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Chapitre 1

Aux origines du couvent : religieuses fondatrices et leurs fondations. L’exemple de Venise

Aux origines de la majorité des communautés religieuses féminines fondées durant la période qui s’étend entre la fin du Concile de Trente et le XVIIe siècle tardif se trouve une voix.

La volonté de Dieu, révélée à une personne choisie, élue parmi ses semblables afin d’actualiser dans le monde matériel le dessein divin. Souvent, il s’agit d’une femme, moniale cloîtrée, religieuse tertiaire ou simple femme dévote, qui reçoit le message de Dieu et s’emploie par la suite à réaliser ce qui leur a été demandé : fonder une nouvelle communauté religieuse où il sera possible d’appliquer une « réforme » de la Règle, des mœurs, des habitudes de la vie commune, etc. Les fondations religieuses féminines de la Réforme Catholique sont toutes motivées par les thèmes mêmes de l’action réformatrice romaine : une situation initiale qui a perdu son énergie d’origine, où l’observance des règles s’est relâchée et qui est donc plus propice au péché, est abandonnée pour aller construire quelque chose de « nouveau » dans un « ailleurs » qui se veut prometteur. Les zones privilégiées sont d’ailleurs celles où la présence de l’Église est moins forte et où le besoin de « réforme » transforme la fondation en une « mission ».

Le processus de fondation de nouveaux monastères féminins – auquel les religieuses participent pleinement et en sont les principales promotrices et gestionnaires – implique par sa matérialité le corps de toutes les religieuses qui prennent part à l’aventure. La fondation implique un corps actif, bien plus présent dans la vie terrestre que dans la contemplation. Il s’agit d’un corps qui construit, qui écrit, qui voyage et surtout qui entre en relation et en négociation avec une multitude d’hommes : hommes de pouvoir, autorités séculières et ecclésiastiques, pieux mécènes, confesseurs, etc. Les fondatrices transgressent les dispositions tridentines, alors qu’elles sortent de leur clôture « perpétuelle » initiale pour aller en fonder une nouvelle, qui se veut encore plus impénétrable ailleurs. Elles bernent les conventions sociales alors qu’elles entrent en contact avec de nobles mécènes, à la recherche de financement pour leur œuvre. Elles gèrent le plus souvent elles-mêmes les dons qui permettent la construction des édifices de la fondation, tenant une lourde comptabilité. Au final donc, elles désobéissent à bon nombre des règles – qui

réglementent le corps dans le quotidien monastique – que doivent observer les personnes de leur sexe et de leur état. Des règles qu’elles transgressent pour aller mieux les rétablir ailleurs.

Dans ce chapitre, je propose d’interroger la figure spécifique de la fondatrice de communautés religieuses féminines. Je prendrai en examen les fondations de monastères à Venise ou en partance de Venise durant la période qui m’intéresse, c’est-à-dire entre la fin du Concile de Trente et le XVIIe siècle tardif. Comment le moment de fondation et d’installation

d’un nouveau couvent crée-t-il un espace intermédiaire, qui ouvre à une possible affirmation de l’autonomie féminine ? Qui sont ces figures de fondatrices qui émergent et s’imposent, gardées en mémoire ou poussées vers l’oubli ? Qu’est-ce que le processus de fondation d’une communauté – ou plutôt les fondations, puisqu’il est impossible de réduire leur variété à une généralisation globale – nous dit des représentations du corps des moniales, que ce soit autant par les fondatrices elles-mêmes que par les gens qu’elles rencontrent au fil de l’élaboration de leur projet?

L’historiographie sur les religieuses de la période moderne s’est attardée sur Venise plus que sur n’importe quelle autre ville italienne. C’est d’ailleurs sur les couvents vénitiens que porte la grande majorité des ouvrages disponibles en anglais sur les religieuses des XVe, XVIe et XVIIe

siècles. L’un des plus connus et ayant fait l’objet de nombreuses traductions est le travail de Mary Laven88 qui questionne les espaces d’action et de résistance de ces femmes enfermées, révélant

un corps sous plusieurs angles, dans les tâches quotidiennes comme dans les obligations inhérentes à la vie religieuse. Basé sur les archives du Provveditori sopra i monasteri duquel elle tire les cas juteux, cet ouvrage reste peu indicatif du monotone quotidien des couvents vénitiens; on en apprend beaucoup plus sur les quelques scandales, qu’elle décrit avec une grande assiduité. À l’opposé de cette histoire du particulier et du non-généralisable, Jutta Gisela Sperling89 pose

des questions de fond en remettant en question les analyses de l’enfermement forcé et en montrant que l’usage du couvent comme option alternative au mariage n’est pas simplement causé par l’inflation des dots, mais aussi par des stratégies familiales endogames. Venise a également été le terrain d’étude d’Anne Jacobson Schutte,90 dont les ouvrages ont été discutés en

