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Définir la violence s’avère une tâche difficile étant donné la complexité du phénomène. La définition ne s’arrête pas seulement aux gestes posés, mais également aux conséquences qui en découlent et aux répercussions que cela peut entraîner. De nombreuses recherches ont été menées sur différents sujets en lien avec la violence et, force est de constater, qu’elles diffèrent l’une de l’autre, du moins dans la classification et l’interprétation des actes de violence. Cette variation dépend en fait des choix arbitraires des chercheurs dans la définition de la violence ainsi que dans l’interprétation des actes. De plus, chaque individu possède une conception et une interprétation propre de la violence selon ses expériences personnelles et ses connaissances provenant de différents milieux, entre autres, la famille, les amis, la communauté et la société dans lesquels il évolue.

Elle [La violence] est impliquée dans la subjectivité, compromet le désir, le corps et le lien social, mais s’installe dans l’arbitraire, hors de la régulation, et se trouve inscrite dans les rapports humains. La violence se constitue comme une réponse spécifique du sujet à une situation intolérable pour lui ; ce qui signifie qu’un autre sujet dans la même situation peut en adopter une autre ; nous pouvons ainsi dire que toute réponse implique la responsabilité du sujet1.

Le niveau de tolérance dépendra alors des lois qui régissent la société dans laquelle l’individu se trouve ainsi que son propre niveau de tolérance. On en convient que plusieurs définitions peuvent expliquer le phénomène, mais ce qui sera retenu, demeure une définition générale pour saisir de manière globale la violence.

Francine Lavoie, psychologue et professeure à l’Université Laval, décrit la violence comme « tout comportement ayant pour effet de nuire au développement de l’autre, en compromettant son intégrité physique, psychologique ou sexuelle2. » Cette définition

générale implique qu’un individu à l’intention de brimer une autre personne en le blessant d’une quelconque manière. La notion d’« intention » présente dans cette définition montre qu’il existe un motif qui pousse l’individu à commettre cet acte. Par exemple, un homme qui gifle par accident un de ses amis au visage en tombant au sol n’aura pas la même signification qu’un homme qui frappe son ami parce qu’il a couché avec sa femme. Dans le premier cas, puisqu’il n’y avait aucune intention de blesser l’individu, le geste demeure accidentel et sans violence. Dans le second cas, la trahison subie pousse l’individu à se venger et à commettre un geste impulsif. En se basant sur l’intention qui se cache derrière le geste brutal, il serait

1Lina Velez, « De la violence à la subjectivité », Psychologie Clinique, 2010/2 (n°30), p. 209-223. [En ligne]

https://www-cairn-info.acces.bibl.ulaval.ca/revue-psychologie-clinique-2010-2-page-209.htm (page consultée le 20 mars 2019)

2 Francine Lavoie et Line Robitaille, La Violence dans les relations intimes des jeunes : formation destinée aux

bénévoles de services d’écoute téléphonique, Québec, Groupe de recherche multidisciplinaire féministe,

pertinent de déterminer les intentions des auteurs pour justifier l’emploi de scènes violentes, car tout comme l’agresseur, le scénariste choisit de les utiliser.

Mylène Fernet, sexologue et docteure en santé publique, explicite les différentes formes de violence dans son ouvrage Amour, Violence et Adolescence afin de montrer la complexité du phénomène. Pour elle, « les formes psychologique et verbale de la violence empruntent le mode de l’intimidation, d’actes terrorisants, de menaces, d’humiliations, d’insultes, de pressions, de destruction de biens, de contrôle des allées et venues de la ou du partenaire, de cris pour susciter la peur, du maintien de la ou du partenaire à l’écart des amis et de la famille ainsi que d’autres manifestations de jalousie excessive3. » Dans l’univers télévisuel, cette

forme de violence est prisée par les scénaristes pour son faible coût à l’écran étant donné qu’elle concerne davantage le jeu des acteurs et les dialogues. Alors que la violence psychologique relève de l’esprit, la violence physique, elle, se rapporte au corps : « La violence physique peut revêtir la forme de bousculades, de claques, de poussées, de coups de poing ou de pied, de strangulation, de morsures, de brûlures, de contraintes physiques, de coups assénés avec un objet, ou encore d’attaques à main armée4. » Un peu moins fréquente

que la violence psychologique, elle demande un peu plus de préparation de la part de la production pour chorégraphier les cascades et les bagarres. Cette forme de violence concerne en grande partie les personnages masculins puisqu’ils sont caractérisés, la plupart du temps, par leur force physique et leur virilité5.

3 Mylène Fernet, Amour, Violence et Adolescence, Québec, Presses de l’Université Laval, 2005, p.6 4 Ibid., p.6.

Enfin, la violence sexuelle est la forme la moins représentée à l’écran étant donné qu’elle implique des scènes à caractères sexuels et qu’elle est probablement la forme la plus violente des trois par le côté intime que représente la sexualité. « La violence sexuelle se traduirait par le recours au chantage ou à la force pour obliger un ou une partenaire à avoir des contacts sexuels, des relations sexuelles sans le consentement du ou de la partenaire, d’attouchements sexuels non désirés ou d’activités sexuelles humiliantes accomplies de force6. » Cette forme

de violence concerne davantage les jeunes filles et les femmes en tant que victimes et place les hommes en position d’agresseurs. Bien que les scénaristes insistent davantage sur l’aspect romantique et charnel des relations sexuelles, il arrive que certains personnages vivent des relations contraintes sous la force et la violence. Ces scènes, dures à regarder pour le téléspectateur, créent de vives réactions sur les réseaux sociaux et alimentent débats et questionnements. Plusieurs séries ont traité avec plus ou moins de profondeur la thématique du viol. Dans Gossip Girl, dès le premier épisode, Jenny, la sœur du personnage principal, est secourue juste à temps par son frère avant que Chuck Bass ne la viole. Dans la série Skins, Josh décide de se venger de Tony en kidnappant sa sœur et exige de lui de la violer s’il veut s’en sortir indemne. Aimant beaucoup trop sa sœur, il préfère subir les coups que de commettre cet acte. Au contraire de ces séries, 13 Reasons Why et la série Fugueuse, diffusée à TVA à l’hiver 2018, ont suscité une forte polémique en diffusant les scènes de viol non censurées de Jessica, Hannah, Tyler et Fanny.

Peu importe la forme de violence employée, la notion « d’intention » qui ressort de ces définitions montre une sorte de préméditation dans le geste dans le sens où l’agresseur

possède un motif qui le pousse à agir ainsi. Les scénaristes, étant ceux qui conçoivent et développent les personnages et l’histoire, auraient une raison pour l’utiliser à l’écran donnant ainsi une fonction à la violence. Mais avant de définir les fonctions qu’occupe la violence dans les séries, il demeure important de traiter du portrait des « méchants » présents dans les séries, car ils sont, en grande partie, responsable de l’utilisation de la violence.

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