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CHAPITRE II. Matériels et méthodes

1. Description du bassin versant du Katari

1.5 Contexte démographique et social

Le BV du Katari connaît une très forte augmentation de sa population depuis les années 1980.

A l’origine, c’est l’événement de sécheresse survenue dans le nord de l’Altiplano bolivien

pendant les années 82 et 83 et la fermeture de mines nationales dans la Cordillère Royale en

1985 qui a forcé des milliers de ruraux à chercher du travail en ville conduisant à l’expansion

de El Alto, devenue aujourd’hui une commune à part entière. Ainsi, les activités urbaines sont

concentrées sur l’axe El Alto-Viacha.

En conséquence, les sous bassins versants ayant la concentration démographique la plus

importante sont Seke et Seco où se trouve la ville de El Alto. La population de El Alto est

passée de 95000 habitants en 1976 à environ 1,2 millions selon le dernier recensement

(Hubert Mazurek, 2012). Selon le MMAyA, en 2010 85% des habitations étaient raccordés

au réseau d’alimentation en eau et 72.42% au réseau de collecte d’eaux usées (Instituto

Nacional de Estadística de Bolivia, 2001; M.M.A.y.A., 2010). Cependant, la ville a continué à

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se développer et le pourcentage de raccordement au réseau de collecte et traitement des eaux

usées a certainement diminué, probablement au-dessous du 50%.

1.5.1 Socio-économie.

L'économie précolombienne a été fortement liée à l'utilisation diversifiée et durable des

ressources naturelles de la région (PNUMA, 2011). Pendant la période coloniale, avec

l'arrivée des Espagnols en 1532, les communautés ont été dépossédées de leurs terres et

l’exploitation des métaux précieux a été privilégiée avec une forte mobilisation de

main-d'œuvre indienne pour l’exploitation minière. La dépossession des terres aux communautés

autochtones a été augmentée de façon significative durant la période républicaine, pour

former de grands domaines « haciendas » pour les riches créoles. Ce système a continué

jusqu'à la mise en œuvre des lois de réforme agraire de 1953 en Bolivie. Dans les dernières

décennies, la région de l’altiplano est formée majoritairement par des unités de production

communales et familiales avec une activité essentiellement agricole et / ou de l'élevage à

petite et moyenne échelles (PNUMA, 2011).

Traditionnellement, il existe trois types de régimes fonciers: sayana, aynuqa et des pâturages.

Actuellement l’agriculture et l’élevage sont des activités économiques présentes dans le site

d’étude, même si cela reste à des échelles familiales et communautaires. Les sous bassins

versants avec la plus grande superficie à vocation agricole sont Katari Alto et Pallina Alto. La

patate et l’orge sont les produits agricoles prédominants sur l’ensemble du site d’étude. Le

type d’élevage dominant est l’élevage ovin, même si on retrouve aussi, dans l’ordre

d’importance, de l’élevage bovin, porcin et de camélidés. Outre les activités agricoles et

d’élevage on retrouve des activités industrielles (concentrées principalement dans les centres

urbains de El Alto et Viacha) et minières (M.M.A.y.A., 2010).

1.5.2 Demande hydrique

L'approvisionnement en eau potable pour les villes de La Paz et El Alto a comme source

principale le système aquifère d’El Alto, pour lequel les connaissances hydrogéologiques

sont fractionnées. Un plan de gestion est actuellement mis en place (MMAyA, 2010). Il est

complémenté par le site de captage du barrage de Tuni Condori, situé au nord du BV et une

partie du captage de Milluni. L’infrastructure hydrique présente dans le BV est composée

principalement de puits, réservoirs, 3 barrages, 1 station d’épuration des eaux usées (STEP)

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située en aval de la Ville de El Alto (STEP Puchukollo) et 1 station de potabilisation d’eau

située en amont de la ville de El Alto (M.M.A.y.A., 2010).

Dans l’ensemble du BV, ainsi que dans le pays, l’agriculture est l’activité économique avec la

demande hydrique la plus élevée. De la sorte, le sous bassin versant présentant la demande

hydrique la plus importante est Pallina Alto, qui compte avec la plus grande zone de

production agricole (> 7000 ha) et le plus grand nombre de têtes de bétail (71.000). La

demande en eau de ce sous bassin est de 38 mmc, suivie par Katari Alto (33 mmc) et

Seke-Seco (29 mmc). Dans les deux premiers la demande est principalement pour l'irrigation,

tandis que dans le sous-bassin de Seke-Seco qui abrite la ville de Alto, ce sont les demandes

urbaine et industrielle qui dominent (deux tiers du total) (M.M.A.y.A., 2010). Une autre

pression hydrique, cette fois ci externe, correspond à la demande en eau d’une partie de la

ville de La Paz (nord, centre et pentes occidentales Achachicala) qui est alimentée à partir du

BV du Katari (M.M.A.y.A., 2010).

