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VII. RESULTATS, ANALYSE DES RESULTATS ET DISCUSSION

1. Analyse de la 1 ère partie : Les conceptions personnelles

1.3. Définitions de l’hyperactivité proposées aux enseignants interviewés

Avant de présenter les avis donnés par les enseignants concernant les définitions qui leur ont été soumises, nous procédons à un bref rappel de celles-ci :

Définition 1 : Un enfant hyperactif est un enfant dont l'activité motrice est augmentée et désordonnée, accompagnée d'impulsivité, de réactions agressives et de troubles de l'attention qui perturbent son efficience scolaire. Ces troubles doivent être en décalage net par rapport à l'âge et au niveau de développement de l'enfant pour qu'on puisse parler d'hyperactivité.

Définition 2 : "L’hyperactivité est un regroupement de symptômes qui se traduisent par :

 l’agitation

 l’impulsivité

 des troubles de l’attention

C’est une pathologie chronique -un enfant peut être hyperactif si ces troubles durent pendant au moins 6 mois- et qui commence tôt, vers l’âge de 6 - 7 ans. C’est d’ailleurs en général à l’entrée de l’école primaire que le problème devient visible."

Définition 3 : L’enfant est perpétuellement agité, ne tient pas en place. Il ne peut rester assis, que ce soit à table ou à l’école. Il remue inutilement les mains et les pieds, se tortille sans cesse sur son siège, a besoin de grimper n’importe où.

Il parle interminablement et sans nécessité (logorrhée), coupe la parole ou répond avant que la question soit terminée.

63 Voici le tableau présentant l’avis donné par les enseignants à propos des définitions du trouble de l’hyperactivité qui leur ont été proposées.

Tableau 8 : Avis sur les définitions proposées

Définition 1 Définition 2 Définition 3

Avis : D’accord d’accordPas D’accord d’accordPas D’accord d’accordPas

Total /15 : 14/15 1/15 15/15 0/15 8/15 7/15

Formation

LME /5 5/5 0/5 5/5 0/5 1/5 4/5

EPed /8 7/8 1/8 8/8 0/8 6/8 2/8

Autre /2 2/2 0/2 2/2 0/2 1/2 1/2

Expérience

1 à 10 ans /5 5/5 0/5 5/5 0/5 1/5 4/5

11 à 20 ans /5 4/5 1/5 5/5 0/5 4/5 1/5

21 ans et plus /5 5/5 0/5 5/5 0/5 3/5 2/5

Globalement, les enseignants sont relativement d’accord pour dire que leur définition de l’hyperactivité correspond aux deux premières définitions qui leur ont été proposées.

En ce qui concerne la définition n°1, neuf enseignants sur les quinze questionnés sont en total accord avec cette dernière, cinq sont plutôt d’accord (cf. Annexe IV). Seul un enseignant s’est dit plus ou moins en désaccord. Tous, donc, ont une définition de ce trouble relativement proche de cette définition et sont en accord avec plusieurs éléments. Quelques uns ont d’ailleurs trouvé cette définition bonne du fait quelle soit plus "technique" ou plus

"scientifique" (cf. Annexe III).

Tout d’abord, le fait que l’enfant ait une « activité motrice augmentée et désordonnée accompagnée d’impulsivité » et le « trouble de l’attention qui perturbe son efficience scolaire » leur semble être les éléments principaux définissant ce trouble, ce qui confirme le fait qu’il s’agisse probablement de ce qu’ils observent dans leur propre classe. Il s’agit

64 d’ailleurs d’éléments que les enseignants ont employé eux-mêmes pour décrire leur élève ou leur propre définition de l’hyperactivité.

L’élément qui a principalement posé problème à certaines personnes était la question du

« décalage net par rapport à l’âge et au niveau de développement de l’enfant ». Cet élément, comme nous l’avons vu dans le cadre conceptuel, est important et fait partie intégrante des critères diagnostiques. Mais un certain nombre d’enseignants n’est pas en mesure de confirmer cette information et l’un d’eux s’est même trouvé en désaccord avec la définition pour cette raison.

La question de l’agressivité a également été source de désaccord, car plusieurs ne peuvent confirmer cette information puisqu’il ne s’agit pas d’un symptôme observé chez leur(s) élève(s) hyperactif(s).

En ce qui concerne la définition n°2, la plus proche des définitions officielles présentées dans le cadre conceptuel de ce travail de recherche ; tous sans exception sont en accord ou plus ou moins en accord avec celle-ci (cf. Annexe IV). Cette définition, simplifiée et peu nuancée mais très proche de celle de la CIM-10 et du DSM-IV, que nous avons présenté dans notre cadre de recherche, mentionne les symptômes suivants : l’agitation, l’impulsivité et les troubles de l’attention qui sont les trois dimensions décrites par ces deux ouvrages.