88 Mary Laven, Virgin of Venice, Pinguin, Londres, 2002.

89 Jutta Gisela Sperling, Convents and the Body Politic in Renaissance Venice, University of Chicago Press, Chicago,

2000.

90 Entre-autre : Anne Jacobson Schutte « Between Venice and Rome the dilemma of Involuntary Nuns, » dans

introduction et qui a consacré sa carrière à l’étude des femmes et de leurs pratiques religieuses dans la lagune. Les chercheurs anglo-saxons se sont beaucoup intéressés aux pratiques culturelles des couvents, par exemple le théâtre avec les travaux d’Elissa Weaver,91 ou la musique et le chant

avec l’ouvrage de Wendy Heller.92 Les travaux sur les pratiques d’écriture des religieuses, mais

aussi des femmes séculières – poésies, correspondances, traités, ouvrages préparés et publiés de toutes sortes – ont été nombreux dans les décennies 90’ et 00’, intéressant nombre de chercheur- e-s attiré-e-s d’un côté par la disponibilité des sources (littérature imprimée facile à rapporter à la maison en format numérique), préoccupé-e-s par la recherche des origines du féminisme et souhaitant rendre une voix aux femmes du passé.93 Dans le même ordre d’idée, les chercheurs

anglo-saxons ont vu en Venise l’échantillon parfait pour analyser les relations hommes-femmes ainsi que le rôle joué par ces dernières dans la société italienne d’Ancien Régime.94 Évidemment,

comme il a été mentionné précédemment, la star des religieuses vénitiennes, largement étiquetée comme « proto-féministe » par les chercheurs anglo-saxons est Suor Arcangela Tarabotti.95

religiosi: I rapporti tra fratelli e sorelle, » dans Rivista storica italiana, no 118, 2006, pp. 51-79; ou le déjà cité Aspiring Saints: Pretense of Holiness, Inquisition, and Gender in the Republic of Venice, 1618-1750, Johns Hopkins University Press, Baltimore, 2001.

91 Elissa Weaver, Scenes from Italian convent life, Ravenne, Longo, 2009; Convent theatre in early modern Italy :

spiritual fun and learning for women, Cambridge, Cambridge University Press, 2002.

92 Wendy Heller, Emblems of eloquence : opera and women's voices in seventeenth-century Venice, Berkeley,

University of California Press, 2003.

93 Du côté anglo-saxon, voir entre-autre : Margaret L. King, Humanism, Venice, and women: essays on the Italian

Renaissance, Aldershot, Hampshire, Grande-Bretagne, Ashgate, 2005 ; Patricia Labalme, Saints, Women and Humanists in Renaissance Venice, Farnham & Burlington, 2010; Letizia Panizza et Sharon Wood, A History of Women's Writing in Italy, Cambridge, Cambridge University Press, 2000; Meredith Ray, Writing gender in women's letter collections of the Italian Renaissance, Toronto, University of Toronto Press, 2009, Margaret F. Rosenthal, The Honest Courtesan: Veronica Franco, Citizen and Writer in Sixteenth-Century Venice. Chicago, University of Chicago Press, 1992.

94 Monica Chojnacka, Working Women in Early Modern Venice. The Johns Hopkins University studies in historical

and political science, ser. 118, 3, Baltimore, John Hopkins University Press, 2001; Stanley Chojnacki, Women and Men in Renaissance Venice, Baltimore, John Hopkins University Press, 2000; Satya Datta, Women and men in early modern Venice : reassessing history, Aldershot, Hampshire, Grande-Bretagne, Ashgate, 2003; Joanne Marie Ferraro. Nefarious Crimes, Contested Justice: Illicit Sex and Infanticide in the Republic of Venice, 1557-1789, Baltimore, John Hopkins University Press, 2008 ; Marriage Wars in late Renaissance Venice, Oxford & New York, Oxford University Press, 2001 ; Daniela Alexandra Hacke, Women, Sex and Marriage in Early Modern Venice, St Andrews studies in Reformation history, Aldershot, Ashgate, 2004; Guido Ruggiero, The Boundaries of Eros: Sex Crime and Sexuality in Renaissance Venice. New York, Oxford University Press, 1985 ; Lynn Lara Westwater, The disquieting voice : women’s writing and antifeminism in seventeenth-century Venice, Thesis (Ph.D.), University of Chicago, Department of Romance Languages and Literatures, Décembre 2003.

