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3.2 Quasi-accord de phase r´esonnant

3.2.4 Courbes de gain dans PPKTP et PPLN

Les bandes de gain du PPKTP et du PPLN sont calcul´ees directement `a partir du calcul num´erique de TN pour les param`etres exp´erimentaux des chapitres 6 et 9.

PPKTP

Dans le cas du PPKTP, la longueur d’onde de pompe est 532 nm, l’´eclairement de pompe de 100 MW/cm2 et l’on suppose que la p´eriode de retournement est telle que l’on

ait le quasi-accord de phase d’ordre 1 pour 532 nm (e) −→ 1064 nm (e) + 1064 nm (e) `a 30‰. Pour un cristal de 12,1 mm et un coefficient non lin´eaire de 15,3pm/V, on trouve un gain de 106 `a l’accord de phase. Comme on peut l’observer sur la figure 3.2, les courbes

1.02 1.04 1.06 1.08 1.10 1.12 0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0 G a in ( x 1 0 6 ) Longueur d'onde (µm) 28°C 29°C 30°C 31°C 32°C

Fig. 3.2 – Courbes de gain dans le PPKTP pour diff´erentes temp´eratures. La p´eriode de retournement du cristal est de 6,739 µm.

1.02 1.04 1.06 1.08 1.10 1.12 -1.0 -0.8 -0.6 -0.4 -0.2 0.0 -20 -10 0 10 Longueur d'onde (nm) P h a s e ( ra d ia n s ) P h a s e ( m ra d )

Fig. 3.3 – Phase non lin´eaire totale (trait plein) introduite par l’amplification param´e- trique `a 30 ‰ . En pointill´es est indiqu´ee la phase non lin´eaire `a la quelle on retranch´e la phase d’origine quadratique.

de gain et de phase sont de la mˆeme forme que celles trouv´ees pour les cristaux massifs. La largeur de la bande de gain `a 30‰ est ici de 60 nm, soit deux fois moins que le BBO environ, ce qui s’explique par le caract`ere plus dispersif de KTP (voir la discussion de la sous-section 4.3.1). La phase spectrale (figure 3.3) introduite par l’amplification (en plus de la phase acquise par la propagation « lin´eaire ») est essentiellement quadratique au voisinage du maximum de la bande de gain, comme le montre l’ordre de grandeur de la phase d’origine cubique (quelques mrad). Ce r´esultat s’interpr`ete simplement dans le cadre du r´esultat ´etabli dans la sous-section 1.5.2 : au voisinage du maximum de gain, la phase non lin´eaire est proportionnelle au d´esaccord de phase et celui-ci varie quadratiquement autour de la d´eg´en´erescence. PPLN 1.00 1.02 1.04 1.06 1.08 1.10 1.12 1.000 1.005 1.010 1.015 1.020 1.025 1.030 1.035 1.040 G a in Longueur d'onde (µm) 58,5°C 59°C 59,5°C 60°C 61°C

Fig. 3.4 – Courbes de gain dans le PPLN pour diff´erentes temp´eratures. La p´eriode de retournement du cristal est de 6,92 µm.

courbes de gain d’un cristal de niobate de Lithium retourn´e p´eriodiquement (PPLN) sont indiqu´ees en figure 3.4 pour un ´eclairement de pompe de 64 kW/cm2.

Conclusion de chapitre

Ce chapitre est consacr´e `a l’´etude des cristaux retourn´es p´eriodiquement et en parti- culier au quasi-accord de phase par retournement de polarisation. En r´esum´e :

• la premi`ere partie du chapitre ´etablit des propri´et´es tr`es g´en´erales de la bande de gain d’un amplificateur param´etrique `a quasi-accord de phase. En particulier, il est montr´e que, pour tout r´eseau p´eriodique ou ap´eriodique, que la bande de gain et la phase spectrale sont reli´ees par une transform´ee de Hilbert, ce qui signifie qu’il n’est pas possible de modeler, `a volont´e, la bande de gain d’un tel amplificateur sans d´eformer la phase spectrale :

arg(g(δ)) = 2δL − 1 π Z +∞ −∞ ln |g(δ′)| δ − δ′ dδ ′ (3.38)

