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CHAPITRE I - CONTEXTE DE L’ÉTUDE

2. LES MOUCHES DES FRUITS DANS LE MONDE ET EN NOUVELLE-CALÉDONIE

2.2. Impacts et moyens de lutte mis en oeuvre contre les Mouches des fruits

2.2.1. Dégâts, importances écologique et économique, et menaces

Les dégâts sont provoqués par la ponte des femelles dans les fruits mûrs ou proches de la maturité. Lors de cette ponte, la femelle dépose aussi des bactéries qui accélèrent la dégradation du fruit et consécutivement sa chute au sol. Au niveau du fruit, les dégâts sont la destruction de la chair par la prise de nourriture des larves pour réaliser leur développement, mais aussi par les déjections qu’elles laissent à la suite de la digestion.

Sur un plan écologique, la plante ne souffre pas à cause de ces phytophages, seuls les fruits étant touchés, les Mouches des fruits facilitant même la dissémination et la dispersion des organes de reproduction des plantes que sont les fruits et les graines qu’ils portent.

De par leurs attaques, ces ravageurs dégradent et déprécient les fruits proches de la récolte, cultivés à des fins commerciales, les rendant impropres à la consommation. Il importe donc de protéger ces fruits ce qui entraîne la réalisation de traitements en parcelle souvent peu de temps avant la récolte. Les moyens de lutte sont donc limités à l’utilisation de substances actives acceptables dans le respect des DAR ou encore de traitements ne touchant pas directement les fruits, pour éviter ainsi les problèmes de résidus.

Ces insectes sont des espèces envahissantes et de fait des espèces de Quarantaine puisqu’ils peuvent être facilement transportés lors des échanges de produits frais de plus en plus fréquents entre les pays. Ils nécessitent donc des moyens de lutte au champ pour le marché local mais aussi des moyens de lutte après-récolte pour le marché d’exportation.

Les coûts globaux de la lutte contre les Mouches des fruits sont assez difficiles à estimer mais des chiffres existent selon les pays et il est possible d’en citer certains. En Californie (USA) par exemple, White et Elson-Harris (1992) citent une estimation du coût des pertes dues aux Mouches des fruits à 910 millions de Dollars US (soit 80,7 milliards de Francs XPF) et celui de la lutte à 290 millions de Dollars US par an (soit 25,7 milliards de Francs XPF). Les mêmes auteurs citent aussi l’Australie où, sur une production fruitière estimée à 850 millions de Dollars australiens (soit 70 milliards de Francs XPF), le coût des pertes, si aucun moyen de lutte n’était mis en oeuvre contre les Mouches des fruits, serait de 100 millions de Dollars australiens (soit 8,2 milliards de Francs XPF). Plus récemment, l’Australie a déboursé 34 millions de Dollars australiens (soit 2,8 milliards de Francs XPF) pour éradiquer la Mouche de la Papaye, Bactrocera papayae. Cette mouche avait été détectée le 17 octobre 1995 et l’éradication a été déclarée effective le 23 août 1998. Pour les producteurs, le coût supporté est estimé à 100 millions de Dollars australiens (8,2 milliards de Francs XPF) (Cantrell et al. 2002).

Outre les coûts économiques, les moyens de lutte utilisés nécessitent des moyens chimiques ayant forcément un impact sur l’environnement. Le statut actuel des Mouches des fruits en Nouvelle-Calédonie doit donc être conservé du mieux possible, vu les moyens de lutte à mettre en œuvre lors de l’invasion d’une nouvelle espèce ainsi que les coûts économiques engendrés.

Un réseau de surveillance installé entre 1991 et 1994 puis renforcé depuis, permet de détecter l’éventuelle introduction de nouvelles espèces avec des attractifs sexuels (n’attirant que les mâles) : les paraphéromones (Cunningham 1989) dont le trimedlure (pour les espèces de Ceratitis), le méthyle-eugénol et le cue-lure (pour les espèces de Bactrocera).

Malgré ce réseau de surveillance, les menaces sont importantes au regard des espèces présentes dans la région et au-delà, au premier rang desquelles s’inscrit Bactrocera dorsalis, la Mouche Orientale des Fruits. Cette espèce est présente en Polynésie française, Collectivité d’Outre-Mer avec laquelle nous avons de nombreux et réguliers échanges. Originaire du Sud-Est asiatique, B. dorsalis est capable de se développer dans 117 plantes-hôtes dans ces pays mais dans plus de 173 espèces hôtes à Hawaii (Leblanc et Putoa 2000). Mais d’autres auteurs précisent que plus de 300 hôtes permettent à cette espèce de se développer et de maintenir des populations (Mau et Martin 1992).

En second lieu, l’introduction accidentelle de Bactrocera cucurbitae (la Mouche des Cucurbitacées) aurait pour conséquence directe l’interdiction pure et simple de toute exportation de n’importe quelle cucurbitacée dont la squash (Cucurbita pepo). La distribution géographique naturelle de cette mouche des fruits va du Pakistan au Sud de la Chine et jusqu’en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Suite à des introductions accidentelles, elle est aujourd’hui présente à Guam, aux îles Salomon, aux îles Mariannes du Nord et dans l’archipel hawaiien. Egalement détectée à Nauru en 1982, elle en a été éradiquée en 1999 (SPC et Contributors 2002).

En troisième position, l’introduction de Ceratitis capitata (la Mouche Méditerranéenne des Fruits) aurait pour conséquence une catastrophe au vu du nombre important d’hôtes possibles pour cette espèce, soit plus de 260 hôtes connus à ce jour (Mau et Martin Kessing 1992), mais le chiffre de 300 semble communément admis (GISD 2006). Cette espèce possède également la faculté de se développer à de faibles températures. Par ailleurs, il semblerait que sa plante-hôte originelle soit le caféier (Coffea spp.) et son arrivée aurait pour conséquence d’augmenter le nombre de ravageurs de cette culture. Plus récemment, l’ouverture de nouvelles voies aériennes, notamment avec La Réunion, peut faciliter l’intoduction, non seulement de C. capitata qui y est présente, mais aussi d’une autre espèce, la Mouche du Natal, Ceratitis rosa, qui est capable de s’attaquer à 31 espèces parmi 18 familles botaniques (Etienne 1982).

Un plan d’éradication serait à mettre en place immédiatement dans le cas où l’une de ces espèces serait détectée dans le réseau de piégeage. Les possibilités actuelles d’exportations par l’accès au marché (Market Access), grâce aux traitements à la chaleur

humide et pulsée (HTFA) disponibles à l’aéroport de La Tontouta-Nouméa, seraient tout simplement anéanties en particulier avec la Nouvelle-Zélande.