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Les versants viticoles de Côte d’Or

1.1. Les versants et la viticulture 1. La Côte viticole

1.1.2. Contexte géologique des sites étudiés

s’étend de Dijon à Corgoloin, et la Côte de Beaune, de Ladoix à Santenay. Au nord du département, on trouve également quelques vignobles frontaliers du département de la Champagne. La surface de vigne en Côte d’Or est d’environ 12000 hectares, soit un peu moins de la moitié de la surface viticole de la région.

Trois versants ont été étudiés et sont situés sur les communes de Vosne-Romanée (Côtes de Nuits), d’Aloxe-Corton (Côtes de Beaune) et de Monthélie (Côtes de Beaune). Les sites de Vosne et d’Aloxe sont distants de 13 kilomètres, Aloxe et Monthélie de 11 kilomètres. Les aires étudiées ne correspondent pas à une délimitation communale, ou à une délimitation de bassin versant, mais à des sous bassins versants. Dans chacun des cas, les limites de ces versants correspondent à des lignes de séparation des eaux naturelles (lignes de crêtes) et anthropiques (drains, chemins). Il n’a pas été tenu compte de la dynamique hydrologique de sub-surface dans la délimitation des zones d’étude.

Ces trois versants se veulent représentatifs des conditions naturelles et anthropiques de la Côte.

1.1.2. Contexte géologique des sites étudiés

La géologie du substratum de ces trois versants évolue du Sud vers le Nord de faciès à dominante marneuse vers des faciès à dominante calcaire (Figure 1.3). Le versant viticole de Monthélie étudié est exclusivement marneux (Marnes de Pommard, Oxfordien). Le versant d’Aloxe-Corton présente un contraste fort entre le haut du versant qui repose sur des marnes (Marnes de Pernand) tandis que le bas du versant est à substrat calcaire. A Vosne-Romanée, la formation la plus représentée est la formation des calcaires de Comblanchien (Bathonien supérieur), qui affleure fréquemment sur le terrain. Cette formation constitue le substratum des plateaux, dont la surface karstique favorise les écoulements dans les nappes profondes (Mesnier, 2000). De manière générale, les plateaux sont calcaires sur les trois sites, et la faible épaisseur des sols issus de l’altération des calcaires (Leneuf et Lamouroux, 1974) y empêche la viticulture.

Chapitre 1 - Contexte de l’étude : les versants viticoles de Côte d’Or

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Figure 1.3. Coupes géologiques Ouest-Est des trois versants de l’étude.

Ces trois versants sont nappés par des formations superficielles qui sont alimentées par des matériaux issus de l’altération du substrat, mais également par l’apport de sédiments en provenance des formations de plateaux.

A Vosne-Romanée, les hauts de versants sont constitués de sols1 caillouteux à matrice limono-argileuse sur le toit du Comblanchien. Ces sols sont pauvres, peu épais et généralement occupés par des friches ou des pelouses. A mi-coteau, les grèzes litées recouvrent les pentes sur des épaisseurs pouvant atteindre plusieurs mètres. Ces grèzes, témoins de l’action des cycles de gel/dégel durant le Pléistocène (Joly, 1968), sont essentiellement composées de clastes de calcaires de Comblanchien. Elles se développent jusqu’à mi-coteau, et leur répartition sur le versant se superpose au Comblanchien. En pied de versant, les sols sont plus argileux (calcosols), et alimentés par le remaniement des grèzes en amont par le ruissellement, mais également par l’altération des calcaires oolithiques et à chailles (Figure 1.3) sous-jacents. Les sols de plaine sont très argileux (calcisols), et contiennent des lithoclastes calcaires issus des formations de versant. Ils recouvrent les formations des marnes à Ostrea acuminata et des calcaires oligocènes.

A Aloxe-Corton, les hauts de versant sont constitués par les calcaires compacts. Ces plateaux sont aujourd’hui boisés, et recouverts par des sols bruns calciques de faible épaisseur. Le versant

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Dans cette étude, le terme « sol » n’est pas employé dans son sens pédologique. Les formations superficielles sur pente sont généralement dépourvues des marqueurs pédogénétiques (ségrégation en horizons), ce qui présume a priori de l’intensité des remaniements anthropiques et naturels des couvertures meubles des versants viticoles étudiés.

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étudié est constitué d’un substratum marneux (Marnes de Pernand, Oxfordien) recouverts de sols bruns calcaires (rendzines). En bas de versant, le substratum est calcaire (Bathonien-Callovien). Ces colluvions, dont l’épaisseur avoisine à peine 1 mètre d’épaisseur, se développent sur l’ensemble du versant étudié et recouvrent indifféremment les formations calcaires et marneuses. Localement, l’érosion révèle la très faible épaisseur de ces colluvions.

À Monthélie, les versants font affleurer une puissante série marneuse oxfordienne d’une épaisseur de 80 mètres, et il y est même possible d’observer des phénomènes de badlands. Les plateaux sont composés de calcaires de Nantoux, aujourd’hui en pelouses ou recouverts de sols forestiers (Pin noir). Ces calcaires affleurent sur les falaises qui surplombent les versants viticoles de Monthélie (Figure 1.3). De manière générale, les versants de Monthélie sont dépourvus de murs et de murgers2 parce que les sols n’ont pas nécessité d’épierrement pour la viticulture. Les seuls murgers identifiés comme tels sont visibles sur les rebords de plateaux et indiquent la présence de calcaires à proximité. Les sols blanchâtres développés sur ces marnes sont homogènes, et résultent d’un mélange de marnes issus de l’altération du substrat et de l’apport de cailloutis calcaires en provenance des éboulis localisés sous les falaises. Ces éboulis, qui se sont mis en place au pied des falaises des calcaires de Nantoux, peuvent être observés à différents points du bassin versant (Figure 1.4). Ils correspondent d’une part à l’altération des calcaires par cryoclastie et par fissuration lors des régimes périglaciaires du Pléistocène, mais ont été également mis en place le long de surfaces de glissement où des blocs calcaires se détachent des falaises.

La Figure 1.4 présente une coupe longitudinale réalisée le long d’un affleurement dégagé par des travaux viticoles sur une centaine de mètres de longueur. Cette coupe représente une paléo-séquence de base de corniche (Joly, 1968). Les blocs calcaires glissent le long du contact calcaires/marnes, et les espaces créés par cette extension sont comblés par des séquences basales caillouteuses à matrice limoneuse, tandis que la partie sommitale de ces remplissages est constituée des unités de plaquettes calcaires dépourvues de matrice, et qui marquent la présence de cellules de cryoturbation. Ces éboulis, autrefois stabilisés par la végétation, sont aujourd’hui en position affleurante le long des contours des vignes. Les cailloutis qui les composent se retrouvent déstabilisés et alimentent les sols des parcelles qui sont situées en aval.

Enfin, dans la plaine, les sols s’enrichissent en argiles et en matière organique.

2 Les murets et les murgers (ou « meurgers ») résultent de l’épierrement au cours des siècles des parcelles qu’ils entourent. Ils constituent des indicateurs pertinents de la géologie du substratum (Bour et al., 2003).

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