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Premi` ere partie

1.1 Les perturbations ´ electromagn´ etiques

1.1.2 Le courant de mode commun

Emissions rayonn´ees

Terre

Courants HF

Figure 1.4 – Les PEM dans un variateur de vitesse classique.

→ les probl`emes de d´egradation des roulements des machines sont directement li´es aux courants de mode commun ;

→ les ´emissions rayonn´ees en champ lointain, consid´er´ees pour les normes, sont typiquement admises comme ´etant une cons´equence des courants de mode commun. On peut donc supposer qu’agir sur les courants de mode commun peut avoir un effet b´en´efique sur les ´emissions rayonn´ees.

Quant aux surtensions apparaissant aux bornes du moteur, elles seront ´etudi´ees car il s’agit d’un aspect important des PEM, puisque destructif, sur lequel les m´ethodes d´evelopp´ees par la suite en vue de r´eduire le courant de mode commun auront une influence significative.

Enfin, nous nous sommes concentr´es sur la partie “onduleur” du variateur, principale source d’´emission et responsable des PEM ´etudi´ees. Nous consid´ererons par la suite une source de tension parfaite alimentant le bus continu par l’interm´ediaire du RSIL pour les mesures de courant HF.

1.1.2 Le courant de mode commun

On d´etaille ici l’´etude des courants de mode commun g´en´er´es par un variateur de vitesse. On s’int´eresse en particulier aux sources d’´emissions, aux chemins de propagation ainsi qu’aux cons´equences n´efastes de ce courant et aux contraintes industrielles auxquelles le variateur doit satisfaire.

1.1.2.a Source d’excitation

Le courant de mode commun est dˆu aux variations de la tension de mode commun g´en´er´ee par l’onduleur [Ski99;Son02]. L’onduleur triphas´e, sch´ematis´e en figure1.4, g´en`ere des tensions d´ecoup´ees entre les phases de sortie (A, B et C) et le point milieu du bus continu (O, fictif dans cet exemple). Selon ces notations, la tension de mode commun (vmc) est d´efinie par :

vmc = vAO+vBO+vCO

3 . (1.2)

Elle peut ˆetre per¸cue comme la tension entre le point neutre du moteur (point N, r´eel ou fictif, tel que vAN+vBN+vCN= 0) et le point O du bus continu. Cependant, en pratique, la mesure

directe sur le point neutre du moteur coupl´e en ´etoile ne constitue pas une repr´esentation ad´equate de la tension de mode commun. En effet, en valeur instantan´ee, la tension vNO suit une ´evolution plus lente que vMC [Bha99] du fait des ´el´ements parasites du moteur (dont il sera question dans la section suivante). On utilisera donc syst´ematiquement la d´efinition devmc donn´ee par l’´equation (1.2).

`

A chaque commutation isol´ee engendrant un ´echelon de tension ∆V sur un bras de l’ondu-leur, la tension de mode commun subit un front d’amplitude ∆Vmc ´egale `a ∆V

3 . Il s’ensuit une forme d’onde d´ecoup´ee de la tension de mode commun dont la repr´esentation spectrale com-porte des harmoniques de grande amplitude. Ainsi en supposant quevmcest un signal p´eriodique de forme carr´ee, l’enveloppe asymptotique de son spectre forme, en ´echelle logarithmique, une pente d´ecroissante `a –20 d´ecibels par d´ecade. Ces harmoniques constituent alors une source de perturbations HF.

N´eanmoins, les commutations r´eelles ne sont pas instantan´ees et on peut consid´erer en premi`ere approche que les transitions s’effectuent lin´eairement pendant une dur´ee τm (temps de mont´ee, choisi ´egal au temps de descente), modifiant le signal carr´e en signal trap´ezo¨ıdal conform´ement `a la figure 1.5. Dans ce cas, l’enveloppe du spectre subit une rupture de pente `a la fr´equence πτ1m et d´ecroˆıt `a 40 d´ecibels par d´ecade au del`a. Ceci indique qu’un temps de mont´ee plus long r´eduit le contenu harmonique devmc.

