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Les premiers Britanniques à s'installer dans la vallée du Saint-Laurent appartiennent à la classe supérieure. Ils arrivent en petit nombre mais forts de leur culture, à laquelle les Canadiens se voient pour la première fois directement exposés chez eux. Ces hommes et ces femmes issus de l'élite servent de véhicule aux idées en vogue dans la mère-patrie.

Les réactions des habitants de la vallée du Saint-Laurent vis-à-vis de cette culture équestre particulière varient selon leur rang social. Tous les groupes confondus affichent parfois une indifférence réciproque, mais souvent aussi un intérêt, voire une certaine fascination. Plusieurs membres des classes supérieures canadiennes cherchent notamment à adopter des signes distinctifs de l'élite britannique afin de se démarquer davantage des masses populaires.

Bien que le changement de régime post-Conquête donne lieu à quelques emprunts entre les cultures équestres nouvellement mises en contact dans la colonie, la communication apparaît trop limitée pour donner lieu à un phénomène d'acculturation -à tout le moins pour la période précédant 1850. Qui plus est, à défaut de pouvoir contrôler l'accès des masses aux équidés, les classes supérieures tentent de se réserver un espace défini de la culture équestre dans la colonie, jusqu'à se montrer ambivalentes dans leurs tentatives de stimulation de l'élevage. L'introduction de coutumes et de signes distinctifs de l'élite britannique dans la vallée du Saint-Laurent apporte donc principalement de nouveaux outils à la cristallisation des classes sociales.

La culture équestre occidentale ou le cheval-prestige

L'Amérique ayant été colonisée par des puissances européennes, elle fait partie de la même grande culture équestre que partagent notamment la France et la Grande-Bretagne. Aussi, lorsque les premiers Britanniques s'installent dans la vallée du Saint-Laurent après la Conquête, les messages -conscients ou non- qu'ils envoient à travers leur usage des chevaux sont immédiatement compris des Canadiens. Or, la culture équestre occidentale des XVIIIe et XIXe siècles est vaste, et ses multiples implications s'avèrent difficiles à

saisir. Aussi, avant de tenter d'évaluer l'impact de la présence britannique sur la culture équestre de la vallée du Saint-Laurent, il convient de brosser un tableau général de cette culture commune à laquelle appartiennent l'Amérique et l'Europe.

Le « cheval est plus qu'une bête de somme, il est un animal social. On s'identifie à lui, on se reconnaît à travers lui »253. En effet, lorsqu'un homme monte, attelle ou élève un cheval,

il le fait selon un procédé et un style qui lui est propre, et qui peuvent grandement renseigner quant à son origine ethnique, son métier, son âge, son sexe et son rang 54. Un

régiment de cavalerie ne fonctionne pas comme un club équestre, ni une hacienda comme une tribu bédouine, et les equitations pratiquées dans ces cadres variés sont marquées par les différences qui les caractérisent255. Il semblerait même dans certains cas que le cheval et

son cavalier en disent aussi long sur une culture d'une région que la langue qu'on y parle. Ainsi, lors de son passage au Texas, de nombreux indices équestres renseignent Théodore Pavie sur la proximité de la bordure mexicaine :

Déjà nous entendions parler espagnol dans les habitations ; et au lieu de la selle anglaise qui recouvre à peine le dos du cheval, au lieu de la cravache de baleine, des chapeaux étroits, c'étaient de braves cavaliers au large sombrero relevé sur le devant de la tête, de bons fouets de muletiers à touffes rouges, des éperons démesurés, sonores et brillans comme ceux des anciens chevaliers : en un mot, l'Angleterre que reproduisent tous les Américains, cédait le pas à l'Espagne devenue République Mexicaine.256

Cependant, au-delà des nuances nationales, certains traits sociaux caractérisent l'ensemble de la culture équestre occidentale et, même avant cela, celle de l'Orient. Plus de mille ans avant notre ère, au Moyen-Orient et en Asie centrale, la possession de grands troupeaux combinée à l'existence de la guerre à cheval entraîne l'apparition de « clans d'une noblesse belliqueuse ». « Pour la première fois dans l'histoire, l'accès au pouvoir passait par l'élevage, le dressage, l'utilisation de chevaux, la fabrication, la réparation de véhicules et de harnachements, l'entretien de personnels affectés à ces tâches »257. À partir de ce

