation de la mobilité étudiante ou massification?

Quels sont les divers sens du concept de « démocratisation » et pourquoi faire la part, dans les caractéristiques sociales de la population étudiée, de ce qui relève du phénomène de massification de l’enseignement supérieur et de ce qui tient à la spécificité de la population étudiée (Erasmus) ? Antoine Prost122 est l’un des premiers auteurs en France à avoir proposé une typologie des formes de démocratisation, en distinguant les démocratisations « quantitative » et « qualitative ». Le premier sens renvoie à l’acception usuelle du terme. Il en va de la démocratisation de l’enseignement comme de l’accès à tout autre type de biens. Ce qui correspond, en terme d’indicateur, à se pencher uniquement sur le taux d’accès. La démocratisation qualitative est centrée, quant à elle, sur la diminution des inégalités sociales de parcours scolaire telle qu’elle peut être mesurée, par exemple, à travers le rapprochement des trajectoires scolaires moyennes des enfants de cadres et d’ouvriers. De son point de vue, la première « démocratisation » est incontestable, mais non la seconde. Même s’il est possible, en s’inspirant de Prost de distinguer une démocratisation « quantitative et qualitative », d’une « démocratisation quantitative non qualitative », ces combinaisons ne permettent pas toujours de désigner de façon précise les modalités de démocratisation de l’institution universitaire. Plus récemment Pierre Merle, Marie Duru Bellat et Alain Mingat123 ont cherché à séparer les effets du changement du recrutement social, liés à l’ouverture quantitative de l’institution scolaire, de ce qui pourrait résulter d’une modification de ses modes de fonctionnement.

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PROST (A), Education, société et politiques, Paris : Ed du seuil, 1992, 226p.

123 MERLE (P) « le concept de démocratisation de l’institution scolaire : une typologie et sa mise à l’épreuve, in Population, vol 55, n°1, 2000, pp15-50

DURU-BELLAT (M), MINGAT (A), « un regard analytique sur la démocratisation de l’enseignement : valeur heuristique et problèmes méthodologiques des comparaisons dans le temps » in L’Année sociologique, n°38, 1992, pp309-340

Il devient alors primordial de prendre en considération les hiérarchies scolaires des filières pour l’analyse de l’accès aux études et aux diplômes comme classement scolaire et social. Ainsi s’observe une tendance à l’accentuation des inégalités. En ce sens, les modalités d’analyse de la démocratisation de l’institution scolaire valent au-delà de l’espace national. De même l’accès, que ce soit à un niveau d’études ou à la mobilité ne prend totalement son sens que s’il est associé à un certain niveau de compétences scolaires. L’étude des modalités de démocratisation de la mobilité ne peut donc faire l’économie de variables qualitatives. Pouvons-nous réellement parler de démocratisation de la mobilité étudiante lorsque nous constatons qu’en Angleterre, en Italie comme en France, l’expansion majeure de l’enseignement supérieur a été et reste largement quantitative et que des inégalités importantes persistent, d’accès à certaines filières et surtout de parcours?

En France, l’accès d’un nombre croissant de jeunes à un niveau scolaire plus élevé n’a pas été le gage d’une réduction des inégalités dues aux origines sociales. Les données du ministère de l’Education nationale, permettent de conclure à une démocratisation ségrégative124 au niveau de l’enseignement supérieur. Les stratégies scolaires distinctives évoluent dans le temps et ne peuvent être mesurées facilement de façon diachronique. Nous avons fait l’hypothèse que le séjour Erasmus pouvait en être une nouvelle forme. Nous verrons ici les effets que ces stratégies distinctives sont susceptibles de produire en termes de compétences scolaires et sociales. Intégrer dans l’élaboration des données la hiérarchie inter-filières et sa transformation, nous permet de corroborer l’idée d’une ségrégation sociale croissante des publics étudiants. Parallèlement au mouvement de démocratisation de l’ensemble, des inégalités scolaires d’une autre forme ont accompagné la massification universitaire. Dans l’enseignement supérieur français, la diversité des filières assure, encore plus que dans le second degré, une homogénéisation des publics scolaires. Les grandes écoles sont marquées par une quasi-stabilité sociale de recrutement.