95 Dans le monde anglo-saxon, Suor Arcangela Tarabotti est accessible aux étudiants à travers des études

spécifiques dont celle dirigée par Elissa Weaver (dir.), Arcangela Tarabotti, a litteray nun in baroque Venice, Ravenne, Longo, 2006, mais aussi grâce à des traductions et des rééditions critiques en anglais de ses ouvrages Letizia Panizza, réédition et traduction de Che le donne siano della spezie degli uomini [1651] (Women are no less rational than men, Londres, Institute of Romance Studies, 1994) ; Panizza, réédition et traduction de La semplicità ingannata [1654] (Paternal Tyranny, Chicago, University of Chicago Press, 2004).

Cette historiographie des monastères féminins de Venise s’appuie largement sur les écrits des religieuses et les archives du Provveditori sopra i monasteri qui sont conservées à l’Archive d’État de Venise. Le Provveditori sopra i monasteri était un organe de la République de Venise qui avait comme objectif de garantir l’ordre dans les monastères et avait un pouvoir d’intervention lors de cas de comportements problématiques de la part des religieuses. Même s’il s’agit d’une source intéressante et surtout de grande valeur dans les études sur la vie monacale de la période moderne, elle ne peut être comprise qu’en relation avec d’autres sources. De par la nature de l’institution productrice, les cas archivés sont ceux conflictuels, dérangeants ou carrément scandaleux, pour lesquels la norme devait être rappelée avec force et les religieuses reconduites sur le droit chemin. Une lecture de ces archives porte à voir les institutions monastiques féminines comme un lieu d’oppression, de tristesse et de révolte, portrait qui ne raconte que très partiellement la réalité des femmes cloîtrées. J’ai donc choisi de m’intéresser à des sources plus variées afin de les mettre en dialogue. D’abord des sources narratives, les Autobiographies et les Vies contemporaines des religieuses, qui décrivent une vie monastique édulcorée sur laquelle flotte une constante odeur de sainteté. Ensuite, des sources normatives: les Constitutions et les archives des couvents, ainsi que les procès des Inquisitions vénitiennes et romaines. La mise en dialogue des écrits hagiographiques et autobiographiques aux buts éditoriaux bien définis avec les sources normatives et répressives permettra de lire la réalité des fondations de couvents tout en entendant la voix et l’impulsion qui sont à la base de ces nouvelles constructions.

À partir de ces sources à la fois narratives et normatives, j’ai d’abord pris en examen l’ensemble des fondations de monastères féminins dans la ville de Venise et ses îles – Murano, Burano, Torcello – pour la période suivant la fin du Concile de Trente (1563) jusqu’à la fin du XVIIe siècle (1700). Les nouvelles fondations dans la lagune vénitienne sont relativement peu

nombreuses au XVIIe siècle : je n’ai retrouvé les archives de seulement quatre fondations de

religieuses cloîtrées96 et deux communautés tertiaires.97 J’ai choisi de retracer le parcours de

96 Les fondations de couvents de femmes à vœux solennels sont : la Compagnia delle orsoline in San Nicolò dei

mendicoli dans la seconde moitié du XVIe siècle, puis Santa Teresa en 1647, fondé par Maria Ferrazzo (la petite

sœur de Cecilia Ferrazzi, dont je parlerai au chapitre 6) selon la règle des carmélites, et finalement Santa Maria del Pianto en 1658, fondé par les Servite di Maria de Burano selon la règle capucine. Ce dernier couvent a été fondé par des religieuses provenant du même couvent de Burano que Maria Arcangela Biondini, dont il sera discuté dans la partie 3 de ce chapitre. D’ailleurs, Maria Arcangela Biondini mentionne cette fondation : Maria Arcangela Biondini,

