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Au cycle 3, en sixième : « Récits de création et création poétique »

Dans le document Faire entendre la voix d’Écho (Page 66-69)

C. J'observe la construction de l'image

3. Réflexions didactiques et pistes de mise en œuvre pédagogique

3.1. Les programmes

3.1.1. Au cycle 3, en sixième : « Récits de création et création poétique »

Si le cycle 2 a permis l’acquisition de la lecture et de l’écriture, le cycle 3 est un cycle de consolidation des apprentissages et les élèves de sixième (en fin de cycle 3) doivent acquérir « une autonomie suffisante en lecture et en écriture pour aborder le cycle 4 avec les acquis nécessaires à la poursuite de la scolarité163 ». Les enseignements sont articulés autour d’un socle commun de connaissances, de compétences et de culture. L’enseignement du français mobilise essentiellement les compétences du domaine 1 de ce socle (« Les langages pour penser et communiquer ») mais chaque enseignant·e a un champ d’action qui s’étend dans tous les domaines du socle commun de compétences. Ainsi, dans la séquence que nous proposons (annexe 7), si les compétences du domaine 1 dominent, il s’agira aussi de développer des compétences des domaines 2 (« Les méthodes et outils pour apprendre ») et 5 (« Les représentations du monde et l’activité humaine »). Nous présentons ci-dessous un

163 « Programmes d'enseignement du cycle de consolidation (cycle 3) et du cycle des approfondissements (cycle 4) », BOEN spécial n°11 du 26 novembre 2015.

tableau qui reprend les différentes compétences qui pourraient être abordées lors de notre séquence.

Compétences langagières : (Domaine 1 du socle commun) Lire - renforcer la fluidité de la lecture

- comprendre un texte littéraire et l’interpréter : dégager l'essentiel d'un texte lu, identifier le genre et ses enjeux, mettre en relation avec des textes lus antérieurement/ou images

- contrôler sa compréhension et adopter un comportement de lecteur autonome

Écrire - produire des écrits variés en s’appropriant les différentes dimensions de l’activité d’écriture : utiliser ses connaissances sur la langue, faire preuve d’imagination, d’idées, être cohérent, connaître les caractéristiques des genres d’écrits à produire

Oral - parler en prenant en compte son auditoire

→ adapter sa voix, le ton, sa gestuelle

→ connaître les techniques de mise en voix des textes

- comprendre, s’exprimer en utilisant les langages des arts et du corps

Compétences linguistiques : (Domaine 1 du socle commun) Relation oral/écrit comprendre les phénomènes d’homophonie

Lexique champ lexicaux : mise en réseau des mots

Culture littéraire et artistique (Domaine 5) :

- Les représentations du monde et l’activité humaine :

→ former le jugement esthétique et le rapport au monde (avoir les premiers éléments de contextualisation pour interpréter une œuvre)

→ comprendre les arts, leur inscription dans une aire géographique, historique, culturelle (découvrir l’histoire des arts, savoir situer une œuvre)

Les méthodes et outils pour apprendre (Domaine 2) :

→ coopérer (savoir travailler en groupe et interagir entre élèves)

Nous attirons l’attention sur trois principes qui sauront guider notre enseignement : 1°) la production d’écrits variés afin de s’approprier les textes, 2°) la pratique de l’oral et du langage

du corps et 3°) la mise en contexte des textes. La production d’écrits et la pratique de l’oral poursuivent un même objectif essentiel pour donner le goût de la littérature : en effet, il s’agit de faire des élèves des lecteurs autonomes et curieux. Nous défendons l’idée que c’est aussi par la pratique et par des productions régulières d’écrits que l’on peut former le goût esthétique des élèves. Les ateliers d’écriture et de mise en voix autour des textes permettent de montrer aux élèves qu’une œuvre littéraire est un texte vivant que chacun peut s’approprier. La pratique de l’oral nous semble aussi nécessaire : il s’agit aussi de faire entendre les répétitions et les échos et aussi de redonner, au sens propre, une voix à Écho si souvent oubliée au profit de Narcisse. Aussi, le dialogue avec Écho interroge les notions de dialogue et de monologue : il nous a donc semblé intéressant de donner une importance significative aux travaux de groupe (notamment en binôme) afin de pouvoir reproduire les enjeux liés à la communication dans le procédé de l’écho. Il s’agit de montrer que les répétitions, et notamment les phénomènes d’écho, sont des processus de création féconds que chacun doit s’approprier à la manière dont Écho s’approprie les propos d’un autre pour les reformuler.