124 Pierre Merle distingue trois types de démocratisation dans le cadre d’une augmentation continue des taux de scolarisation par âge. Le premier type correspond à la démocratisation égalisatrice : c’est- à dire lorsqu’il existe une égalisation des conditions sociales d’accès aux différentes séries de bac par exemple et si les différences qualitatives des cursus scolaires (fréquence des redoublements, niveau de compétences scolaires) diminuent. Le second type de démocratisation correspond à une situation inverse de la précédente : l’accroissement des taux de scolarisation par âge est associé à une augmentation des écarts sociaux d’accès dans les différentes filières considérées. Lorsque les séries de bac connaissent une sorte de mouvement de spécialisation sociale, il s’agit d’une démocratisation ségrégative. Les écarts sociaux de recrutement augmentent ainsi de façon relative. Le troisième type de démocratisation renvoie à une situation intermédiaire et correspond à une sorte de statu quo des positions de chaque catégorie sociale. Merle utilise l’expression de « démocratisation uniforme » qu’il emprunte à Goux (D) et Maurin (E). Cf. MERLE (P) « Le concept de démocratisation de l’institution scolaire : une typologie et sa mise à l’épreuve », in

En outre, le caractère ségrégatif de la démocratisation s’accentue avec l’élévation des niveaux de scolarité. Dans un contexte de différenciation de l’offre de formation, les inégalités qualitatives semblent devenir aujourd’hui déterminantes dans les cursus universitaires. Marie Duru-Bellat et Annick Kieffer125, parle de « translation des inégalités », c’est-à-dire de report vers des niveaux supérieurs des inégalités constatées précédemment aux niveaux inférieurs. Si nous comparons ces analyses avec les résultats de recherches sur la démocratisation dans d’autres pays, nous pourrions tirer la conclusion suivante : les inégalités se déplacent plus qu’elle ne diminuent, sauf peut-être dans certains pays scandinaves. Au-delà des débats qui perdurent sur les comparaisons internationales (puisque sont sous-tendus des conceptions de l’égalité et des critères de mesure différents), elles apportent des éclairages heuristiques sur les processus associés à la démocratisation. Elles montrent, notamment, que l’ouverture du système éducatif n’est pas la seule stratégie pour démocratiser et qu’elle engendre des effets pervers.

Au Royaume-Uni, la forte association qui existe entre le type d’école secondaire et les qualifications existantes, se situe dans un contexte d’augmentation générale du nombre de diplômés du secondaire. Ceci a réduit fortement le fossé qui existait entre les enfants de catégories sociales non-manuelles (Service class) et les enfants de la classe ouvrière (working class), en terme éducatif au-delà de 16 ans. Cependant ce n’est pas le cas pour la poursuite des études au-delà de 18 ans au sein d’universités. Les données des études diachroniques électorales britanniques de 1979 à 1997 illustrent cette quasi-immuable relation entre origine de classe et réussite scolaire. Ainsi parmi toutes les cohortes étudiées durant la période de l’étude, les enfants dont le père faisait partie des plus hautes catégories sociales (service class), ont toujours eu approximativement 14 fois plus de chance d’avoir un A-level que ceux dont le père était relativement peu ou pas qualifié. Halsey (A.H)126 note que mesurée en termes relatifs, la proportion des enfants entrant dans l’enseignement supérieur et provenant d’une famille de travailleurs manuels peu ou pas qualifiés, a très peu varié à travers les quatre cohortes qu’il a étudiés. Comme le montre le tableau 27, l’université anglaise reste massivement une institution des classes supérieures et l’enseignement post-scolaire, de façon dominante, demeure le lot des classes ouvrières.

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L’analyse “mixte” de ces auteurs, prend en compte l’évolution des taux d’accès à chacun des niveaux du système, en fonction du contexte plus global d’accès à l’éducation.

DURU-BELLAT(M), KIEFFER (A), « La démocratisation de l’enseignement supérieur en France » : polémiques autour d’une question d’actualité » in Population, INED, N°1, Janvier/Février 2000 p54.

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HALSEY (AH), RIDGE (JM), HEALH (AF), Origins and Destinations: Family, class and education in

Tableau 27a : Répartition des étudiants britanniques par type d’institution selon leurs origines sociales127

Tableau 27b : Professions britanniques et regroupement par classe

Classes Pourcentage Regroupement en trois

classes

Pourcentage 1.

Professions libérales, membres de gouvernement, administratifs hautement qualifiés, directeurs et propriétaires. 2.

Professions libérales moins diplômés, administratifs et directeurs de moyennes entreprises. Métiers de supervision et techniciens supérieurs. 7,7 6,0 « SERVICE CLASS » 13,7 3.

Membre du clergé, employés dans les administrations et le commerce. Vendeurs….

4.

Petits propriétaires, indépendants, commerçants, artisans.

5.

Techniciens moins diplômés,

supervisions de travailleurs manuels.

