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CHAPITRE II: QUE SIGNIFIE ÉCRIRE?

3. PROCESSUS REDACTIONNELS :

1.2.2 Contraintes globales du texte :

En linguistique textuelle, l’analyse et le jugement sont centrés sur la grammaticalité et la cohérence textuelle. La question de grammaticalité est présente quand il s’agit d’étudier les reprises anaphoriques. Cette dernière est caractérisée par une relation étroite entre les énoncés, la continuité thématique, la concordance des idées, la progression et l’absence de digression. O. Ducrot (1972 : 87) parle de deux conditions majeures : une condition de progrès et une condition de cohérence.

M. Charolles (1978) parle de quatre méta-règles : - règle de répétition ;

- règle de progression ; - règle de non contradiction ; -règle de relation.

La règle de répétition consiste à répéter le thème pour assurer la continuité thématique au moyen de reprises lexicales et / ou pronominales sans que la répétition soit abusivement employée. La règle de progression consiste à faire progresser le thème en y ajoutant de nouvelles informations.

Sur ce point, Charolles (1978 : 20) avance que « pour qu’un texte soit microstructurellement ou macrostructurellement cohérent, il faut que son développement s’accompagne d’un apport sémantique constamment renouvelé. » La règle de non contradiction s’appuie sur le fait qu’un élément sémantique introduit dans le corps d’un texte ne contredit pas ce qui est posé ou présupposé. Pour la règle de relation, Charolles (1978 :32) souligne que « pour qu’une séquence ou un texte soient cohérents, il faut que les faits qu’ils dénotent dans le monde représenté soient directement reliés. »

Ainsi, la cohérence peut-elle être définie comme un trait spécifique de la textualité (E. Werlich, D Maingueneau, 1976). M.-P Woodley propose de définir le terme de cohérence en lui donnant une valeur textuelle et discursive. Dans la citation suivante, elle met en relief deux concepts, l’un relatif au texte, l’autre au discours : ‘unité interne’ et ‘situation de production’. « Le terme cohérence est pris ici dans un sens pleinement pragmatique, impliquant d'un texte

cohérent non seulement qu'il ait une unité interne, mais aussi qu'il soit approprié à la situation dans laquelle il s'inscrit. Le concept de cohérence est donc central dans notre tentative de cerner la notion de qualité et central pour une didactique de l'écrit qui vise l'efficacité communicative des textes d'apprenants. » Woodley (1993 : 57)

Pour J.-M Adam, la cohérence est le produit d’une interprétation. Il avance que « la cohérence n'est pas une propriété linguistique des énoncés, mais le produit d'une activité interprétative. L'interprétant prête a priori sens et signification aux énoncés et ne formule généralement un jugement d'incohérence qu'en tout dernier ressort. » (Adam, 1992 : 22) Le principe de cohérence textuelle renvoie à la situation extralinguistique (interprétation des textes selon des critères extralinguistiques : connaissances, informations, idées, savoirs, croyances) R. Martin (1983) parle du contexte extralinguistique et des connaissances d’univers.

1.2.2.2 La cohésion :

M.-P Woodley (1993 : 157) définit le terme de cohésion comme « les liens qui, de phrase en phrase, tissent la texture du texte. » Pour Halliday et Hasan cités par M.-P Woodley (1993 : 63), la cohésion suppose la mise en œuvre des « moyens par lesquels des éléments qui n'entretiennent pas de relation de structure sont reliés entre eux parce que l'un dépend de l'autre pour son interprétation. » Dans cette citation, Halliday et Hasan indiquent que la cohésion renvoie à des liens d’interdépendance entre les éléments du texte assurés par un certain nombre de moyens qui peuvent être grammaticaux et lexicaux. Les méta-règles de cohérence dont parle M.Charolles (1978) ne sont pas les seuls critères d’évaluation et de jugement que l’on porte sur le texte produit par l’apprenant. Ces critères sont efficients mais insuffisants. L’enchaînement et la liaison des unités ou séquences textuelles doivent être assurés par un certain nombre de substituts lexicaux et grammaticaux. Ceux-ci servent à assurer la continuité et l’unité des phrases à l’intérieur du texte, à assurer la répétition et à éviter des répétitions qui alourdissent le texte. Pour Woodley, une condition doit être remplie pour que le critère de cohésion soit assuré.