253 Baron, op.cit., p. 146.

54 Digard, Le cheval, force de l'homme, p.71. 255 lbid., p.72.

256 Théodore Pavie, Souvenirs atlantiques : Voyage aux États-Unis et au Canada, par Théodore Pavie, tome second, Paris, Renouard (?), 1833, p.247-248.

moment, cheval et position sociale deviennent indissociables, phénomène qui s'observe bientôt en Europe aussi.

Dès le XVIIe siècle, ce type de code du cheval amène les classes sociales à se concurrencer

à travers leurs chevaux, et à créer des bêtes qui rappellent leur statut. Les équidés deviennent moins représentatifs des besoins de leurs propriétaires que de leur façon de penser et de se percevoir. Ainsi, pendant que les nobles s'arrachent le pur-sang anglais synonyme de distinction, les nouveaux bourgeois s'éprennent de chevaux bien en chair rappelant leur propre confort matériel258. Les spécialistes de la question comme Clutton-

Brock, Diamond et Hall se montrent unanimes sur ce point : « For most of history the horse has been the key to power, conquest and the wealth of nations. Within human societies, those who have possessed superior horses have acquired social prestige as a result »259.

Au fil de l'histoire, durant les périodes où la présence du cheval se restreint à certains cercles, l'animal se voit entouré de nombreux interdits qui décuplent son aspect symbolique, car il devient privilège d'une classe particulière et emblème de la puissance de celle-ci. Lorsque les équidés se répandent plus largement à travers une société, comme celle de la vallée du Saint-Laurent des XVIIIe et XIXe siècles, les codes se diversifient, alors

qu'apparaissent nombre de distinctions entre les types et les fonctions de ces bêtes260.

Ceux-ci doivent représenter fidèlement la position des hommes, et permettre de départager riches et pauvres, professionnels et agriculteurs, etc.

Ces codes revêtent une signification évidente pour les gens de l'époque, comme en témoignent des gravures du XVIIIe siècle en Europe retrouvées par Bernadette Lizet. Les

deux illustrations représentent un cheval parfaitement conformé et un autre montrant tous les défauts possibles ; ce qui retient l'attention, c'est que le fougueux coursier se fasse

258 Digard, Le cheval, force de l'homme, p.88.

259 Stephen J.G Hall, « The horse in human society », dans Daniel Mills et Sue McDonnell, dir., The Domestic Horse : The Origins, Development and Management of its Behaviour, Cambridge, Cambridge University Press, 2005, p.23. Cet extrait a lui-même été inspiré de Clutton-Brock (1992) et Diamond (1997).

présenter par un noble, alors que le pauvre bidet apparaît accompagné d'un jeune paysan261.

Partout en Occident, de l'Europe à l'Amérique, et peu importe le milieu d'origine, tous peuvent comprendre instantanément le message implicite de ces images ; valeur chevaline et rang social sont directement liés. Nous verrons cependant qu'au XVIIIe siècle les

Britanniques repoussent les limites de ce code informel en établissant pour la première fois (avec l'invention du turf) une structure officielle de ces règles tacites.

2.1 La culture équestre dans la vallée du Saint-Laurent

Lorsque les premiers Britanniques viennent s'installer dans la vallée du Saint-Laurent peu après 1760, le fait qu'ils appartiennent à la même grande culture équestre qu'eux permet aux locaux de comprendre certains messages parfois subtils lancés par les nouveaux arrivants. Bien que ce langage soit le même, les manifestations culturelles varient. L'Amérique du Nord possède une culture équestre qui se distingue face à celle de l'Europe, alors qu'au sein de ce sous-groupe la vallée du Saint-Laurent possède elle aussi ses coutumes caractéristiques. Pour bien comprendre l'impact de la culture équestre britannique dominante sur celle alors pratiquée par les Canadiens à la fin du XVIIIe siècle, il apparaît

nécessaire d'établir les grandes lignes de la culture équestre canadienne de l'époque.

