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11. Contributions apportées par la philosophie et par la psychana lyse concernant le désir et la réalisation de ce à quoi on s"est pro-

11.1. Contributions de Castoriadis sur l"insignifiance.

“Il faut choisir, se reposer ou être libre”( Thucydide)

Selon Daniel Mermet, on ne peut pas réduire Cornelius Castoriadis à un philoso- phe et sociologue, il est aussi économiste et psychanalyste. Pour Edgar Morin, c!est “un titan de la pensée, énorme, hors norme”.

Ce qui fait la richesse de la pensée de Castoriadis est surtout ce regard psy- chanalytique sur l!être humain en interaction dans le monde. Castoriadis a com- pris, à partir de la notion du désir dans la psychanalyse, la nécessité humaine d'obtenir la reconnaissance de la pensée, en objectivant réaffirmer sa propre cohé- rence interne:

“Nous ne philosophons pas pour sauver la Révolution, mais pour sauver notre pensée et notre cohérence.” (CASTORIADIS, 1998)

Pour Castoriadis, ce qui caractérise le monde contemporain c!est l!insignifiance. Pour lui, le monde contemporain a perdu son sens, et la conséquence en est que les un et les autres disent et font les mêmes choses, en trouvant qu!ils disent et font différemment. Pour lui, cela est plus important que les crises, les contradic- tions, les oppositions, les fractures, etc.

“C"est cela, l"esprit du temps: sans aucune conspiration d"une puissance quelconque qu"on pourrait désigner, tout conspire, au sens de respirer, dans le même sens, pour les mêmes résultats, c"est-à-dire l"insignifiance.” (CASTORIADIS,1998)

Pour Castoriadis, quelque chose d$extraordinaire se produit, tous les discours dans la politique sont des affirmations, sont des discours vides.

On attend une évolution mondiale intégrale, dans une économie qui nous permet le progrès. Que le temps de travail soit approprié, que l'éducation porte des indices élevés et bien distribués mondialement, mais le marché ne fonctionne pas de cette manière. Les hommes ne sont pas en train de devenir plus humanisés, la société n!est pas en train de devenir plus civilisée et les capitalistes ne se sont pas adou- cis.

Toujours selon Castoriadis, ce n!est pas la faute des hommes, c!est celle du sys- tème. Aujourd!hui, ce qui domine, c!est la résignation et il faut comprendre les mé- canismes de l!économie, ceux de la société et de la politique pour quitter cette place. Castoriadis confronte Aristote qui dit que l!homme est un animal qui désire le savoir. Pour Castoriadis, l!homme est un animal qui désire la certitude d!une croyance et non le savoir, et l!homme qui a la possibilité unique d!une réflexion

sans inhiber l!action est dans une phase d!inhibition.

Mais, il y a toujours le désir, et il y a maintenant un nouveau désir, un désir irré- ductible comme un phénomène de la contemporaneité. C!est un désir transformé par la socialisation des gens qui se révèle dans des sociétés de répétitions. Ça ar- rive parce que nous sommes dans une époque d!illimitation dans tous les domaines et nous avons le désir de l'infini.

Mais, cette évolution ne s!accompagne pas de la capacité de s!autolimiter qui est une caractéristique des sociétés indépendantes, en révélant qu!il existe l!ouverture mais qu!il manque l!autonomie, ce qui limite l'imagination à une recherche illimitée de la création sur la banalité, en soutenant le vide. L'homme démontre ainsi ne pas agir librement. La liberté présuppose une activité qui peut tout faire et qui en même temps s!autolimite parce qu!elle sait poser ses propres limites.

Cependant, «L"imagination est cette chose qui nous permet de créer un monde,

c"est-à-dire, elle nous permet de nous présenter quelque chose sur laquelle, sans l"imagination, on ne saurait rien, on n"aurait rien à dire. L"imagination commence avec la sensibilité. L"imagination et l"imaginaire social sont des caractéristiques es- sentielles de l"homme» (CASTORIADIS, 2002).

C!est dans l!imaginaire social qu!il crée le langage, les institutions, la loi, la cul- ture. L!homme est un être qui cherche le sens, donc il le crée.

11.2. Contributions de Zizek.

Comme Castoriadis, Zizek aussi diagnostique les symptômes de la sociabilité contemporaine.

Slavoj Zizek, slovaque, philosophe, psychanalyste et politicien renforce ce que Castoriadis subjectivement aussi démontre, que la stimulation au libre penser n'im- plique pas la liberté. Émanciper l'esprit peut, de même, être la meilleure manière d'éviter l'émancipation de l'homme. L'émancipation de la pensée, d!innombrables fois, offre des pièges qui mystifient notre vision de la situation au lieu de nous per- mettre de la penser.

Il souligne que la recherche de la réalité objective est une fausse recherche, un stratagème définitif pour éviter la confrontation avec le réel. Ce chercheur essaie de diagnostiquer, au-delà des apparences, les symptômes de la sociabilité contem- poraine, en dévoilant ses articulations, afin de mettre à jour le réel désir caché dans le discours. C!est vrai que, dans notre culture, il est assez traumatisant pour l!homme d!accepter que la vie n!est pas tout simplement un processus banal de re- production et de recherche de plaisir, mais qu!elle est vécue au service d!une véri- té. En fait, actuellement, l!idéologie semble œuvrer dans l!autoproclamé univers post-idéologique.

Maintenant, nous exécutons nos mandats sans même les avoir acceptés, sans les prendre au sérieux. En voilà une barrière:

de quelque chose pour laquelle quelqu"un se dispose à risquer sa propre vie – on peut appeler cela de liberté, autonomie, dignité, honneur. Ce n"est que lorsque nous sommes prêts à assumer ce risque que nous sommes vraiment vivants.# »