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Cryptorchidie ou non descente testiculaire

Les perturbateurs endocriniens

B. Pathologies d’infertilité masculine

2. Cryptorchidie ou non descente testiculaire

Au cours de la vie fœtale, le testicule subit un mouvement de descente, passant d’une position fœtale (abdominale) à une position scrotale [125]. Lors de non descente du testicule dans le scrotum, on parle de cryptorchidie. Dans le cas de testicules non descendus, il est habituel de distinguer deux aspects anatomiques : (i) les testicules cryptorchides vrais, en arrêt sur leur trajet de migration, qui peuvent selon le niveau de cet arrêt, être abdominaux, intracanalaires, ou se situer en aval de l’orifice inguinal superficiel ; ou (ii) les testicules cryptorchides ectopiques, plus rares, qui se définissent par la présence du testicule en dehors de son trajet normal de migration (Figure 26). L’anomalie peut être bilatérale. Les testicules

Figure 26: Différentes formes de cryptorchidie, selon la position du testicule

(http://emedicine.medscape.com/article/438378-overview consulté le 25/12/2016)

La cryptorchidie est la plus courante des anomalies du nouveau-né. Son incidence varie de 2 à 4%. La cryptorchidie survient lorsque le gubernaculum, formation ligamentaire, n’arrive pas à se développer ou à entraîner le testicule dans le scrotum. Les données disponibles indiquent que l’étiologie de ce désordre serait conséquente à un défaut d’action des androgènes au niveau du gubernaculum. Cette carence de l’activité androgénique peut résulter d’un défaut de développement, n’importe où le long de l’axe cérébro-testiculaire. En effet, une incapacité d’origine hypothalamique fœtale à stimuler les sécrétions gonadotropes au cours du troisième trimestre (syndrome de Kallman et de Prader-Willy, anencéphalie), un défaut de sécrétion testiculaire androgénique (dysgénie gonadique), une absence de conversion de la testostérone en DHT (dihydrotestostérone) au niveau des tissus cibles (déficience en 5α-réductase), ou une inefficacité des AR (syndrome d’insensibilité aux androgènes), peuvent tous entraîner une cryptorchidie. Des études complémentaires suggèrent que la migration transabdominale du testicule pourrait être contrôlée par l’Insl3 (Leydig insulin-like hormone 3). Cette hormone est sous le contrôle de l’hCG et de la LH [132], et aurait une action sur la prolifération du gubernaculum [133]. En effet, des souris KnockOut pour Insl3 présentent une cryptorchidie intra-abdominale bilatérale, mais une androgénisation normale des organes génitaux internes et externes [134]. La cryptorchidie résulterait donc d’anomalies de production ou d’action, de l’Insl3 ou d’androgènes produits par les cellules de Leydig. L’hormono-dépendance de la descente

Les substances impliquées dans la survenue de la cryptorchidie :

- Les pesticides ou polluants organiques persistants (POP)

Des études ont mis en évidence un taux élevé d’organochlorés dans le tissu adipeux, chez les enfants présentés pour une chirurgie correctrice de la cryptorchidie [135]. Par ailleurs, un certain nombre d’études épidémiologiques corrèlent l’apparition d’anomalies du tractus génital mâle, comme la cryptorchidie, à une exposition à des pesticides [136]. Plusieurs PE aux propriétés anti-androgéniques ou œstrogéniques apparaissent également responsables de phénomènes de cryptorchidie, c’est le cas de fongicides tels que la vinclozoline, qui agit comme antagonistes des AR (androgen receptor), conduisant à un ratio déséquilibré androgènes/œstrogènes [137].

- Phtalates, bisphénol A (constituants des matières plastiques)

Des chercheurs finlandais ont étudié la teneur en phtalates du lait maternel dans un groupe de 62 nouveau-nés présentant une cryptorchidie et 68 nouveau-nés témoins dans le cadre d’une étude binationale. Après standardisation des modalités de l’examen clinique, les nouveau-nés sont examinés à la naissance et au troisième mois. Six métabolites de phtalates ont été dosés dans le lait maternel, MMP (monomethyl phtalates), MEP (monoéthyle phtalate), MBP (monobutyle phtalates), MBzP (monobenzyl phtalates), MEHP (Monoethylhexyl phtalate), MINP (monoisononyl phtalates), tous ces phtalates ont été détectés dans le lait maternel. Cette étude met en évidence une association significative entre les phtalates contenus dans le lait maternel et la présence de cryptorchidie.

