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Contexte et objectifs (rappel)

5. Aspects scientifiques de la modélisation urbaine

6.1 Contexte et objectifs (rappel)

En 1998, l’ex Projet-Ville du CNRS lançait une action d’inventaire des modèles existant actuellement dans le champ urbain, tous domaines confondus. Ce projet était baptisé Inventur (contraction de Inventaire et Urbain) et confié en partenariat à deux équipes formées de géographes et d’architectes utilisant tous des techniques de modélisation dans leurs domaines. Devait en résulter une analyse typologique des modèles urbains qui fait l’objet du présent rapport.

Compte tenu de la variété des recherches ayant trait à la ville, ainsi que de la polysémie des termes utilisés, une définition restrictive de la notion de modèle a été mise en place. Ainsi, un modèle susceptible de figurer à l’inventaire est défini comme « un outil d’intelligibilité, développé à partir d’une formalisation logico-mathématique, suivant des hypothèses strictement énoncées, et pour lequel un travail de validation a été entrepris, permettant in

fine de produire des connaissances sur un ou plusieurs phénomènes observables dans un

champ donné ». Parallèlement, le champ urbain est considéré comme l’ensemble des phénomènes naturels et anthropiques observables au niveau de fragments urbains, d’entités urbaines globales ou de systèmes de villes dans un territoire. Les modèles peuvent s’appliquer indifféremment à tout phénomène du champ urbain. A titre indicatif, huit grands domaines et 44 champs relatifs ont été proposés.

En pratique, le projet s’est appuyé sur un questionnaire interdisciplinaire qui propose 98 champs de différents types pour décrire chaque modèle. Cette liste de champs est organisée en trois parties principales qui concernent successivement une présentation générale du modèle (identification du modèle et de ses auteurs, domaines et thèmes d’application, phénomènes étudiés, objectifs et opérationalité du modèle, ses échelles et dimensions dans le champ urbain, sa famille éventuelle), une description scientifique et technique du modèle articulée autour des problèmes propres à la modélisation (problématique et hypothèses, formalisation et construction du modèle, méthodes de résolution, sensibilité, validation et limites), de la nature des données et résultats, puis des questions pratiques de mise en oeuvre (matériel, système et code, temps de mise en oeuvre, documentation et utilisation), et enfin une description libre du modèle, comprenant un abstract, les publications relatives au modèle ainsi que d’autres commentaires éventuels). Une quatrième partie propose au rédacteur du questionnaire de mieux s’identifier par rapport au modèle et d’apporter un point de vue sur celui-ci ; elle est facultative.

Ce questionnaire a principalement été diffusé via le réseau Internet. Au total, 64 modèles ont été recensés entre le 4 septembre 1998, date d’ouverture de l’inventaire, et le 19 juillet 1999, date de réception du dernier modèle recensé. L’enregistrement des modèles a connu une phase croissante de son ouverture jusqu’au milieu du mois de novembre 1998, après quoi les réponses furent plus espacées. Quatre séminaires d’analyse thématique des modèles ont également été organisés en novembre et décembre 1998. Rappelons également que le Projet-Ville du CNRS, promoteur du projet, a cessé d’exister au début de l’année 1999. Les descriptions des 64 modèles recensés forment un matériau riche et complet qui constitue, en brut, l’équivalent d’un volume de 100 pages pleines si l’on compte environ 500 mots par pages. Le sérieux et la méticulosité des rédacteurs du questionnaire sont ici à souligner : près de 80 % modèles renseignent au moins la moitié des champs proposés, avec une moyenne à plus de 750 mots par description complète. On note également que les rédacteurs répondent « en scientifiques », en précisant le plus clairement les éléments qui sont au coeur de la modélisation : la problématique, les hypothèses, les principes de formalisation et les méthodes employées. Mais ils ne dédaignent pas de s’étendre également sur les limites de leur modèle, sur les perspectives de recherche pour améliorer le modèle, la

nature des résultats et des données, les phénomènes modélisés ainsi que sur les applications effectives du modèle dans le champ urbain.

Nous avons exploité ce matériau en utilisant des techniques d’analyse appliquées à la quasi totalité des champs du questionnaire, ainsi que différentes méthodes permettant les recoupements transversaux des informations. Nous avons également choisi d’appliquer un regard panoramique sur les modèles, en évitant autant que possible de mettre en avant les cas particuliers. Ce faisant, nos conclusions ne forment ni une compilation de monographies sur les modèles recensés, ni un état de l’art sur la modélisation urbaine, ni toute autre tentative de comparaison des modèles. Nous nous sommes en réalité interdit ces approches qui appellent une compétence pluridisciplinaire qu’il semble difficile de prétendre réunir aujourd’hui en un seul individu.

Cependant, ce rapport n’est pas non plus une simple lecture statistique des réponses à l’inventaire. Au contraire, nous avons souhaité organiser nos résultats autour de quatre parties qui forment selon nous des problématiques communes de la modélisation appliquée au champ urbain : 1) l’état des problématiques actuelles de la modélisation urbaine, 2) les motivations des auteurs, 3) les capacités et limites opérationnelles des modèles, et enfin 4) une appréciation succincte des aspects scientifiques de la modélisation. Il nous a donc semblé possible d’extraire de l’inventaire divers éléments susceptibles d’éclairer ces problématiques de manière transversale et d’apporter un point de vue général sur la modélisation urbaine. Nous proposons une synthèse de nos conclusions par parties dans la prochaine section avant de discuter plus avant les résultats.