• Aucun résultat trouvé

Construction de L p ˆf,s

Dans le document Fonction L p-adique d'une forme modulaire (Page 36-42)

Nous sommes maintenant prêt à donner la dénition de la distribution qui sera utilisée pour dénir la fonction L p-adique de f. On suppose que f > SkˆΓ0ˆN,ε est une forme propre

pour l'opérateur Tp avec valeur propre ap qui est un entier algébrique par le théorème 1.2.23.

On suppose de plus que le polynôme X2 a

pX εˆppk1 possède au moins une racine non

nulle α. C'est équivalent à supposer que p Ñ N et ap x 0. On remarque que si α et β sont les

deux racines de X2 a

pX εˆppk1, alors α  β ap et αβ εˆppk1.

Dénition 2.2.1. Pour a,m > Z avec m A 0, on dénit

µf,αˆP ; a,m 

1

αvpˆmλf,Pˆa,m 

εˆppk2

αvpˆm1λf,Pˆa,m~p

où λf,Pˆa,m λˆf,P ; a,m dénote que f et P sont vus comme constants.

Proposition 2.2.2. Pour a,m > Z avec m A 0, µf,α satisfait la propriété de distribution

µf,αˆP ; a,m Q

ba mod m b mod pm

µf,αˆP ; b,pm.

Démonstration. Le côté droit de l'équation est

Q ba mod m b mod pm µf,αˆP ; b,pm Q ba mod m b mod pm Œ 1 αvpˆpmλf,Pˆb,mp  εˆppk2 αvpˆpm1λf,Pˆb,m‘ .

Puisque que λf,Pˆb,m ne dépend que de b modulo m, on obtient que

Q ba mod m b mod pm εˆppk2 αvpˆpm1λf,Pˆb,m p εˆppk2 αvpˆpm1λf,Pˆa,m.

On additionne puis soustrait le terme εˆppk2

αvpˆm1λf,Pˆa,m~p pour faire apparaître l'action de

l'opérateur Tp Q ba mod m b mod pm µf,αˆP ; b,pm 1 αvpˆm1 ’ –– ”ba mod mQ b mod pm λf,Pˆb,mp  εˆppk2λf,Pˆa,m~p  εˆppk2λ f,Pˆa,m~p  εˆppk1 α λf,Pˆa,m “ • 1 αvpˆm1ŒλˆTpf,P ; a,m  εˆpp k2λ f,Pˆa,m~p  εˆppk1 α λf,Pˆa,m‘ .

L'hypothèse que f est une forme propre pour Tp avec valeur propre ap et le fait que α2 apα εˆppk1 0implique que Q ba mod m b mod pm µf,αˆP ; b,pm 1 αvpˆm1ŒŒap εˆppk1 α ‘ λf,Pˆa,m  εˆpp k2λ f,Pˆa,m~p‘ 1 αvpˆmλf,Pˆa,m  εˆppk2 αvpˆm1λf,Pˆa,m~p µf,αˆP ; a,m. Ì

Comme pour les symboles modulaires, nous avons une formule pour les convolutions de µ. Proposition 2.2.3. Soit ψ un caractère de Dirichlet de conducteur M relativement premier à p. Alors, pour n copremier à M,

µf

ψ,αψˆpˆP ˆMz; b,n

ψˆpvpˆn

τˆψ a mod MQ ψˆaµf,αˆP,Mb  na,Mn. Démonstration. Observons d'abord que

Q a mod M ψˆaψˆpλf,PˆMb  na~p,Mn~p Q a mod M ψˆa~pλf,PˆMb  na~p,Mn~p Q y mod M ψˆyλf,PˆMb  ny,mn~p

en posant y  a~p. Comme ˆM,p 1, p est inversible modulo M et a~p parcourt également un système complet de résidus lorsque a parcourt un tel système. Ainsi, en utilisant la formule pour la convolution de λ, on obtient

µf ψ,αψˆpˆP ˆMz; b,n ψˆpvpˆn τˆψ a mod MQ ψˆa Œ 1 αvpˆnλf,PˆMb  na,Mn  εˆppk2 αvpˆn1λf,PˆMb  na,Mn~p‘ ψˆpvpˆn

τˆψ a mod MQ ψˆaµf,αˆP ; Mb  na,Mn.

Ì Pour M un entier plus grand que 0 et copremier à p, on pose

Zp,M  lim v ˆZ~pvM Z Z p ˆZ~MZ, Zp,M lim v ˆZ~pvM Z Z p  ˆZ~MZ.

