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Décentralisation de la R&D, asymétrie informationnelle et gestion des résultats

Dans le document Thèse de Doctorat en Sciences de Gestion (Page 117-127)

CHAPITRE III- Décentralisation de la R&D et gestion des résultats

Section 2. Décentralisation de la R&D, asymétrie informationnelle et gestion des résultats

Si les dirigeants profitent de l’accroissement des asymétries informationnelles pour gérer les résultats, ils seraient incités à accroître leur investissement en R&D. Les dirigeants peuvent profiter des investissements spécifiques afin d’accroître l’asymétrie d’information et procéder par des ajustements comptables pour faire varier les résultats. Ils peuvent y profiter, également, lors de leur comptabilisation. Les études qui relient la R&D à la gestion des résultats considèrent que la capitalisation des dépenses de R&D ou leur constatation en tant que des charges constitue une des procédures de manipulation des résultats. Un dirigeant qui cherche à réduire le résultat comptable doit intégrer les dépenses de R&D dans les comptes de charge alors qu’un dirigeant qui souhaite accroître les bénéfices et éviter d’afficher des résultats négatifs procède par l’activation de ces dépenses. Si le mode de comptabilisation de la R&D est considéré, le plus souvent, comme un outil de gestion des résultats, la centralisation et la décentralisation de cette activité n’ont pas reçu l’attention des chercheurs. Nous allons vérifier, dans ce qui suit, si la décentralisation, par opposition à la centralisation de la R&D, peut constituer un facteur permettant d’aggraver ou d’alléger les tentatives de manipulation des résultats.

L’investissement en R&D consiste à engager des dépenses immédiates dans l’espoir de réaliser des retours financiers futurs. Les dirigeants engagent les cash-flows disponibles après financement de tous les projets jugés rentables au lieu de les distribuer

sous forme de dividendes. Ce choix est motivé par deux raisons. Le dirigeant cherche, tout d’abord, à accroître l’asymétrie informationnelle vis-à-vis des actionnaires dans le but d’échapper à leur contrôle en vue de rendre difficile à détecter les manipulations des résultats. Ainsi, en procédant par certains ajustements comptables, le dirigeant, tentera d’augmenter le résultat net comptable dans le but de maximiser sa rémunération. Ensuite, il choisit d’accroître les dépenses de R&D dans le but de signaler aux intervenants sur le marché l’intensité technologique de l’activité de son entreprise, d’une part, et de masquer, d’autre part, les défaillances de certaines filiales. Ce comportement est induit par le désir des anciens actionnaires qui souhaitent que le marché attribue une valeur élevée aux actions de leur entreprise. En effet, le dirigeant décentralise les investissements en R&D engagés par l’entreprise et procède par des attributions internes des fonds entre les différentes divisions par le biais du marché interne des capitaux. Cette stratégie lui donne plus de flexibilité pour manipuler les résultats afin d’améliorer la performance économique de l’entreprise et masquer les mauvaises performances de certaines filiales.

2.1. Effet de l’intensité de la R&D sur la gestion des résultats

Dès le moment où l’asymétrie informationnelle constitue un terrain qui favorise les tentatives de gestion des résultats, la R&D constitue un facteur susceptible de la renforcer.

Les dirigeants peuvent exploiter les asymétries informationnelles accompagnant les investissements en R&D pour manipuler les résultats comptables de telle sorte que les anciens actionnaires et les nouveaux intervenants sur le marché voient la rentabilité de la firme d’une manière différente de ce qui est de sa rentabilité « réelle ». Ce comportement est justifié par leur désir de maximiser leurs intérêts personnels.

Pour Dye (1988), la manipulation des résultats est une « conséquence logique » d’une situation où les dirigeants profitent des asymétries informationnelles pour échapper au contrôle des actionnaires. Dans une situation caractérisée par une opacité informationnelle importante, les manipulations comptables deviennent difficiles à détecter.

Les intervenants sur le marché n’auront pas suffisamment de ressources et n’ont pas la capacité d’obtenir toutes les informations nécessaires qui leur permettent d’exercer un contrôle efficace sur les dirigeants (Schipper, 1989 ; Warfield et al., 1995). Ces derniers profitent de cette situation pour accroître leur rémunération en procédant par des manipulations des résultats nets. Le dirigeant qui souhaite améliorer son bien-être peut

investir les ressources excédentaires dans des investissements qui lui offrent plus de marge de manœuvre. La R&D est un investissement fortement spécifique et dont la connaissance constitue une ressource importante et un output. En tant qu’investissement spécifique, il intensifie l’asymétrie informationnelle entre les actionnaires et les dirigeants et offre à ces derniers plus de marges d’opportunisme.

