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CHAPITRE II: QUE SIGNIFIE ÉCRIRE?

2. QU’EST-CE QU’UN TEXTE ARGUMENTATIF ?

2.2 L’ ARGUMENTATION :

2.2.2 L’approche textuelle :

2.2.2.5 Caractéristiques linguistiques du texte argumentatif :

La structure globale du texte que nous venons de voir renvoie à la notion de cohérence

textuelle. Nous allons voir, dans ce qui suit, les caractéristiques du texte argumentatif se

rapportant aux notions de segmentation, de cohésion et de connexion. Ces caractéristiques correspondent aux unités linguistiques qui se trouvent à l’intérieur du texte. Francine Thyrion (1997 :70) a mis l’accent sur le rôle d’un certain nombre de traces d’opérations de textualisation dans le texte argumentatif. Elle cite quatre types d’opérations linguistiques : 1- les opérations de segmentation ;

2- les opérations de connexion ; 3- les opérations de cohésion ; 4- les opérations de modalisation.

Alors que les signes de ponctuation, les paragraphes, les arguments juxtaposés et les alinéas relèvent des rapports logiques implicites, les connecteurs et les opérations de modalisations relèvent, eux, des rapports logiques explicites.

Dans le texte argumentatif, le scripteur emploie un certain nombre d’indices d’énonciation appelés aussi indices de subjectivité tels que la première personne du singulier ‘je’ et les modalisateurs, qui peuvent être des verbes d’opinion (penser, affirmer, trouver, estimer, apprécier, aimer, détester, croire, se douter, supposer, etc.), des adverbes (peut-être, vraiment, certainement, bien sûr, sans doute, heureusement, etc.), des verbes de modalité (devoir, falloir, pouvoir, etc.), des expressions modalisatrices (personnellement, à mon avis, pour moi, pour ma part, en ce qui me concerne, etc.), des tournures impersonnelles (il se peut que, il certain que, il est possible que, etc.)

Je développe les connecteurs puisqu’ils constituent un des éléments d’analyse du corpus. Francine Thyrion (1997 : 128-129) met l’accent sur les hésitations terminologiques à propos de la notion de connecteur. Elle montre que cette notion est utilisée aussi en grammaire de phrase et que certains chercheurs à l’instar de Schneuwly, Rosat, Dolz emploient le terme organisateur textuel. François Mangenot (1995) cite, lui aussi, Turco et Coltier. Ces derniers utilisent le terme de marqueur. Les didacticiens de l’INRP définissent les notions de connecteurs et d’organisateurs textuels dans le glossaire du (Groupe EVA, 1991 : 224 -225) ainsi :

- Les organisateurs textuels (conjonctions, prépositions ou adverbes) délimitent des grands blocs d’informations. Ils sont relativement spécifiques à un type de texte. Par exemple, dans un texte narratif : « Un jour…/ soudain…/ alors…/ ensuite…enfin… », dans un texte descriptif : « D’un côté…/ de l’autre …, en haut… / en bas…/ plus loin…/… » ; dans un texte explicatif ou prescriptif : « Premièrement…/ deuxièmement…/… » ou bien : « Tout d’abord…/ par conséquent…/ ainsi…/… »

- Les connecteurs marquent des liens (souvent logiques) entre des unités (mots, groupes de mots, phrases), à l’intérieur des grands constituants du texte.

Les connecteurs peuvent être des coordonnants, des subordonnants, des adverbes ou des locutions adverbiales. Francine Thyrion (1997 : 127-128) classe ces connecteurs en trois catégories par rapport à leur fonction syntaxique :

- Les coordonnants, qui ont une fonction additive et parmi lesquels on trouve les conjonctions de coordination plus une série d’adverbes, le plus souvent temporels qui, sur le plan textuel, remplissent une fonction analogue (aussi, ensuite, alors, puis…) [...]

- Les autres organisateurs : syntagmes prépositionnels à valeur temporelle (par la suite…) ;

adverbes et locutions adverbiales dont les valeurs peuvent être temporelle (plus tard, d’ores et

déjà…), spatiale (ailleurs…), argumentative (en revanche, de toute manière, au contraire…)

ou métadiscursive (par exemple, c’est-à-dire). Les auteurs du Niveau B2 pour le français (2004 : 171) utilisent aussi le terme éléments de liaison. Pour eux, les connecteurs « contribuent à la structuration du texte et du discours en marquant des relations sémantico- logiques entre les propositions qui le composent. »

Dans un texte argumentatif, les relations sémantico-logiques peuvent être explicites ou implicites.