Zp,M est l'union des disques ouverts Dˆa,v  a  pvM Zp,M ` Zp,M indicés par les entiers

naturels a relativement premiers à pM et les entiers naturels v plus grands ou égaux à 1. On note par Q une clôture algébrique de Q dans C et on xe un plongement Q Cp. Ce

plongement provient du fait que C Cp en tant que corps puisque les deux ont le même degré

de transcendance sur Q. Notons que Cp n'est pas isomorphe à C comme espaces topologiques,

le premier étant totalement non connexe. Soit v la valuation sur Cp qui étend vp normalisée de

telle sorte que vˆp 1. Soit Op` Cpl'anneau des entiers de Cpet soit Op ˜x > Cp vˆx 0

le sous-anneau des unités. On xe une forme modulaire f > SkˆΓ0ˆN,ε comme dans la sous-

section précédente et on considère le Cp-espace vectoriel de dimension nie Vf  Cp@QLfQ

ainsi que le Op-réseau Ωf ` Vf généré par Lf. Nous prenons maintenant quelques lignes pour

expliquer la motivation derrière l'espace Vf. D'abord, on munit Lf de la structure d'un Q-

espace vectoriel en considérant les générateurs de Lf comme une base libre pour cet espace

que l'on note LfQ. On remarque que µf,αˆP ; a,m prend ses valeurs dans LfQ. Le but étant

de considérer µf,α comme une distribution (une mesure possiblement non bornée) sur Zp,M,

on étend les dénitions de φ, λ et µ pour P > PkˆCp de telle sorte que µf,αˆP ; a,m prend

maintenant ses valeurs dans Vf. Le réseau Ωf nous donnera une structure entière pour les

valeurs de µf,α.

Notons par x ( xp la projection de Zp,M sur Zp. Comme pour les fonctions localement analy-

tiques sur Zp, on dénit de manière analogue les fonctions localement analytiques sur Zp,M.

Dénition 2.2.4. Soit U b Zp,M un ensemble ouvert. Une fonction F  U Cp est dite

localement analytique s'il existe un recouvrement de U par des disque Dˆai,vi tels que, sur

chaque disque, F est donnée par une série de puissances convergente Fˆx Q

nC0

bnˆx  ainp

à coecients dans Cp. On note par LAˆU l'ensemble des fonctions localement analytiques

sur U.

Puisque la distribution µf,α n'est pas nécessairement bornée, nous ne pouvons pas utiliser

l'approche des sommes de Riemann (voir la dénition 1.1.30) pour intégrer les fonctions loca- lement analytiques contre cette distribution. Le théorème suivant nous permet tout de même de dénir une intégrale à partir de µf,α.

Théorème 2.2.5 ([AV75]). Fixons un entier h tel que 1 B h B k1. Supposons que le polynôme X2 apX εˆppk1 possède une racine α > Cp telle que vˆα @ h. Fixons une telle racine α.

Alors, il existe une unique intégrale U  LAˆU Vf,ˆU,F  ( RUF qui satisfait les propriétés

1. Cette intégrale est Cp-linéaire en F et additive en U.

2. RDˆa,vx j

p µf,αˆzj; a,pvM pour 0 B j @ h.

3. Pour tout n C 0, RDˆa,vˆx  anp > Š pn

Ꮰv

α1Ωf.

4. Si F Pªn 0cnˆx  anp converge sur le disque Dˆa,v, alors

SDˆa,vF ª Q n 0 cnS Dˆa,vˆx  a n p.

Lorsque α est une racine de X2a

pXεˆppk1 avec vˆα @ k 1, on dira que α est une racine

p-admissible et on écrira RUF dµf,α pour l'intégrale correspondante. Si la forme modulaire f de

niveau N est telle que p Ñ ap avec p Ñ N et que l'on note α et β les deux racines du polynôme

de Hecke ordonnées de telle sorte que vˆα B vˆβ, alors vˆα 0 et vˆβ k  1. On déduit que lorsque p Ñ ap, il y a une unique racine p-admissible et on omettra d'y faire référence en

notant l'intégrale correspondante par RUF dµf. Lorsque f est telle que pSap et p Ñ N, alors les

deux racines sont p-admissibles et il existe deux intégrales RUF dµf,αet RUF dµf,β. Le cas pSN

est plus dicile à traiter, mais nous supposerons la plupart du temps que p Ñ N.

Dénition 2.2.6. Un caractère p-adique est un homomorphisme de groupes continu χ  Zp,M Cp pour un certain M.