Rappelons tout de même que les enfants TDA/H ne remplissent pas les critères de chacune des dimensions, comme nous l’avons explicité dans le cadre théorique. De plus, il est mentionné que ces symptômes doivent durer pendant au moins six mois. Aucun enseignant n’a commenté cette donnée, mais ils sont apparemment tous en accord avec celle-ci. Ainsi, dans l’ensemble, les enseignants sont d’accord avec cette définition, bien qu’ils émettent quelques réserves quant à la question de l’impulsivité qui leur ne leur semble pas forcément être présente ou encore, quant au fait que l’hyperactivité implique nécessairement une agitation. En effet, trois enseignants au moins soulignent que l’agitation n’est pas un élément sine qua non, qu’il peut y avoir un trouble de l’attention sans hyperactivité. Tandis qu’un autre enseignant pense que le déficit d’attention ne constitue pas un symptôme de ce trouble. Ces éléments sont extrêmement intéressants, car ils permettent de s’apercevoir que ces enseignants émettent des réserves quant au fait d’associer de façon systématique les troubles de l’attention et l’hyperactivité. Ce qui démontre tout de même que ces professionnels ont un certain nombre de connaissances au sujet de ce trouble et se gardent de faire des amalgames ou de tomber dans les stéréotypes courants. A contrario, les avis donnés par certains enseignants démontrent un manque de connaissances précises du trouble. Ils sont certes en accord avec la définition la plus proche, mais ne relèvent pas les éléments manquants de nuance ou de précision, notamment les trois symptômes évoqués.

65 Enfin, la troisième et dernière définition divise énormément les opinions. En effet, les réponses sont très mitigées. Huit enseignants parmi les quinze interrogés sont d’accord ou plutôt d’accord, ce qui représente plus de la moitié de l’échantillon, tandis que les autres, à savoir sept d’entre eux sont en désaccord. Certains sont plutôt d’accord avec ce qui est décrit, car il s’agit tout à fait des comportements qu’ils ont pu observer chez les enfants hyperactifs qu’ils ont suivi, tandis que d’autres, bien que ce qui est décrit leur semble réaliste (faits observés), l’évaluent plutôt comme étant une simple exposition des symptômes, voire un jugement de valeur. Ils pensent que l’agitation seule n’est pas la seule manifestation pouvant légitimer le diagnostic ou la définition du trouble.

Remarquons aussi qu’en proportion, ce sont principalement les enseignants issus des études pédagogiques qui semblent être en accord avec cette définition (six sur huit) ; à l’inverse, quatre enseignants sur cinq ayant suivi la formation LME, et à avoir été interrogés, sont en désaccord avec elle.

Cette nette différence, qui pourtant n’apparaissait pas précédemment, pourrait s’expliquer par le fait qu’encore aujourd’hui, ce sujet ne soit pas explicitement abordé dans la formation enseignante. En effet, l’hyperactivité n’était pas aussi courante, ou du moins connue que de nos jours et ne posait, par conséquent, pas les même problèmes de société et donc de formation. De plus, parmi les enseignants ayant suivi les études pédagogiques et étant les plus expérimentés, plusieurs expliquent se fier davantage à leur intuition, leur expérience du terrain et ne font pas cas de « tout ce qui est appris à l’uni aujourd’hui » (cf. Annexe III), telles que les recherches et certaines réflexions. Mentionnons également que certains enseignants expliquent que l’aide qui doit être apportée aux enfants est une aide scolaire, qu’ils sont enseignants et non éducateurs, mais aussi qu’il y a vingt autres élèves dans la classe, et que, par conséquent, s’informer de façon plus approfondie sur ce trouble ne fait, soit pas partie de leur rôle, soit pas partie de leurs priorités (cf. Annexe III). Ce point de vue pose une question essentielle. Si ce ne sont pas les enseignants qui ont pour rôle d’aider ces enfants qui ont des besoins autres que scolaires, à qui ce rôle appartient-il ?

Grâce à ces définitions, nous pouvons constater que les enseignants se rejoignent au sujet de certaines d’entre elles, en revanche, certains éléments divisent. Beaucoup définissent l’hyperactivité en fonction de ce qui leur a été donné de voir, et d’autres se fient probablement aussi à leurs observations, mais également aux lectures, formations ou recherches réalisées, ce qui les empêche de tomber dans certains travers tels que les stéréotypes ou une définition hâtive et peu fondée du trouble, telle qu’elle apparait dans la dernière définition proposée. En effet, nous l’avons vu, plusieurs font une nette différence

66 entre un enfant simplement agité et un enfant hyperactif, ou encore entre un enfant présentant un trouble de l’hyperactivité avec ou sans déficit d’attention (cf. Annexes III).