7,5 12,6 11,3 « INTERMEDIATE CLASS » 31,4 6.

Travailleurs manuels qualifiés dans l’industrie.

7.

Ouvriers semi ou non qualifiés travaillant dans l’industrie 8. Travailleurs Agricoles 27,2 22,6 5,1 « WORKING CLASS » 54.9 TOTAL 100 100

Source: Halsey, origins and destination,1980

127 Ainsi dans son échantillon 52,4% des étudiants inscrits à l’université sont issus de catégories socioprofessionnelles « supérieures », contre seulement 19,7% de catégories socioprofessionnelles modestes. Les enfants de ces dernières, au contraire, sont majoritaires (51,8%) dans les institutions d’enseignement post-scolaire.

Classe sociale du père

Cf. tableau 27b

Further Education A temps partiel

College of education Universities

1, 2 3, 4, 5 6, 7, 8 Total 14,1 34,1 51,8 100 25,9 38,4 35, 7 100 52,4 27,9 19,7 100

Les récentes études sur les divergences d’accès et de réussite entre différents groupes socio-économiques au sein de l’enseignement supérieur italien vont également dans le sens du maintien, voire de la progression des inégalités.128 Une réévaluation et un enrichissement des études de Cobalti (A) et Schizzerotto (A) sur la stratification sociale en éducation pour l’Italie nous sont donnés par Shavit (Y) et Westerbeek (K)129. En 1961 et

1969 l’accès à l’université italienne a été libéralisé, permettant à tous les étudiants inscrits dans des institutions d’enseignement secondaire incluant celles à vocation professionnelle

(istituti professionali), traditionnellement fréquentées par les catégories « populaires », de

poursuivre des études universitaires. Les recherches menées notamment par Colbati (A) et Schizzerotto (A), montrent peu de changements dans les inégalités d’accès suivant la catégorie socioprofessionnelle d’appartenance. Shavit (Y) et Westerbeek (K), soulignent pourtant qu’il y a eu une réduction de ces inégalités, mais seulement au bas de l’échelle scolaire, pré-universitaire. Ils montrent également que les réformes ont permis à davantage d’étudiants d’origine sociale modeste de s’inscrire à l’université. L’inscription aux diplômes universitaires ne signifie cependant pas leur obtention. Bien souvent les « nouveaux » étudiants viennent grossir les rangs des fuoricorsi et de ceux qui abandonnent. En outre, des études soulignent dans ces inégalités le rôle du niveau scolaire des parents et notamment celui de la mère.

Daniele Checchi130, modélise par une régression l’idéal type de l’étudiant italien qui réussit à l’université : il provient d’une ancienne institution d’enseignement secondaire, lycée (scientifique ou classique) et a souvent une mère possédant un diplôme universitaire et/ou un père appartenant aux catégories socioprofessionnelles privilégiées. L’auteur note la permanence des différences de proportion de fils et filles qui obtiennent la Laurea en fonction du niveau d’éducation des parents. Un étudiant dont le père a un diplôme universitaire à toujours 30% de chance supplémentaire d’obtenir un diplôme universitaire, par rapport à un étudiant dont le père n’a pas poursuivi au-delà des études secondaires. Les données de l’ISTAT sur l’insertion professionnelle des diplômés du supérieur entre 1995 et 1998, montrent qu’une fois inscrits à l’université, 5,8% des enfants de diplômés

128 COBALTI (A), SCHIZZEROTTO (A), La mobilità sociale in Italia : L’influenza dei fattori di

disuguaglianza sul destino educativo, professionale e sociale dei singoli nel nostro paese, Bologna, Il

mulino, 1994, 290p.

SHAVIT (Y), WESTERBEEK (K), “Educational Stratification in Italy. Reforms, Expansion, and Equality of Opportunity”, In European Sociological Review, vol.14 n°1, 1998

129 Idem. SHAVIT (Y), WESTERBEEK (K)

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CHECCHI (D), “The Italian educational system: family background and social stratification”, in ISAE.

universitaires abandonnent leurs études au bout de 3 ans, tandis qu’ils sont 15% parmi les enfants de non diplômés. La probabilité d’abandon croît avec la diminution de l’instruction du père et de la mère. Plusieurs éléments sont donc mis en avant dans la compréhension de l’inégalité d’accès et de réussite universitaire selon l’origine sociale en Italie : la différence de rendement des études suivant l’origine sociale, leur coût, le prix du temps, une plus forte aversion au risque, sont associés à une probabilité majeure d’abandon. La démocratisation de l’éducation semble aussi largement contrecarrée par une certaine dévaluation des titres et ne débouche pas toujours sur un accroissement de la mobilité sociale. D’autant que cette dernière pourrait elle-même être discutée à l’aune des changements de contenu des emplois et de l’évolution de leur structure elle-même.131