Si M1SM, Zp,M1 est un quotient de Zp,M et on peut identier les caractères de Zp,M1 avec

certains caractères de Z

p,M. On dira qu'un caractère p-adique χ sur Zp,M est primitif s'il ne

se factorise pas de la façon suivante

Zp,M Zp,M1 Cp

pour M1 un certain diviseur propre de M. Pour tout caractère p-adique χ, il existe un unique

M tel que χ est primitif sur Zp,M. Ce M est un entier plus grand ou égal à 1 copremier à p qui est appelé le pœ-conducteur de χ. De plus, tout caractère de Dirichlet primitif modulo pvM peut être vu comme un caractère de pœ-conducteur M en le composant avec l'application de réduction modulo pvM. Par exemple, les deux homomorphismes de la sous-section 1.1.1

x( ωˆx et x ( `xe sont des caractères p-adiques de pœ-conducteur 1. Un autre exemple de caractères p-adiques est les caractères de la forme χˆx xj

pψˆx où j est un entier et ψ est

un caractère d'ordre ni. Les caractères de cette forme sont appelés caractères spéciaux. Dénition 2.2.7. Soit α une racine p-admissible de f et χ un caractère p-adique de pœ-

conducteur M. La fonction L p-adique de f en χ est donnée par Lpˆf,α,χ  S

Si le pœ-conducteur de χ est M et que M

1SM, alors on pourrait croire que RZ

p,Mχdµf,α

RZp,M1χdµf,α, mais ce n'est pas le cas en général. Ainsi, la dénition n'est valide que pour les

caractères primitifs sur Z p,M.

Cela a du sens d'intégrer les caractères p-adiques, car ceux-ci sont localement analytiques. Un caractère χ  Z

p,M Cp peut être uniquement factorisé comme un produit de la forme

χ χ0χ1 où χ0  ˆZ~pMZ Cp et χ1  1  pZp Cp. Le relèvement de χ0 à Zp,M est

une fonction localement constante. Le groupe 1  pZp est topologiquement cyclique. Soit γ un

générateur topologique de 1  pZp `γe. Soit a un élément quelconque de 1  pZp. Alors, on

peut écrire a γs pour un certain s > Z

p. La continuité de χ1 implique que χ1ˆa χ1ˆγs

expˆs logˆχ1ˆγ est localement analytique en s. Finalement, le produit χˆx χ0ˆxχ1ˆ`xe

est exprimé comme une série de puissances sur chaque disque a  pMZp,M.

La condition 2 du théorème 2.2.5 nous dit que µf,α est uniquement déterminée par ses valeurs

évaluée en xj

p, 0 B j @ k  2, sur les disques Dˆa,v pourvu qu'elle respecte les conditions 1,3

et 4. Soit Xn HomcontˆZp,M,Cptors l'ensemble des caractères p-adiques d'ordre ni. Alors,

la condition 2 est équivalente à connaître les valeurs RZp,Mψˆxx j

pµf,α pour 0 B j @ k  2 et

tout caractère de Xn. En eet, supposons que la condition 2 tient et soit ψ un caractère de

conducteur pvM. Le fait que ψ soit localement constant sur a  MpvZ

p,M donne SZ p,M ψˆxxjpµf,α Q a mod pv M ˆa,pM 1 ψˆa S Dˆa,vx j pµf,α.

Réciproquement, supposons que la valeur de RZp,Mψˆxx j

pµf,α est connue pour tout caractère

d'ordre ni et 0 B j @ k  2. Nous voulons déterminer l'intégrale de xj

p sur un disque Dˆa,v,

ˆa,pM 1. Remarquons d'abord que SDˆa,vxjpµf,α S Zp,Mχap vM Z p,Mˆxx j pµf,α.

Par la proposition 1.3.10, nous pouvons décomposer la fonction caractéristique comme une somme de caractères. Posons Xn,v l'ensemble des caractères de conducteur pvM. Alors,

SZ p,M χapvM Z p,Mˆxx j pµf,α S Zp,M ’ ” 1 φˆMˆp  1pn1 Q ψ>Xn,v ψˆa1ψˆx“ •x j pµf,α 1 φˆMˆp  1pn1 Q ψ>Xn ψˆa1 S Zp,Mψˆxx j pµf,α.

Dénition 2.2.8. Pour s > Zp, soit χˆsˆx le caractère p-adique déni par la formule

χˆsˆx `xpes exppˆs logp`xpe.