fondation de trois communautés religieuses spécifiques, qui s’illustrent autant par leur typologie différente que par les parcours hors du commun de celles qui les ont fondées. Ces trois cas partagent un point commun : il s’agit de fondation qui, à un moment ou un autre de leur processus de mise en place, ont transité par Venise, mais ne s’y sont pas arrêté, démontrant la connexion entre la lagune, le reste de la péninsule italienne et au-delà. La première fondation que j’aborderai est celle des Dimesse, fondée initialement en 1579 par Antonio Pagani pour ensuite essaimer dans le nord de l’Italie. Je m’intéresserai plus particulièrement à la fondation de Padoue, mise en place par Suor Maria Alberghetti (1578-1664) en 1615. La seconde fondation est plutôt une série de fondations toutes pensées et actualisées par la flamboyante capucine tertiaire Suor Lucia Ferrari (1603-1682), entre 1643 et 1682. Finalement la troisième fondation est celle des

Serve di Maria à Arco, dans le diocèse de Trente, en 1689. Mise en œuvre par la capucine de

Burano Suor Maria Arcangela Biondini (1641-1712), cette fondation est bien documentée grâce à la volumineuse autobiographie qu’a laissée la fondatrice.

Les Dimesse et Maria Alberghetti (1578-1664)

La première fondation est celle des Dimesse, ordre tertiaire qui rapidement essaime en Lombardie et en Vénétie entre la fin du XVIe siècle et les premières décennies du XVIIe. Trois

fondations m’intéressent : celle de Vicence en 1579, celle de Murano en 1595, et celle de Padoue en 1615. Les Dimesse della Madonna sont fondées par Antonio Pagani (1526-1589),98

Autobiografia, vol. 1, édition critique de Rosa Casapullo, Margherita Cerniglia, Andriana Valerio, Napoli, Fridericiana Editrice Universitaria, 2009, p. 53.

97 Les fondations de maisons regroupant des femmes pieuses souhaitant s’unir dans une vie de religieuse tertiaire

sont plus difficiles à identifier, puisque nombreuses ont été les initiatives éphémères ou complètement informelles. Dans les Archives d’État de Venise, j’ai tout de même identifié deux fondations : celle en 1616 des tertiaires dominicaines de San Martino, et en 1623, les femmes pieuses de Gesù e Maria. À ces fondations il est possible d’ajouter très certainement celles de Lucia Ferrari, dont il sera discuté dans la partie 2 de ce chapitre. Selon son hagiographe Giovanni Pietro Mondini, il semble qu’elle ait fondé en 1668 le Collegio dell’Immaculata Concezione, un établissement d’enseignement pour les jeunes filles, dirigée par des capucines à vœux solennels mais qui n’obtiendront jamais la bulle papale d’instauration de la clôture. Cependant, il serait vraisemblable, comme je l’expliquerai plus loin, qu’elle n’ait pas « fondé » cette institution mais l’ait plutôt « repris » des mains de Cecilia Ferrazzi, lorsque cette dernière a été condamnée par l’Inquisition. Giovanni Pietro Mondini, Vita della Venerabile Serva di Dio Suor Lucia Ferrari da Reggio, Fondatrice de' Monasterj delle Reverende Madri Cappucine di Guastalla, Treviso, Mantova, Venezia, Como, e Parma, Rome, Per Domenico Antonio Ercole in Parione, 1709, pp. 154, 156, 162 et 163.

98 Antonio Pagani est né à Venise, dans le Cannaregio, en 1526. Après une licence de droit, il entre aux Barnabites de

Milan, où il est ordonné sacerdoce en 1550. En 1558, il entre chez les Frères Mineurs, pour lesquels il fait le noviciat à Udine. Il rentre ensuite à Venise pour y enseigner le droit canonique. Après sa participation au Concile de Trente, il se concentre sur l’écriture et sur les fondations. Lorsqu’il a fondé les deux Compagnies, la masculine et la féminine, Antonio Pagani vivait dans le monastère de San Biagio de Vicence, de l’Ordre des Frères Mineurs, de règle franciscaine.

parallèlement à une branche masculine, la Compagnia della Santa Croce.99 Les communautés

regroupent des hommes et des femmes libres qui souhaitent s’unir dans la vie commune, la contemplation et la charité. Le fondateur, Antonio Pagani, est l’un des principaux promoteurs de la proposition de sainteté de Paola Antonia Negri (1508-1555), mère spirituelle des Barnabites et fondatrice de nombreuses maisons d’Angéliques.100 Antonio Pagani a opté pour une spiritualité

fortement inspirée de Paola Antonia Negri, ce qui l’a porté à être investigué par l’Inquisition après que cette dernière ait été condamnée. Il est emprisonné en 1556 puis excommunié, et ses