- Relations logiques implicites : elles sont exprimées par un certain nombre d’indices tels que les signes de ponctuation, la succession ou la juxtaposition de deux arguments, les alinéas et les paragraphes.

- Relations logiques explicites : elles sont exprimées par des connecteurs employés qui ont une fonction interphrastique, car ils assurent la cohésion et servent à enchaîner les idées et les arguments, à indiquer des relations sémantico-logiques entre les contenus des phrases et à articuler l’argumentation.

Les auteurs du Niveau B2 pour le français classent les connecteurs dans quatre catégories : 20

- connecteurs temporels ; - connecteurs énumératifs ; - connecteurs de reformulation ;

- connecteurs logiques ou argumentatifs.

Sur le plan syntaxique, les connecteurs peuvent être des coordonnants, des subordonnants ou des locutions prépositives. Ils jouent des fonctions syntaxiques différentes. Maurice Grevisse (1993) définit les notions de coordination et de subordination ainsi :

« La coordination est la relation, explicite ou implicite, qui unit des éléments de même statut : soit des phrases, soit, à l’intérieur d’une phrase, des termes qui ont la même fonction par rapport au même mot. »

« La subordination est la relation qui unit, à l’intérieur de la phrase, des éléments qui ne sont pas de même niveau, qui ont des fonctions différentes, dont l’un dépend de l’autre. »

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Voir le chapitre 5 du Niveau B2 pour le français – Structure de la phrase complexe du texte, pp 171-185. Les auteurs présentent en détail les connecteurs et illustrent à l’aide d’exemples.

Je présente un certain nombre de connecteurs argumentatifs dans le tableau ci- dessous :

Rapports logiques Connecteurs

Le rapport de cause

Parce que, puisque, étant donné que, vu que, sous prétexte que, du fait que, non que, ce n’est pas que…mais c’est parce que, du moment que/où, comme, en effet, car, dans la mesure où, grâce à, à cause de, faute de, etc.

Le rapport de conséquence

Alors, donc, et, par conséquent, de ce fait, c’est pourquoi, c’est pour cela /ça que, ainsi, aussi, dès lors, c’est la raison pour laquelle, en conséquence, si bien que, de sorte que, de telle manière que, de telle façon que,

tellement…que, tant…que, si…que, tel…que, etc.

Le rapport d’opposition (concession)

Mais, or, cependant, pourtant, néanmoins, en revanche, à l’opposé de, à l’inverse de, malgré, malgré tout, en dépit de, au contraire, par contre, toutefois, nonobstant, avoir beau +infinitif, bien que, quoique, si…que, quel que (soit), alors que, tandis que,

quelque…que, etc. Le rapport de but

Pour, afin de, de manière de, de façon à, de crainte de, pour que, afin que, de crainte que, de peur que, à ce que, si…c’est….pour, etc. Connecteurs

logico- argumentatifs

Le rapport de condition

Si, au cas où, au cas de, selon que, à

condition de, à condition que, pourvu que, à moins que, etc.

Connecteurs énumératifs

Tout d’abord, d’abord, ensuite, puis, après, enfin, finalement, aussi, et, également, de plus, en plus, en outre, encore, de même

Connecteurs de reformulation

Autrement dit, en d’autres termes, en un mot, c’est-à-dire, ainsi, aussi, en tout cas, de toute façon, en définitive, enfin, après tout, en résumé, en conclusion

Tableau 18: Liste des connecteurs

J’ai approché dans ce chapitre la théorie afin d’appréhender la notion de ‘texte’ selon les apports de la linguistique textuelle et de connaître l’organisation macro-structurelle du texte argumentatif et ses principales spécificités: connecteurs, indices de subjectivité, arguments, illustration à l’aide d’exemple,… Car ces éléments « forment un tout au service d’une thèse à défendre. Prendre appui sur certains de ces indices permet de bien dégager les prémisses et d’établir le circuit argumentatif propre au texte en question. » (Cuq et Gruca,

Ce cadrage théorique me permettra par la suite d’analyser et d’évaluer les productions d’apprenants et de détailler une progression pour l’enseignement du texte argumentatif.

CHAPITRE IV : CRITÈRES D’ÉVALUATION DES

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