L’objectif des dirigeants est de maximiser leur richesse propre aux dépens des actionnaires ou parfois d’accroître la valeur pour ces derniers puisque leur rémunération dépend de la valeur qu’ils peuvent créer pour les actionnaires. Etant donné que l’intensité de l’asymétrie informationnelle renforce le pouvoir des dirigeants à influencer la manière dont les actionnaires ou les autres parties prenantes perçoivent la rentabilité et le risque de l’entreprise, ces dirigeants n’hésitent pas à s’engager dans des investissements qui renforcent cette asymétrie informationnelle, et qui renforcent, par suite, leur capacité à gérer les résultats afin qu’ils peuvent accroître leur consommation privée aux dépens des actionnaires (initiaux et potentiels). Ainsi, la relation entre la R&D et la gestion des résultats se justifie en termes d’opacité informationnelle et d’incertitude. La R&D est une activité spécifique dont les connaissances tacites lui constituent les entrées et les sorties (Foray, 2000). Les intervenants sur le marché n’auront pas la capacité d’obtenir ces connaissances bien qu’elles leur soient diffusées à cause de sérieuses difficultés pour les interpréter. Cette situation offre aux dirigeants une marge additionnelle pour manipuler les résultats comptables et optimiser la valeur pour les actionnaires en vue d’améliorer, par suite, leur bien-être individuel. Ainsi, la R&D renforce la latitude managériale (Nekhili et Poincelot, 2000) et constitue pour le dirigeant un moyen pour gérer le résultat. En effet, elle constitue un facteur par lequel les dirigeants, cherchant à influencer le contenu et la présentation des états financiers de l’entreprise, peuvent atteindre leur objectif. Les dirigeants profitent des investissements en R&D selon différentes modalités.

Premièrement, la comptabilisation de la R&D constitue l’une des méthodes de manipulation des résultats. Deuxièmement, l’accroissement des investissements en R&D entraîne un accroissement des asymétries informationnelles qui affectent l’efficacité du contrôle exercé par les actionnaires et rendent les manipulations des résultats difficiles à détecter. En troisième lieu, l’investissement en R&D constitue pour les dirigeants un outil qui leur permet d’absorber l’excédent des free cash-flows et d’accroître la taille de la firme afin d’améliorer leur revenu. Ainsi, les dirigeants maximisent leurs propres intérêts en affectant le surplus de cash-flows dans des investissements spécifiques à leurs capacités

tels que les investissements en R&D en vue d’accroître leur pouvoir vis-à-vis des actionnaires et affaiblir le pouvoir de contrôle de ces derniers. Etant spécifique à leurs aptitudes, à leurs expériences et à leurs formations, cet investissement rend la présence des dirigeants dans la firme indispensable à moyen et long terme.

Les cash-flows disponibles affectés à des projets de faible profitabilité étaient identifiés à l’origine d’un problème d’agence où les dirigeants engagent des dépenses qui détruisent la richesse des actionnaires (Chung et al., 2005). Pour camoufler les effets de tels engagements, les dirigeants réagissent pour ajuster les résultats comptables en vue d’augmenter les revenus diffusés. Ce comportement opportuniste serait restreint si le contrôle exercé les actionnaires était efficace (Chung et al., 2005). Les dirigeants seront, ainsi, incités à affecter les cash-flows disponibles dans des activités hautement spécifiques telles que les investissements en R&D en vue d’accroître l’asymétrie informationnelle vis-à-vis des actionnaires et d’affecter l’efficacité du contrôle que peuvent exercer sur les dirigeants.

Les investissements spécifiques (R&D notamment) sont assimilés, le plus souvent, à des opportunités de croissance futures (Myers, 1977). Cependant, des dépenses excessives en R&D peuvent entraîner une réduction des résultats de la firme. Elles constituent un gaspillage des ressources financières qui seront affectées à des actifs non productifs. Ceci a pour conséquence une diminution des cours des actions et une destruction de la valeur pour les actionnaires. Pour camoufler l’impact des investissements à valeur actuelle nette négative ou très marginale, les dirigeants tentent de manipuler à la hausse les résultats diffusés. Des résultats gonflés influencent l’évaluation des actions de la firme sur le marché (Chung et al., 2005).