L’intégration des langues et cultures de l’Antiquité est à ce titre centrale dans cette étude de la répétition puisque l’étude du mythe d’Ovide permet de véritablement mettre en perspective et comprendre les enjeux de la répétition et des échos. La mise en avant des textes antiques constitue un véritable enjeu de l’enseignement des lettres au collège : il s’agit ici de montrer aux élèves l’importance d’acquérir un socle solide de connaissances des textes fondateurs dont la mythologie fait partie. Dans le cas d’Écho et Narcisse, les élèves savent ce qu’est un écho et, s’ils ne connaissent pas Narcisse, on peut leur faire découvrir des mots qu’on utilise dans le langage courant : le nom du « narcisse » désignant la fleur qui s’épanouit à la fin de l’hiver ou l’adjectif « narcissique » désignant quelqu’un qui s’aime excessivement. Expliquer de manière imagée l’apparition d’un phénomène est le propre du mythe étiologique, qui a pour fonction d’imaginer l’origine du monde ou la cause d’un phénomène connu. La prise en compte de cette dimension étiologique permet ainsi une meilleure compréhension des perceptions que d’autres civilisations pouvaient avoir du monde ; elle permet aussi d’aborder la question de la dimension littéraire de ces textes qui n’ont pas vocation à démontrer les causes d’un phénomène. L’étude du mythe de Narcisse peut être menée en collaboration avec le ou la professeur·e de lettres classiques qui peut établir une séquence autour des Métamorphoses d’Ovide afin de donner plus de sens aux apprentissages.

Dans le cadre du programme de sixième, nous bâtirons une séquence intitulée « Répéter et dialoguer pour créer » qui s’inscrit dans la thématique « Récits de création et création poétique ». En raison de leur complexité, le corpus de cette séquence ne reprend pas les poèmes baroques que nous avons étudiés dans une première partie. Nous avons préféré des textes poétiques plus abordables qui utilisent la répétition comme principe d’écriture et qui célèbre le monde en témoignant du pouvoir créateurs de la parole poétique. Après avoir découvert des procédés de répétitions anaphoriques, nous nous attacherons à faire lire le mythe d’Écho et Narcisse qui constitue une clef de lecture de la répétition comme principe de création poétique. Cette étude permettra enfin de nous attarder sur le texte de Philippe Dorin, en tant qu’il est une autre continuation de ce mythe. Il s’agit ici de montrer aux élèves que le motif de l’écho est à l’origine d’une création littéraire et artistique féconde.

Pour permettre une meilleure intégration de cette séquence, il nous semble judicieux de faire suivre cette séquence d’une séquence sur le thème « Résister au plus fort : ruses, mensonges, masques » qui investit le champ des textes de théâtre. Du fait de sa proximité avec un motif poétique, la pièce de Philippe Dorin permet de construire une transition fluide entre les textes poétiques et le texte théâtre. Afin d’assurer une certaine cohérence pédagogique, l’étude du dialogue constitue un fil rouge qui lie les pièces poétiques et le texte de théâtre. Pourtant, pour éviter toute confusion entre les genres littéraires (dont il faut d’abord construire des représentations simplifiées pour ensuite les déconstruire), il est important de rappeler aux élèves de sixième que Sacré silence est avant tout un texte de théâtre ; toutefois, ceci ne nous empêche en rien de montrer que certaines scènes sont poétiques.

Dans le document Faire entendre la voix d’Écho (Page 66-69)