Chaque université possède en France, en Italie et en Angleterre une place distincte dans la hiérarchie sociale des établissements et bien particulière dans l’enseignement supérieur des nations. Il est par conséquent important de souligner, pour ne pas créer de biais dans l’analyse, que les établissements choisis pour l’étude de cas, ne se situent pas au même niveau dans cette hiérarchie des institutions au sein de leurs pays respectifs. Au Royaume-Uni, des statistiques publiées par l’HEFC, (Higher Education Founding Council) nous dévoilent que les universités en 1998/99 accueillent en moyenne 16% d’enfants originaires de catégories sociales modestes 6 à 8132. Le conseil avait demandé à toutes les institutions de mettre en œuvre des stratégies permettant d’élargir l’éventail social de leur recrutement. C’est dans ce cadre que l’Université de Bristol a créé le ‘comité d’élargissement de la participation’ (Widening Participation committee), qui établit des statistiques et diffuse (peu souvent) quelques chiffres. Ceci nous a permis d’observer qu’en dehors d’Oxford et Cambridge, Bristol est l’une des universités où le taux d’étudiants d’origine sociale « modeste » est le plus bas (12% incluant les catégories 4 et 5133). Malheureusement les données mises au jour ne permettent pas d’entrevoir une éventuelle, nous dirons même attendue, différence des taux selon les filières. Inversement l’Université de Provence, comme la plupart des universités françaises de province, a accueilli une partie des enfants de la massification scolaire. Néanmoins les fils et filles de cadres, professions intellectuelles supérieures et intermédiaires représentent toujours presque 60% des

131 Ainsi pour ne prendre qu’un exemple proche de nous, le métier de Maître de Conférence dans certaines disciplines universitaires à quelque peu évolué, certaines tâches sont devenues du travail intellectuel à la chaîne, inconcevable il y a quelques décennies.

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6= Semi-routine occupations 7 =Routine occupations 8 =Never worked and long-term unemployed

inscrits134. La part des enfants d’ouvriers et d’employés était en 2004-2005 à peine supérieure à 30%. A l’université, en Italie, jusqu’à une période relativement récente, la profession du père et encore moins celle de la mère n’était signalée et relevée de manière systématique. Le ministère italien de l’instruction, de l’université et de la recherche (MIUR) ne diffuse aucune base de données relative à l’origine sociale, qui permettrait de différencier les établissements d’enseignement supérieur de la péninsule135. Nous pouvons cependant estimer qu’étant donnée la structure de l’emploi dans la région du Piémont et le retard aux études en Italie, l’Université de Turin a certainement attiré des étudiants d’origine sociale modeste (sans oublier bien entendu les différences existantes entre disciplines, que nous avons soulignées précédemment)136.

C’est dans ce contexte que nous pouvons interroger les études commanditées par la Commission Européenne dont celle de Maiworm (F) et Teichler (U), qui mettent en avant les bienfaits de l’institutionnalisation de la mobilité étudiante pour son rôle dans la démocratisation des possibilités de séjours académiques à l’étranger. Si en effet, comme le constate aussi l’étude de Jallade (JP), Gordon (J) et Lebeau (N), la mobilité organisée, institutionnalisée permet, par le biais des bourses accordées par les agences Erasmus nationales et les régions, à davantage d’étudiants d’origine sociale modeste de pouvoir faire un court séjour à l’étranger, pouvons-nous aussi rejoindre ces auteurs lorsqu’ils affirment que la situation économique n’est pas un facteur influant de manière significative la décision de départ ? Près de deux tiers des étudiants ERASMUS ayant répondu au questionnaire distribué par la CE en 1997-98137, ont indiqué que leurs deux parents occupaient un poste de cadre, de spécialiste ou de technicien. Environ la même proportion

134 Calcul effectué à partir de la base des inscrits français à l’Université de Provence en 2004-2005 (20285 unités). La saisie sur la base (Apogée) de la PCS lors de l’inscription de l’étudiant, se fait à l’aide de la nomenclature de l’INSEE en 6 postes. Mais 3 catégories supplémentaires ont été crées : 7, 8 et 9 (indéterminés, inactifs et chômeurs) Ce qui peut entrainer des confusions dans l’analyse. Nous les avons donc retirées de la base pour le calcul de la proportion de chaque catégorie, mais il faut savoir que ces catégories regroupent presque 20% des inscrits.