Erickson et Wang (1999) montrent qu’en gérant les résultants à la hausse, les dirigeants peuvent influencer positivement les cours boursiers et, ainsi, améliorer la situation des anciens actionnaires. Cependant, selon les hypothèses de free cash-flows de Jensen (1986) et d’enracinement de Shleifer et Vishny (1989), les dirigeants disposant d’un surplus de cash-flows seront disposés à investir dans des projets spécifiques à leur formation et à leur aptitude dans le but d’accroître leur marge de manœuvre au lieu de distribuer ces fonds supplémentaires sous forme de dividendes et d’en faire bénéficier les actionnaires. L’objectif serait, alors, d’accroître la taille de la firme en vue de renforcer

leur marge discrétionnaire, d’améliorer leur rémunération et d’accroître leur avantage en nature (Mueller, 1969 ; Morck et al., 1990).

L’affectation des cash-flows excédentaires dans des activités de R&D peut être, également, profitable pour les actionnaires. En effet, assimilés à des opportunités de croissance future (Myers, 1977 ; Gaver et Gaver, 1993 ; McConnell et Muscarella, 1985), les investissements en R&D peuvent être évalués positivement par le marché et entraînent, en conséquence, une amélioration de la valeur de la firme. Ceci implique un transfert de richesses des nouveaux intervenants sur le marché (actionnaires potentiels) vers les anciens actionnaires. Une autre explication pourrait, également, être présentée pour justifier ce constat : l’accroissement des investissements spécifiques entraîne un accroissement de l’asymétrie informationnelle, ce qui facilite aux gestionnaires, soucieux d’accroître la richesse des actionnaires, la tentative de faire accroître les résultats ou lisser leur volatilité.

La diffusion de résultats positifs et moins volatiles entraîne un accroissement de la richesse des anciens actionnaires à la suite d’une amélioration de la valeur de la firme et affecte la richesse des actionnaires potentiels qui fondent leurs analyses sur la base des résultats comptables publiés.

Dans la lignée de l’hypothèse du marché parfait, il est souvent établi que les tentatives d’ajustement des résultats comptables ne peuvent pas influencer la valeur de la firme. Bartov et Bodnar (1996) jugent que les dirigeants, cherchant à maximiser la valeur des actions de leur société, vont opter pour des manipulations des résultats diffusés et que ceci est d’autant plus intensif que la société souffre d’asymétrie d’information.

En dehors de la maximisation de la richesse des actionnaires, les dirigeants sont motivés à choisir certaines procédures qui leur permettent d’accroître leur rémunération.

Cependant, nous constatons que le choix du mode de comptabilisation de la R&D n’est pas aussi intéressant, du point de vue des dirigeants, que le volume des investissements en tant que tel et leur localisation, étant donné que la comptabilisation de la R&D n’a pas d’impact sur les cash-flows de l’entreprise. C’est pour cela que les dirigeants sont plus intéressés d’accroître la taille de la firme en affectant les cash-flows excédentaires dans des investissements en R&D, que de chercher à pratiquer différentes méthodes de comptabilisation des frais de R&D. Ainsi, pris ensemble, les arguments présentés ci-dessus permettent de justifier le constat selon lequel les dirigeants engagent plus de dépenses en R&D pour des raisons de gestion de résultats.

Ce comportement opportuniste a fait l’objet de l’étude de Shleifer et Vishny (1989) qui stipulent que les dirigeants tentent d’accroître leur investissement en R&D pour s’enraciner davantage dans la firme. Cette stratégie leur permet d’accroître leur rémunération et leur latitude managériale. Les conséquences de ce comportement sur la performance de l’entreprise sont néfastes (Shleifer et Vishny, 1989 ; Morck et al., 1990).

Les investissements spécifiques permettent aux dirigeants d’échapper au contrôle exercé par les actionnaires et de rendre leur présence dans l’entreprise indispensable.

