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Chapitre 2 : Les évolutions de la société urbaine : contrôle de la population et recrudescence de la

A. Le fort contrôle de la population

i. Une ségrégation socio-spatiale synonyme d’injustice

La partition de la population constitue une thématique souvent présente dans la science -fiction, et est même considérée comme l’un de ses critères dans le chapitre 1. Celle-ci revient dans quatre des cinq œuvres du corpus principal. Dans certaines de ces bandes dessinées, cette partition est organisée par le régime politique en place à un degré très fort. La division se mue alors en ségrégation socio-spatiale, dont les raisons à son origine et les classes en question peuvent ensuite variées d’un ouvrage à l’autre. Dans chacun des cas, les villes entières sont concernées, il n’existe pas de lieu de vie ou de quartier résidentiel où les différents groupes formant la population peuvent vivre ensemble. Le passage d’une zone à l’autre peut en revanche parfois avoir lieu. C’est le cas par exemple dans La Foire aux Immortels où Paris est divisée en deux arrondissements. La premier est au centre de l’agglomération, et abrite « une société favorisée, une armée régulière imposante et la classe dirigeante » (p 5), tandis que le second occupe tout le reste de la zone urbaine, s’étalant à perte de vue et où habitent « des aventuriers et des extraterrestres de tout poil » (p 5). Les deux zones sont radicalement séparées, mais les accès d’une zone à l’autre sont autorisés, bien que réglementés. En planche 26, Nikopol, habité par Horus2,

se rend effectivement du 2ème arrondissement au premier afin de participer à un match de hockey sur

glace particulièrement violent. Certes, Horus élimine le garde du poste de contrôle, mais ce dernier a

2 Le dieu égyptien, extraterrestre à la morphologie non humaine, désire prendre le contrôle de Paris. Pour se

préserver des soupçons des autres dieux, dont leur chute est son but ultime, Horus doit donc habiter un corps humain.

39 d’abord le temps de demander à voir les autorisations de passage. Cela ajouté à l’existence même du poste veut bien dire que de tels passages sont possibles.

Ce n’est en revanche pas le cas pour d’autres univers, comme celui de La Fièvre d’Urbicande. Un fleuve nommé Drouma sépare la ville en deux parties distinctes, simplement appelées rive nord et sud. Cette dernière a été complétement remodelée et modernisée par l’urbatecte Eugen Robick, qui est allé jusqu’à concevoir les vêtements et même la vaisselle, laissant la rive nord inchangée, semblable à une bourgade rappelant la vieille Brüsel, représentée en figure 10. La figure 12 permet de mieux appréhender ces différences intrinsèques aux deux rives. La rive sud, enrichie par sa transformation, se met à craindre des pillages de la part des « nordistes », et des brigades militaires sont mises en place pour garantir l’étanchéité humaine des ponts d’Urbicande, tout du moins dans le sens nord -sud. La figure 12 met aussi en exergue la différence de morphologie urbaine des deux zones. La rive nord est composée de méandres et de ruelles, il n’y a pas d’ordre ou de règles urbanistiques visibles, alors que la rive sud se compose d’axes droits, les bâtiments sont tous de forme parallélépipédique. La rive sud paraît rationnalisée, organisée à l’extrême, tandis que la rive nord semble avoir été construite au fur et à mesure, en fonction des besoins. Cette différence est symbolique de la différence de classe. Lorsque le paysage urbain change, la classe change elle aussi. Ainsi, la rive sud est plus riche, dispose de plus de ressources, ne serait-ce que dans les relations avec les autres Cités du Continent obscur.

Figure 11 : La Foire aux Immortels, planche 26. Le poste IV est un point de passage d’un arrondissement à un autre.

40 Car quand la ville d’Urbicande est évoquée, il s’agit de la rive sud, la rive nord étant complétement négligée, rejetée.