Une étude suédoise a été faite pour déterminer une relation entre l’INSL3 (insuline-like facteur 3), la testostérone et la présence d’un certain nombre de perturbateurs endocriniens (phtalates, bisphénol A) dosés chez 52 nouveau-nés cryptorchides (cas) comparés a 128

3. Hypospadias

L’hypospadias est le développement anormal du pénis sur lequel l’orifice, ou méat urétral, ne se localise pas à l’extrémité du gland pénien. Si l’anomalie d’implantation du méat urétral est l’élément définissant théoriquement l’hypospadias, il faut plutôt considérer cette anomalie comme une hypoplasie des tissus constituant la face ventrale du pénis, dans laquelle il existe une malformation de l’urètre. On retrouve pratiquement toujours une malformation du prépuce qui n’est développé que sur la face dorsale du pénis, laissant à nu la face ventrale du gland. De même, une courbure est souvent identifiée, surtout évidente en érection, habituellement en rapport avec une hypoplasie cutanée ventrale. Dans 70 à 80% des cas, il s’agit d’un hypospadias antérieur, dont la courbure est modérée (Figure 27).

Figure 27: Exemples d’hypospadias chez l’homme : (A) antérieure, (B) coronale ou

(https://fr.wikipedia.org/wiki/Hypospadias consulté le 25/12/2016)

L’hypospadias représente la seconde malformation congénitale de l’appareil reproducteur mâle la plus fréquente après la cryptorchidie, actuellement estimée à 1 pour 300 naissances masculines [139]. Une prédisposition génétique non mendélienne à l’hypospadias existe. Toutefois, son incidence a augmenté ces quinze dernières années dans la majorité des pays occidentaux, notamment en Angleterre, au Pays de Galles [140] Une étude réalisée aux

Etats-Unis a montré un doublement de la fréquence des hypospadias entre 1968 et 1993 [141]. Puisque la différenciation de l’urètre pénien dépend de la DHT, le phénomène d’hypospadias peut être associé à une altération de l’AR, et/ou du métabolisme de la testostérone.

Ceci suggère donc une implication possible des PE [142]. La littérature regorge d’expériences démontrant l’effet de ces substances sur le système reproducteur mâle, capables d’induire des phénomènes d’hypospadias.

Les substances impliquées dans la survenue de l’hypospadias

Cette malformation apparaît généralement après exposition in utero par des substances : (i) à pouvoir œstrogénique (ex. DES), (ii) inhibant la 5α-réductase (ex. finastéride), (iii) antagonisant l’AR (ex. vinclozoline), (iv) modulant l’activité des cytochromes P450 impliqués dans la stéroïdogénèse (ex. prochloraz), ou (v) altérant la différenciation des cellules de Leydig fœtales (ex. les phtalates dont le DBP (dibutyle phtalate), DEHP (diéthylhexylphtalate), et le BBP (benzyl butyl phtalate) [143].

La Diethylstilbestrol (DES)

Un médicament a propriétés œstrogéniques puissants, prescrit sous la spécialité de DISTILBENE aux femmes qui subissaient des avortements spontanés à répétition ou des accouchements prématurés.

Cette pathologie observée chez les enfants de mères exposées in utero est essentiellement liée aux complications liées aux naissances prématurées.

Des études épidémiologiques et des études cas-témoins néerlandaises et françaises, ont fait état d’une augmentation du risque d’hypospadias chez les garçons de mères exposées in utero au DES [144].

Les phtalates

Plus spécifiquement le DEP (diethyle phtalate) et le DBP (dibutyle phtalate), les métabolites les plus trouvés dans les déodorants, les parfums et les produits cosmétiques pour cheveux et ongles. On a trouvé dans des études de cas-témoins un risque augmenté d’Hypospadias chez des enfants descendants de mères étant exposées a ces deux metabolites des phtalates (contenu dans les laques de cheveux et les produits cosmétiques), dans leurs lieux de travail durant le 1er trimestre de grossesse [146].

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