• Aucun résultat trouvé

1ère partie: Contexte d’émergence du programme global „Migration et santé“

1.3 Construction et organisation

Comme nous l’avons déjà indiqué, le projet migrants fut lancé à titre d’essai pour deux ans en 1991 par l’OFSP. En dehors du collaborateur de l’OFSP responsable de la

16 Voir à ce sujet Cattacin 1999.

coordination globale du projet, trois experts externes furent engagés en collaboration avec l’Aide suisse contre le sida:

x une chargée de prévention espagnole désignée pour les communautés espa-gnole et portugaise en Suisse alémanique;

x une chargée de prévention colombienne désignée pour les communautés espa-gnole et portugaise en Suisse romande et au Tessin (puis, plus tard, pour des communautés „plus petites“ de l’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine);

x et un chargé de prévention turc pour la communauté turque dans toute la Suisse.

Le fait qu’au départ aucune des personnes compétentes désignées pour la commu-nauté portugaise ne fût d’origine portugaise s’est révélé être un inconvénient, aussi bien au niveau du travail sur le terrain (formation des médiateurs) qu’au niveau de l’élaboration d’un matériel didactique (voir rapport d’activités 91-92: 5), si bien qu’une chargée de prévention portugaise supplémentaire fut engagée à partir de 1993 pour poursuivre efficacement le développement du travail auprès de la communauté portugaise. Selon plusieurs déclarations, cette mesure s’est plus révélée avantageuse au niveau socio-culturel que sur le plan linguistique, la nouvelle collaboratrice étant de nationalité et d’origine portugaises.

Après le succès du déroulement de la phase pilote de deux ans, le projet est entré dans une phase de consolidation, tout en élargissant ses activités aux migrants d’Amérique latine, d’Afrique et du Sri Lanka. La responsabilité pour ces communau-tés „plus petites“ en Suisse fut déléguée à la chargée de prévention colombienne, prin-cipalement active en Romandie. A partir de là, l’engagement des collaborateurs exter-nes s’est fait au nom de l’Institut de médecine sociale et préventive de l’Université de Zurich qui devenait ainsi l’employeur des experts externes. Les chargés de la préven-tion étaient recrutés au-travers de contacts personnels dans les milieux de la recher-che17, mais, plus tard, aussi dans les rangs des multiplicateurs qui étaient actifs au sein du PMS (voir aussi Tableau 4).

17 Deux collaborateurs avaient déjà été impliqués lors de la phase pilote du projet dans les évalua-tions sur le degré des connaissances de la population migrante.

Tableau 4: Les étapes les plus importantes du développement du programme global des dépendances et promotion de la santé Groupes cibles trois chargés externes sous contrat avec 5-6 chargés externes sous contrat avec Engagement de

l’Institut tropical suisse à Bâle

Direction globale du projet (respon-sable)

D. Burgi jusqu’en février 1998 Th. Spang d’août 1998 jusqu’au premier janvier 2000, puis par la direction stratégique du PMS Suppléance: R. Carron / V. Hanselmann Secrétariat: vacant/E. Cracco (depuis 1.5.00)

Les années 1995 et 1996 ont représenté un tournant important (non seulement or-ganisationnel, mais aussi du point de vue du contenu) avec l’élargissement du rayon d’action et l’inclusion de deux nouveaux groupes cibles celui italien et celui yougo-slave (kosovar, croate etc.) chacun avec un expert responsable. Et, le 1er janvier 1996, le Service migration fut créé au sein de la nouvelle unité sida et dépendances. En

18 Pour se rapprocher du Projet migrants initial, les termes de „Projet migration et santé“ sont utili-sés aussi souvent que ceux de „Programme migration et santé“. Le logo a été modifié en 1999 et, depuis lors, l’OFSP favorise l’utilisation de la notion de „Projet migration et santé“ (papier à let-tre, carte de visite,etc).

outre,une nouvelle experte (d’origine suisse) fut engagée (à 90%) pour la coordination du projet global.

