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CHAPITRE VI : BILANS DE TRANSFERT DE CARBONE DANS LE BASSIN VERSANT DU NYONG

V COUVERTURE VÉGÉTALE

V- 2 Couverture végétale sur le bassin du Mengong

Au sein du BVE du Mengong, l’observation des différentes types de végétation couplée à l’identification des espèces de plantes a permis de délimiter des parcelles homogènes (fig. II.14.B) qui correspondent à des phases de reconstitution de la forêt climacique à partir des jachères. Nyeck (2004) y distingue sept phases.

► Les phases de friches et de polyculture vivrière correspondent aux champs supportant des cultures saisonnières de 0 à 4 mois (arachide, haricot, maïs, patate…) ou à des cultures annuelles et biannuelles de 4 mois à 2 ans telles que le (bananier, macabo, manioc).

► La phase à Chomolaena odorata englobe des jachères de 2 à 5 ans d’âge, colonisées par cette espèce de plante dont la taille peu atteindre 10m. Elles sont clairsemées de recrûs ligneux développés à partir des racines et des souches d’arbres.

► Les forêts secondaires représentent (a) des jachères de 5 à 10 ans d’âge (forêt secondaire jeune), caractérisées par des recrûs ligneux dont la taille atteint 15 à 20m et des îlots de Chomolaena odorata et (b) des jachères de plus de 10 ans (forêt secondaire adulte)

où les recrûs sont nettement développés et dépassent 20m de hauteur. Les parcelles de forêts secondaires occupent la majorité de la superficie du bassin de Nsimi.

► La forêt perturbée et climacique à Gilbertiodendrons’observe en bas de versant, où la pente est faible et jouxte le bas-fond. Elle est supportée par un sol périodiquement inondé, ce qui correspond aux conditions édaphiques favorables au développement de

Gilbertiodendron dewevrei. Le caractère perturbé de cette forêt vient du fait qu’elle a par le

passé subi une anthropisation.

► La forêt climacique congolaise (type forêt du Dja)n’est plus présente qu’en bas de pente. La présence de certaines espèces caractéristiques de l’étage dominant, comme

Baillonella toxisperma (adjap), Ceiba pentadia (fromager), Terminalia superba (fraké), Triplochiton (ayous), dans la forêt secondaire adulte ou dans les jachères indique qu’elle a

initialement recouvert la totalité des versants.

► La forêt marécageuse à raphiales couvre la totalité du bas fond à nappe sub- affleurante. Les essences caractéristiques de cette formation végétale sont des palmiers raphias (Raphia monbuttorum) et Upaca à racines échasses.

► Les cacaoyères sont présentes en très petites zones sur le bassin du Mengong, mais représentent la principale culture commerciale rencontrée dans la région. Dans la plupart des cas, ces cultures ont été abandonnées à cause de leur faible rentabilité, ce qui a favorisé le développement en ces lieux, des forêts secondaires adultes.

Dans l’ensemble, on observe que la distribution de la végétation dans le BVE du Mengong est fortement liée à la morphologie. Les jachères, qui correspondent à des phases de reconstitution de la forêt dense, s’observent sur les versants. Les parcelles plus humides en bas de pente sont le domaine de la forêt dégradée ou climacique. Ainsi, les espèces caractéristiques de chaque formation montrent qu’il s’agit d’une végétation édaphique relativement stable en fonction du pédoclimat.

Cette végétation protège le sol contre l’action érosive des précipitations et freine le ruissellement de surface au bénéfice de l’infiltration et des écoulements hypodermiques.

66 Sana ga Nyong Ntem Wou ri Dja Boum ba Ka dey Lom M b am

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BVE du Mengong

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0 100 200 300 0 Sana ga Nyong Ntem Wou ri Dja Boum ba Ka dey Lom M b am

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BVE du Mengong

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Figure II.14: Distribution de la végétation (A) dans le plateau du Sud Cameroun d’après Letouzey (1985) modifié d’après Villier (1995) et (B) dans le BVE du Mengong d’après Nyeck (2004)

VI – ANTHROPISATION

L’impact de l’homme sur l’environnement est manifeste au Cameroun, tant en milieu rural (domaine de l’agriculture, de l’élevage et de l’exploitation forestière) qu’en milieu urbain, bien que ce pays soit encore peu industrialisé, et que la densité de population y apparaisse relativement faible (environ 35 habitant/km2). Sur le bassin versant du Nyong, à l’exception de la zone urbanisée de Yaoundé, les activités anthropiques sont réduites à cause d’une faible densité de population (4 à 10 habitant/km2).

Les transformations du paysage sont imputables à trois causes principales : (a) les grandes exploitations agricoles, avec le développement des palmeraies dans les zones de Zoetélé et Sangmelima, ou des cultures maraîchères en zones périurbaines ; (b) l’exploitation forestière, principale activité industrielle qui provoque une déforestation intensive dont les effets sont aggravés quand les parcelles ne sont pas rapidement replantées ; (c) le défrichage systématique des étendues de forêt par des agriculteurs qui, en pratiquant le brûlis, perturbent irréversiblement les écosystèmes. En milieu urbain, le développement anarchique des grandes villes entraîne les problèmes de gestion des déchets et des eaux usées qui sont souvent déversées directement dans les drains. Il en est de même des rejets de certaines PME (garages, scieries, fabriques de sachets), dont la prolifération entraîne des pollutions diffuses en métaux et matières plastiques. L’exploitation minière, l’extraction de sable et/ou de pierres en carrières, bien que généralement artisanale, ne sont pas sans conséquence sur l’environnement. Ces activités accélèrent l’érosion, engendrant d’importantes turbidités dans les cours d’eaux, et laissant des excavations dans le paysage.

Les conséquences de l’activité de l’homme en milieu forestier peuvent être envisagées à différentes échelles spatiotemporelles. (a) A l’échelle globale, la modification de la composition de l’atmosphère (proportion de O2/CO2) liée à une diminution de l’activité photosynthétique du fait de la réduction des surfaces occupées par la forêt. Le couvert forestier intertropical (Afrique centrale et Amazonie) est fréquemment qualifié de « poumon du monde» ; sa régression ne restera pas sans conséquences sur l’équilibre actuel, et aura des répercussions sur le cycle de l’eau et sur le réchauffement global. (b) La perte de la biodiversité, animale et surtout végétale, en relation avec la « domestication » (défrichement intensif). (c) L’épuisement des terroirs et des sols, et l’érosion (mécanique et chimique) du fait de pratiques culturales inadaptées souvent imposées par les contraintes du système cultural traditionnel ou du rendement. Enfin on peut ajouter, les conflits entre communautés au sujet de l’eau potable et de la terre cultivable, en raison de l’épuisement ou de la détérioration de ces ressources.

CHAPITRE III