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Partie I : Les politiques de développement durable à La Réunion

B. Les élections régionales de 2010

2. Continuité régionale ou basculement en 2010 ?

124 Dans ce domaine, l’objectif pour les 2 candidats reste le même, à savoir réduire l’impact de l’automobile sur le territoire. Deux visions se sont ici affrontées. Le candidat PCR opte pour un transport en commun en site propre par rail avec le Tram-Train alors que le candidat UMP opte lui pour un TCSP par bus, le TransEcoExpress (TEE).

Le TEE est un projet qui favorisera le maillage complet du territoire. Il comporte trois objectifs : améliorer les conditions de circulation des bus, équiper le parc de bus propres, et développer une nouvelle gouvernance des transports avec les Autorités Organisatrices de Transports (AOT). Le projet a été lancé depuis juillet 2010. Il est doté d’un budget de 250 millions d’euros suite aux nouveaux accords de Matignon signés entre la Région Réunion et l’Etat. Ces accords ont pour objectif de soutenir le développement de La Réunion et de dynamiser l’économie à travers les trois grands chantiers que sont la route du littoral, le TransEcoExpress et le développement des plateformes aéroportuaires de Saint-Denis et de Pierrefonds. Pour améliorer la circulation des bus, il est nécessaire que des voies réservées soient créées chaque fois que cela est possible afin d’éviter le trafic routier. Pour cela, le Conseil Régional souhaite utiliser le réseau des routes nationales. Ce nouveau transport collectif est qualifié de « haut niveau de service » car le service se fait en continu sur l’ensemble des lignes et la fréquence, le temps de parcours, la régularité, l’accessibilité et la sécurité sont optimisés. Ainsi, plus de trente sites ont été identifiés sur le territoire pour un aménagement du TEE : sur le territoire de la CIREST, un projet de TCSP de 21km entre Saint-André, Bras- Panon et Saint Benoit, sur le territoire de la CINOR avec le prolongement du TCSP au Moufia et à la technopole jusqu’à Quartier-Français, sur celui du TCO entre la Possession et le Port, de la CIVIS avec un TCSP à l’entrée Ouest de Saint-Pierre et enfin dans le CASUD avec la mise en place de lignes pour la desserte du Tampon et de l’Entre-Deux.

Le projet s’accompagne de l’élaboration du Schéma Régional des Infrastructures et des Transports (SRIT). L’objectif de ce schéma est de développer une mobilité durable à La Réunion d’ici 2020-2030 grâce à l’identification des grandes orientations des schémas d’infrastructures et de transports, des actions ciblées sur les transports individuels et collectifs de biens et de personnes. Le SRIT permettra de diversifier l’offre

de déplacement, de maîtriser l’occupation du sol et sa consommation, de mettre à niveau les réseaux d’infrastructure, de promouvoir La Réunion en tant que région « éco- énergétique » et de l’ouvrir dans l’économie de la zone Océan Indien notamment en matière de tourisme. De plus, ce schéma s’intègrera dans la démarche agenda 21 mise en place par la région Réunion.

En 2010, plusieurs marchés ont été lancés :

- mesures en faveur des transports en commun en entrée ouest de Saint-Denis - mesures en faveur des transports en commun en approche de Saint-Paul sur la

route des Tamarins

- création d’un barreau de liaison TCSP ente l’axe mixte et la voie bus autour du stade de Saint-Paul

- mise en œuvre d’un tronçon TCSP en entré Est de Saint-Denis sur le pont de la Rivière des Pluies. Le tronçon a été inauguré en février 2012.

En 2011, les études suivantes ont été lancées pour un coût estimé à 220 000 euros : - utilisation des bandes d’arrêt d’urgence des routes nationales sur l’ensemble de

l’île pour favoriser les transports en commun

- mesures permettant l’amélioration de l’accès à la gare routière de Saint-Paul à partir de la Chaussée Royale

- mesures en faveur des transports en commun sur la zone Savanna-Sabiani à Saint-Paul

- Depuis 2011, 150 nouveaux bus électrique ou hybride ont été ajouté au réseau de bus.