2.1.1 Les déplacements ou le cheval-liberté des Canadiens

Si le cheval apparaît très utile aux déplacements dans l'ensemble de l'Occident des XVIIIe

et XIXe siècles, les vastes espaces et les distances considérables caractéristiques de

l'Amérique du Nord, et à plus forte raison de la vallée du Saint-Laurent262, l'y ont rendu

pratiquement indispensable. D'ailleurs, il semble évident que les habitants des colonies ne craignent pas de se déplacer. En voulant faire remarquer le côté radin des paysans de la

261 Bernadette Lizet, Le cheval dans la vie quotidienne : techniques et représentations du cheval de travail dans l'Europe industrielle, Paris, J.-M. Place, 1996, p.69.

262 La colonisation se fait encore moins dense dans la vallée du Saint-Laurent que dans les autres colonies d'Amérique du Nord.

vallée du Saint-Laurent, Boisseau souligne par la bande leur grande mobilité : « Ce qu'on pourrait peut-être leur reprocher c'est d'être un peu trop intéressé, faisant souvent quatre lieues ou même six, s'ils savent avoir pour deux coppes meilleur marché lorsqu'ils ont quelque chose à acheter [...]» .

En effet, même si des équidés servent dans d'autres domaines de transport (dont le halage des bacs264), la route s'impose en véritable royaume du cheval. Il semble d'ailleurs que les

habitants de la campagne laurentienne apprécient tant la route qu'ils en font un lieu de rencontre, au point d'obliger les autorités à sévir :

Comme il arrive fréquemment que les habitans et autres conducteurs de voitures abandonnent leur chevaux dans le chemin du Roi, fe mettans plufïeurs dans une voiture pour parler et fumer la pipe enfemble, en forte qu'il peut en arriver des accidents, pour obvier à quoi, la cour ordonne à tous habitans et conducteurs de voitures de conduire en tous tems leurs chevaux avec les cordeaux, [...].265

Plus de trente ans plus tard, la situation semble n'avoir pas changé, car l'ordonnance se voit renouvelée266. Les chemins de la vallée du Saint-Laurent participent ainsi à la sociabilité de

ses habitants, parfois de manière formelle. En effet, ceux-ci apparaissent particulièrement friands de célébrations de toutes sortes, lesquelles s'étendent souvent jusqu'à la route. « I saw several French-Canadian Marriages [...] : they have a train of cabriolets, a clumsy sort of gig, according to the respectability or wealth of the happy pair »2 7. Les noces

canadiennes offrent effectivement une excellente occasion de parader, et ce peu importe la

263 Boisseau, op.cit, p.61.

264 Catherine Parr Traill, Les forêts intérieures du Canada lettres écrites par la femme d'un officier emigrant [i.e. Catherine Parr Traill] sur la vie domestique des colons américains, Paris, L. Curmer, 1843, p.9.

265 Province de Québec, op.cit, p.4.

266 Montréal, Règles et règlements de police pour les fauxbourgs et la cité de Montréal, Montréal, James Lane, 1817, p.43.

saison ; le cheval tient une place centrale dans ces manifestations festives, et presque toujours sous le harnais .

Les Canadiens apprécient tant de voyager, surtout en voiture270, qu'ils se munissent d'un

véhicule nouveau. En effet, la vallée du Saint-Laurent bénéficie d'un type de voiture particulier, que plusieurs voyageurs prennent la peine de décrire. Selon la baronne von Riedesel, les calèches canadiennes sont : « a sort of light carriage or carryall, very small

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and uncomfortable, but in which one can drive very fast » . Si l'on en croit d'autres témoins de l'époque, il semblerait que la calèche soit effectivement unique à la vallée du

Saint-Laurent, très généralement répandue dans la colonie, et plus utilisée que la selle272. La

calèche s'impose comme le véhicule de tous, avec quelques variantes selon les classes sociales : « The calash is in general use all over the country, and is used alike by the gentry and Habitans »273. Lambert précise que les calèches utilisées par la classe aisée s'avèrent

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nettement supérieures, en qualité et en apparence .