De fait, l’am´elioration a ´et´e obtenue en rendant le signal continu. Pour autant, le signal trap´ezo¨ıdal comporte des ruptures de pentes et sa d´eriv´ee 1re

n’est donc pas continue. Or, il peut ˆetre montr´e que l’att´enuation du spectre est d’autant plus rapide que le signal est continˆument d´erivable `a un ordre ´elev´e [Reb98]. Cela montre que la source de perturbations est sensible `a la fois `a la dur´ee des transitions et `a leur forme d’onde : pour limiter les niveaux ´emis en HF, de faibles gradients de tension (dv/dt) et une bonne d´erivabilit´e (pas de “cassures”) sont d´esirables.

Remarquons que cet exemple th´eorique est ´eloign´e de la forme d’onde r´eelle de la tension de mode commun g´en´er´ee par un onduleur, car celle-ci varie d’une p´eriode de d´ecoupage `a l’autre et est classiquement compos´ee de deux ou trois impulsions au cours de cette p´eriode. On peut par exemple ´evaluer l’enveloppe du spectre obtenue par un signal en “doubles trap`ezes” [Mon04], mais les conclusions restent similaires.

On voit alors apparaˆıtre un paradoxe dans le choix et le dimensionnement des structures de conversion. En effet, la volont´e de produire des convertisseurs `a rendement ´elev´e conduit typiquement `a privil´egier les commutations dures les plus rapides possibles afin de r´eduire les pertes par commutations. Cela augmente les niveaux d’harmoniques HF g´en´er´es par la source et est donc antinomique avec la r´eduction des PEM. Il est alors n´ecessaire de trouver un bon compromis entre rendement et ´emissions HF.

1.1.2.b Chemins emprunt´es

Comme on l’a vu en section 1.1.1.a, le courant de mode commun circule par le fil de terre, qui a une fonction de s´ecurit´e et est normalement isol´e du circuit de puissance comprenant les sources de perturbation. Le couplage entre la terre et le reste du circuit existe pourtant en HF du fait de capacit´es parasites naturellement pr´esentes entre conducteurs voisins (le di´electrique pouvant ˆetre l’air ou les isolants des fils). Ainsi dans les machines ´electriques, la proximit´e entre les enroulements et le stator (mis `a la terre) se traduit par un couplage capacitif entre les phases d’alimentation et la terre [Che96]. L’arbre du rotor fait ´egalement partie du chemin susceptible d’ˆetre emprunt´e par le courant de mode commun, du fait du faible entrefer des machines [Erd96].

∆Vmc Tdec t vmc τ h τm τm

(a) Allure temporelle.

1 πτm – 20 dB par d´ecade – 40 dB par d´ecade 20 log¡2∆Vmc π ¢ 1 Tdec

Fr´equence (´echelle log)

A m p li tu d e (d B )

(b)Repr´esentation fr´equentielle (exemple calcul´e pour τh = 0.1×Tdec et τm= 0.01×Tdec).

Figure 1.5 – Repr´esentation spectrale d’un signal trap´ezo¨ıdal.

De la mˆeme mani`ere, des capacit´es parasites existent entre les phases et la terre au sein des cˆables [Ran98], notamment lorsque ceux-ci sont longs ou blind´es [Wee06]. Enfin, le convertisseur lui-mˆeme est le si`ege de couplages capacitifs entre la semelle des interrupteurs de puissance et le radiateur connect´e `a la terre [Sin93].

La figure 1.6 repr´esente ces ´el´ements parasites pour l’ensemble onduleur-cˆable-machine, boucl´e `a l’entr´ee par le RSIL sur le bus continu. En mode commun, on peut simplifier ce circuit selon le sch´ema de la figure 1.7 [Aka05]. En effet, la capacit´e du bus continu ´etant de forte valeur, on peut regrouper les points V+ et V en HF. Par cons´equent, les phases de sortie de l’onduleur A, B et C sont ´egalement regroup´ees au mˆeme point. Les commutations de l’onduleur sont regroup´ees en un g´en´erateur de mode commun, source des perturbations. Enfin, la mise en parall`ele des deux branches du RSIL (figure 1.2) se traduit par une r´esistance ´equivalente de 25 Ω (les capacit´es du RSIL, de forte valeur comparativement aux capacit´es parasites, sont ´egalement consid´er´ees comme de simples conducteurs en HF).