Désormais, l’Institut tropical suisse (ITS) s’occupe de l’engagement de tous les char-gés de prévention, à l’exception du chef de service, sur la base d’un contrat de quatre ans (1995-98; prolongement: 1998-2002). La nécessité d’un engagement externe des collaborateurs du PMS résulte d’une part du caractère pilote du projet et du fait que l’OFSP ne conduit en principe pas d’activités de terrain et, d’autre part, de ses con-traintes concernant l’engagement de nouveau personnel. Aussi bien l’ancien que l’actuel contrat de l’OFSP avec l’Institut tropical comprend l’engagement des experts externes. Un contrat supplémentaire avec l’ITS couvre le secrétariat du Service migra-tion (actuellement un poste à 65%). Dans la convenmigra-tion courante, un poste, corres-pondant à une occupation à 60% d’un collaborateur de l’ITS, est par ailleurs prévu pour l’administration du PMS (gestion des salaires, indemnités etc.). Le budget du PMS inclut en outre un forfait pour des travaux de recherche de l’Institut tropical dans le domaine „migration et santé“.

Avec l’élargissement, à partir de 1995, du personnel lié au projet, la palette des qualifications et des provenances professionnelles s’est, elle aussi, agrandie, ce qui peut à la fois être considéré comme un enrichissement (interdisciplinarité, compéten-ces diversifiées), mais aussi comme un défi pour la collaboration au sein du projet. A l’heure de cette évaluation, les groupes professionnels suivants sont représentés auprès du PMS: la médicine, la chimie, la sociologie, la pédagogie sociale, le droit et l’ethnologie. Tous les experts d’origine étrangère sont actifs dans le PMS depuis au moins 1995/96. La chargée de prévention colombienne, responsable des migrants d’Afrique, des Amériques et d’Asie, a quitté le projet en 1998, encore sous la direction de l’époque. Depuis lors, son poste n’a pas été repourvu et la responsabilité de ces groupes est venue s’ajouter aux charges déjà lourdes de la coordinatrice de l’ensemble du PMS. Il est difficile de s’imaginer que cette décision n’ait pas eu de conséquences négatives sur la prise en compte de ces petites communautés et, qui sont en partie du moins, particulièrement exposées19.

Une particularité du projet consiste dans le fait que les experts externes, à l’exception de la cheffe de projet travaillent dans des villes différentes (Bâle-Allschwil, Granges-Soleure, Lucerne, Thoune, Zurich) et pour une part d’entre eux à domicile, ce qui, officiellement, en termes de locaux et d’infrastructures, n’a été in-demnisé que récemment. Des affirmations isolées indiquent que cet état de fait n’a même pas allégé la direction de l’équipe et l’effort d’identification vers l’extérieur. Au vu des ressources trop justes du secrétariat, les chargés de prévention doivent régler leur travail administratif par leurs propres moyens.

19 Certaines personnes interrogées déplorent par exemple le fait que les relations avec la commu-nauté tamoule n’aient pas été conduites plus loin, ce qui pourrait s’avérer préjudiciable pour une reprise ultérieure des contacts.

Manifestement, l’orientation linguistique de l’équipe soulève des questions dans ce contexte. Cela dans la mesure où il est difficile d’attendre de la part des experts ex-ternes, outre la connaissance d’une ou de plusieurs langues des communautés étrangè-res, une bonne maîtrise de deux langues nationales (allemand et français). Le cahier des charges préconise „la maîtrise d’au moins une langue nationale en sus de la langue maternelle“ (point 4.4). Comme le chef de projet et sa suppléante étaient tous deux romands, jusqu’en 1998, c’est avant tout le français qui avait été utilisé au cours des réunions, même si de nombreux documents avaient été rédigés en deux langues (alle-mand et français). Avec l’embauche d’un chef de service et une suppléante suisse-allemands la situation s’est renversée, d’autant qu’il était plus facile de faire passer l’allemand comme langue majoritaire (à l’OFSP) que le français. Pour les personnes qui avaient été engagées sous la direction francophone et qui n’avaient pas de connais-sances avancées de l’allemand, le travail, à ce niveau, est devenu difficile à partir de 1998, quand les réunions ont commencé à se tenir avant tout en allemand et que beau-coup de documents étaient d’abord sinon exclusivement rédigés en allemand (les protocoles de réunion p.ex.)20. Fondamentalement, les experts ont quand même gardé la liberté de rédiger leurs textes en français et les contrats et autres rapports d’activités sont délivrés dans les deux langues.

Nous reviendrons sur la structuration de la collaboration interne au PMS (ré-unions, rédaction des rapports) dans le chapitre suivant sur le Service migration où, pour une meilleure compréhension de ces nouveaux développements, il va falloir éclaircir le contexte de la création de ce service et la répartition du travail avec le PMS.