Par opposition, d’autres auteurs tels que Castanias et Helfat (1992) et Garvey et Swan (1994) considèrent que les firmes peuvent profiter de l’enracinement s’il est réalisé via des investissements spécifiques aux formations et aux aptitudes des dirigeants. Ils démontrent, en effet, à l’inverse de Shleifer et Vishny (1989) et Morck et al. (1990) que les connaissances spécifiques des dirigeants représentent des sources de rentes qui profitent aussi bien à la firme, aux actionnaires ainsi qu’à eux-mêmes. Ce désaccord entre auteurs nous pousse à introduire la décentralisation de la R&D pour examiner son incidence sur la gestion des résultats.

2.2. Incidence de la décentralisation de la R&D sur la gestion des résultats

Si les dirigeants profitent des situations d’asymétrie informationnelle pour gérer les résultats, la décentralisation de la R&D peut préparer un terrain qui leur permet de masquer leurs interventions au niveau des résultats publiés. La diversification géographique des activités de R&D renforce l’asymétrie informationnelle qui permet d’accroître l’autonomie des dirigeants et affaiblir le pouvoir de contrôle des actionnaires. Les dirigeants peuvent exploiter cette situation pour améliorer leur bien-être aux dépens des actionnaires.

Pour Chung et al. (2005), le comportement opportuniste des dirigeants ne peut être restreint que si le contrôle exercé par les actionnaires est efficace. Il est évident que les firmes les plus diversifiées géographiquement présentent des structures plus complexes que les entreprises non diversifiées. Puisqu’elles se composent de plusieurs divisions implantées dans différents secteurs géographiques, il serait vraisemblablement plus difficile pour les actionnaires de contrôler soigneusement leurs résultats. Une telle difficulté serait de plus en plus puissante si la firme décentralise ses investissements en

Un contrôle efficace nécessite plus de sources informationnelles et plus d’expertises pour examiner soigneusement les revenus provenant des différentes filiales. Ce besoin naît de l’accroissement des asymétries informationnelles chez les firmes qui décentralisent davantage leur actif spécifique. L’hypothèse d’asymétrie informationnelle stipule que les tentatives de manipulation des résultats dans les FMNS sont plus importantes que dans les firmes domestiques. La structure organisationnelle des premières (structure multidivisionnelle) procure aux dirigeants plus d’autonomie pour procéder par des ajustements comptables en vue de faire varier les résultats de l’entreprise. Agissant ensemble, la complexité organisationnelle de la FMN et la dispersion des connaissances permettent aux dirigeants de mieux gérer les résultats au profit de leur propre intérêt. Ils peuvent exploiter ces situations pour gérer les résultats. Ceci confirme les prédictions de Kim (2001). En essayant d’étudier les éventuels facteurs conditionnant l’existence d’une gestion opportuniste des résultats, Kim (2001) prévoit que l’absence de communication parfaite avec les actionnaires associée simultanément à l’accroissement des asymétries informationnelles constituent des facteurs que les dirigeants peuvent exploiter pour manipuler les résultats de l’entreprise de manière à accroître leur intérêts personnels tout en échappant au contrôle qui aurait dû être exercé par les actionnaires ou par les nouveaux intervenants sur le marché. Il en résulte qu’une asymétrie informationnelle élevée, dans les firmes diversifiées, rend possible et facile la manipulation des résultats comptables.

L’opportunisme des dirigeants est plus accru lorsque l’asymétrie informationnelle vis-à-vis des actionnaires et/ou des nouveaux intervenants est élevée. Il apparaît que le terrain des FMNs est plus propice à l’émergence d’un comportement opportuniste de la part des dirigeants. La dispersion des connaissances et les difficultés que peuvent rencontrés les actionnaires pour accueillir toutes les informations leur permettant de contrôler efficacement les dirigeants peuvent aggraver la capacité de ces derniers à gérer les résultats. Les dirigeants peuvent profiter de la complexité organisationnelle de la FMN pour masquer les résultats négatifs que peuvent afficher certaines filiales. Ils le font en détournant les ressources du groupe en les affectant dans des investissements en R&D au sein des filiales étrangères. Pris ensemble, les arguments présentés ci-dessus permettent d’anticiper que la décentralisation augmente l’asymétrie informationnelle, réduit la pertinence de l’information et fait accroître les conflits d’intérêts. Cette évidence est validée en partie par Nier (2000) qui affirme que la diversification renforce l’asymétrie d’information et par Doukas et Pantzalis (2003) qui considèrent que la décentralisation

