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CHAPITRE 3 : MÉTHODOLOGIE

3.1 Procédure d’échantillonnage

3.1.1 Critères d’admissibilité

Pour qu’une personne puisse être candidate à participer à cette recherche, elle devait être d’âge adulte et répondre à huit autres critères d’admissibilité. Les prochaines rubriques exposent ces critères, tout en précisant les paramètres ou indicateurs7 considérés lors de leur validation.

1) Ne pas être en mesure de lire le journal au moyen de la vision

Les candidats devaient présenter un handicap visuel rendant impossible la lecture du journal au moyen de la vision, et ce, même avec des aides telles qu’une loupe d’écran ou une télévisionneuse. L’application de ce critère a surtout reposé sur les déclarations des individus à cet égard. De même, l’usage du braille pour la lecture a été considéré comme un indicateur probable de l’incapacité à lire au moyen de la vision.

2) Ne pas avoir de troubles moteurs ou sensoriels affectant la lecture tactile ou auditive

Les personnes déclarant avoir des troubles sensoriels ou moteurs tels qu’une perte auditive, une perte de sensibilité tactile ou une atteinte à la mobilité du haut du corps (main, bras) ne pouvaient être considérées comme candidates pour participer à cette recherche. De tels troubles auraient pu fausser certaines données de recherche en contraignant les choix de modalité(s) de lecture des participants.

3) Détenir tout au moins de « bonnes » habiletés de lecture en braille sur afficheur

Pour éviter la mesure d’une variable incidente relative aux difficultés de lecture, les candidats devaient avoir atteint ou surpassé un certain niveau de compétence en lecture du braille sur afficheur. Ce niveau de compétence, ici qualifié de « bon », pourrait se traduire par la capacité à lire de courts textes sur afficheur, et ce, en atteignant le minimum de

7 Dans le cas présent, les indicateurs sont des variables qui tendent à suggérer la rencontre de certains critères, sans

fournir de certitudes à cet égard. Pour cette raison, ils sont toujours considérés avec prudence et combinés à d’autres données ou indicateurs.

fluidité nécessaire à la préservation d’une unité textuelle. Bref, les candidats devaient être en mesure de lire par groupes de mots (Rex, 1995 : 28-29) :

The ability to chunk words and phrases has a direct effect on the learner’s rate of reading, as well as on comprehension. […] Good braille readers can chunk braille characters, whereas poor readers read one braille character at a time […].

Fait à noter, le présent critère se rapportait à tout degré de braille employé par l’individu sur son afficheur (intégral et/ou abrégé). Une telle mesure visait à ce que les compétences en décodage soient suffisantes peu importe le degré de braille choisi sur cet appareil.

Le meilleur moyen de confirmer la présence des compétences braille attendues demeurait sans contredit l’observation des candidats lors d’une tâche de lecture sur afficheur. Néanmoins, il était peu envisageable de procéder de cette manière auprès d’un grand nombre d’individus. Ainsi, pour l’application du présent critère, nous avons d’abord eu recours à une autoévaluation des compétences braille sur afficheur. Trois indicateurs permettant de moduler cette autoévaluation ont également été pris en compte :

 Âge d’apparition du handicap visuel et âge à partir duquel ce handicap a rendu

impossible une lecture visuelle

D’après Hatwell (2003 : 169), « les aveugles précoces sont systématiquement plus performants que les aveugles tardifs […] dans la lecture du braille ».

 Âge d’apprentissage du braille

Les individus qui font un apprentissage tardif du braille auraient moins tendance à devenir des lecteurs rapides et fluents que ceux qui apprennent ce code dès le début de leur scolarisation (Hatwell, 2003 : 170).

 Habiletés de lecture en braille embossé (également autoévaluées)

Bien qu’il ne s’agisse pas d’une règle absolue, la lecture sur afficheur braille tendrait à être moins rapide que sur médium embossé, compte tenu de contraintes matérielles induites par l’appareil (Drottz, 1986; Commend, 2001 : 291). De ce fait, si on considère que le médium embossé figure généralement parmi les premiers supports d’apprentissage du braille, une autoévaluation des compétences braille nettement plus favorable sur afficheur que sur médium embossé pourrait susciter certains doutes. Par la suite, à un stade relativement avancé du processus d’échantillonnage, les candidats fortement pressentis pour la collecte de données ont été observés au cours d’une tâche de lecture sur afficheur braille (voir section 3.1.5).

Pour conclure, notons que certains faits relatifs à la lecture braille ont eu un impact déterminant sur l’orientation du présent critère d’admissibilité :

 Taux d’alphabétisation en braille

Comme détaillé au chapitre 1 (section 1.2.1), la proportion d’individus aveugles lisant le braille serait plutôt faible et seul un petit nombre possèderait d’excellentes habiletés de lecture de ce code. En ce sens, il est apparu nécessaire de ne pas fixer d’attentes trop élevées en matière d’habiletés de lecture en braille.

 Influence du support de lecture

Le support de lecture constitue un autre aspect à considérer dans l’appréciation des habiletés en braille, et ce, pour deux raisons. Premièrement, comme il a été évoqué, les caractéristiques matérielles des afficheurs ne favorisent pas forcément une aussi bonne fluidité de lecture. Deuxièmement, il existe certaines différences entre le code braille sur médium embossé et le code braille généré par les afficheurs.