Rimes spirituali101 sont mis à l’Index.102 Antonio Pagani a participé aux dernières sessions du

Concile de Trente, où il a tenu un discours sur la réforme de l’Église. Il était présent lors de la XVe session du Concile, en 1563, au moment où sont adoptées les dispositions concernant le

clergé régulier et les femmes consacrées. Comme il en a été fait mention en introduction, les

99 L’expérience spirituelle des Dimesse débute en 1578. Antonio Pagani avait alors rassemblé quelques laïcs – des

hommes – dévots, désireux de vivre une vie commune et retirée du monde. Ce premier groupe s’est retiré sur une colline près de Vicence, et descendaient pour entendre la messe à l’Église franciscaine de San Biagio. Après deux ans de descente et d’ascension, ils ont décidé de se loger en ville, puis en 1582, ils retournent dans la montagne, sur un terrain qu’ils ont acheté, près de l’Église de Santa Margherita. La vie commune de ces frères laïcs est organisée par une Règle (Antonio Pagani, Gli ordini della diuota Compagnia della santissima Croce, Venise, Appresso

Domenico Nicolini, 1587) qui est approuvée par l’Évêque locale Michele Priuli le 27 octobre 1586, puis immédiatement après par le Visiteur Apostolique de Vicence, le cardinal Agostino Valier. La compagnie est organisée de façon hiérarchique avec des charges élues chaque année : il y a un supérieur et deux conseillers, deux maitres des exercices spirituels et un maitre des novices. La Compagnia della santissima Croce est la première expérience d’Antonio Pagani à la direction de laïcs. Si elle ne s’adresse qu’à des hommes, rapidement Pagani adapte

ses constitutions pour une compagnie féminine. C’est ainsi qu’il crée les Dimesse della Madonna, qui essaime très

rapidement dans tout le nord de l’Italie. En plus de la maison-mère de Vicence, des communautés ont été créées à Thiene, Schio, Feltre, Vérone, Bergame, Murano, Padoue et Udine. Chacune de ces maisons était indépendante économiquement et spirituellement des autres, liées entres-elles seulement par l’obéissance aux Constitutions rédigées par Pagani. Aujourd’hui, deux des communautés anciennes de Dimesse sont encore en activité : celle de Padoue et celle d’Udine. Les autres maisons ont été supprimées par décret napoléonien en 1810. Sur les Dimesse della Madonna et la Compagnia della Santa Croce, voir Andrea Maurutto, introduction de son édition critique de Paolo Botti, Vita della venerabile Maria Alberghetti, Fondatrice delle Dimesse di Padova, Padoue, Il Poligrafo, 2015, p. 67; voir aussi les articles Dimesse della Madonna, Figlie di Maria Immacolata (vol. 3, p. 503) et Compagnia della Santissima Croce (vol. 2, p. 1358) dans le Dizionario degli istituti di perfezione, de Guerrino Pelliccia et Giancarlo Rocca (dir.), Rome, Edizioni Paoline, 1975-76.

100 Paola Antonia Negri (1508-1555) est co-fondatrice, avec le dominicain Fra Battista da Crema, de la congrégation

des Soeurs Angéliques. Elle s’est illustrée en tant que charismatique mère spirituelle, enseignant aux barnabites et au clergé de San Paolo. Elle a fondée de nombreuses maisons en Lombardie et en Vénétie. Les Sœurs Angéliques, qui administraient des hôpitaux, sont expulsées du territoire de la République de Venise en 1551. L’Inquisition romaine s’intéresse à elle en 1552 dans le cadre de la persécution des fidèles de Battista da Crema. Paola Antonia Negri est finalement condamné à la clôture dans le monastère de Santa Chiara. Daniele Santarelli, « Negri, Paola Antonia, » dans le Dizionario di eretici, dissidenti e inquisitori nel mondo mediterraneo, http://www.ereticopedia.org/paola- antonia-negri, [vu le 28 juillet 2016].

101 Antonio Pagani, Le rime spirituali di f. Antonio Pagani vinitiano, minore oss. Nelle quali si contengono quattro

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