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DÉCISION+2 est un programme de formation en prise de décision partagée ciblant les médecins, résidents et autres professionnels de la santé en soins primaires. C'est une très vaste étude qui a pour objectif d'intégrer la prise de décision partagée dans la consultation clinique afin d'optimiser la prise de décision à l'égard de l'utilisation des antibiotiques pour traiter les infections aiguës des voies respiratoires (IAVR).

5.1.1 La problématique des infections aiguës des voies respiratoires

En Amérique du Nord, les IAVR sont identifiées comme la principale raison de consultation des services de soins de santé primaires [41]. Les IAVR comprennent les pharyngites/amygdalites, les otites moyennes, les bronchites et les sinusites. Lors d'une consultation clinique, le diagnostic d'une IAVR mène couramment à la prescription d'un antibiotique. Ainsi, lors d'une étude réalisée en 2004 par le Collège des Médecins de Famille du Canada, des chercheurs ont établi que 56,9% des patients ayant reçu un diagnostic d'IAVR recevaient systématiquement une prescription d'antibiotique alors qu'on estime que ce taux devrait être d'environ 30% [42]. L'utilisation des antibiotiques, est parfois inappropriée et excessive, et entraine plusieurs conséquences sur le plan de la santé publique. En effet, il est largement reconnu que ces prescriptions sont souvent peu susceptibles d'être bénéfiques [43]. En autres, la surconsommation d'antibiotiques peut entrainer une importante résistance antimicrobienne [44]. Subséquemment, on peut alors remarquer que certaines infections communes sont de plus en plus difficiles à traiter et que l'affection, due à la résistance aux antibiotiques, est plus longue à se résoudre. D'autre part, les coûts élevés ainsi que les effets secondaires potentiels des antibiotiques ajoutent aux possibles conséquences néfastes de la surutilisation de ces derniers [45].

Ainsi, les antibiotiques sont largement prescrits pour traiter les IAVR. Toutefois, à ce jour, il existe peu de données probantes qui soutiennent cette prescription excessive [46].

Cependant, un des éléments qui expliquerait pourquoi les médecins prescrivent les antibiotiques est la nature parfois spéculative du diagnostic d'une IAVR ainsi que la difficulté de communiquer clairement au patient les options disponibles pour traiter une IAVR. En effet, cela engendre fréquemment une situation délicate où la décision concernant la prise d'un antibiotique ou non peut s'avérer difficile. Par conséquent, les comportements des professionnels de la santé sous-jacents au processus de prise de décision partagée lors de la consultation clinique peuvent jouer un rôle important afin d'optimiser le processus décisionnel et les issues qui en découlent. En effet, on estime que si le professionnel de la santé présentait clairement les options disponibles au patient (dans ce cas-ci prendre un antibiotique versus ne pas prendre d'antibiotique) ainsi que les bénéfices et les risques associés aux options, il est probable que le patient pourrait plutôt choisir l'option de ne pas prendre d'antibiotique.

5.1.2 Les objectifs du programme DÉCISION+2

DÉCISION+2 s'adresse donc à cette problématique en intégrant la prise de décision partagée dans la routine de soin. Le cadre conceptuel global du projet DÉCISION+2 est présenté à la figure 3. Ce programme, intégré à la formation universitaire régulière de tous les résidents en médecine familiale de l'Université Laval, est aussi offert aux médecins enseignants et aux infirmiers praticiens prodiguant des soins à l'intérieur de ce réseau. Un projet pilote, sous forme d'essai clinique randomisé par grappe, a été mené préalablement [47].

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Figure 3 : Cadre conceptuel DÉCISION+2

Le présent projet de recherche DÉCISION+2 repose, entre autres choses sur les résultats de ce projet pilote. Mené en 2007 parmi des groupes de médecine familiale de la région de Québec [48], il visait à développer et à pré tester DÉCISION+ ainsi qu'à estimer son impact sur la décision des médecins de famille et de leurs patients d'utiliser un antibiotique pour traiter les IAVR. Les résultats de ce projet pilote ont permis d'observer que le programme permettait de réduire la prescription d'antibiotiques de 16% (p = 0.08) chez les patients du groupe expérimental, en comparaison au groupe témoin. De plus, l'accord décisionnel mesuré entre le professionnel de la santé et le patient fut plus fort dans le groupe expérimental que dans le groupe témoin (différence de coefficient de corrélation de Pearson de 0.26). Par la suite, le programme DÉCISION+ a été modifié dans un format adapté pour le programme de résidence en médecine familiale et est devenu DÉCISION+2 [49-50].

5.2 L'engagement dans la prise de décision partagée, un objectif secondaire

5.2.1 Développement de la question de recherche

Dans le cadre du projet de recherche DÉCISION+2, plusieurs paramètres, en marge de ceux mesurant l'objectif principal, ont également été recueillis. L'ensemble de ces paramètres sont retrouvés dans les questionnaires en annexes. À partir de ces paramètres, plusieurs questions de recherche pouvaient alors être développées. A la suite de ma revue systématique de la littérature et des lacunes observées, mais également de mes intérêts personnels et de mon parcours académique, j'ai décidé de me pencher sur une question visant à cerner les changements de comportements chez les professionnels de la santé. Ainsi, en fonction des données recueillies et du devis principal de l'étude, le changement de comportement visant à évaluer l'engagement des professionnels de la santé dans la prise de décision partagée a été retenu. Ainsi, l'intention comportementale des professionnels de la santé de s'engager dans le processus de la prise de décision partagée et les déterminants de cette intention ont fait l'objet d'une évaluation rigoureuse dans le cadre de mon mémoire de maitrise. Afin d'avoir les connaissances nécessaires pour développer ma question de recherche et ainsi pouvoir faire l'analyse de mes résultats, j'ai inscrit à mon parcours académique un cours, dispensé par le Dr Godin, couvrant spécifiquement les théories sociales cognitives. Ainsi, j'ai pu élargir et approfondir mes connaissances des différentes théories, et spécialement de la TCP. Cet apprentissage m'a permis de bien cerner les fondements et complexité de la TCP. Enfin, j'ai personnellement conceptualisé le plan des analyses statistiques à effectuer avec l'aide du biostatisticien. J'ai également accompagné le biostatisticien dans toutes les étapes des analyses pour avoir une compréhension approfondie des analyses statistiques de mes données.