• Aucun résultat trouvé

Si la verbalisation de la définition du problème ne prend pas la même forme chez les adolescents et les parents, il convient toutefois de noter que certains éléments vont dans le même sens. Tout d’abord, la

44

présence d’un réseau négatif semble être un des aspects décisifs dans chacun des points de vue. Par la suite, même si certaines nuances doivent être apportées quant aux propos des adolescents à l’égard des institutions scolaires, ou des intervenants qui gravitent autour d’eux, un point rejoint celui des parents, l’aide survient souvent lorsqu’il est trop tard. De fait, certains parents mentionnent s’être rendu régulièrement à l’école pour discuter des problèmes de leur adolescent, d’autres mentionnent avoir appelé eux-mêmes la Direction de la protection de la jeunesse pour obtenir du soutien, mais un constat est récurrent et va dans le même sens que le discours des adolescents, lorsque ces démarches sont entamées, la toxicomanie-délinquance est déjà à un stade trop avancé pour que l’on puisse mettre un terme, rapidement, à ces comportements qui, comme le souligne Cousineau, Brochu et Schneeberger (2000) deviennent partie intégrante d’une trajectoire de vie déviante.

Définition des solutions

Point de vue des adolescents

Considérant que plusieurs études s’entendent sur le fait que les adolescents toxicomanes- délinquants ont plus de difficulté à compléter les programmes d’aide mis à leur disposition (Beaudet, Brochu, Bergeron, Landry, 1995; Brochu, Schneeberger, 1999; CPLT, 2000 ; Armstrong, Costello, 2002; Shane, Jasiukaitis, Green, 2003; Grella, Joshi, Hser, 2004; Rowe, Liddle, Greenbaum, Henderson, 2004; Jainchill, Hawke, Messina, 2005), il nous semblait important de parler de la thérapie avec les adolescents. Tout d’abord, pour mémoire, l’étude de Leblanc (1999) stipule que les adolescents délinquants sont davantage impulsifs et qu’ils ont davantage tendance à déformer la réalité en fonction de ce qui fait sens pour eux, deux éléments importants à prendre en compte avant d’analyser les résultats de cette recherche. De fait, certains des participants étaient en colère contre le personnel au moment même de la recherche ce qui a pu teinter leurs discours. Par contre, bien que cette précision soit importante, il n’en demeure pas moins que les résultats font état de la réalité qu’ils vivaient et que le but de cette recherche était précisément d’avoir accès à leur point de vue ici-et-maintenant. Tel qu’établi dans les résultats, les facteurs positifs de la thérapie sont, somme toutes, similaires dans les deux centres. Là où l’on constate de plus grandes divergences, concerne les points négatifs. Outre le fait que les adolescents n’apprécient pas d’être en communauté (avoir l’obligation d’être accompagné par un minimum d’une autre personne) 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, les points négatifs sont complètement divergents d’un centre à l’autre. Entre autres, on constate dans le Centre 1 que les adolescents font état d’un manque de stabilité, d’un horaire qui est strict et contraignant, de règles imposées sans explication et d’un écart trop grand qui existe entre la thérapie et la réalité. Au contraire, dans le Centre 2, on mentionne que la structure, bien qu’encadrante, est rassurante. À cet effet et après discussion avec les intervenants des différents centres, il s’avère que la structure de la thérapie n’est effectivement pas tout à fait identique. En effet, la thérapie du Centre 2 comporte six étapes obligatoires, alors que la thérapie du Centre 1

comporte cinq étapes obligatoires et une sixième qui est facultative en fonction du jugement des intervenants quant à la nécessité ou non de l’offrir à l’adolescent. Par ailleurs, au sein même des étapes, on note des divergences. L’étape 1, peu importe le Centre, empêche les participants de faire des sorties ou de recevoir des visites. Cependant, cette étape est d’une durée de deux jours dans le Centre 1, alors qu’elle est de trois semaines dans le Centre 2. Par la suite, la différence majeure concerne les étapes cinq et six. Dans le Centre 1, l’étape cinq alloue trois fins de semaine sur quatre aux adolescents en dehors de la thérapie et l’étape six, si elle est nécessaire, octroie exactement les mêmes droits. Or, dans le Centre 2, l’étape cinq alloue 48 heures de sortie aux deux semaines et l’étape six, qui est obligatoire, permet aux adolescents d’être en thérapie pendant trois jours et d’être quatre jours dans leur milieu de vie. Qui plus est, durant cette étape, les adolescents doivent mettre en application leur plan de sortie et ils ont l’obligation d’aller au suivi postcure qui se donne une fois par semaine. D’ailleurs, lorsqu’on regarde les verbatims, contrairement aux adolescents du Centre 1, tous les adolescents fréquentant le Centre 2 mentionnent apprécier la structure existante qui leur permet d’être bien préparés à « la réalité qui les attend à l’extérieur des murs de la thérapie ». À cet égard, tout Centre confondu, les adolescents, conformément à la littérature (Castel, 1994; Platt, 1997, Direction des jeunes et des familles du ministère de la Santé et des Services sociaux, 2012) s’entendent pour dire que favoriser l’insertion des jeunes dans les emplois légaux pourrait être une solution viable pour diminuer les risques de délinquance, puisque avoir des projets permet d’avoir plus grand sentiment de contrôle sur leur vie, ce qui rend la sortie de thérapie plus sécurisante.

Point de vue des parents

Bien qu’en première partie d’entrevue les parents semblaient à court de solutions, lorsque nous les questionnons directement, plusieurs points ressortent de leurs échanges. Tout d’abord, un peu dans le même sens que leur définition du problème, les solutions qu’ils envisagent vont dans le sens d’un meilleur encadrement, voire d’un meilleur contrôle. De fait, pour les parents, aussi performants puissent être les programmes d’aide mis en place, s’il n’y a pas une meilleure communication entre les services, ça permet aux adolescents de trouver la faille dans laquelle ils peuvent s’échapper. À cet égard, il faut, pour que le maintien du parcours de rétablissement soit optimal, qu’il y ait davantage d’accessibilité aux services d’aide externe qui vise à prévenir les rechutes et à réintégrer les adolescents au niveau socioprofessionnel.

Documents relatifs