entraîne un accroissement de l’asymétrie informationnelle et des conflits d’agence. Elle constitue, par conséquent, un climat interne favorable à la gestion des résultats. La diversification géographique renforce, en particulier, l’asymétrie informationnelle (Nier, 2000) et les conflits d’agence (Doukas et Pantzalis, 2003 et Perdreau, 2000), lesquels constituent un terrain favorable aux manipulations comptables. De plus, l’innovation, mesurée fréquemment par la R&D (Symeonidis, 1996) qui donne lieu à des produits ou des procédés nouveaux (Gellatly et Peters, 1999), constitue un outil qui permet d’augmenter les marges discrétionnaires des dirigeants et stimuler la gestion des résultats puisqu’elle permet d’augmenter l’asymétrie d’information, de susciter des problèmes d’agence (Hall 2002) et d’affecter la pertinence des informations communiquées voire les rendre biaisées à cause de la perte du contrôle managériale qu’elle peut entraîner.

Jensen (1986) considère que l’existence de free cash-flows (fonds disponibles après financement de tous les projets rentables) constitue une source importante de conflit d’intérêts et donc de coûts d’agence. En effet, les dirigeants soucieux d’accroître leur pouvoir vis-à-vis des autres partenaires (anciens actionnaires, banques, client, actionnaires potentiels,…) ainsi que leur rémunération, affectent l’excédent des ressources disponibles dans des investissements à faible rentabilité tels que ceux de R&D même s’ils entraînent une destruction de la valeur pour les actionnaires. Ainsi, les dirigeants qui cherchent à accroître la taille de la firme au-delà de sa taille optimale en vue d’accroître leur pouvoir discrétionnaire et leur consommation privée, affectent les fonds supplémentaires dans des activités de R&D au sein des filiales. Ces investissements génèrent une sévère asymétrie informationnelle. Associée au coût élevé de la centralisation des connaissances (tacites) qui croit plus que proportionnellement avec la taille de la firme, cette asymétrie informationnelle affaiblit l’efficacité du contrôle qui pourrait être exercé par les actionnaires. Ceci implique une relation évidente entre le degré de décentralisation de la R&D et le degré d’opportunisme des dirigeants ainsi que leur capacité à gérer les résultats en vue, d’une part, de masquer les défaillances de certaines filiales et d’autre part, d’augmenter le résultat comptable pour améliorer, par conséquent, leur rémunération.

Il ressort des analyses précédentes que la décentralisation de la R&D semble encourager l’émergence des conditions propices à la gestion des résultats. Le choix de cette stratégie est dicté par la volonté des dirigeants d’accroître les asymétries informationnelles

accentuée et une divulgation incomplète ou biaisée résultent de certaines décisions managériales et même de la stratégie de la firme. Ceci veut dire que l’asymétrie d’information et les contrats incomplets ont une incidence évidente sur la gestion des résultats (Richardson, 1998 et Kim, 2001). A cet égard, Hall (2002) affirment que la R&D peut susciter les problèmes d’agence et que sa décentralisation renforce l’asymétrie informationnelle et rend l’information communiquée aux différents partenaires de l’entreprise incomplète et biaisée en raison de la perte de contrôle managérial.

Ainsi, censés améliorer leur richesse propre ou celle des anciens actionnaires, les dirigeants optent pour la décentralisation de la R&D. L’accroissement des asymétries informationnelles associées à cette stratégie leur permet de masquer leur intervention au niveau des résultats. La divulgation des résultats consolidés du groupe masque la performance médiocre de certaines filiales. Les ajustements des documents comptables sont dictés par le désir des dirigeants de répondre aux attentes des anciens actionnaires qui souhaitent que les nouveaux intervenants sur le marché attribuent une valeur élevée aux actions de leur firme.

A l’opposé, en tant qu’agents rationnels, les investisseurs potentiels anticipent ces tentatives et les intègrent lors de l’évaluation des actifs de la FMN. Ils réagissent en sous-estimant la valeur de la firme qui décentralise massivement ses investissements en R&D.

Dans cette perspective, plusieurs travaux empiriques tels que ceux de Berger et Ofek (1995) et Fleming et al. (2001) ont montré que la diversification peut entraîner une

Dans cette perspective, plusieurs travaux empiriques tels que ceux de Berger et Ofek (1995) et Fleming et al. (2001) ont montré que la diversification peut entraîner une

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