Il s’agit de la relation des phrases entre elles dans le texte : « chaque phrase d’un texte doit être rattachée à une phrase précédente du texte. » (M.-P Woodley, 1993 : 62) Il existe un rapport de dépendance entre la cohérence et la cohésion. M.P Woodley (1993 : 65) affirme que la cohésion dépend de la cohérence textuelle.

Elle explique cela et dit : « admettons l'indépendance de principe de la cohérence par rapport à la cohésion, et l'existence de textes cohérents qui ne sont pas cohésifs. Une perspective plus cognitiviste permet cependant d'articuler les deux notions d'une façon productive. Acceptons avec Charolles qu'un principe général de cohérence gouverne l'interprétation des actions humaines et que toute suite de phrases a de grandes chances d'être interprétable - et interprétée - comme un texte. Mais ce processus d'interprétation est coûteux et une fonction importante des marqueurs de cohésion est de réduire ce coût en guidant l'interprétation, d'où une valorisation de l'utilisation de ces marqueurs dans certains contextes lorsqu'il est souhaitable de minimiser la marge de liberté d'interprétation ou de maximiser la rapidité d'interprétation. »

1.2.2.3 La Connexion :

La connexion concerne l’enchaînement et la liaison étroite des phrases qui constituent le texte. D.G. Brassart cité par Francine Thyrion (1997 : 126) parle de la tâche de la connexion. Celle-ci « est censée décrire l’enchaînement et l’articulation des phrases ou propositions elles-mêmes (…). Elle est typiquement assurée par les connecteurs. » Par l’emploi du mot connecteur, on se situe au niveau textuel, car l’étude et la description du rôle des connecteurs, qui peuvent être des catégories grammaticales (subordonnants, coordonnants, prépositions, adverbes), se font au niveau transphrastique.

1.2.2.4 La progression thématique :

Avant de définir la notion de progression thématique, il convient de définir le thème et le rhème. Le texte que produit le scripteur qu’il soit expert ou novice a un thème. Alors que le thème correspond à une information connue, donnée et posée, le rhème correspond à une information nouvelle. Le thème et le rhème relèvent de la linguistique textuelle. Selon M.-P Woodley (1993 : 66), le thème « recouvre souvent deux notions : c’est à la fois ce sur quoi porte l’énoncé et ce qui est déjà connu ou donné. »

Elle simplifie la définition des concepts en question : (1993 : 68) thème = ce dont on parle

topic = connu

rhème = ce que l’on dit du thème (aussi appelé propos ou commentaire) Focus = nouveau

J.-M. Adam (2005 : 45) donne une définition similaire à celle de Woodley : « Le thème, est du point de vue de l’énonciateur, le point de départ de l’énoncé. Ce groupe est moins informant [...] Le rhème, correspond à ce qui est dit du thème, c’est l’élément phrastique posé comme le plus informant. »

La progression thématique contribue à la cohérence textuelle. D’ailleurs, comme le souligne Woodley (1993: 66-67) : « pour qu’il y ait cohérence, on peut s’attendre à une certaine continuité thématique de segment en segment.» Dans le glossaire du (Groupe EVA, 1991 : 236), cette progression correspond à l’organisation et à la distribution des informations dans la phrase et de phrase en phrase. On définit ainsi un certain nombre de types de progression, même si dans la réalité des textes produits, on observe des progressions qui mélangent les grands types que F Danes (1974) présente ainsi :

- la progression à thème constant ; - la progression à thème linéaire ; - la progression à thème dérivé.

- La progression à thème constant : on parle de progression à thème constant quand le même thème est maintenu dans le texte de phrase en phrase. Les rhèmes successifs qui lui correspondent sont différents.

- La progression à thème linéaire : dans ce type de progression, le rhème de la phrase se transforme en thème de la phrase suivante dans le texte.

- La progression à thème dérivé : quand l’hyperthème s’éclate et se divise en sous-thèmes, la progression thématique devient éclatée et divisée.

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