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La situation de formation qui fait l’objet de cette recherche doctorale s’inscrit dans un cursus

de formation continue Hors Temps Travail (HTT) menant à la délivrance du diplôme

d’ingénieur spécialité Informatique proposé par le Cnam au sein de son École d’ingénieurs,

l’EiCnam présentée dans le chapitre précédent. Comme il a été vu plus haut, l’une des missions

du Cnam est celle de la « promotion sociale par le biais de la formation professionnelle

supérieure tout au long de la vie », celle des ingénieurs constituant un « outil privilégié »

(Régnard, 2017, 10). L’auteur souligne que cette promotion semble vouloir perdurer pour plus

de sept auditeurs sur dix. Les diplômés ingénieurs qui se destinent à des fonctions de cadre ont

pour 32 % d’entre eux au moins l’un des deux parents cadre et pour 9 % les deux parents.

Nous allons présenter la modalité qui est privilégiée par les candidats pour suivre le cursus en

formation continue, le HTT, et ses principales caractéristiques en plaçant la focale sur la

spécialité informatique.

2.1.1 Les formations Hors Temps Travail (HTT)

Plus communément appelés « cours du soir », les formations HTT permettent de poursuivre des

études supérieures et d'accéder au diplôme d'ingénieur ; elles sont ouvertes à tous les salariés,

demandeurs d'emploi ou personnes exerçant une profession libérale qui veulent devenir

ingénieur. Elles sont censées tenir compte des contraintes de la vie professionnelle ou privée

des candidats.

Ainsi, le candidat décide du rythme de sa formation en construisant son parcours de formation

et en capitalisant, sans contrainte de délais, les unités d'enseignement nécessaires à l'obtention

du diplôme.

Toutes les unités d'enseignement sont accessibles à Paris, en régions et à l'étranger. Elles ont

lieu principalement en cours du soir et du samedi, parfois en semaines bloquées et certaines

sont accessibles à distance.

Ces formations HTT constituent le cursus historique du Cnam, comme nous l’avons rappelé

précédemment.

Régnard (2017, 15) souligne que les diplômés du cursus HTT sont plus que trentenaires 35,5

ans pour les hommes contre 32,5 ans pour les femmes. Leur niveau initial de diplomation varie

selon les spécialités :

o un diplôme de niveau III pour 56 % des diplômés en Chimie, sciences et

techniques du vivant et en Électronique, Automatique ;

o contre un diplôme de niveau I ou I pour 53 % des diplômés en Informatique

et 54 % en Mécanique, matériaux.

Les diplômés du cursus HTT en sortent en moyenne au bout de 9 ans et plus précisément 6,3

ans après avoir été admis à l’EiCnam pour 6 diplômés sur 10 (Ibid., 16). Seuls 27 % ont obtenu

le titre en moins de cinq années.

90 % ont informé leur employeur de leur reprise d’études dont 73 % déclarent avoir obtenu

l’appui de celui-ci (Ibid.), soulignant la dimension délicate de la négociation évoquée par Pottier

(1996) pour le faible pourcentage restant.

Régnard (2017, 16) mentionne les éléments suivants :

o 92 % des diplômés ingénieurs du cursus HTT sont déjà en emploi en

moyenne depuis 7 ans pour 57 % d’entre eux depuis au moins cinq ans ;

o 88 % possèdent un contrat stable (CDI ou titulaire de la fonction publique) ;

o 95 % travaillent à temps plein ;

o 83 % sont techniciens dont 35 % le sont dans un établissement d’au moins

1 000 salariés ;

o 23 % déclarent avoir un statut de cadre et 16 % la responsabilité d’une

équipe.

L’éventail des salaires des diplômés ingénieurs HTT apparait très large à savoir de 16 à plus de

300 000 € annuels bruts. Régnard (Ibid.) souligne toutefois que pour 45 % des diplômés la

fourchette se situe plutôt entre 18 et 27 000 € annuels bruts, soit « à peu près entre une fois et

une fois et demie le SMIC » (montant mensuel de 2017 i.e. 1 480,27 €).

Concernant l’évolution de leur statut, Régnard (Ibid., 17) précise que six mois après l’obtention

du titre, 95 % des diplômés sont alors en emploi soit une hausse sensible de 3 %. 93 % se sont

maintenus dans la même entreprise mais avec un changement pour 47 % d’entre eux soit avec

des fonctions différentes (96 %) soit avec une modification de leur quotité de travail (4 %), tout

ceci entraînant une évolution significative des salaires pour 79 % d’entre eux (Ibid.).

Nous ne mentionnons ici que les éléments les plus significatifs. Le lecteur intéressé par

l’intégralité de l’enquête ci-dessus mentionnée peut la retrouver en Annexe 5.

2.1.2 Le diplôme d’ingénieur dit en formation HTT

Le diplôme d'ingénieur est décliné dans 17 spécialités : agroalimentaire, chimie, construction

et aménagement, énergétique, génie biologique, génie des procédés, informatique, matériaux,

mécanique, mécatronique, mesure-analyse, sciences et technologies nucléaires, sécurité

sanitaire, systèmes automatisés, systèmes électriques, systèmes électroniques,

télécommunications et réseaux.

