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Comment le déchet reprend sa place dans la ville ?

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De nombreux acteurs du déchet urbain et événementiel semblent donc quadriller la ville et le territoire dans une échelle plus large. Sans nécessairement nous en apercevoir, nous sommes spectateurs, parfois utilisateurs de ces réseaux qui se créent, qui évoluent, qui dessinent la ville et les territoires que l’on traverse.

L’approche que nous avons de la question détritique rassemble en effet de plus en plus d’acteurs qui, concernés et porteurs de volontés, s’associent et tissent des réseaux de connaissances, d’outils, des projets pour faire évoluer encore les comportements et les mécanismes qui régissent la circulation du déchet urbain et événementiel, par la génération de connaissances,

l’expérimentation et la mise en oeuvre de nouvelles techniques constructives. Apparaissant comme un retour à la ville du XVIIIème siècle et son circuit productif urbain, ces réseaux sous-jacents ancrés dans le maillage du territoire tendent à définir de nouvelles formes de villes, de nouveaux rythmes dans l’urbain et son agenda. Dans cette troisième et dernière partie, il est question de découvrir et d’arpenter les

réseaux générés par la gestion du reste urbain et événementiel, afin de définir les manières dont le déchet reprend sa place dans nos villes. Le but est d’interroger la

création de ces réseaux urbains du déchet, leur évolution et leur pérennisation dans le

territoire et dans la ville qu’ils font évoluer sous nos yeux et sous nos pieds.

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— 73

À l’échelle nationale et urbaine, nous questionnerons tout d’abord l’émergence de nombreux réseaux d’acteurs ces dernières années, en premier lieu par les motivations et leviers qui sont à l’origine de ces

convergences, de l’intégration et de la mobilisation d’acteurs de terrain. D’autre part par les outils créés, partagés et diffusés, qui alimentent le fonctionnement de ces réseaux aujourd’hui, leur permettant d’étendre et pérenniser leurs champs d’action. Nous aborderons ensuite les logistiques urbaines générées par ces réseaux qui sous- tendent le territoire. De l’identification d’un tissu dense d’acteurs répartissant le poids de son action, nous étudierons une nouvelle manière de voir et percevoir la ville, pour en présenter des logiques émergentes de circulation de la matière.

Enfin il s’agira d’approcher la construction de la ville par la notion d’architectures de réseaux, en analysant les matérialités du déchet urbain et événementiel, faisant émerger de nouveaux paysages dans le territoire, et de nouveaux rythmes de construction de l’urbain, le rapprochant des processus de conception des villes éphémères.

Le développement de cette partie s’appuie sur des rencontres, des expériences et ressentis, et notamment sur un ouvrage dont j’ai pu observer l’aboutissement : REPAR #2, le Réemploi comme Passerelle entre

Architecture et Industrie, que Bellastock a porté pendant quatre années, sur le réemploi des matériaux de construction. Il me semble donc pertinent d’établir un éclaircissement sur le langage qui sera utilisé dans cette partie, en prenant en compte les définitions de quelques notions qui ont été développées pour

l’occasion de cet ouvrage.

• Réutilisation : toute opération par laquelle des substances, matières ou produits qui sont devenus des déchets sont utilisés de nouveau. - dans une logique de détournement d’usage. • Réemploi : toute opération par laquelle des substances, matières ou produits qui ne sont pas des déchets sont utilisés de nouveau pour un usage identique à celui pour lequel ils avaient été conçus. Dans les travaux de Bellastock le terme de réemploi est utilisé comme terme générique, englobant le réemploi et la réutilisation comme deux actions visant à prévenir la création de déchets.

• Gisement : un gisement se définit comme une unité de système constructif, de temps et d’espace qui permet de considérer les ressources le constituant comme ayant des caractéristiques identiques.

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03.1

Mise en réseau

des acteurs

de terrain

Mobiliser, intégrer et outiller les acteurs de terrain

À l’échelle du pays comme à celle de la ville, les acteurs du déchet urbain et événementiel sont nombreux. Porteurs de volontés ou de projets, ils forment un tissu dense de ressource humaine impliquée dans la meilleure gestion des rebuts de nos sociétés.

Nous allons aborder la manière dont les acteurs s’allient et s’entraident, forment des réseaux qui grandissent et évoluent, en s’appuyant sur la création ou l’utilisation d’outils diversifiés et adaptés à leurs besoins.

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— 75 Monter un réseau et accompagner les

acteurs

Durant mon entretien avec Thibault Turchet de Zero Waste France, j’apprends qu’une de ses premières missions au sein de

l’association, à l’époque où il est stagiaire en 2014, est de monter un réseau à l’échelle nationale d’associations locales, de collectifs, de particuliers présents sur le territoire français qui, en général, suivent le fonctionnement d’une installation de traitement des déchets polluante. Ce microcosme est très hétéroclite en terme d’acteurs, mais tous sont concernés par la gestion des déchets de leur territoire.

« En général c’est plutôt

décharges ou incinérateurs,

qui sont les trucs polluants et

qui sont dans la cible des assos

écolos

1

. »

Ces installations suscitent de l’inquiétude chez les voisins de ces infrastructures et les rassemblent sous différentes formes, comme des associations ou des syndicats. Cela peut rappeler le syndrome NIMBY évoqué en première partie et les résistances face à l’implantation de telles infrastructures. Dans le cadre des associations accompagnées par Zero Waste France, ces résistances relèvent souvent d’incertitudes quant à leur salubrité, leur fonctionnement, leur impact sur la santé des riverains et sur l’environnement. Ces organisations s’entourent alors d’associations comme Zero Waste France dont les

connaissances et outils peuvent influencer des décisions politiques et soutenir leur cause. Pour accompagner les différents acteurs dans ce genre de démarches, l’association s’appuie d’une part sur des outils législatifs existants. 1. Extrait de mon entretien avec Thibault Turchet.

Comme nous avons pu le noter dans la

première partie de ce mémoire, la loi est plutôt favorable à la cause environnementale faisant des textes de lois des outils efficaces pour défendre certains objectifs quant à la gestion et la réduction des déchets lors de recours en justice, par exemple.