Les publications embossées reposent sur un usage du braille standard, avec matrice de six points. Qui plus est, dans ces publications, la transcription braille fait l’objet de règles connues et partagées par un large ensemble d’individus. À l’inverse, le braille généralement en usage sur afficheur se compose d’une matrice de huit points (braille informatique). De plus, les afficheurs génèrent le braille au moyen de tables d’affichage8 choisies et personnalisées depuis le logiciel de revue d’écran. Ainsi, la signification de certaines combinaisons de points peut varier d’un utilisateur à l’autre. Dans plusieurs cas, une période d’adaptation est nécessaire chez les lecteurs de braille embossé qui utilisent pour la première fois le braille sur afficheur.9

4) Détenir une expérience préalable de la consultation de sites Web

Puisque les textes soumis pour la collecte de données se présentaient sous la forme d’un minisite Web (section 3.2.2), les candidats devaient déclarer avoir une expérience préalable de la consultation de sites Web. Sans l’application d’un tel critère, les données recueillies risquaient d’être faussées par la mesure d’une courbe d’apprentissage ou par les appréhensions de certains individus à l’égard d’une technologie nouvelle.

8 De façon générale, une table d’affichage braille établit des correspondances de transcription entre les caractères

affichés à l’écran et leur équivalent sur afficheur braille.

9 Chez les francophones, cette situation pourrait évoluer en raison de travaux récents sur l’uniformisation du braille

français. Un comité consultatif a proposé une nouvelle table d’affichage braille qui serait éventuellement partagée par toute la francophonie et qui établirait plus de cohérence entre le braille embossé et le braille des afficheurs.

5) Être un utilisateur avancé de la synthèse vocale et de l’afficheur braille

Afin que le recours aux différentes modalités de lecture ne soit pas infléchi par un manque de maîtrise des outils de transcodage, les candidats devaient détenir des compétences avancées dans l’emploi de la synthèse vocale et de l’afficheur braille (ce qui, du même coup, suppose l’emploi d’un logiciel de revue d’écran).

L’application du présent critère a reposé sur la prise en compte de deux indicateurs : le

nombre d’années d’utilisation des outils et leur fréquence d’emploi. Les candidats devaient

tout au moins posséder un an d’expérience avec la synthèse vocale et l’afficheur braille. De plus, ils devaient faire un usage régulier de ces outils. À cet effet, les candidats ont eu à qualifier leur fréquence d’emploi des deux outils selon une échelle à cinq valeurs (très souvent, souvent, parfois, rarement, jamais). Une estimation du nombre d’heures passées chaque semaine sur l’ordinateur a également été recueillie. Ce type d’évaluation comporte certes plusieurs limites, mais est apparu suffisant dans le contexte de la présente recherche.

6) Détenir des compétences langagières suffisantes pour une lecture sans encombre d’articles de journaux « grand public »

Pour éviter tout biais relatif aux difficultés de lecture, les candidats devaient être susceptibles de pouvoir lire sans encombre des journaux « grand public ».

Le degré et le type de scolarisation figurent au nombre des indicateurs considérés lors de l’application du présent critère. Cela dit, la prise en compte de tels indicateurs comporte d’importantes limites pour l’estimation des compétences langagières. De ce fait, nous avons choisi d’abaisser le seuil minimal de scolarisation fixé dans les prévisions méthodologiques, et ce, afin de considérer la candidature d’un individu n’ayant pas terminé ses études secondaires. Plus précisément, une scolarité de niveau secondaire a été exigée plutôt qu’un diplôme d’études secondaires. Ce réajustement est apparu raisonnable dans la mesure où les habiletés de lecture des candidats fortement pressentis pour la collecte de données étaient observées lors d’un test de lecture sur afficheur braille (section 3.1.5). Lors de ce test, les individus devaient être en mesure de lire un texte informatif s’adressant à des lecteurs de la 9e à la 12e année d’études. En outre, ils devaient pouvoir évoquer le propos général du texte.

7) Ne pas présenter de troubles dyslexiques

Comme suite au critère précédent, les personnes déclarant avoir reçu un diagnostic de dyslexie ne pouvaient être candidates pour participer à la collecte de données.

8) Disposer d’un ordinateur avec navigateur Web, logiciel de revue d’écran, synthèse vocale et afficheur braille d’au moins 40 cellules

Il existe une variété de modèles d’afficheurs braille, de synthèses vocales et de logiciels de revue d’écran. Qui plus est, la configuration des afficheurs braille et des synthèses vocales peut différer d’un utilisateur à l’autre. En fonction de leurs besoins, les utilisateurs ont notamment la possibilité de paramétrer le type, la tonalité et le débit de la voix de synthèse, de même que la table d’affichage braille. Chaque individu développe ainsi ses propres habitudes de travail en fonction de l’équipement adapté dont il dispose, tant du point de vue de la configuration matérielle que logicielle.

Vu l’impact possible d’un changement d’environnement de travail sur les performances de lecture, les candidats devaient disposer des outils nécessaires pour la collecte de données et accepter d’en faire usage dans ce contexte, si leur candidature est retenue. L’exigence relative à la possession d’un afficheur de 40 cellules braille ou plus a été fixée par souci de ne pas désavantager le décodage braille. En effet, dans la recherche de Hjelmquist, Jansson et Torell (1987 : 193), six des douze participants ont jugé que l’afficheur de 20 cellules était trop petit et que cela rendait la lecture plus difficile.

Enfin, les blocs-notes braille utilisés à titre d’appareils autonomes de lecture et d’écriture ne figuraient pas au nombre des technologies envisagées pour la collecte de données. Il en va de même pour tout autre appareil de lecture portatif éventuellement compatible avec une synthèse vocale ou un afficheur braille. Cette décision a été prise afin de faciliter la formation d’un groupe de participants faisant usage de technologies comparables (critère d’homogénéité expliqué à la prochaine section).

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