Cette même correspondance entre classe sociale et morphologie urbaine se retrouve dans La Foire aux Immortels. Tout d’abord, l’emplacement des arrondissements parle de lui-même : l’arrondissement le plus riche se trouve forcément au centre. De par ce fait, on y trouve de célèbres monuments, comme la cathédrale Notre Dame de Paris, et donc un patrimoine culturel préservé, apte à satisfaire une strate aisée de la population.

En revanche, l’arrondissement le plus pauvre se situe en périphérie. A chaque fois qu’il est donné au lecteur de le voir, celui -ci regorge de détails mettant en valeur la déchéance du milieu social considéré. Prenons la figure 13 par exemple. Celle-ci présente pour la première fois le 2ème arrondissement. La case du haut rappelle effectivement

Paris, grâce à des immeubles contemporains. Les déformations futuristes sont tout de même de mise : des immeubles plus modernes peuvent être aperçus et un lézard extraterrestre géant trône sur l’un d’eux. En un coup d’œil, la ville de Paris en 2023 est appréhendée. La case du bas permet, elle, de présenter toute la déchéance du 2ème arrondissement. Tout y figure : la crasse boueuse, accentuée par

l’utilisation de couleur marron et grise, la perte des règles du langage (« espoirance », « peur ! »), les mutations génétiques mises en valeur par les cercles rouges, et même le fanatisme religieux représenté par le personnage brandissant une croix. Cette correspondance entre clas se sociale et esthétique urbaine donne bien à la partition de la population sa dimension de ségrégation socio- spatiale : les classes sociales sont aussi séparées que les zones urbaines sont différentes.

Les exemples présentés jusque-là exposent des ségrégations spatiales horizontales, et clairement délimitées, mais L’Incal illustre une séparation assez différente. Le nom de la ville n’est pas donné dans les deux premiers tomes de L’Incal, elle s’appelle tout simplement « la cité-puits ». Ce simple nom fait comprendre au lecteur que de nombreux aspects de l’ouvrage se font du haut vers le bas, ou inversement, que ce soit la ségrégation socio-spatiale ou bien les ressorts narratifs. La partition de la

41 population se fait donc bien verticalement, les classes les plus pauvres vivant tout en bas, près du lac d’acide « qui dissout tout », et les plus riches, les « aristos », vivent dans les étages supérieurs, voire en dehors de la cité, dans le vaisseau du président.

La morphologie de la cité est toutefois assez uniforme, les classes se distinguent directement chez l’individu, dont l’apparence varie. Les aristos possèdent ainsi une « auréole », et leurs corps sont décrits comme de meilleure qualité que ceux des classes basses. Dans la cité -puits, les classes peuvent se mélanger, en témoigne l’embauche de John Difool par Nimbéa, en début de récit, cette dernière recherchant un garde du corps en la personne du détective de classe indéfinie. Cependant, Nimbéa demande l’exécution de Difool dès que celui-ci conteste l’une de ses décisions, même si cette opposition fait précisément partie de son contrat. Cette contradiction prouve le dédain envers les basses classes qui règne chez les classes supérieures.

La considération que les nantis valent plus que les miséreux, et que par conséquent, la vie de ces derniers peut être négligée, est récurrente dans le corpus. Dans La Foire aux Immortels, les chefs politiques regroupés autour du gouverneur Choublanc dans le Paris de 2023 considèrent clairement les habitants du 2ème arrondissement comme insignifiants.

Figure 13 : La Foire aux Immortels, planche 10.

