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La création de nouvelles races : les races composites

Dans le document L’amélioration génétique animale (Page 164-167)

Les généticiens nomment races composites les races créées à partir de plusieurs races parentales. De nouvelles races peuvent être synthétisées à partir de croisements combinant des races différentes dans pratiquement n’importe quelles proportions : première génération de croisement, divers rétrocroisements de deux races ou combinaisons de plus de deux races (tableau 8.3).

Il convient en premier lieu de déterminer la combinaison raciale souhaitée d’après la performance précoce des croisements et une estimation de la valeur de l’hétérosis. Les animaux du niveau de croisement désiré sont alors reproduits entre eux pour plusieurs générations. Une sélection est – et doit être – appliquée en parallèle afin d’améliorer les caractéristiques de production.

On trouve chez toutes les espèces domestiques un certain nombre de races pures établies de longue date qui ont été constituées, à l’origine,

Tableau 8.3. Exemples de races composites.

Types Races Composition

Bovins laitiers Zébu laitier australien 0,33 Sahiwal + Red Sindi/

0,67 Jersey

Jamaica Hope 0,8 Jersey/0,05 Frisonne/

0,15 Sahiwal

Karan Swiss Brune Suisse/Sahiwal Bovins à viande Bonsmara 0,62 Afrikander/0,19 Hereford

+ 0,19 Shorthorn

Chabray 0,62 Charolais /0,38 Brahmane Santa Gertrudis 0,62 Shorthorn/0,38 Brahmane Renitole Croisement des 3 races Zébu de Madagascar Malgache + Limousin +

Afrikander

Ovins Dorper Dorset Horn/Persan à tête noire Katahdin Virgin Island/Wiltshire Horn +

Suffolk

Perendale Cheviot/Romney de

Zélande

Caprins Boer Race locale avec du sang européen, Angora et indien

à partir de populations initiales comportant des éléments de plusieurs races différentes.

Les races ovines, en particulier, présentent beaucoup d’exemples de ce type : la race Columbia, issue d’un croisement de Rambouillet Américain et de Lincoln Longwool, ou même la race Corriedale, encore plus ancienne, qui dérive de la race Mérinos avec des apports de sang Lincoln et/ou Leicester. Rares aujourd’hui sont ceux qui considèrent les races à viande British Down (par exemple le Suffolk, le Hampshire Down, le Oxford Down et d’autres), établies depuis longtemps, comme autre chose que des races pures – avec raison, après un siècle ou plus d’élevage en race pure.

Toutefois, leurs origines doivent beaucoup à la race Southdown, qui a été croisée avec d’autres types autochtones pour les améliorer. En outre, bien des races anciennes, notamment dont les populations sont relativement restreintes ou en déclin, ont bénéficié en d’autres temps de l’apport ponctuel de gènes d’autres races pour améliorer leurs performances ou pour combattre les effets de la consanguinité.

Il convient de souligner ici que beaucoup de races dont le nom même spécifie le pays d’origine dérivent en fait de populations fondatrices communes. À partir d’une même population de départ, des processus de sélection dont les visées différaient d’un pays à l’autre et des apports d’un peu de sang local ont donné naissance à plusieurs lignées différentes.

Exemple 8B. Origines des cheptels nationaux.

Bon nombre des lignées actuelles de la race Holstein proviennent de races hollandaises.

Parmi les races porcines, il existe de nombreuses variantes nationales du Landrace et du Large White (également connu sous le nom de Yorkshire).

Les porcs Landrace proviennent tous de porcs allemands (eux-mêmes comportant du sang Large White) et se sont souvent différenciés par une phase de développement intermédiaire dans d’autres pays.

Les divers types de Large White (ou Yorkshire) descendent de porcs anglais.

Le mélange de races pour en créer d’autres, puis leur évolution ultérieure en de nouveaux types par sélection est un mécanisme qui existe depuis longtemps – bien plus ancien que ne le laissent penser les consonances modernes de l’expression « races composites ». Pour les besoins actuels, la production de races composites est mise en avant comme une approche alternative à d’autres stratégies de croisements ou à la sélection pure et simple au sein d’une race indigène en région tropicale.

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Les caractéristiques d’une race composite

La composition raciale d’une race composite est ce qui détermine sa performance initiale. Les effets génétiques additifs reflètent les proportions de chaque race constitutive. Il subsiste en outre une certaine part d’hétérosis, en fonction du degré d’hétérozygotie produit par la combinaison des races.

Lorsque deux races A et B sont combinées, le pourcentage d’hétérosis qui se maintient dans la race composite dépend du niveau de croisement à partir duquel les animaux croisés ont commencé à être reproduits entre eux (voir tableau 8.4, une des races pouvant être une race locale et l’autre une race exotique).

Tableau 8.4. Pourcentage d’hétérosis subsistant chez les races composites.

Origine des gènes (%) Hétérosis maximum

subsistant chez la race composite (%)

12,5 87,5 22

25 75 37

37,5 62,5 47

50 50 50

Remarque : des proportions plus élevées de gènes de la race A ont exactement le même effet sur l’hétérosis que les mêmes proportions de gènes de la race B.

Lorsque plus de deux races sont fusionnées, l’effet d’hétérosis suit des lois plus complexes. Certaines races locales tropicales de Bos indicus génèrent un hétérosis important si elles sont croisées avec des races exotiques de Bos taurus sans pour autant qu’il en aille de même lorsqu’elles sont croisées entre elles. De même, des races exotiques peuvent ne produire qu’un effet d’hétérosis limité, voire nul, lorsqu’elles sont croisées entre elles.

Lorsque trois races sont utilisées dont toutes les combinaisons deux à deux induisent un effet d’hétérosis, plus de la moitié de l’hétérosis réalisable est conservée. Si l’hétérosis ne provient que de deux des combinaisons (les races exotiques avec la race locale), il ne subsistera, dans la race composite à trois races, qu’à hauteur d’à peine plus d’un tiers de l’hétérosis maximum.

Race A Race B

Des interactions épistatiques, non alléliques, sont également susceptibles de contribuer à l’hétérosis (voir page 140). Pour une combinaison donnée de races parentales, la création d’une race composite fait perdre plus d’épistasie que des croisements en rotation.

Abstraction faite des possibilités ultérieures de sélection amélioratrice, l’intérêt principal des races composites réside dans leur niveau de productivité plus régulier, d’une génération à l’autre, que celui des animaux issus de croisements en rotation.

Le suivi des améliorations apportées

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