Nous reprenons les principaux faits stylisés du cycle dans les pays en voie de
développement (Agénor et al, 2000 et Rand et Tarp, 2002), antérieurement présentés et
comparons ces derniers aux régularités retrouvées dans les pays de la CAN :
• L’activité productive est plus volatile que dans les pays développés
(Agénor et al, 2000 et Rand et Tarp, 2002).
Oui. Les cycles des pays de la CAN sont en moyenne 2 fois plus volatils que celui de
leur principal partenaire commercial, les Etats-Unis d’Amérique
• L’activité industrielle des pays développés a un impact positif et significatif sur la production des PED (Agénor et al, 2000 et Rand et Tarp,
2002).
Peut-être. En effet la composante cyclique du PIB des Etats-Unis est positivement
corrélée avec la presque totalité des pays andins, exception faite de l’Equateur. De même pour
la plupart des pays cette relation est retardée, ce qui pourrait indiquer l’existence de causalité
de l’activité des pays développés vers les pays en voie de développement.
• La consommation est plus volatile que le PIB (Rand et Tarp, 2002).
Oui. Pour l’ensemble des pays andins la composante cyclique de la consommation
privée est en moyenne 1,6 fois plus volatile que celle du PIB. En ce qui concerne la
consommation publique, cette même volatilité est en moyenne 2,2 fois plus importante.
• La consommation privée, l’investissement et l’épargne sont pro-cycliques
(Rand et Tarp, 2002).
Pas toujours. En effet la consommation privée est fortement pro-cyclique et
contemporaine pour l’ensemble des pays. Il en est de même pour l’investissement privé, mis à
part les résultats obtenus pour le Pérou à partir du filtre CO. En ce qui concerne l’épargne nous
n’observons pas un comportement homogène, de plus, les résultats sont très sensibles à la
procédure de filtrage adoptée. Notons que contrairement a Rand et Tarp (2002) nous ne
considérons pas exclusivement les corrélations contemporaines, mais aussi les relations de
co-mouvement décalées dans le temps.
• Les dépenses publiques sont contra-cycliques (Agénor et al, 2000).
Non. Au contraire, la consommation publique est fortement pro-cyclique dans les pays
de la Communauté Andine des Nations.
• La masse monétaire et le crédit intérieur privé sont pro-cycliques (Agénor
et al, 2000 et Rand et Tarp, 2002).
Pas toujours. Selon les pays et la procédure de filtrage employée les résultats peuvent
considérablement changer, néanmoins ils sont toujours significatifs.
• L’indice des prix à la consommation est contra-cyclique. (Rand et Tarp,
2002)
Pas toujours. Ce résultat est vérifié dans le cas du Venezuela, cependant en ce qui
concerne les autres pays la relation tend à être plutôt pro-cyclique et avancée. Remarquons
que lorsque nous ne considérons que le corrélations contemporaines (au temps 0) la
contra-cyclicité des prix est observée.
• Le taux de change effectif réel est acyclique (Agénor et al, 2000 et Rand et
Tarp, 2002).
Non. La relation de co-mouvement entre les composantes cycliques du taux de change
réel et de la production est significative pour l’ensemble des pays, et même fortement
significative dans le cas de la Colombie, l’Equateur et le Pérou.
• Les importations sont pro-cycliques (Rand et Tarp, 2002).
Oui. En effet les importations sont fortement pro-cycliques et contemporaines pour la
presque totalité des pays andins. Dans le cas du Pérou cette relation est avancée d’une
période.
A ces caractéristiques nous pouvons ajouter quelques spécificités propres aux
fluctuations économiques dans les pays de la CAN :
• Le stock de capital par travailleur est pro-cyclique pour la presque totalité des pays, exception faite du Pérou.
• La productivité du travail est contra-cyclique en Bolivie et au Pérou.
• La productivité du travail est plus volatile que le PIB dans l’ensemble des pays. • Le prix international du pétrole est contra-cyclique en Equateur et au
Venezuela.
Conclusion
Nous venons d’étudier, à travers différentes approches méthodologiques, les
principales caractéristiques du cycle économique conjoncturel dans les pays de la
Communauté Andine des Nations. A cet effet, nos principaux résultats indiquent que :
• Même si les économies de la CAN ne sont pas parfaitement synchrones, la plupart des relations de co-mouvement entre pays sont pro-cycliques.
• Le noyau de pays dont le degré de synchronisation est le plus important, est composé par la Colombie, l’Equateur et le Venezuela.
• Les économies andines sont assez volatiles. En effet, la consommation est en moyenne 2 fois plus instable que le PIB.
• Le commerce international est important pour la CAN. Les importations sont fortement pro-cycliques et contemporaines dans la plupart des pays.
En relation aux implications de politique économique issues de notre analyse, l’absence
d’un degré considérable de synchronisation et plus particulièrement de symétrie dans la région
andine, portent à rejeter, a priori, la viabilité d’arrangements institutionnels tels que l’adoption
d’une monnaie unique ou la conformation d’une union monétaire. Cependant, l’existence de
caractéristiques communes, notamment en ce qui concerne les relations de co-mouvement
avec différents agrégats macroéconomiques, aussi bien du côté de l’offre que de la demande,
pourrait refléter la pertinence de la mise en place, dans le futur, d’une certaine forme de
coordination des politiques macroéconomiques.
Dans ce sens, et de façon plus générale, la mise en place de politiques ou de stratégies
économiques cohérentes et soutenables dans le temps, repose incontestablement sur une
connaissance profonde des facteurs explicatifs des fluctuations cycliques et des mécanismes
de propagation et de transmission des chocs, notamment en termes de conceptualisation
théorique et de quantification empirique. A cet effet, dans le prochain chapitre nous amorçons
cette analyse détaillée des sources des fluctuations, en portant un regard exhaustif sur les
principaux modèles théoriques avancés dans la littérature.