42 Ce jugement peut être une conséquence du clivage, car les préjugés arbitraires s’installent plus facilement quand les contacts entre deux groupes d’une même population disparaissent. Mais il peut tout autant s’agir d’une cause, une classe se sentant supérieure décidant de s’accaparer une zone favorisée de la ville. Les causes d’une telle ségrégation sont par ailleurs peu exposées au sein du corpus. Le Guide des Cités nous apprend toutefois qu’Urbicande a été créée suite à la réunification de deux villes différentes, de part et d’autre de la Drouma : Bartoline au sud était la plus riche, Urania au nord était la plus sombre et la plus déshéritée. Les changements entrepris par Rob ick n’ont fait que renforcer ces différences latentes. Au sein de la trilogie Nikopol, aucune raison particulière n’explique la ségrégation de La Foire aux Immortels, tandis que Froid Equateur base cette ségrégation sur une logique hygiéniste poussée à l’extrême. A leur arrivée dans Equateur-City, Nikopol fils (surnommé Niko pour plus de simplicité) et Yéléna la généticienne passent un poste de contrôle qui établit leur état de santé. Celui de Yéléna est très bon, elle est donc admise au niveau 1, alors que celui de Niko est plutôt mauvais, et ce dernier est envoyé au niveau -1. Bien évidemment, cet état de santé est lié à la classe sociale, car ceux appartenant à une classe aisée auront plus de disposition à prendre soin d’eux. Quant à L’Incal, le lecteur ne trouve là encore aucune raison historique ou logique.

Mais comme le démontre Froid Equateur, ce n’est pas parce que la cause de la partition est avancée que la ségrégation en devient pour autant juste ou acceptable. Parmi toutes les œuvres du corpus évoquées dans cette partie, les classes aisées sont systématiquement minoritaires en nombre, mais détiennent les ressources les plus intéressantes ainsi que le pouvoir décisionnel sur la ville en question. L’exemple le plus frappant à ce propos est sans doute celui de L’Incal. Le président et sa cour ont accès à des jardins luxueux, où ils s’adonnent à des loisirs bien puérils. Lorsque la « city-émeute » se déclenche, les « aristos », et en particulier le président, décident de répondre directement par la force militaire, et d’attaquer les rebelles. La Fièvre d’Urbicande illustre elle aussi l’appartenance du pouvoir politique aux classes aisées. C’est bien la rive sud qui décide d’isoler la rive nord, d’installer des règles quant à la circulation d’une rive à l’autre. Lorsque Robick et Sophie, originaires du sud, se rendent sur la rive nord, les habitants ne leur prêtent pas d’attention particulière, ou les considèrent simplement comme des touristes. La répartition des forces entre les classes sociales, souvent donc au chiffre de deux, est alors bien inégalitaire, tout comme la décision de catégoriser les habitants de la ville en plusieurs groupes.

Enfin, le comportement général propre à chaque classe est parfois lui aussi détaillé, et si le lecteur s’attarde à le décrypter, il peut se révéler crucial pour la compréhension de l’œuvre. Les « nordistes » d’Urbicande font preuve de tolérance, alors que le comportement des « sudistes » relève plus du racisme. De même, Nimbéa dans L’Incal, donc plutôt snob envers la basse classe. Mais justement, le

43 comportement de la basse classe, et nous parlons ici des protagonistes qui ne sont pas des personnages principaux, est assez détaillé. En particulier, les membres de ce groupe ont du mal à penser par eux-mêmes : dès que Deepo, l’oiseau domestique de Difool appartenant à l’espèce des mouettes à béton, se met à parler, elle est considérée comme un messager divin ; sur la figure 14, les habitants semblent lobotomisés par leur télévision, qui leur propose de subtils programmes tels que « pipi caca popo ». Cette même absence de discernement, de capacité à réfléchir est visible sur la figure 13 de La Foire aux Immortels : le fanatique religieux montre que la populace s’est aveuglément tournée vers la religion ; en arrière-plan, la devanture indiquant « magie curative » semble bien mensongère, on imagine pourtant sans peine les passants s’y rendre pour se faire soigner.

La ségrégation socio-spatiale apparaît donc bien dans le corpus, de manière insistante. Souvent, les groupes sociaux sont au nombre de deux, et

correspondent à des niveaux de richesses distincts. Les plus riches, une fraction mineure de la population, éprouvent peu d’empathie envers les plus pauvres, et disposent de nombreuses ressources. Les zones de la ville qui leur sont allouées sont souvent reflet de la classe qu’elles abritent, accentuant la fracture entre les deux groupes.