On note Lpˆf,α,χ,s  Lpˆf,α,χχˆs1 RZ

p,Mχˆx`xpe

s1 f,αˆx.

Remarque 2.2.9. La normalisation que nous donnons ici de la fonction L p-adique n'est pas tout à fait la même que celle donnée dans [MTT86]. Dans loc. cit., Lpˆf,α,χ,s est dénie

en intégrant plutôt χˆx`xpes. Il s'agit d'un choix purement esthétique. Avec notre choix de

normalisation, l'axe de symétrie pour l'équation fonctionnelle de Lpˆf,α,χ,s sera en s 1

tout comme l'axe de symétrie pour la fonction L complexe de f est en s 1.

Proposition 2.2.10. La fonction Lpˆf,α,χ,s est localement analytique en s et est dénie

pour s > Zp.

Démonstration. Voir le théorème [Vi²76, page 254]. Ì

Dénition 2.2.11. Un groupe de Lie p-adique G sur Cp est une variété sur Cp qui possède

une structure de groupe telle que l'application de multiplication est une fonction localement analytique.

L'ensemble des caractères p-adiques HomcontˆZp,M,Cp admet une structure de groupe de Lie

p-adique. Nous dirons qu'un caractère est modéré s'il est trivial sur 1pZp et nous dirons qu'il

est sauvage s'il est trivial sur ˆZ~pMZ. Comme nous l'avons déjà remarqué, chaque caractère

sur Z

p,M peut être décomposé uniquement comme le produit d'un caractère modéré et d'un

caractère sauvage. Pour u > Cp avec Su  1S @ 1, on dénit un caractère sauvage particulier par

χu Zp,M  Zp  1  pZp Cp

où les deux premières èches sont les surjections naturelles et la troisième èche envoie un choix de générateur topologique γ de 1  pZp sur u. Soit χ1 un caractère sauvage quelconque.

Nous savons que γ  1 mod p, donc Âγ  limn ªγp

n 1. De plus, Æ χ1ˆγ χ1‹ lim n ªγ pn  1 car χ1 est un homomorphisme continu. Donc,

lim n ªˆχ1ˆγ  1 pn lim n ª pn Q i 0 ‹pn iχ1ˆγ iˆ1pni 0, car les termes centraux 0 @ i @ pn tendent vers 0 et χ

1ˆγp

n

tend vers 1. Ainsi, Sχ1ˆγ  1S @

1 et χ1ˆγ > ˜u > Cp  Su  1S @ 1. Il suit que tout caractère sauvage est donné par χu

pour un certain u. Notons que cette représentation de χ1 dépend du choix d'un générateur

topologique. Pour ψ un caractère modéré, l'application u ( ψχu identie le disque ˜u > Cp 

Su1S @ 1 avec l'ensemble des caractères sur Z

p,M dont la partie modérée est égale à ψ. Donc,

HomcontˆZp,M,Cp est une union nie et disjointe de disques unités ouverts de Cp en posant

est localement analytique. Nous avons donc la paramétrisation T ( χ1T, χ1Tˆγa ˆ1T a.

Avec cette coordonnée locale, Lpˆf,α,ψ,T   S

Zp,Mψˆxχ1Tˆxµf,αˆx SZp,Mψˆxˆ1  T  aˆxµ

f,αˆx

où, pour un x xé, a est tel que `xe γa. Donc, aˆx logp`xe

logpγ . Finalement, Lpˆf,α,ψ,T  S Zp,Mψˆxˆ1  T  logp`xe logp γ µ f,αˆx.

En écrivant ˆ1  T logp`xelogp γ comme une somme de coecients binomiaux, nous voyons que

Lpˆf,α,ψ,T  ª Q n 0 TnS Zp,Mψˆx‹ log`xe log γ n µf,αˆx

est localement analytique en T . Le changement de l'ordre de sommation et d'intégration se fait en utilisant la partie 4 du théorème 2.2.5. Le passage d'une coordonnée à l'autre se fait en posant T γs1 1.

Les caractères p-adiques ψˆxxj

pavec partie modérée égale à ψ0correspondent à T ζnγj1 où

ζnest un racine pn-ième de l'unité. Ainsi la condition 2 du théorème 2.2.5 peut être reformulée

en disant que Lpˆf,α,ψ0,T est uniquement déterminée par ses valeurs en T ζn γj 1 pour

toute racine pn-ième de l'unité et 0 B j @ k  2.

Dans le document Fonction L p-adique d'une forme modulaire (Page 36-42)

Documents relatifs