En r´ealit´e, les mod`eles HF en mode commun du cˆable et de la machine sont bien plus complexes qu’une simple capacit´e [Wee06;Mir07]. N´eanmoins, la repr´esentation de la figure1.7 permet de mettre en ´evidence le caract`ere capacitif des imp´edances de mode commun, et d’iden-tifier les diff´erents chemins emprunt´es. En effet, les capacit´esCi1 etCi2, repr´esentant le couplage

Machine ´electrique Onduleur

Bus continu

| {z } Source des perturbations

A B C O N E 2 E 2 Cˆable long 50 Ω 50 Ω RSIL V+ V–

Machine z }| { Onduleur z }| { Bus z }| { | {z } Source des perturbations Cˆable z }| { 25 Ω RSIL z }| { vmc imc Ci1 Ci2 Cc Cm

Figure 1.7 – Sch´ema HF de mode commun simplifi´e de l’ensemble RSIL-onduleur-cˆable-machine.

entre la semelle des interrupteurs et la terre, sont de tr`es faible valeur (typiquement de l’ordre de la centaine de picofarad) et peuvent ˆetre n´eglig´ees par rapport aux capacit´es phase-terre du cˆable (Cc) et de la machine (Cm). Le chemin dominant du courant de mode commun est donc constitu´e du g´en´erateur de perturbations, des capacit´esCcetCmet de la r´esistance de 25 Ω. Par ailleurs, en fonction de la longueur du cˆable, la capacit´eCc varie et peut devenir pr´epond´erante par rapport `aCm si le cˆable est suffisamment long (typiquement quelques dizaines de m`etres). Remarquons enfin que le caract`ere capacitif de ce chemin justifie les conditions d’apparition du courant de mode commun :

→ il vient en r´eponse `a une variation de la tension de mode commun (∆Vmc), ce qui se produit lors des commutations de l’onduleur ;

→ il est d’autant plus important que le gradient de tension lors de la commutation (dv/dt) est grand. Cela se traduit aussi par un temps de mont´ee court, g´en´erant plus d’harmo-niques dans la source d’excitation ( 1

πτ d´ecal´e vers la droite sur la figure 1.5b).

Compte tenu de la pr´esence d’inductances parasites le long du chemin (non repr´esent´ees sur la figure1.7), il est d’autre part possible que le courant de mode commun entre en oscillation suite `a un ´echelon de tension de mode commun. Ainsi, la figure1.8 montre un exemple exp´erimental de courant de mode commun oscillant suite `a une commutation (∆V `a fort gradient de tension sur vAO, entraˆınant une variation rapide de la tension de mode commun).

Temps [µs] vA O [V ] 0 0,5 1 1,5 –50 0 50 100 150 200 im c [A ] –0,4 0 0,4 0,8 1,2 1,6

1.1.2.c Cons´equences n´efastes et mesures de protection

En l’absence de RSIL, le courant de mode commun se reboucle par les imp´edances HF du r´eseau et est donc susceptible d’occasionner desinterf´erences ´electromagn´etiques (IEM) pertur-bant le fonctionnement d’autres appareils ´electroniques connect´es `a proximit´e. Il est ´egalement possible que le variateur lui-mˆeme en soit victime et que le courant de mode commun mette en d´efaut ses s´ecurit´es diff´erentielles. Afin de r´eduire les risques d’IEM, les normes sp´ecifient des niveaux maximaux d’´emissions mesur´es `a l’aide d’un RSIL (figure 1.2) sur une large bande de fr´equence. Ainsi la norme EN 55011 (classe A pour l’environnement industriel, classe B pour le domestique) indique que le spectre mesur´e doit ˆetre inf´erieur en tout point aux limites tra-c´ees sur le figure 1.9. Les d´etecteurs principalement utilis´es pour les normes sont les d´etecteurs quasi-crˆete et moyen.

De plus, une partie du courant de mode commun circule dans les roulements de la machine ´electrique [Mue07a], `a cause de ph´enom`enes de d´echarges ´electrostatiques dˆus `a la tension d’arbre (li´ee `a la tension de mode commun) [Mue07b]. Ces d´echarges sont responsables d’une d´egradation pr´ematur´ee des roulements. Il est donc int´eressant de chercher `a r´eduire le courant de mode commun en vue d’allonger la dur´ee de vie des machines aliment´ees par un variateur de vitesse.