• la seconde partie du chapitre est une d´emonstration originale du comportement ma- croscopique d’un cristal retourn´e p´eriodiquement ou ap´eriodiquement. On montre que, dans le cas rigoureusement p´eriodique, si le nombre de domaines est suffisam- ment ´elev´e, un cristal de p´eriode Λc et de coefficient non lin´eaire d, se comporte

comme un cristal massif `a l’accord de phase de coefficient non lin´eaire

deff,PP =

2 πdeff .

Deuxi`eme partie

Amplification param´etrique optique

Chapitre 4

Introduction `a l’OPCPA

L’homme raisonnable s’adapte au monde. L’homme d´eraisonnable essaye d’adapter le monde `a lui-mˆeme. Par cons´equent, tout progr`es d´epend de l’homme qui n’est pas raisonnable.

Georges Bernard Shaw

L

esIntenses (LULI), ont port´e sur l’´etude de l’amplification param´etrique optique `a d´erivetravaux exp´erimentaux men´es au sein du Laboratoire pour l’Utilisation des Lasers de fr´equence `a 1054 nm. Cette ´etude s’inscrit dans le cadre d’un projet de jouvence du laboratoire et, en particulier, dans le cadre de la construction et de l’am´elioration de deux chaˆınes laser de forte puissance : les chaˆınes Petawatt (400 J, 400 fs) et 100 TW respectivement (30 J, 300 fs).

Le fil conducteur de cette partie du travail de th`ese porte sur les performances et les limites de cette technique d’amplification. Plus pr´ecis´ement, j’ai cherch´e `a ´evaluer les performances d’un pr´eamplificateur millijoule en termes de qualit´es spatiales, spectrales et temporelles (contraste temporel). La longueur d’onde de travail est fix´ee, dans cette partie, `a 1 054 nm, qui est la longueur d’onde centrale d’´emission des verres dop´es au N´eodyme, le mat´eriau laser constitutif des chaˆınes laser de forte ´energie utilis´ees au LULI.

Le cadre de cette ´etude d´eborde n´eanmoins du LULI puisqu’une partie des r´esultats exp´erimentaux ont ´et´e obtenus en collaboration avec deux laboratoires ´etats-uniens : le Lawrence Livermore National Laboratory (Livermore, Californie) et le Laboratory for Laser Energetics (Rochester, New York).

Dur´ee (s) Puissance (W) Milli 10−3 Kilo 10+3 Micro 10−6 Mega 10+6 Nano 10−9 Giga 10+9 Pico 10−12 Tera 10+12 Femto 10−15 Peta 10+15 Atto 10−18 Exa 10+18 Zepto 10−21 Zetta 10+21 Yocto 10−24 Yotta 10+21

Tab. 4.1 – Pr´efixes des unit´es physiques pour les grands exposants

4.1

L’amplification `a d´erive de fr´equence

Pourquoi amplifier ?

Les impulsions lumineuses de tr`es courtes dur´ees (inf´erieures `a la picoseconde) trouvent des applications aussi vari´ees que le micro usinage m´ecanique, la chirurgie oculaire, l’´etude r´esolue en temps de mouvements mol´eculaires, atomiques ou ´electroniques, l’imagerie en milieux turbulents, la production de faisceaux de protons `a usage th´erapeutique ou encore, dans un avenir proche, l’allumage de r´eactions de fusion thermonucl´eaire contrˆol´ee. Toutes ces applications tirent profit de la possibilit´e de concentrer, sous forme optique, de l’´energie sur des dur´ees tr´es courtes, dans le but de d´ecouper la mati`ere, de la modifier ou encore de la traverser.

Ces multiples applications n´ecessitent des impulsions suffisamment ´energ´etiques, or, on ne sait pas aujourd’hui cr´eer ces impulsions avec des niveaux d’´energie suffisants pour toutes les applications. D’o`u la n´ecessit´e d’amplifier ces impulsions depuis leur niveau d’´energie d’origine (de l’ordre de quelques nJ `a quelques dizaines de nJ, en sortie d’os- cillateur femtoseconde) jusqu’`a quelques mJ, pour les applications les plus courantes, et jusqu’au kJ, pour la fusion inertielle.