Comparé au Tram-Train, ce projet coûte beaucoup moins cher, 250 millions contre 1250 millions. Dès le départ, il touche l’ensemble du territoire alors que le projet Tram- train ne reliait que Sainte-Marie à Saint-Paul soit 40km de lignes. Le projet s’accompagne de la construction de la route du littoral. Là aussi les positions diffèrent entre les deux candidats. Pour l’ancien président, cette route devait comporter un péage alors que la nouvelle majorité a opté pour une route gratuite. Ils prévoyaient d’intégrer

126 un TCSP à cette route. Le coût estimé sera de 1,6 milliard d’euros. Sa réalisation débutera en 2014-2015. Même si la création de cette route est inscrite dans un projet de développement durable, elle ne remet pas en cause le « tout-automobile » en facilitant le trajet entre l’Ouest et le Nord. Elle aura finalement le même impact que la route des Tamarins qui a engendré de nouveaux trafics en direction de Saint Pierre depuis son ouverture. Sa réalisation a débuté en 2014 et accélère nettement en 2015.

Ainsi dans le domaine des transports, l’objectif de l’ancien président et du nouveau reste le même. C’est ici la forme prise par le projet qui diffère et sans doute ses effets attendus. En termes d’émission de gaz à effet de serre, le TEE sera sans doute moins pertinent que le Tram-Train. Par ailleurs, une nouvelle vision du développement économique de La Réunion se fait jour à l’occasion de l’élection du candidat de l’UMP à la tête du Conseil Régional.

Le nouveau président de la Région Réunion inscrit un volet économique dans un processus de développement du territoire. Ainsi, il identifie trois filières d’excellence capable de créer de nouveaux emplois : le tourisme, les NTIC et la filière agro- alimentaire. Pour la filière tourisme, il compte sur l’accueil de 600 000 touristes d’ici 2015 ce qui contribuerait à la création de 20 000 emplois. Le domaine des NTIC générerait 10 000 emplois. Les trois piliers du développement durable ont été identifiés dans le cadre du PR2D et de la Stratégie Régionale de l’Innovation comme des DAS pour La Réunion. Ces deux démarches avaient été élaborées sous la présidence du candidat PCR. Cela dénote une certaine continuité dans les politiques économiques menées par la nouvelle majorité. Pour une nouvelle dynamique économique, l’ancienne majorité avait fait de l’autonomie énergétique sa priorité, ce qui favorisait la création de nouveaux emplois et devait faire de La Réunion un modèle de développement durable. Le candidat UMP a quant à lui fait du tourisme sa priorité régionale. Il avait ainsi défini plusieurs objectifs dans le domaine du tourisme lors de sa campagne :

- Faire confiance aux professionnels, acteurs du développement du tourisme

b Les nouveaux secteurs de la relance économique inscrits dans un processus de développement durable.

- Accompagner tous les nouveaux projets hôteliers, restauration, gîtes, tables d’hôtes, activités de loisirs, transports, locations et porter le plafond des aides régionales à 3 millions d’euros

- Redynamiser le combiné « Réunion-Maurice » dans le cadre d’un partenariat « gagnant-gagnant »

Depuis 2010, 73 millions d’euros ont été investis. A la fin 2013, 25 projets ont bénéficié d’aides régionales pour un investissement total de 43 millions d’euros. 263 chambres ont ainsi été créées et 173 rénovées. Ces premières actions ont permis de créer plus de 150 emplois directs. Des projets ont été soutenus sur l’ensemble de l’île :

- dans le Nord, deux hôtels sont en cours de réalisation, 1 hôtel 4 étoiles de 120 chambres dans la zone aéroportuaire et un hôtel d’affaire 3 étoiles à Sainte- Clotilde