Ainsi, même si plusieurs auteurs275 ont argué que les routes de la vallée du Saint-Laurent

devaient n'être que très peu utilisées en raison de leur mauvais état, il semblerait que ce soit plutôt le phénomène contraire qui ait eu lieu car, comme le fait remarquer Willis, « the most

268 Joseph Bouchette, The British dominions in North America : or, A topographical and statistical description of the provinces of Lower and Upper Canada, New Brunswick Nova Scotia, the islands of Newfoundland, Prince Edward and Cape Breton : including considerations on land-granting and emigration : to which are annexed, statistical tables and tables of distances &c, vol. I, Londres, Longman, Rees, Orme, Brown, Green, and Longman, 1832, p.409.

269 John Lambert, op. cit., p. 168.

270 Comte Louis Antoine de Bougainville, Mémoire de Bougainville sur l'état de la Nouvelle-France à l'époque de la guerre de Sept ans, (1757), Documents inédits sur l'histoire de la marine et des colonies, s.l., s.n., 1790?,p.599.

271 Brown, op.cit, p.35. Cependant, le traducteur de la baronne souligne les difficultés qu'il a rencontrées au moment de rendre un équivalent de ce terme allemand. Von Riedesel parle de « Kaleche », dont l'anglais serait normalement « calash ». Cependant, ce dernier mot désigne habituellement un véhicule à quatre roues, deux sièges offrant de l'espace pour quatre passagers, un siège supplémentaire pour le cocher et un toit pliant, alors que la « calèche » est plutôt un véhicule doté de deux roues et un seul siège, conçu pour la vitesse. Brown affirme que le véhicule est typique de la colonie de la vallée du Saint-Laurent. Philippe Aubert de Gaspé abonde dans le même sens, assurant que la calèche canadienne ne compte que deux roues, voir Mémoires, p. 175.

272 Weld, op. cit., p.306.

273 John Lambert, op. cit., p. 168. 274 lb id., p. 169.

popular roads in the early 19th century may have been in a worse state than the others; such

were the demands and the damages of the heavy loads traveling over them » 76. II

semblerait donc que ce soit plutôt la sur-utilisation des routes qui rende ces dernières si mal en point. Le même phénomène s'observe durant la saison hivernale : les routes deviennent difficiles lorsque plusieurs y sont déjà passés, accentuant les proéminences et creusant les enfoncements. En effet, il n'y a qu'à penser aux routes de campagne actuelles, brisées par le gel et le dégel, et les lourdes charges du transport de billes de bois par camion. En l'absence d'alternative, ces chemins supportent une circulation importante, qui cause une usure rapide.

Les particularités du voyage en hiver : joies et risques

Dans toutes les colonies les plus froides de l'Amérique du Nord, l'hiver s'impose comme saison de prédilection pour les déplacements, de loisirs ou autres. Étant donné que les chevaux locaux peuvent voyager jusqu'à quinze milles à l'heure sur la glace, les Canadiens

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ne se privent pas d'effectuer jusqu'à cinquante milles pour visiter amis ou famille . Dès 1721, le père de Charlevoix affirme que l'on voyage très efficacement sur la neige dans la colonie : « On fe fert pour cela d'une Traîne, ou, comme on parle ici, d'une Cariole, qui coule fi doucement, qu'un feul Cheval fuffît pour la traîner »278. Les témoins visitant la

vallée du Saint-Laurent après la Conquête effectuent le même constat, affirmant que les Canadiens dépourvus d'une carriole sont rares, et qu'ils passent une grande partie de leur temps durant l'hiver à conduire d'un endroit à l'autre279.

276 Willis, op. cit., p. 170.

7 Thomas Anburey, Travels Through the Interior Parts of America, New York, New York Times, 1969, p. 142.

278 Père de Charlevoix, Histoire et description générale de la Nouvelle France, avec le journal historique d'un Voyage fait par ordre du Roi dans l'Amérique Septentrionnale, tome troisième, Paris, Pierre-François Giffart, 1744, p. 108.