Toutefois, une ségrégation si injuste implique un contrôle très fort de la population, et ceci n’est possible que si le régime politique s’organise de façon à garantir ce déséquilibre. Or, fréquemment dans le corpus, le régime politique en vigueur dans la ville est l’objet d’une quantité appréciable de détails.

ii. Régime totalitaire et cités autonomes

Plusieurs albums du corpus principal s’ouvrent directement sur une présentation du régime politique en place, ne laissant aucun doute planer chez le lecteur : il s’agit bien de régime autoritaire où les habitants voient leurs libertés diminuées. Ainsi, la page d’ouverture de Berlin Strasse explique : « alors il faut savoir arrêter une guerre et reconstruire… reconstruire l’ordre ancien, les bons vieux appareils d’état répressifs. Restaurer le monopole de la violence au profit d’un appareil central. Oui, c’est le

44 nouvel ordre du jour, la restauration, la contre-révolution, même s’il n’y a pas encore de révolution à écraser. Il vaut mieux prévenir » (p 7). Le ton est donné, Berlin fait l’objet d’une reconstruction après la fameuse guerre atomique qui a ravagé l’Europe, et cette reconstruction passe par un régime totalitaire. De même, en première page de La Foire aux Immortels, on peut lire : « à la veille d’une nouvelle mascarade électorale sans signification, rien ne semble devoir changer dans l’immense agglomération parisienne, politiquement autonome et irrémédiablement fascisée ». Pas d’ambiguïté possible sur les termes employés, Paris vit bien sous la coupole d’une dictature. Au sein de la trilogie, Froid Equateur se dessine sur un modèle semblable, mais exposé un peu plus tardivement dans le tome. Ce sont les planches 14 et 15 qui présentent en une double page la ville et le quintette de ses dirigeants, tous considérés comme mafieux.

De tels régimes sont la plupart du temps associés à une seule entité, symbole du pouvoir totalitaire qu’elle détient, qu’elle soit une personne unique ou bien un groupe de personnes, comme dans le cas de Froid Equateur. La double page citée ci-dessus explique que le K.K.D.Z.O. est un consortium, au départ à but humanitaire, qui s’est considérablement enrichi, jusqu’à prendre le pouvoir d’Equateur- City, en l’isolant des organisations internationales. L’entité devient un personnage unique, dans L’Incal où un président quasi-immortel règne sur la cité-puits, et dans La Foire aux immortels, où le gouverneur Jean-Ferdinand Choublanc emploie tous les moyens en sa possession pour se faire réélire. Curieusement, ces deux figures de l’autorité sont traitées d’une manière atypique pour des tyrans. Le président n’a pas conscience de l’ampleur dramatique de la « city-émeute », sa coiffure et ses vêtements l’adoucissent, le laissent paraître moins dur qu’il ne l’est. Sa crédibilité est même entamée lorsque Difool, petit détective de la basse classe, régurgite le contenu de son estomac sur ce symbole supposé immaculé. En ce qui concerne La Foire aux Immortels, le nom du gouverneur seul suffit à ridiculiser le personnage, de l’avis de Serge Lehman, écrivain et critique (2009 : 70) : personne ne peut s’appeler Choublanc et être le représentant crédible d’un régime fasciste. De plus, toute la classe dirigeante de Paris en 2023 porte un maquillage clownesque qui ne lui confère aucun crédit, comme on peut le voir en figure 15. Ce ridicule résonne souvent avec l’incapacité des dirigeants à gérer les crises des cités dont ils ont la responsabilité, mais cet aspect sera exploré plus loin.

Figure 15 : La Foire aux Immortels, planche 5. Un tel maquillage est un attribut atypique pour un dictateur aussi cruel que Choublanc.