La technique CPA

Les techniques actuelles d’amplification par des milieux laser reposent sur une tech- nique appel´ee amplification `a d´erive de fr´equence, technique d´esign´ee par l’acronyme anglo-saxon CPA1 et utilis´ee dans les chaˆınes de puissance depuis 1985 [101]. L’origi-

nalit´e de la technique CPA est de tirer parti de la largeur spectrale associ´ee aux impul- sions courtes pour modifier temporairement la dur´ee des impulsions afin de s’affranchir des effets ind´esirables2 qui apparaissent en pr´esence d’impulsions `a la fois br`eves et tr`es

intenses. L’amplification directe de telles impulsions se traduirait, en effet, par la d´et´e- rioration irr´eversible du milieu amplificateur. Plus pr´ecis´ement, avec la technique CPA l’amplification se d´eroule en trois temps :

1. Pour Chirped Pulse Amplification 2. Filamentation, claquage di´electrique. . .

• la dur´ee des impulsions br`eves est artificiellement allong´ee de 3 ou 4 ordres de grandeur ;

• l’´energie des impulsions est amplifi´ee par passage dans un ou plusieurs milieux laser ;

• les impulsions sont recomprim´ees jusqu’`a leur dur´ee initiale.

E,∆T E, 106 T 4.1011E, 106∆T ∆Τ Oscillateur femtoseconde Amplificateurs Compresseur

1 PW

400 J, 400 fs

Fig. 4.1 – Principe de l’amplification `a d´erive de fr´equence. Les ordres de grandeur indi- qu´es sont ceux de chaˆıne Pico2000 en cours de construction au laboratoire LULI.

La notion de d´erive de fr´equence

La possibilit´e de comprimer des impulsions optiques repose sur une id´ee simple : en faisant parcourir des chemins optiques diff´erents aux diff´erentes fr´equences qui composent une impulsion br`eve, il est possible de retarder ou d’avancer certaines fr´equences relative- ment aux autres. Lorsque le d´elai entre les fr´equences extrˆemes du spectre est suffisamment grand, on peut faire l’approximation que la fr´equence instantan´ee de l’impulsion varie avec le temps et ´ecrire le champ ´electrique de l’impulsion sous la forme :

E(x, y, z, t) = E(x, y, z)

e

iω(t)t

Lorsque la fr´equence varie lin´eairement avec le temps, c’est-`a-dire que ω(t) = ω0+ χt, on

parle de d´erive de fr´equence. Lorsque χ est positif, la d´erive de fr´equence est dite positive et lorsque χ est n´egatif, la d´erive de fr´equence est dite n´egative. Pratiquement, pour les fr´equences optiques et jusqu’`a 1,5 µm environ, les mat´eriaux optiques introduisent naturellement une d´erive de fr´equence positive3. Une d´erive de fr´equence n´egative est

n´eanmoins obtenue par des paires de prismes [34] ou – et c’est le cas le plus fr´equent – par une paire de r´eseaux [103].

Lorsque l’on souhaite ´etirer puis comprimer une impulsion br`eve avec de tr`es fortes d´erives de fr´equence, il est n´ecessaire de disposer d’un syst`eme ´etireur et d’un syst`eme compresseur introduisant des d´erives de fr´equence de signes oppos´es. Une technique pro- pos´ee par Martinez [80, 81] en 1987 consiste `a utiliser deux paires de r´eseaux, l’une des

3. Loi de Cauchy : n(ω) = A + Bω2

paires ´etant utilis´ee comme compresseur, l’autre paire ´etant utilis´ee comme ´etireur. L’in- sertion d’un syst`eme afocal de grandissement -1 entre les r´eseaux de l’´etireur permet alors de renverser le signe de la d´erive de fr´equence et de l’utiliser comme tel.