135

Les statistiques dont nous disposons proviennent de trois sources : EURO STUDENT, ISTAT et les enquêtes AlmaLaurea. La position socio-économique des parents des étudiants est calculée en fonction de la profession et du niveau d’études. Cependant les données auxquelles nous avons eu accès présentent souvent une nomenclature en 4 catégories (bourgeoisie, classe moyenne salariée, petite bourgeoisie et classe ouvrière), mais ne nous informe pas sur un niveau moins agrégé et plus précis. Il n’est pas rare non plus de trouver des classifications encore plus difficiles à interpréter (Nomenclature en 5 catégories 1)Imprenditori

2)Liberi professionisti 3)Impiegati d’ogni grado 4)Lavoratori in proprio 5)Lavoratori dipendenti, où les

enfants d’employés représentent presque la moitié des inscrits !) Concernant le niveau d’études, le classement se fait entre les diplômés du supérieur (sans distinction) et les autres diplômés.

136 D’autant qu’un nombre non négligeable d’étudiants proviennent du Mezzogiorno. Turin étant plus accessible économiquement par rapport aux villes de l’Emilia Romania ou de la Lombardie. Le nombre d’étudiants dont la mère est « femme au foyer» en Italie est aussi beaucoup plus important que dans les autres pays choisis pour l’enquête, selon les données EURO STUDENT.

(30%) a mentionné que seul le père occupait un tel emploi, contre 6% pour la mère seulement. Les étudiants Erasmus ne seraient donc pas plus privilégiés que l’ensemble des autres étudiants de l’enseignement supérieur. Mais les auteurs de cette enquête, comme ceux des enquêtes 2000 et 2006 commanditées par la Commission Européenne précédemment cités, pour appuyer leurs dires, se sont basés sur l’estimation faite par les étudiants eux-mêmes, du revenu de leurs parents : « En réalité, 53% des étudiants sondés estiment le revenu de leurs parents équivalent ou inférieur à la moyenne. […] La situation économique de la famille, exprimée par le niveau de revenu des parents, ne semble généralement pas constituer un facteur de sélection pour les étudiants Erasmus ».138 Est-ce un critère suffisant d’évaluation de leur situation économique ?

Les deux tableaux suivants permettent d’examiner les professions exercées par les parents d’étudiants Erasmus, en relation avec celles exercées par l’ensemble des actifs de la même classe d’âge supposée. Ainsi moins de deux-cinquièmes des travailleurs européens âgés de 45 ans ou plus exercent une profession de cadre, de spécialiste ou de technicien (comparé au deux-tiers des parents des étudiants ERASMUS). Comme dans l’ensemble de l’enseignement supérieur, les enfants d’ouvriers et d’artisans sont très largement sous-représentés parmi les étudiants mobiles, même si l’écart semble diminuer pour la mobilité institutionnalisée par le programme Erasmus par rapport à celle spontanée.

Tableau 28 : Profession des parents des étudiants ERASMUS par pays d’origine -en 2000- (en pourcentage)

France Italie Royaume-Uni Moyenne des 15 pays de l’UE*

Cadres et professions scientifiques 52 46 66 57

Spécialistes et techniciens 12 10 11 10

Employés administratifs, personnel

des services et vendeurs 23 29 16 21

Artisans et ouvriers 11 11 4 9 Inactifs ou sans-emploi 2 2 2 2 Autres 0 1 0 1 Total (N) 100 (1566) 100 (1000) 100 (1046) 100 (9194) Source : rapport sur la situation socio-économique des étudiants ERASMUS, publié par la commission européenne en 2000

138 Page 5 du rapport : Enquête sur la situation socio-économique des étudiants ERASMUS, Rapport publié L’institut d’études européennes, centre de documentation européenne, BEDE 18/19, Période du 01/02/2000 au 15/02/2000

Tableau 29 : Profession exercée par les travailleurs de 45 ans et plus, en France, en Italie et au Royaume-Uni –1997- (en pourcentage)

France Italie Royaume-Uni

Moyenne des 15 pays de l’UE *

Cadres et professions scientifiques 24 14 33 25

Spécialistes et techniciens 16 13 8 13

Employés administratifs,

personnel des services et vendeurs 28 33 29 29

Artisans et ouvriers 32 36 30 32

Inactifs ou sans-emploi 1 4 0 1

Total 100 100 100 100

Source: Enquête européenne sur les forces de travail (EFT), 1997

*Comprend les pays suivants: BE, DK, DE, ES, FR, GR, IT, IE, NL, AT, PT, FI, SW, UK, NO