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Flavell (1979) a introduit le premier la notion de métacognition. Il est question, notamment, de la capacité qu’a l’individu à prendre conscience de ses propres processus cognitifs et de ses stratégies. Porter un regard plus profond et réfléchi sur sa propre pensée et sur ses propres connaissances est une caractéristique intrinsèque à la personne, selon le

chercheur. Au sein de son approche, Flavell fait une distinction entre le niveau du traitement de l’information ¾ le niveau cognitif ¾ et le niveau métacognitif. Alors que les fonctions de la cognition consistent à réaliser des opérations cognitives dirigées vers la résolution de problèmes, les fonctions de la métacognition contribuent à réguler ces opérations. Aucune action directe n’interviendrait pour autant sur le problème à résoudre. Autrement dit, si le niveau cognitif est tourné vers l’action, le niveau métacognitif touche plutôt à la gestion des activités sur les connaissances, les informations et les stratégies cognitives de l’individu.

Pour Dehaene, Changeux, Nacchache, Sakur et Sergent (2006), la cognition peut se définir schématiquement comme l’ensemble des processus mentaux qui permettent de traiter des informations (internes ou externes). A contrario, la métacognition représente l’ensemble des connaissances et des croyances permettant de les manipuler.

La notion de métacognition reste néanmoins assez controversée auprès des chercheurs. Ceux-ci trouvent assez difficile de s’accorder sur une définition. Les raisons de ces hésitations sont à attribuer particulièrement aux relations que cognition et métacognition entretiennent. Ces relations sont difficiles à définir parce qu’elles sont de nature assez complexe. Pour traiter la question du rapport entre cognition et métacognition, Veenman, Van Hout-Wolteres et Afflerbach (2006, p. 5) invoquent le paradoxe de Comte : « Il est difficile de se dissocier, c’est- à-dire de s’engager dans des activités cognitives tout en s’observant en train de les réaliser. » Ce paradoxe se justifie du fait que la métacognition, en tant que cognition sur la cognition, gouverne le système cognitif tout en y participant. Dès lors, la notion de métacognition désigne plutôt les mécanismes de régulation et de contrôle du fonctionnement cognitif (Paris & Winograd, 1990 ; Lai, 2011).

D’autres scientifiques parlent de métacognition en termes de prise de conscience de la pensée, c’est-à-dire, les idées et les théories entretenues au sujet de la dynamique de la pensée. Noël (1991, p. 17), par exemple, définit la métacognition comme « un processus mental dont l’objet est soit une activité cognitive, soit un ensemble d’activités cognitives que le sujet vient d’effectuer ou est en train d’effectuer, soit un produit mental, le résultat de ces activités cognitives. » Selon Noël, la métacognition peut aussi être accompagnée d’un jugement, habituellement non exprimé. Ce jugement porte sur la qualité des activités mentales en question. De plus, il peut aussi englober le bien-fondé de ce résultat. À partir de ce jugement, une décision peut éventuellement être prise de modifier l’activité cognitive, son produit ou encore la situation qui l’a suscitée.

En résumé, chez Noël la métacognition comprend le processus métacognitif à proprement parler, le jugement métacognitif ou métacognition, et la décision métacognitive.

Les processus mentaux et la prise de conscience des activités cognitives permettent de déclencher, selon Noël, la dynamique métacognitive. Ensuite vient le jugement. Celui-ci peut- être ou non exprimé par la personne ; il concerne son activité cognitive ou bien le produit mental issu de cette activité. En fonction du jugement métacognitif apporté, la décision peut être prise de modifier ou non les activités cognitives ou leur produit, ou tout autre aspect de la situation. La métacognition peut aussi se limiter à la simple prise de conscience de l’activité mentale. Dans ce cas, aucun jugement n’est émis. Il en est ainsi quand l’individu n’essaie pas d’évaluer ni ses activités cognitives, ni leurs résultats. Il se peut aussi que la personne se contente tout simplement d’apporter un jugement, mais qu’elle ne prenne aucune décision à partir de ce jugement. Cette dynamique correspond au guidage (monitoring) de ses propres processus cognitifs (Hennessey, 1999, cité par Lai, 2011). Par contre, si l’activité métacognitive comprend à la fois le processus, le jugement et la prise de décision, alors la notion de métacognition régulatriceest invoquée. Il s’agit, dans ce cas, de déclencher un changement donné au niveau du comportement. Le point de départ de cette dynamique est une réflexion sur sa propre pensée. Von Wright (1992) qualifie de métacognition cette réflexion de haut niveau. Pour l’auteur, parvenir à réfléchir sur ses propres connaissances et sur ses propres intentions implique raisonner sur la manière de raisonner. Cette perspective comprend l’accès aux modèles qui sous-tendent la performance. Cela peut être représenté, par exemple, par le résultat des processus cognitifs du raisonnement.

Bien que, de manière générale, distinguer la cognition de la métacognitionsoit peu aisé, il existe un certain consensus sur le concept de cognition en termes de « flux [infini] d’informations » (flow of information) (Langford, 1986, p. 20, cité par Tarricone, 2011) et sur la métacognition en tant que prise de conscience de ces processus et de ces connaissances. Guidage (monitoring), contrôle et la dynamique qui caractérise leur interaction sont à la base des processus qui relèvent de la métacognition (Efklides, 2001 ; Flavell, 1979). La section qui suit décrit en détails le modèle théorique d’Efklides (2001, 2013). Dans le contexte de cette thèse, ce modèle constitue le point de départ des propositions à venir étant donné que le terme ‘métacognition’ implique ici la prise de conscience et le guidage (monitoring) du fonctionnement cognitif.

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