45 Ces régimes totalitaires s’appuient sur plusieurs ressources pour assurer leur emprise sur la ville, et le meilleur moyen est sans doute le plus classique : une police d’Etat. C’est déjà le cas dans La Fièvre d’Urbicande, comme mentionné précédemment, qui dispose de « brigades urbatecturales ». Et même si elles ne servent pas tout à fait un pouvoir fasciste, leurs actions de préservation de la frontière correspondent bien à une gestion totalitaire de la ville. Mais la présence de l’armée est encore plus forte dans d’autres membres du corpus. Le président de L’Incal dispose de ses armées de « bossus », qui le vénèrent totalement, alors que celui-ci ne leur montre aucun respect3. Difool et les membres de

l’AMOK s’opposent à eux durant la « city-émeute », chacun des deux camps n’ayant aucune pitié pour l’autre. Même la police, composée de robots-policiers (les « robflics ») répond à l’autorité du président, et fait son possible le pour protéger, lui qui pourtant, rappelons-le, ne possède pas la crédibilité d’un dirigeant aux yeux du lecteur.

Le régime fasciste, résidant dans le premier arrondissement de Paris dans La Foire aux Immortels, possède « une armée régulière imposante » et le lecteur les voit souvent en action, que ce soit pour la protection du gouverneur ou pour abattre les capsules de cryogénisation qui contiennent Nikopol et son gardien. Le dernier exemple n’est pas des moindres, puisqu’il participe grandement à l’ambiance de la ville. Dans Berlin Strasse, le pouvoir est assez instable, en proie aux seigneurs de guerre assoiffés de pouvoir. Stinnes fait partie de ces seigneurs de guerre, tout comme Strumdorf, et au lendemain d’une soirée bien arrosée, Ardeur se fait surprendre par les hommes du premier pour être déporté dans les camps de travail du second. La brutalité avec laquelle « les bleus de Stinnes » (cf. figure 16) interviennent fait comprendre au lecteur toute la démesure dont est capable un tel régime pour garantir sa pérennité, passant un contrôle absolu de la population.

Car il s’agit bien là de l’enjeu d’un tel régime politique : le contrôle de la population. La ségrégation socio-spatiale en est l’un des outils, puisqu’elle divise et garantit la majorité des ressources à la classe dirigeante. L’éventuelle opposition au régime qui pourrait ainsi émerger se trouve amoind rie par avance, ce qui correspond exactement à la citation de Berlin Strasse citée en début de cette sous- partie.

Mais ce contrôle s’établit aussi par la suppression de certaines libertés. Le gouverneur Choublanc a la mainmise sur la presse, en témoignent les trois revues de presse qui rythment le récit de La Foire aux Immortels. Les articles font tous l’éloge du régime, à l’exception de ceux tirés du journal la Résistance populière, dont l’unique rédacteur est malencontreusement la victime d’un accident au x raisons douteuses. La presse est ainsi censurée, réduite à une propagande dénuée de toute ambiguïté.

46 L’information ne peut plus librement circuler, l’identité des résidents de la pyramide volante, les dieux égyptiens, n’étant pas révélée. Il en est de même dans Froid Equateur, où les pages issues de la presse sont extraites d’un journal appartenant au K.K.D.Z.O. On se doute donc bien que le journal manque d’objectivité dans les faits qu’il rapporte. Berlin Strasse est le théâtre du même phénomène, ne serait- ce que pour l’exagération de réaction que présente la figure 16. En page 22 de l’album, Wolfgang, le contact berlinois d’Ardeur, explique par exemple à ce dernier qu’il a dû se séparer d’une partie de ses

Figure 16 : Berlin Strasse, page 19.

Après avoir passé la nuit dans une gare abandonnée, Ardeur et Jack se font surprendre par une brigade militaire sous l’autorité d’un seigneur de guerre.

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