Ce goût prononcé des habitants de la vallée du Saint-Laurent pour les déplacements hivernaux semble fasciner les témoins étrangers, qui y font régulièrement référence avec force détails.

The first few days of the snow falling are very amusing to a stranger ; the extraordinary costumes -the novelty ofthe sleighs, of every variety of shape and pattern, many of these being also very handsome, ornamented with rich furs, and drawn by fine horses with showy harness, set off by high hoops, with silver bells on the saddles, rosettes of ribbon or glass, and streamers of coloured horse-hair on the bridles ; while the gay chirping sound of the bells, and the nice crisp sound ofthe runners ofthe sleigh, through the new snow, have a very cheerful effect.280

Les témoignages de ce genre, lesquels mettent en relief les plaisirs hivernaux, abondent. Isaac Weld281, William Cobbett282, Mary Quayle Innis283, Catherine Parr Traill284 et Joseph

Bouchette285 font partie des visiteurs qui ont commenté le phénomène. Certains insistent

sur l'aspect fréquent voire ordinaire de ces déplacements dans la vallée du Saint-Laurent, d'autres sur le caractère joyeux de ces manifestations ou leurs variantes selon la classe sociale qui les pratique. Les membres de la classe aisée s'adonnent tout autant aux plaisirs des déplacements hivernaux que les autres habitants de la colonie286. D'ailleurs, les balades

en traîneau apparaissent comme un thème récurrent dans la littérature de l'époque ; Frances Brooke, notamment, les mentionne régulièrement à travers ses personnages. Bell Fermor, par exemple, avoue aimer « immensément » les voitures d'hiver287.

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Les voitures d'hiver -particulièrement les carrioles- pullulent, révélant des styles très diversifiés. Bien que certaines soient munies d'un toit et/ou d'une façade protectrice, celles- ci demeurent rarement utilisées car, comme en témoigne John Lambert, « le plaisir de la

280 Warburton, op. cit., p. 115. 81 Weld, op. cit., vol.l, p.392-393.

282 William Cobbet, The emigrant's guide in ten letters, addressed to the tax-payers of England : containing information of every kind, necessary to persons who are about to emigrate : including several authentic and most interesting letters from English emigrants, now in America, to their relations in England, Londres, W. Cobbett, 1829, p. 149.

283 Innis, op. cit., p.41.

284 Catherine Parr Traill, The young emigrants, or, Pictures of Canada calculated to amuse and instruct the minds of youth, Londres, Harvey and Darton, 826, p. 127.

285 Bouchette, op. cit., p.409. 286 Innis, op. c/r.,p.l45.

287 Frances Brooke, The History of Emily Montague, Toronto, McClelland & Stewart Inc., 1995 (1769), p.94. 288 Parmi celles déjà présentes dans la colonie en 1760 comptent les berlines et berlots.

carriole c'est avant tout de voir et d'être bien vu »289. Weld constate le même enthousiasme

pour les modèles ouverts290. En effet, il semble que les carioles couvertes servent surtout en

cas de déplacement obligé par mauvais temps291 ou en d'autres cas de stricte nécessité :

« Covered carioles [...] are never used, except for the purpose of going to an evening ball

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or entertainment » .

Même si la carriole se retrouve dans d'autres colonies d'Amérique du Nord, il se peut que le véhicule et l'habitude de son utilisation fréquente soient apparues dans la vallée du Saint- Laurent, où sévissent les hivers les plus longs et les plus enneigés. Cependant, l'habitude de se déplacer dans la neige, et l'indépendance des habitants des campagnes à cet égard, ne semblent pas unique à la vallée du Saint-Laurent. De toute évidence, l'hiver représente aussi une occasion de joyeux déplacements dans les colonies du sud293.

Une des preuves du naturel avec lequel les habitants de l'Amérique du Nord se déplacent en hiver s'avère leur réaction vis-à-vis du danger. En effet, ils ont développé des méthodes

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