1.5.3 Assainissement.

Le processus de privatisation de l’accès à l’eau potable et collecte des eaux usées a débuté en

1996. La gestion du système d’assainissement et d’alimentation en eau potable de La Paz et

El Alto a été en charge de l’entreprise Aguas de Illimani SA (AISA), filiale de la Lyonnaise

des Eaux. Celle-ci devait étendre les réseaux de la ville d’El Alto et La Paz, ce qui n’a jamais

été réalisé. Après de nombreux conflits, entre autres à cause d’une augmentation tarifaire de

20%, et une révolte en 2006 le contrat a finalement été rompu (Robert Grosse et al., 2006).

Depuis 2007 c’est l’entreprise à caractère publique et social Empresa Pública Social de Agua

y Saneamiento S.A. (EPSAS) qui est en charge de la gestion de l’eau courante et de son

traitement dans les deux villes. Cependant, après plus de trois ans de gestion par cette

entreprise et selon une publication en Septembre 2009, la distribution d'eau potable et la

collecte des eaux usées de la ville de El Alto n’ont pas été améliorés comme attendu (Erico

Navarro Agreda, 2011).

La seule STEP existante dans l’ensemble du BV est la STEP de Puchukollo, située en aval de

la ville de El Alto et qui est vraisemblablement insuffisante pour les nécessités

d’assainissement d’un centre urbain de telle envergure et en pleine croissance (M.M.A.y.A.,

2010; PNUMA, 2011).

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Selon la Constitution Politique de l'État Bolivien, la santé est un droit fondamental. Par

conséquent, c’est la responsabilité de l'État de la protéger et la promouvoir.

L’axe central de la politique nationale de santé est la « Ley del Medicamento (la loi du

Médicament) » (Ley 1737), qui établit une série d'objectifs qui visent à améliorer la situation

sanitaire en Bolivie.

Les autres axes majeurs sont:

Programa Nacional de Medicamentos Esenciales de Bolivia (PNMEBOL)

(Programme National des Médicaments Essentiels de Bolivie).

Seguro Universal Materno Infantil (Assurance Universelle Maternelle et Infantile),

qui finance l’accès aux médicaments des femmes et des enfants jusqu'à l'âge de 5 ans.

La politique de santé actuelle vise la convergence avec les politiques pharmaceutiques

régionales comme la Communauté Andine des Nations (CAN) ou le Mercosur. Un des

principaux objectifs du gouvernement Bolivien depuis quelques années est d’assurer la

disponibilité et l’accès aux médicaments efficaces, surs, de qualité et a prix raisonnables.

Cependant, environ 50% de la population n'a pas accès aux médicaments en raison de

l'inaccessibilité à certaines zones géographiques, la culture bien ancrée de la médecine

traditionnelle et la situation économique de la majorité de la population qui empêchent l'accès

à une « certaine forme » d'assurance (Martin, 2013).

Le marché pharmaceutique en Bolivie est reparti de la façon suivante : 33% production

locale, 42% importation et 25% contrefaçon. Le pays compte avec une puissante

production nationale laquelle pourrait satisfaire sa demande interne, les importations sont

réalisées pour l’approvisionnement des produits complexes, récente ou de coût trop élevé.

Actuellement, il existe 27 compagnies pharmaceutiques dans le pays, dont deux sont du

domaine public et sont dédiées exclusivement à la production de vaccins et spécifiquement de

vaccins contre la rage.

Les 25 autres sont des sociétés privées principalement concentrées dans la ville de La Paz/El

Alto, Cochabamba et Santa Cruz (dans l’ordre décroissant). Dans le pays il y a environ 7.000

pharmacies privées dont 1800 sont illégales (Martin, 2013).

En théorie l’établissement distributeur des produits pharmaceutiques doit être géré par un

chimiste pharmaceutique ou un biochimiste lequel doit informer et guider le patient.

Cependant, ce n'est pas une pratique courante en Bolivie, on constate que les médicaments et

spécialement les antibiotiques sont en libre accès. Cette situation est à l’origine d’une

utilisation de médicaments sans contrôle avec des durées de traitements généralement réduites

et inappropriées.

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