- dans l’Ouest, deux hôtels ont bénéficié des aides en vue d’une rénovation ou d’une extension pour un montant de 523 000 euros

- dans le Sud, une nouvelle structure hôtelière 3 étoiles de 60 chambres est financée à hauteur de 600 000 euros

- dans l’Est, un hôtel 4 étoiles est en construction pour un financement régional de 964 000 euros

Les hôtels n’ont pas été les seules structures à être financées. Des gîtes ont pu aussi bénéficier des aides régionales pour un montant de 660 000 euros tout comme une entreprise de loisir pour l’achat d’un catamaran. Cette dynamique est confortée par une augmentation de 13% du tourisme d’agrément.

Dans le cadre des NTIC, le Conseil Régional souhaite structurer la filière et favoriser le développement de contenus de production audiovisuelle, cinématographique et multimédia. Le secteur bénéficie d’une subvention de 2,3 millions d’euros.

Enfin le dernier secteur, pêche-aquaculture et agro-alimentaire, est financé à hauteur de 1,3 millions d’euros en 2012. Les aides serviront à structurer la filière pêche et à améliorer la compétitivité du secteur alimentaire à travers l’innovation. Toutes ces

128 politiques économiques s’inscrivent donc dans un processus de développement durable du territoire. La région accompagne « les projets des entreprises et la création d’emplois

au service du bien commun et du développement durable » (Didier Robert, 2011).

Au-delà du discours, ce volontarisme affiché dans le champ du développement économique renvoie donc en effet à l’un des trois piliers du développement durable mais sans qu’il soit possible à ce stade d’en estimer les retombées sur les deux autres piliers.

Ce faisant, le volet social n’est ici pas occulté puisqu’on le retrouve associé à la continuité territoriale, la lutte contre l’illettrisme, la valorisation du patrimoine et de la culture, et le plan de réussite pour l’éducation et la formation. Concernant la continuité territoriale, elle est mise en place pour la première fois à La Réunion. L’objectif ici est de permettre à la population réunionnaise de se rendre en métropole pour un moindre coût. Le Conseil Régional offre ainsi une aide de 360 euros pour l’achat d’un billet Réunion-Métropole. 70 000 personnes ont pu bénéficier de cette aide ce qui représente un budget annuel de 8 millions d’euros depuis 2010.

Pour lutter contre l’illettrisme, la nouvelle majorité a lancé quatre grands projets : - les cases à lire qui visent à susciter chez les plus jeunes un besoin d’améliorer

leurs savoirs de base pour les conduire à une action de formation

- les cadets du RSMA qui offre la possibilité à 15 jeunes de s’inscrire dans un parcours de formation qualifiante

- les Ateliers de formations

- l’école de la deuxième chance qui permet aux jeunes ayant quittés l’école sans une qualification de réintégrer le monde de l’apprentissage pour à la fin obtenir un certificat passeport pour entrer dans la vie active.

Enfin le Plan Régional pour la Réussite Educative et la Formation concerne tous les niveaux de l’enseignement, de la maternelle à l’université. Plus de 218 millions ont été investis dans ce domaine. Ces démarches qualifiées de sociales s’inscrivent là encore dans la démarche du PR2D et de la SRI, ce qui traduit encore une continuité avec l’action de l’ancienne majorité.

Paradoxalement, il y a donc moins de ruptures qu’attendues à l’occasion de cette alternance, à tout le moins en première lecture, c’est à dire au niveau des discours et des grands objectifs annoncés pour lesquels les objectifs à atteindre restent les mêmes. Par contre, ce sont les projets traduisant ces objectifs qui différencient fondamentalement les deux candidats. S’ils s’inscrivent tous les deux dans les démarches de développement durable élaborées pour La Réunion à partir des réflexions menées entre 2005 et 2010 (GERRI, PR2D, SRI…), les décisions et les actions concrètes intervenant sur le territoire les différencient profondément.

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Partie II : Les acteurs économiques et le

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