Toutefois, il faut préciser que la dominante demeure la spécialité Informatique avec 42 % (Ibid.,

15), elle-même déclinée en 5 parcours correspondant à des « métiers » de la spécialité :

modélisation et ingénierie mathématique, architecture et ingénierie des systèmes et des

logiciels, informatique modélisation optimisation, réseaux systèmes et multimédia, systèmes

d’information. Un enseignant de cette dernière spécialité convoque même la dimension de

« petit flux pour certaines d’entre elles à savoir que dans certaines spécialités, l’EiCnam ne

délivre qu’un seul diplôme parfois par cession, diplôme attribué selon le règlement de

délivrance des diplômes.

Ce cursus de formation démarre à Bac+2 pour finir à Bac+5 et est destiné à un public de

candidats titulaires d’un baccalauréat scientifique ou technique dans la spécialité informatique

envisagée et de l’un des titres suivants : un diplôme de premier cycle technique (DPCT), un

brevet de technicien supérieur (BTS), un diplôme universitaire de technologie (DUT), un

diplôme d’études universitaires générales (DEUG) ou d’une spécialité voisine, une validation

des études supérieures (VES) ou encore une validation des acquis de l’expérience (VAE). Le

volume global du dispositif de formation est de 180 crédits ou ECTS (European Credits

Transfer Système) répartis en deux cycles d’une durée moyenne de deux années. C’est une

durée moyenne au regard du public concerné de professionnels en activité ; elle peut s’étendre

parfois jusqu’à six ou sept années pour chacun des deux cycles. Le cycle préparatoire – nommé

sous la précédente habilitation de 2006 cycle probatoire – comporte les dominantes de la

spécialité dans leurs aspects fondamentaux et technologiques. Le cycle de spécialisation –

nommé cycle d’approfondissement sous la précédente habilitation de 2006 – regroupe les

enseignements approfondis de la spécialité ainsi que des enseignements dits de Management et

de Communication et Expression pour ingénieurs. Le candidat doit justifier d'une expérience

professionnelle de trois ans minimum à la date de soutenance du mémoire final d’ingénieur,

dont deux dans la spécialité et suffisamment qualifiante, expérience largement dépassée pour

les sujets de cette recherche, puisque techniciens faisant fonction d’ingénieur depuis de

nombreuses années dans l’entreprise qui les emploie.

A la fin du cycle préparatoire, se déroule désormais l’examen d’admission à l’école d’ingénieur

permettant d’identifier si le candidat est capable de devenir ingénieur, permettant de le

conseiller et de lui désigner un tuteur pour son futur stage de fin d’études. Le candidat présente

un dossier de candidature incluant ses parcours d’études et professionnel, ses projets de

formation et professionnel. Le document est joint en Annexe 12. Sous l’ancienne habilitation

de la Cti, les candidats devaient, en lieu et place de ce dossier de candidature, rédiger puis

soutenir un mémoire probatoire ou « faire la preuve des compétences attendues d’un ingénieur »

– propos recueillis auprès du responsable pédagogique et du directeur du département

Informatique. Ce changement de nomination quant au défunt mémoire probatoire concorde

avec le changement de statut de l’organisme de formation, devenu avec la nouvelle habilitation

un institut – école d’ingénieur et non plus un établissement. Le terme d’examen d’admission à

l’école d’ingénieur n’est pas sans rappeler la terminologie usitée par la formation initiale.

Toutefois, le terme de mémoire probatoire est toujours présent dans les discours des acteurs,

les candidats comme les enseignants et les responsables de l’EiCnam. Enfin, en cas de réussite

à la soutenance de ce mémoire, le jury national de l’école d’ingénieur qui se réunit deux fois

par an, en janvier et en juin, prononce un avis d’admission à l’école permettant la poursuite

dans le cycle final suivant.

Le cycle de spécialisation s’achève par la soutenance du mémoire final d’ingénieur, mémoire

ayant pour sujet une mission d’ingénieur dans l’entreprise du candidat au diplôme.

Globalement, il est cependant constaté que cela ne sera pas le cas pour tous les candidats à ce

cursus, et, plus précisément, pour certains de ceux que nous avons observés pour cette étude.

L’écriture, la soutenance et la validation du mémoire de fin d’études constituent l’étape ultime

de ce cursus de formation. Cette prescription rédactionnelle est l’objet de multiples enjeux

individuels comme collectifs qui sont présentés dans la partie qui suit.

Le dispositif complet de formation menant au diplôme d’ingénieur est présenté en détail selon

les disciplines choisies sur le site de l’EiCnam (cf. Sitographie, Cnam, « spécialité »).

Concernant cette étude, sont joints en Annexes 7, 8 et 9 respectivement la description du cursus

complet de formation de la spécialité Informatique et les descriptifs des deux options de cette

spécialité dans lesquelles se sont inscrits les sujets observés (IRSM & ISI).