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Démarche adoptée pour les entretiens

Analyse qualitative du non-recours à partir d’entretiens semi-directifs

2. Démarche adoptée pour les entretiens

Des entretiens ont été menés, d’une part, avec le personnel de l’Espace insertion (des instructrices du RMI, des assistantes sociales, une conseillère emploi, un conseiller CPAM) et, d’autre part, avec des bénéficiaires du RMI45.

Certains bénéficiaires ont été rencontrés sur place dans un cadre informel et d’autres ont été sélectionnés à partir des « fiches de liaison » qui sont remplies au cours du rendez-vous destiné à instruire le dossier. Ces fiches contiennent des informations portant à la fois sur l’identité de l’individu, son niveau d’études, son statut professionnel, sa recherche d’emploi, son logement, ses difficultés rencontrées, etc. Cependant, ces fiches de liaison ne sont malheureusement pas toutes exploitables pour notre étude. Il en existe en effet deux versions différentes :

- Une première version qui est exploitable puisque l’on demande à la personne si elle bénéficie de l’assurance maladie, de la CMU et de la CMUC et l’on précise si la demande est instruite ou non, c’est-à-dire si des formulaires CMU-CMUC avec un tampon « présomption de RMI » ont été distribués aux individus afin de faciliter leurs démarches d’obtention de la CMUC.

44 Des recours sont en effet envisageables en cas de réponse négative.

Comprendre les causes du non-recours à la CMUC - LEGOS pour le Fonds CMU – septembre 2006 45

Si la demande est instruite, cela signifie que les individus sont intéressés par la CMUC mais n’en bénéficient pas actuellement. Cela correspond à la très grande majorité des cas46. Si la demande n’est pas instruite, cela signifie normalement que les individus ne sont pas intéressés par la CMUC, et ce pour différentes raisons que nous avons cherché à analyser. Mais dans le cas où l’instruction aurait été rapide, une demande de CMUC non instruite peut également sous entendre que l’individu n’as pas forcément eu le temps de bien saisir le principe même de cette couverture et le refus d’en bénéficier pourra alors être purement involontaire.

- La deuxième version de ces fiches de liaison n’est pas exploitable puisque toutes les informations relatives à la couverture maladie ne sont pas relevées.

A partir de ces fiches de liaison, deux types de profils ont alors été sélectionnés : ceux qui n’avaient pas de demande instruite (35 fiches)47 et ceux qui avaient une demande instruite (36 fiches).

Pour les individus dont la demande n’avait pas été instruite, une lettre à entête Mairie de Paris avec la signature du directeur de l’Espace insertion leur a été envoyée, les informant de l’existence d’une étude en partenariat avec le Fonds CMU et leur précisant qu’ils seraient contactés par téléphone pour fixer, avec leur accord, un rendez-vous à l’Espace insertion pour un entretien. Il s’agissait ici de savoir pourquoi ces individus avaient refusé l’aide qui leur était proposée pour bénéficier de la CMUC.

Parmi les 35 personnes contactées par téléphone, 12 rendez-vous ont été pris mais seulement 9 entretiens ont pu être réalisés avec des non-recourants à la CMUC, trois personnes ne s’étant pas présentées au rendez-vous48.

23 dossiers n’étaient donc pas exploitables, et ce pour diverses raisons. L’individu : 1) avait la CMUC ou sa demande était en cours (6 dossiers)

2) n’était pas ou plus éligible à la CMUC (6 dossiers) 4) était couvert par la mutuelle des parents (2 dossiers)

5) n’était pas joignable : pas de téléphone, répondeur, problème de ligne (8 dossiers) 6) refusait de parler (149 dossiers)

Concernant les 36 individus ayant une demande instruite, ils ont tous été contactés directement par téléphone, une fois menée la première vague d’entretien avec les individus n’ayant pas de demande instruite, et 11 entretiens ont finalement pu être réalisés. Il s’agissait ici de vérifier si ces individus avaient bien effectué les démarches d’obtention de la CMUC et de les interroger sur les raisons de leur recours à la CMUC.

46 C’est donc l’obtention du RMI qui a déclenché le recours à la CMUC pour ces individus. La première étape pour bénéficier de la CMUC a été pour eux de passer par un Espace insertion et d’avoir le RMI. A ce propos, le conseiller CPAM précise « nous, si vous aimez mieux, la démarche spontanée euh... y’en a pas tant que ça

quoi. »

47 Précisons que les fiches où il était indiqué « a la mutuelle des parents » ont été éliminées d’office.

48 La première personne était un jeune de 26 ans célibataire, sans enfant, niveau CAP, locataire, déclarant ne bénéficier ni de l’assurance maladie, ni de la CMU ou de la CMUC. La deuxième personne était un homme de 36 ans, célibataire, sans enfant, niveau Bac+2, hébergé, déclarant bénéficier de l’assurance maladie mais pas de la CMU ou de la CMUC. Le troisième rendez-vous avait été pris, non plus avec un jeune homme seul sans enfant, mais avec un couple marié, 36 ans tous les deux, avec deux enfants en bas âges, locataire et un niveau d’étude de doctorat tous les deux. Ce couple ne s’est pas présenté aux deux rendez-vous que nous avions fixé successivement ensemble.

49 Il s’agissait là encore d’un jeune de 31 ans célibataire, sans enfant, niveau BTS, locataire, déclarant bénéficier de l’assurance maladie mais pas de la CMU ou CMUC. Il nous dit qu’il « n’a pas le temps » et qu’il n’en « fait pas partie [des gens qui ont la CMUC] ». On lui demande alors si on peut le rappeler un peu plus tard. « Non », nous répond-il, « c’est pas la peine, merci, au revoir ».

Comprendre les causes du non-recours à la CMUC - LEGOS pour le Fonds CMU – septembre 2006 46

3. Compte rendu des entretiens réalisés avec le personnel de l’espace